Je
ne suis pas monarchiste – loin de là! – mais je dois avouer que la reine
Victoria a eu une très bonne idée en naissant à la fin de mai (le 24 mai
1819 pour être précis) plutôt qu’à la fin de janvier! Nous bénéficions grâce à
elle d’une belle fin de semaine de trois jours en plein cœur de la période la
plus active de migration pour les passereaux insectivores. Et n’oublions pas de
féliciter les Québécois qui ont transformé ce jour férié en Journée nationale
des patriotes!
Cette
année, cette longue fin de semaine ornithologique s’est déroulée pour nous selon
le mode utilisé depuis quelques années : deux matinées bien remplies à
Rivière-Ouelle et une autre à La Pocatière. En plus du passage marqué des
passereaux, la fin de mai est également la période idéale pour assister à la
migration discrète des labbes au large de nos côtes et de celle très imprévisible
des pluviers et bécasseaux.
Sans
avoir été parfaite, la température de ces trois journées a été très belle, sans
période extrême de pluie, de vent ou de brouillard. Je dois tout de même
mentionner que la visibilité au large du quai de Rivière-Ouelle n’a pas été à
la hauteur de nos attentes samedi et lundi, mais peut-être sommes-nous simplement
trop exigeants…?
Lundi
était la troisième journée suivant le passage du front chaud de jeudi et
vendredi dernier et les petits migrateurs qui suivaient ce front avaient eu
amplement le temps de se disperser. Des parulines et moucherolles cherchant leur nourriture au sol vendredi dernier, il n’en restait qu’une poignée samedi
et des miettes lundi. Dans le résumé qui suit, vous remarquerez donc que la
récolte des passereaux a été très différente au cours de ces deux journées. Au
Québec, bien peu d’observateurs peuvent se vanter d’assister à la migration printanière
des labbes. Les raisons pour lesquelles cette espèce pélagique est si facile à
observer dans la région de La Pocatière ne sont pas encore bien claires.
Il y a un an, j’avais tout de même exprimé dans ce blog ma théorie sur le sujet.
De leur côté, les oiseaux de rivage sont souvent imprévisibles durant leur
migration printanière. Certaines années, les bécasseaux sont très faciles à
trouver dans la région alors que d’autres, ils passent littéralement inaperçus.
Les quelques espèces rencontrées samedi et lundi ont donc été très appréciées.
Sur
le territoire de Rivière-Ouelle, voici ce que les matinées de samedi le 20
mai (97 espèces observées entre 4 h 40 et 14 h 50)
et de lundi le 22 mai (74 espèces entre 4 h 40 et
12 h 45) avaient à nous offrir :
- 800 / 220 Oies des neiges
- 14 / 4 Bernaches cravants
- 2 / 6 Canards chipeaux
- 22 / 21 Canards noirs – Puisque les canes sont présentement occupées à couver, ce sont surtout les mâles qui sont visibles.
- 3 / 15 Canards colverts
- 0 / 2 Sarcelles d’hiver
- 0 / 2 Fuligules milouinans
- 4 / 0 Petits Fuligules
- 21 / 50 Eiders à duvet
- 42 / 6 Macreuses brunes
- 1700 / 1000 Macreuses à bec jaune
- 3 / 0 Hareldes kakawis
- 1 / 0 Petit Garrot – Samedi, une femelle s’attardait encore dans la région.
- 14 / 7 Grands Harles
- 1 / 6 Harles huppés
- 3 / 17 Tourterelles tristes
- 1 / 1 Colibri à gorge rubis
- 1 / 1 Marouette de Caroline
- 1 / 19 Pluviers argentés
- 20 / 66 Pluviers semipalmés – Ce pluvier est souvent abondant dans la région au printemps.
- 2 / 4 Pluviers kildirs
- 0 / 16 Bécasseaux variables – Les seize oiseaux vus lundi se nourrissaient sur les battures boueuses au moment de la marée basse. Au printemps, les migrateurs sont plus souvent trouvés dans les parties herbeuses des battures.
- 5 / 13 Bécasseaux minuscules – C’est toujours le bécasseau le plus abondant au printemps, étant présent autant sur les rivages du fleuve que dans les champs humides ou même les simples fossés.
- 4 / 0 Bécasseaux à croupion blanc – Ce n’est que le quatrième printemps où nous observons ce bécasseau dans la région depuis une douzaine d’années.
Bécasseau
à croupîon blanc (White-rumped Sandpiper – Calidris fuscicollis)
Rivière-Ouelle
– 20 mai 2017 © Claude Auchu
|
- 53 / 3 Bécassins roux – Les 53 oiseaux vus samedi constituent une quantité intéressante, ces oiseaux étant habituellement observés en très petit groupe, comme ce fut le cas lundi. C’est souvent lorsque la pluie vient interrompre leur migration qu’ils sont vus en plus grand nombre.
