L’hiver est bien sûr la saison la plus tranquille chez nos
oiseaux, mais il n’est pas nécessairement sans surprise. Ainsi, durant les
derniers jours, deux espèces qui, à ma connaissance, n’avaient jamais été
signalées en hiver dans ma région ont été trouvées! Ainsi, le 1er décembre,
j’ai reçu un message d’un ami qui me mentionnait avoir entrevu à ses mangeoires
la veille un oiseau jaune trop gros pour être un chardonneret. Je lui ai
répondu qu’une mauvaise photo vaut toujours mieux que pas de photo du tout et,
le lendemain, j’ai reçu les premières photos de l’oiseau en question : un
Oriole de Baltimore! J’ai pu me rendre sur place vendredi le 4 décembre,
en après-midi, pour voir et photographier l’oiseau-vedette.
Comme il se doit, c’est par Rivière-Ouelle qu’a débuté
notre vraie fin de semaine ornithologique avec, entre autres, un autre arrêt
pour voir l’oriole. Auparavant, durant un court séjour au quai, une visibilité
exceptionnelle nous a permis de constater que les oiseaux ne bougeaient vraiment
pas en ce premier samedi de décembre. Il y avait en fait beaucoup plus de vie
sur le quai lui-même qu’aux alentours, où des avicourseurs de Québec et des
observateurs de la région de Montréal nous ont tenu compagnie. Mais un vent
fort du sud-ouest s’est rapidement levé, nous encourageant à migrer vers des
sites plus protégés. D’ailleurs, ce vent du sud-ouest de 30 à 50 km/h a
soufflé sans arrêt durant la fin de semaine en aidant la température à grimper
jusqu’à 4°C. Un bien étrange début d’hiver ornithologique!
Samedi le 5 décembre, nous avons vu ces
31 espèces à Rivière-Ouelle entre 6 h 50 et
13 h 05 :
- 20 Oies des neiges
- 1 Canard noir
- 3 Canards colverts
- 1 Eider à duvet
- 10 Macreuses brunes
- 3 Macreuses à bec jaune
- 1 Harelde kakawi
- 13 Perdrix grises – Une compagnie de 13 perdrix est venue nous rappeler que c’est durant l’hiver qu’il est le plus facile de trouver cette espèce.
- 4 Gélinottes huppées – Depuis l’automne, les gélinottes semblent bien présentes dans les quelques boisés de Rivière-Ouelle.
- 12 Plongeons catmarins – Grâce à l’excellente visibilité, nous avons réussi à aller chercher quatre catmarins très loin au large du quai. Un petit groupe de huit individus a par la suite été repéré depuis un autre site. L’espèce est présente au large de Rivière-Ouelle en décembre à chaque année.
- 1 Pygargue à tête blanche – Un immature en plumage de troisième année.
- 4 Goélands à bec cerclé
- 8 Goélands argentés
- 15 Goélands arctiques
- 14 Goélands marins
- 2 Pigeons bisets
- 2 Tourterelles tristes
- 3 Harfangs des neiges
- 1 Pic mineur
- 1 Geai bleu
- 12 Corneilles d’Amérique
- 16 Grands Corbeaux – Cinq individus ont quitté la rive sud à partir du quai de Rivière-Ouelle en direction de Charlevoix!
- 17 Mésanges à tête noire
- 2 Sittelles à poitrine rousse
- 1 Sittelle à poitrine blanche
- 120 Étourneaux sansonnets
- 17 Jaseurs boréaux
- 1 Oriole de Baltimore – La présence de cet oiseau dans la région au début de l’hiver n’est pas une grosse surprise. L’espèce est reconnue depuis longtemps pour ces apparitions en fin d’automne et en début d’hiver dans le nord-est du continent, en particulier le long de la côte atlantique, arrivant d’on ne sait où. La très grande majorité (la totalité?) de ces oiseaux finissent bien entendu par mourir lorsque arrivent les vraies conditions hivernales. Il s’agit tout de même de la première présence connue de l’espèce dans ma région en hiver. La gorge et les sous-caudales jaune orangé et les flancs gris indiquent un mâle immature (à moins que David Sibley ne se trompe…). De plus, toutes mes photos montrant le côté gauche de l’oriole prises vendredi et samedi laissent voir une petite plume noire à la gorge et une moyenne couverture alaire avec le bout jaunâtre et non blanc. Selon certaines sources, ces détails indiquent un jeune mâle.
Oriole de Baltimore (Baltimore
Oriole – Icterus galbula)
Rivière-Ouelle – 5 décembre 2015 © Claude Auchu |
- 2 Sizerins flammés
- 1 Tarin des pins
- 25 Chardonnerets jaunes
Dimanche matin, nous avons effectué une simple tournée des
mangeoires dans la ville de La Pocatière. Les vents rugissant de plus
belle, nous avons dû nous fier uniquement à nos yeux pour trouver les rares
oiseaux qui sentaient le besoin de visiter une mangeoire. Bien sûr, la
meilleure façon de trouver des oiseaux intéressants est d’être régulièrement
sur le terrain. Ainsi, le hasard a voulu qu’une autre espèce inhabituelle dans
la région en hiver nous cause toute une surprise!
Voici la liste des quelques espèces rencontrées à
La Pocatière dimanche le 6 décembre entre 8 h 00 et
10 h 30 :
- 1 Goéland à bec cerclé
- 20 Pigeons bisets
- 1 Tourterelle triste
- 1 Harfang des neiges
- 1 Pic maculé – Notre rencontre avec ce pic est l’événement marquant de notre fin de semaine, encore plus que l’oriole de Rivière-Ouelle (surtout que c’est nous qui l’avons trouvé celui-là!). Le Pic maculé quitte toujours la région tôt en automne, disparaissant dès la première semaine d’octobre. Ma mention la plus tardive était auparavant le 21 octobre 1993 à Rivière-Ouelle, dans un site que je pourrais qualifier de « migrant trap ». Je n’ai donc jamais vu l’espèce en novembre! Dimanche, le pic se nourrissait tranquillement de fruits dans un petit arbre et il aurait bien pu passer facilement inaperçu. Devrions-nous mettre cette découverte sur la chance pour nous d’être au bon endroit au bon moment ou encore sur notre courage de sortir même par des conditions adverses?
Pic maculé (Yellow-bellied
Sapsucker – Sphyrapicus varius)
La
Pocatière – 6 décembre 2015 © Claude Auchu |
- 1 Pic mineur
- 4 Corneilles d’Amérique
- 1 Grand Corbeau
- 19 Mésanges à tête noire
- 70 Étourneaux sansonnets
- 260 Jaseurs boréaux – Tous ces jaseurs feront sûrement compétition au Pic maculé si ce dernier ne compte que sur les fruits pour étirer son séjour dans la région.
- 3 Chardonnerets jaunes
- 40 Moineaux domestiques
Un Oriole de Baltimore et un Pic maculé pratiquement à
notre porte pour débuter l’hiver! C’est intéressant mais, pour l’instant, ces
oiseaux ne sont considérés que comme de simples migrateurs automnaux tardifs. À
ma connaissance, il n’existe d’ailleurs aucune mention connue d’hivernage
réussi pour ces espèces au Québec. Comme mentionné plus haut, les orioles
périssent tous avant même le milieu de l’hiver. De leur côté, les Pics maculés
ne fréquentent que très rarement les mangeoires et les rares oiseaux vus en
plein cœur de l’hiver sont donc très difficiles à suivre. On verra bien…