C’est toujours durant les derniers jours de septembre que
j’enregistre le maximum de diversité durant la migration automnale des oies et
des canards barbotteurs. Et c’est effectivement ce que nous avons noté cette
fin de semaine avec un beau passage de migrateurs devant le quai de
Rivière-Ouelle vendredi matin. Dans ma région, il n’y a pas vraiment de sites
où ces oiseaux se rassemblent avec régularité (et sécurité) après l’ouverture
de la chasse. Pour réussir à voir une belle variété d’espèces, il faut donc un
peu de chance et beaucoup de persévérance afin d’être là au moment où les
différents canards barbotteurs traversent la région.
La visibilité au large était relativement bonne vendredi
matin et le vent du sud qui soufflait à peine à notre arrivée au quai est
devenu variable par la suite, avec une belle tendance du nord.
Vendredi le 28 septembre, nous
avons patrouillé Rivière-Ouelle entre 6 h 15 et 13 h 15, ce
qui nous a permis de trouver 60 espèces, dont :
- 6150 Oies des neiges – Parmi les 3000 oiseaux qui ont migré devant le quai de Rivière-Ouelle vendredi matin, un petit groupe d’une cinquantaine d’oiseaux a particulièrement attiré mon attention. Ces oiseaux se dirigeaient vers l’ouest en rasant les flots en volant doucement, semblant savoir qu’ils étaient presque rendus à une escale importante de leur voyage. Après avoir dépassé le quai, j’ai remarqué que les oies prenaient de la vitesse, que le groupe serrait de plus en plus les rangs et que les cris de contacts devenaient plus nombreux et plus nerveux. J’ai rapidement vérifié derrière les oies si un prédateur quelconque (qui m’aurait sûrement intéressé moi-aussi!) ne se dirigeait pas vers elles. Et qu’est-ce que j’ai trouvé? Un simple Plongeon huard qui, avec son vol lourd et direct, suivait la même route que les oies, mais légèrement au-dessus d’elles! Juste avant que le plongeon ne survole les oies, leur groupe s’est brisé, chaque oiseau tentant de « sauver sa peau ». Le plongeon, probablement inconscient de la panique qu’il a causée, a poursuivi son chemin pendant que les oies, maintenant derrière lui, reprenaient leur formation. Aussi loin au sud de leur aire de nidification, les oies doivent réapprendre à différencier les prédateurs des espèces qui sont sans danger pour elles!
- 625 Bernaches du Canada – Dans un petit groupe de quatre bernaches accompagnant des Oies des neiges se trouvait un oiseau avec un curieux handicap. Durant les quelques secondes où j’ai regardé la bernache (le temps en fait de prendre six photos…), elle volait avec le cou partiellement replié, un peu comme lorsque l’oiseau se nourrit. Comment peut-elle réussir à suivre les autre bernache avec un tel handicap???
Oies des neiges et Bernaches du Canada – Rivière-Ouelle – 28
septembre 2012 © Claude Auchu Remarquez la bernache volant avec le cou partiellement replié! |
Bernaches du Canada – Rivière-Ouelle – 28 septembre 2012 © Claude Auchu
La même bernache qui continue sa migration malgré son handicap. |
- 77 Canards noirs
- 255 Canards colverts
- 9 Canards pilets
- 300 Sarcelles d’hiver – Mon plus beau passage à vie de sarcelles au quai! Dans la région, c’est au printemps et à l’embouchure des différentes rivières que les sarcelles atteignent habituellement de telles quantités.
- 86 Fuligules milouinans
- 59 Eiders à duvet
- 25 Macreuses à front blanc
- 14 Macreuses brunes
- 4 Macreuses à bec jaune
- 2 Garrots à œil d’or
- 14 Harles huppés
- 92 Plongeons catmarins
- 12 Plongeons huards
- 1 Grèbe à bec bigarré – Bien entendu, celui-là était présent sur un étang et non sur le fleuve. En fait, je n’ai jamais vu un seul Grèbe à bec bigarré migrer devant le quai…
- 7 Grèbes esclavons – Une excellente quantité pour la région!