Bécassin
roux (Short-billed Dowitcher – Limnodromus
griseus)
Rivière-Ouelle – 20 mai
2017 © Claude Auchu |
- 3 / 9 Chevaliers grivelés
- 2 / 1 Chevaliers solitaires
- 9 / 2 Grands Chevaliers
- 2 / 0 Petits Chevaliers
- 37 / 7 Labbes parasites – J’ai nettement l’impression que le nombre de labbes passant au large de Rivière-Ouelle au printemps est à la hausse. Sinon, pourquoi était-ce pour moi si difficile de voir un seul oiseau à deux ou trois reprises vers 1990 alors que maintenant nous les voyons par dizaines? L’expérience et l’amélioration des instruments optiques y sont sûrement pour quelque chose (après tout, nous allons parfois chercher les oiseaux au milieu du fleuve, soit à plus de sept kilomètres au large…), mais je ne crois pas que ce soit les seules raisons.
- 11 / 5 Guillemots marmettes – Les marmettes aussi sont à la hausse et ça, c’est prouvé!
- 1 / 85 Petits Pingouins – Plusieurs gros alcidés n’ont pu être identifiés samedi et lundi, dont probablement une majorité de Petit Pingouin.
- 1 / 1 Guillemot à miroir
- 500 / 300 Mouettes de Bonaparte – Autant de mouettes dans la région au printemps est sans doute inédit!
- 250 / 200 Goélands à bec cerclé
- 1500 / 800 Goélands argentés
- 6 / 5 Goélands arctiques
- 12 / 9 Goélands bruns – Encore trois adultes et neuf immatures vus samedi et quatre adultes et cinq immatures lundi.
- 30 / 25 Goélands marins
- 7 / 0 Sternes pierregarins
- 2304 / 8781 Plongeons catmarins – Il faut rendre hommage à Christiane, ma compagne, pour son infinie patience à compter un à un les nombreux catmarins qui circulent au large du quai. Samedi, les conditions de visibilité au large étaient loin d’être idéales, mais elle a tout de même réussi à faire grimper le total à plus de 2000 individus! Lundi, par des conditions d’observation nettement meilleures, les plongeons se déplaçaient toujours vers l’amont et en quantité encore plus grande! Ce n’est qu’au retour à la maison que nous avons additionné les quantités que Christiane avait inscrites dans son calepin : 8781 Plongeons catmarins avaient défilé devant nous ce matin-là! Sauf erreur, il s’agit de notre troisième meilleur total après les 11020 individus du 29 mai 2011 et les 9660 du 4 mai 2013! Et, même si tous ces oiseaux se dirigeaient vers l’amont, pratiquement aucun catmarin n’est observé à l’ouest de Rivière-Ouelle au printemps! Mais où vont-ils donc???
- 2 / 0 Plongeon huard – Aucun huard n’a été vu lundi, malgré l’abondance de catmarins!!!
- 6 / 12 Grands Hérons
- 1 / 1 Grande Aigrette – L’aigrette trouvée il y a deux semaines a été vue à deux endroits distants de 3,3 kilomètres samedi et lundi.
- 3 /0 Busards Saint-Martin
- 1 / 0 Faucon pèlerin
- 1 / 0 Tyran tritri
- 1 / 7 Alouettes hausse-col
- 6 / 12 Hirondelles bicolores
- 4 / 12 Hirondelles rustiques
- 4 / 0 Sittelles à poitrine rousse
- 1 / 0 Sittelle à poitrine blanche
- 10 / 2 Roitelets à couronne rubis
- 3 / 4 Grives fauves
- 1 / 0 Moqueur chat
- 2 / 0 Pipits d’Amérique
- 1 / 0 Paruline des ruisseaux
- 1 / 0 Paruline obscure
- 5 / 1 Parulines à joues grises
- 6 / 7 Parulines masquées
- 3 / 0 Parulines tigrées
- 1 / 0 Paruline à collier
- 3 / 0 Parulines à tête cendrée
Paruline
à tête cendrée (Magnolia Warbler – Setophaga
magnolia)
Rivière-Ouelle – 20 mai
2017 © Claude Auchu |
- 2 / 10 Parulines jaunes – À noter l’arrivée marquée des nicheurs entre samedi et lundi!
- 8 / 10 Parulines à croupion jaune
- 16 / 21 Bruants chanteurs
- 1 / 0 Bruant de Lincoln
- 8 / 10 Bruants à gorge blanche
- 50 / 12 Bruants à couronne blanche – Comme bien d’autres oiseaux nordiques, le Bruant à couronne blanche a profité du beau temps de la fin de semaine pour continuer sa route vers le nord.
- 2 / 3 Goglus des prés
- 1 / 0 Vacher à tête brune
Vacher à tête brune (Brown-headed Cowbird – Molothrus ater)
Rivière-Ouelle – 20 mai
2017 © Claude Auchu |
- 2 / 2 Orioles de Baltimore
L’excursion
de samedi aura duré plus de 10 heures et s’est terminée avec 97 espèces!
