En
automne, les observateurs d’oiseaux autant que les oiseaux eux-mêmes attendent
les fronts froids. De tels systèmes produisent des vents du nord-ouest qui poussent
les oiseaux à migrer en masse vers le sud. Malheureusement pour nous, les
effets du front qui a traversé le Québec au milieu de la semaine dernière se
sont dissipés trop vite. Les vents ont rapidement tourné au sud-ouest en
dispersant les oiseaux que le front avait amené avec lui. Les choses se sont donc
déroulées de façon plutôt détendue pour nous ces derniers jours.
Malgré
cela, vendredi midi, j’étais prêt à débuter ma fin de semaine ornithologique.
Les limicoles rares étant particulièrement à la mode ces temps-ci, je n’ai pu
résister à la tentation de me rendre à Kamouraska. Sur place, les oiseaux
n’étaient pas particulièrement nombreux, mais la marée montante les poussait très
rapidement dans la partie supérieure du rivage. J’en ai profité pour comparer
la longueur du bec des quelques Bécasseaux semipalmés présents tout près de
moi. Chez cette espèce, et en particulier chez les individus qui traversent le
Québec durant leur migration, le bec peut présenter des variations surprenantes
d’un individu à l’autre. Je serai donc mieux préparé lors d’une éventuelle
rencontre avec un Bécasseau d’Alaska…
J’en
profite pour vous encourager à lire cet article très complet et superbement illustré sur l’identification des petits bécasseaux, dont le Bécasseau semipalmé
et le Bécasseau d’Alaska. Écrit il y a plus de 30 ans, cet article demeure
encore une valeur sûre. Les illustrations de Lars Jonsson valent à elles seules
le détour!!!
Vendredi le 16 septembre, les oiseaux suivants
étaient présents à Kamouraska :
- 120 Pluviers argentés
- 35 Pluviers semipalmés – Parmi ces pluviers se trouvait un juvénile bagué par des étudiants du cégep de La Pocatière deux semaines plus tôt.
- 2 Tournepierres à collier
- 40 Bécasseaux maubèches
- 60 Bécasseaux sanderlings
Bécasseau sanderling (Sanderling – Calidris alba)
Kamouraska – 16 septembre
2016 © Claude Auchu |
- 7 Bécasseaux variables
- 1 Bécasseau minuscule
- 20 Bécasseaux semipalmés
Bécasseau
semipalmé (Semipalmated Sandpiper – Calidris
pusilla)
Kamouraska – 16
septembre 2016 © Claude Auchu |
- 1 Faucon émerillon
Corneille
d’Amérique (American Crow – Corvus
brachyrhychos)
Kamouraska – 16
septembre 2016 © Claude Auchu |
Samedi
matin, notre promenade à travers le territoire de Rivière-Ouelle s’est déroulée
sous de très belles conditions, peut-être même trop belles. Le temps
anormalement doux pour la saison ne donnait visiblement pas aux canards la
motivation nécessaire pour se déplacer. La majorité des canards barbotteurs et
les bernaches se reposaient dans une section inaccessible des battures, comme s’ils
appréhendaient l’ouverture prochaine de la chasse. Les pluviers et bécasseaux
sommeillaient tôt le matin, avant de se disperser sur l’immense superficie
laissée par une marée particulièrement basse. Les passereaux, eux, sont presque
passés inaperçus. Bref, ce fut une matinée bien tranquille.
Nous
avons tout de même terminé notre excursion avec 66 espèces, présentes à
Rivière-Ouelle samedi le 17 septembre
entre 6 h 00 et 12 h 00. Voici une partie de notre
récolte :
- 450 Bernaches du Canada
- 215 Canards noirs
- 8 Canards colverts
- 2 Fuligules à collier
- 1 Fuligule milouinan
- 5 Eiders à duvet – Les vents du sud-ouest et une marée descendante ne sont vraiment pas ce qu’il faut pour voir beaucoup d’eiders à Rivière-Ouelle!
- 17 Macreuses à front blanc
- 3 Macreuses brunes
- 1 Macreuse à bec jaune – Contrairement à ces deux cousines, la Macreuse à bec jaune n’est que rarement rencontrée dans la région durant l’été. Son retour lors de la migration automnale se fait typiquement à la mi-septembre. En été, il faut se méfier des jeunes mâles de la Macreuse à front blanc qui ont souvent très peu de blanc sur la tête, mais beaucoup de jaune au bec. La forme de leur tête demeure cependant très différente.
- 2 Harles couronnés
- 63 Plongeons catmarins
- 1 Plongeon huard
- 3 Grèbes esclavons – Nos trois premiers oiseaux de l’automne volaient ensemble vers le nord-est.
- 2 Grèbes jougris
- 168 Cormorans à aigrettes
- 28 Grands Hérons
- 6 Urubus à tête rouge
- 1 Busard Saint-Martin
- 1 Autour des palombes – L’arrivée d’un immature au-dessus de la rivière nous a bien surpris! Il est très rare que cette espèce des grandes forêts fasse des incursions dans un endroit aussi peu boisé que Rivière-Ouelle.
- 3 Pluviers argentés
- 1 Pluvier bronzé
- 75 Pluviers semipalmés
- 1 Chevalier grivelé
- 1 Grand Chevalier
- 1 Bécasseau variable
- 80 Bécasseaux semipalmés
- 2 Guillemots à miroir
- 1000 Goélands à bec cerclé – Lorsque le jeune Autour des palombes a traversé la rivière, plusieurs goélands étaient présents dans le secteur. Le rapace a fait un bref piqué sur un individu qui s’est tout simplement tassé de son chemin, sans provoquer chez lui une réelle panique. Le scénario aurait été bien différent si un Faucon pèlerin avait pris la place de l’autour! Les oiseaux apprennent rapidement à reconnaître les prédateurs qui ne représentent pas de réel danger pour eux.