- 6 Grèbes jougris
- 400 Cormorans à aigrettes
- 30 Grands Hérons
- 5 Urubus à tête rouge
- 1 Épervier brun
- 2 Faucons émerillons
- 1 Grue du Canada – Nous avons été énormément surpris par une grue se nourrissant dans la boue des battures à marée basse, telle un gros limicole! L’augmentation des populations de cette espèce dans la province n’est pas encore vraiment perceptible dans ma région.
- 28 Pluviers semipalmés
- 15 Bécasseaux semipalmés
- 39 Bécasseaux variables
- 1 Petit Pingouin
- 8 Guillemots à miroir
- 1 Pic maculé – Peu souvent observé à Rivière-Ouelle, probablement dû à la rareté des forêts de feuillus dans la municipalité.
- 2 Pics chevelus
- 2 Pics flamboyants
- 1 Viréo à tête bleue
- 160 Corneilles d’Amérique
- 21 Alouettes hausse-col
- 5 Roitelets à couronne dorée
- 4 Roitelets à couronne rubis
- 1 Traquet motteux – La vedette de la fin de semaine! En arrivant à la voiture au moment de quitter le quai et en regardant les nombreux bruants s’envoler, Christiane me lance : « Un oiseau a du blanc dans la queue… il en a trop, ce doit être un traquet!!! ». Et elle avait raison! Il a été facile à retrouver et à suivre, même s’il était très mobile. Nous l’avons même entendu lancé un faible « tchoc »! Cette espèce eurasienne a pénétré en Amérique du Nord par l’ouest (elle niche en Alaska et au Yukon) et par l’est (elle niche dans les îles Ellesmere et Baffin de même que dans le nord du Québec et sur la côte du Labrador), mais elle a gardé son habitude d’aller hiverner en Afrique du Nord. Ce qui implique, pour les oiseaux du Yukon, de traverser l’Alaska et l’Asie pour rejoindre le Soudan et, pour les oiseaux du Labrador, de traverser l’Atlantique pour atteindre la Mauritanie. Et ce n’est pas tout, ils font le chemin inverse le printemps pour retourner nicher où ils sont nés!!! Pour un si petit oiseau terrestre, c’est toute une migration; les Sternes arctiques peuvent bien aller se rhabiller! L’oiseau de Rivière-Ouelle réussira-t-il à aller hiverner en Afrique ou descendra-t-il plutôt vers les États-Unis? Quelques oiseaux sont parfois vus chez nos voisins du sud durant l’hiver et certains réussissent de toute évidence a remonter vers le nord le printemps : un oiseau photographié à Ottawa le 12 mai 1986 n’arrivait sûrement pas d’Afrique! Il s’agit déjà de la cinquième mention pour ma région, les autres ayant été faites à La Pocatière en octobre 1988 et en septembre 1992 et à Rivière-Ouelle en septembre 1992 et en octobre 1993 (celui-là avait été trouvé par mon vieil ami Bernard Desmeules). À cela, je devrais peut-être ajouter un autre oiseau vu à L’Islet le 18 octobre 1976, qui n’était tout de même pas très loin de « ma » région. À noter que les deux oiseaux vus à La Pocatière fréquentaient exactement le même site et que les deux autres à Rivière-Ouelle avaient aussi été trouvés au quai!!! En ayant déjà trouvé un au quai des Escoumins également, j’ai continuellement cette espèces en tête lorsque je passe près d’un quai en automne! Probablement à cause des voyages incroyables qu’ils sont obligés de faire, j’ai toujours eu un faible pour cette espèce. Je me souviens du premier que j’ai vu, celui de 1988 à La Pocatière; en mettant l’œil dans le téléscope d’un observateur de Québec qui s’était déplacé spécialement pour lui et en ne sachant pas quelle espèce il était venu voir, je m’étais écrié : « Un des oiseaux de mes rêves!!!». Le traquet est encore un de mes préférés mais, après sept traquets en automne, j’ai hâte de voir mon premier en plumage nuptial!