C’est ça le beau temps en mai!
Tôt
dimanche matin, au moment de notre départ, les toits des maisons étaient
blanchis par le gel de la nuit précédente. C’est donc habillés très chaudement
que nous avons enfourché nos vélos et pris la route vers les forêts et les champs
de La Pocatière. Les oiseaux ont été présents en bon nombre durant toute
la randonnée avec, comme il est normal à la fin de mai, quelques surprises.
Dimanche le 21 mai, 87 espèces ont été
trouvées sur notre trajet à travers La Pocatière entre 5 h 05 et
12 h 15. En voici un aperçu :
- 126 Canards noirs
- 14 Canards colverts
- 2 Canards souchets
- 5 Gélinottes huppées
- 2 Colibris à gorge rubis
Colibri à gorge rubis (Ruby-throated Hummingbird – Archilocus colibris)
La Pocatière – 21 mai
2017 © Claude Auchu |
- 15 Bécasseaux minuscules
- 2 Bécassines de Wilson
- 6 Chevaliers solitaires
- 1 Butor d’Amérique
- 3 Busards Saint-Martin
- 1 Petite Buse
Petite Buse (Broad-winged Hawk – Buteo platypterus)
La Pocatière – 21 mai
2017 © Claude Auchu |
- 4 Pics maculés
- 3 Pics mineurs
- 2 Pics chevelus
- 3 Pics flamboyants
- 2 Grands Pics
- 1 Crécerelle d’Amérique – Les crécerelles sont nettement moins communes qu’en avril! Il est évident que c’est bien le mauvais temps qui les avaient forcées à faire halte en grand nombre dans la région.
- 1 Faucon émerillon
- 1 Moucherolle à ventre jaune – Il s’agit d’une date presque hâtive pour ce petit moucherolle des conifères qui atteint rarement la région avant le 25 mai. L’oiseau était présent dans le seul site de nidification connu de l’espèce à La Pocatière.
- 10 Moucherolles tchébecs
- 3 Moucherolles phébis
- 3 Viréos à tête bleue
- 1 Viréo aux yeux rouges
- 2 Hirondelles à front blanc
- 1 Merlebleu de l’Est
- 8 Grives fauves
- 4 Grives solitaires
- 1 Grive des bois – Cette grive des grandes érablières étaient également présente dans son site de prédilection à La Pocatière. Paradoxalement, cet endroit se trouve tout près de l’habitat pourtant totalement différent du Moucherolle à ventre jaune!
- 1 Moqueur chat
- 9 Roselins pourprés
- 8 Tarins des pins
- 53 Chardonnerets jaunes
Chardonneret jaune (American Goldfinch – Spinus tristis)
La
Pocatière – 21 mai 2017 © Claude Auchu
|
- 1 Gros-bec errant
- 15 Parulines couronnées
- 3 Parulines des ruisseaux
- 3 Parulines noir et blanc
- 1 Paruline obscure
- 3 Parulines à joues grises
- 9 Parulines masquées
- 13 Parulines flamboyantes
- 3 Parulines à collier
- 5 Parulines à tête cendrée
- 3 Parulines à gorge orangée
- 4 Parulines jaunes
- 4 Parulines à flancs marron
- 5 Parulines bleues
- 4 Parulines des pins – Avec ce beau ciel bleu, il aurait été difficile pour nous de ne pas tenter de retrouver et de photographier les Parulines des pins vues la semaine précédente. Nous avions à peine mis le pied dans la pinède que nous avons entendu un mâle chanter! Quelques secondes plus tard, c’est une femelle qui est descendue de la cime d’un pin pour venir se poser au sol tout près de nous! Nous l’avons vu tirer sur des brindilles, ce qui laisse croire qu’elle cherchait des matériaux pour son nid!!! Ces deux oiseaux se trouvaient à 300-400 mètres des sites où nous les avions vues la semaine dernière, ce qui laisse fortement croire qu’il s’agit en fait d’un autre couple. Après quelques minutes à suivre le mâle et la femelle, nous avons effectué un circuit à travers la section mature de la pinède où nous avons entendu très nettement deux autres mâles chanteurs! Avec les populations de la majorité des parulines en baisse marquée, il est très agréable pour nous de voir enfin une nouvelle espèce s’installer dans notre région!
Paruline
des pins (Pine Warbler – Setophaga pinus)
La Pocatière – 21 mai
2017 © Claude Auchu |
- 30 Parulines à croupion jaune
- 5 Parulines à gorge noire
- 28 Bruants chanteurs
- 3 Bruants des marais
- 19 Bruants à gorge blanche
- 24 Bruants à couronne blanche
- 5 Cardinaux à poitrine rose
- 15 Goglus des prés
Ce
fut une fin de semaine comme nous les aimons avec une belle variété de
migrateurs, des nicheurs parfois surprenants et, bien sûr, les éternelles
questions que tous ces oiseaux amènent. Le printemps 2017 aura été très
court, mais pas sans surprise!