- 1 Goéland brun – La découverte d’un Goéland brun en plumage juvénile a été la plus belle surprise de notre fin de semaine. L’oiseau était déjà présent tout près du quai à notre arrivée, mais ce n’est qu’à notre retour à la voiture 150 minutes plus tard que nous avons finalement réalisé de quelle espèce il s’agissait! Entre temps, la marée avait commencé à se retirer et ce n’est que lorsque j’ai essayé de m’approcher du goéland pour le photographier qu’il a décidé d’aller se poser au loin sur les battures. Encore une fois, la présence d’un juvénile (donc un oiseau qui a quitté son nid il y a moins de trois mois) si tôt en saison pose la question sur son lieu de naissance. En théorie, le site le plus près de notre région où niche ce goéland européen se trouve sur la côte ouest du Groenland, à plus de 2000 kilomètres d’ici! Mais, en pratique, nous savons tous que l’espèce niche incognito sur notre continent et je suis certain que l’exploration de certaines colonies de goélands présentes sur la Côte-Nord permettrait de clore rapidement le dossier!
Goéland brun (Lesser Black-backed Gull – Larus fuscus)
Rivière-Ouelle – 17
septembre 2016 © Claude Auchu |
- 1 Crécerelle d’Amérique
- 1 Faucon émerillon
- 3 Faucons pèlerins
- 1 Viréo aux yeux rouges
- 11 Geais bleus
- 11 Mésanges à tête noire
- 2 Mésanges à tête brune – Certains automnes, des Mésanges à tête brune se déplacent en longeant le fleuve sur la rive sud du Saint-Laurent. Quels chemins prennent donc ces petits habitants des forêts conifériennes pour se rendre jusqu’au quai de Rivière-Ouelle?!?
- 1 Troglodyte des forêts
- 4 Roitelets à couronne dorée
- 1 Grive à dos olive – Nous venions tout juste de parler des nombreuses Grives à joues grises qui étaient sûrement cachées dans les boisés près de nous lorsque nous avons trouvé une Grive à dos olive. Plusieurs milliers de Grives à joues grises en migration survolent sûrement la région entre leur terrain de nidification du nord du Québec et leur aire d’hivernage en Amérique du Sud, mais il est extrêmement difficile de mettre l’œil sur l’une d’elles!
- 5 Jaseurs d’Amérique
- 2 Parulines obscures
- 2 Parulines à joues grises
- 4 Parulines masquées
- 1 Parulines rayées
- 25 Parulines à croupion jaune
- 8 Bruants des prés
- 14 Bruants à gorge blanche
- 20 Chardonnerets jaunes
Avec
le passage d’averses durant la nuit de samedi à dimanche suivies d’une autre
journée de vent du sud-ouest, nous avions décidé de ne choisir notre
destination pour dimanche qu’au moment du lever. À notre grande surprise, le
trottoir devant la maison était déjà pratiquement sec au petit matin! Alors,
plutôt que de risquer une sortie dédiée aux passereaux par grands vents, nous
avons décidé de suivre la marée haute et de nous diriger vers Montmagny pour
voir quels limicoles y étaient encore présents.
Les
oiseaux de rivage qui fréquentent les sites stratégiques de Montmagny sont très
différents de ceux présents au Kamouraska. Une barrière physique existe entre
les deux régions, qui se traduit simplement par la salinité de l’eau qui
influence elle-même les plantes et les petites bestioles dont ces oiseaux se
nourrissent. Ce dimanche, justement, il y avait bien peu de limicoles pour
fouiller les rivages à Montmagny. Une belle bande de Bécasseaux semipalmés
empilés sur les rochers a volé la vedette en se laissant examiner longuement. À
la fin, nous avions même l’impression de tous les connaître intimement
tellement nous les avions scrutés sous tous les angles.
Parmi
les 41 espèces trouvées à Montmagny dimanche
le 17 septembre, retenons les suivantes :
- 30 Bernaches du Canada
- 1 Canard chipeau
- 4 Canards noirs
- 355 Canards colverts
- 1 Sarcelle à ailes bleues
- 1 Canard pilet
- 22 Sarcelles d’hiver
- 1 Petit Fuligule
- 2 Pygargues à tête blanche – Deux immatures en plumage de première année.
- 1 Chevalier grivelé
- 1 Grand Chevalier
- 17 Petits Chevaliers
- 1 Bécasseau minuscule
- 800 Bécasseaux semipalmés
- 1 Pic chevelu
- 2 Faucons émerillons – Les émerillons ont dû se mettre à deux pour houspiller un Faucon pèlerin.
- 2 Faucons pèlerins
- 4 Hirondelles rustiques – Probablement nos dernières pour 2016???
- 1 Moqueur chat
- 2 Parulines masquées
- 1 Paruline jaune
- 1 Bruant des marais
- 45 Carouges à épaulettes
Oui, ce fut une petite fin de semaine pour nous. Mais nous avons tout de même vu deux Pygargues à tête blanche, cinq Faucons pèlerins, un Goéland brun né l’été dernier et trois Grèbes esclavons. Ce n’est tout de même pas si mal…!