Traquet motteux – Rivière-Ouelle – 28 septembre 2012 © Claude Auchu Le traquet s’est tapis dans l’herbe à cinq mètres de nous, espérant passer inaperçu. |
Traquet motteux – Rivière-Ouelle – 28 septembre 2012 © Claude Auchu Les criquets du sud du Québec semblaient lui plaire! |
Traquet motteux – Rivière-Ouelle – 28 septembre 2012 © Claude Auchu
Cette photo prise à l’envol nous montre le dessin noir et blanc caractéristique du croupion et de la queue. |
Traquet motteux – Rivière-Ouelle – 28 septembre 2012 © Claude Auchu Le traquet posant fièrement devant le mont des Éboulements. |
Traquet motteux – Rivière-Ouelle – 28 septembre 2012 © Claude Auchu Au sol, le traquet peut faire penser à un petit merle ayant la queue trop courte et les pattes trop longues. |
Traquet motteux – Rivière-Ouelle – 28 septembre 2012 © Claude Auchu Le traquet n’hésitait pas à se faufiler entre les chalets, quand il ne se posait pas directement sur leurs toitures! |
- 18 Merles d’Amérique
- 39 Pipits d’Amérique
- 5 Jaseurs d’Amérique
- 2 Plectrophanes lapons
- 1 Paruline à tête cendrée
- 8 Parulines à croupion jaune
- 1 Bruant hudsonien – Mon plus hâtif à vie dans la région, par deux petites journées.
- 12 Bruants des prés
- 23 Bruants chanteurs
- 2 Bruants de Lincoln
- 25 Bruants à gorge blanche
- 103 Bruants à couronne blanche – Comme ailleurs dans le sud du Québec, les Bruants à couronne blanche ont été bien visibles dans ma région durant la fin de semaine.
- 13 Juncos ardoisés
- 1 Quiscale rouilleux
- 2 Chardonnerets jaunes – Nos seuls fringillidés de la journée! L’hiver sera long…!
La journée de samedi a été
coupée en deux par la pluie. Heureusement, nous étions à l’extérieur pour
profiter de la belle moitié! Une autre tournée à vélo à travers les rangs de La
Pocatière était au menu, avec les sites riches en bruants à l’honneur. Le temps
est demeuré sombre longtemps après le lever du soleil, ce qui nous a donné
quelques difficultés à identifier les oiseaux les plus loin de nous. Malgré
cela, nous nous sommes plutôt bien tirés d’affaire, avec très peu de périodes
creuses. Les dernières 30 minutes de l’excursion ont toutefois été faites sous
la pluie, ce qui nous donnait un avant-goût de ce qu’allait être la journée de
dimanche!
Malgré le temps gris et
l’arrivée de la pluie, l’excursion de samedi le 29 septembre à
La Pocatière nous aura fourni un respectable 45 espèces vues entre
6 h 30 à 11 h 00. Voici les plus marquantes :
- 220 Bernaches du Canada
- 1 Busard Saint-Martin
- 1 Épervier brun
- 2 Chevaliers solitaires – Étonnamment rares cet automne, probablement autant que l’eau dans les étangs!
- 2 Moucherolles phébis
- 1 Viréo à tête bleue
- 16 Geais bleus
- 2 Grimpereaux bruns
- 6 Roitelets à couronne dorée
- 10 Roitelets à couronne rubis
- 4 Merlebleus de l’Est
- 1 Grive solitaire
- 56 Merles d’Amérique
- 125 Étourneaux sansonnets
- 19 Pipits d’Amérique
- 1 Jaseur boréal – Seulement ma deuxième mention en septembre dans la région! Je m’attendais à ce qu’ils arrivent tôt, mais pas à ce point!
- 2 Parulines à joues grises
- 3 Parulines masquées
- 1 Paruline à collier
- 1 Paruline à tête cendrée
- 3 Parulines à couronne rousse
- 76 Parulines à croupion jaune
- 7 Bruants familiers
- 9 Bruants des prés
- 52 Bruants chanteurs
- 4 Bruants de Lincoln
- 4 Bruants des marais
- 62 Bruants à gorge blanche
- 45 Bruants à couronne blanche
- 35 Juncos ardoisés
- 5 Roselins pourprés
- 13 Tarins des pins
- 11 Chardonnerets jaunes
Avec la
pluie et le vent qui sévissaient à l’extérieur, la journée de dimanche a été
consacrée à l’ornithologie théorique. Un peu de lecture et, bien sûr, beaucoup
de recherches sur les oiseaux de ma région afin d’être certain de ne pas vous
induire en erreur… D’ailleurs, savez-vous combien de temps est consacré à
chacun des messages qui apparait sur mon blog? Rarement moins de cinq heures!
Les dimanches pluvieux ont au moins ça de bon, j’ai plus de temps pour vérifier
mes dires!