Une autre belle fin de semaine ornithologique, cette fois
accompagnée de vents de l’ouest dont les rafales atteignaient les 40 km/h.
Après la chaleur inhabituelle de vendredi (18°C!), le retour à une température
de saison et associée à ces vents ont été suffisants pour me fournir les
oiseaux marins typiques du début de novembre. C’est seul que j’ai profité de
ces deux matinées, belles mais frisquettes. Donc, deux excursions à
Rivière-Ouelle avec des vents qui auraient bien pu me faire hésiter. Les vents
de l’ouest sont bien meilleurs que ceux du sud, mais tout de même encore loin
de ceux provenant du nord. Les vents du nord (dans le sens large, soit du
nord-ouest au nord-est) ont toujours une grande influence sur le succès d’une
excursion aux oiseaux marins, particulièrement en automne. Il ne faut cependant
pas sous-estimer l’effet de la marée : selon mon expérience, une marée
montante est probablement d’une importance aussi grande que les vents du nord
pour motiver les oiseaux marins à se rendre jusqu’à nous. Durant cette dernière
fin de semaine, justement, la marée a atteint son maximum en début
d’après-midi, ce qui m’a laissé tout l’avant-midi pour profiter du
« montant ». J’étais donc bien placé pour vérifier, encore une fois,
qu’une marée montante, même si les vents ne sont pas du « bon bord »,
peut fournir sa part de beaux moments!
Samedi, je ne disposais que de l’avant-midi pour me
procurer ma dose d’oiseaux. J’ai décidé de laisser tomber la section forestière
qui fait habituellement partie de notre itinéraire et de demeurer au quai aussi
longtemps que les oiseaux le voudront. La visibilité au large était tout
simplement exceptionnelle durant la première moitié de l’excursion et je me
suis amusé à identifier des oiseaux qui, à bien d’autres moments, seraient
demeurés invisibles. À chaque fois que l’idée de quitter le site m’effleurait l’esprit,
je repérais un autre petit point qui bougeait au large et le plaisir
recommençait. Finalement, ce n’est qu’en montant dans la voiture que je me suis
rendu compte que j’étais demeuré assis sur mon petit banc durant quatre heures
pratiquement sans bouger! C’est probablement pour cette raison que j’ai eu de
la difficulté à déplier les genoux en me relevant!!!
L’excursion à Rivière-Ouelle de samedi le 7 novembre
ne m’aura fourni que 28 espèces, surtout aquatiques, entre
6 h 05 et 11 h 30 :
- 4000 Oies des neiges
- 160 Bernaches du Canada
- 11 Canards noirs
- 1 Fuligule milouinan
- 52 Eiders à duvet
- 19 Macreuses brunes
- 29 Macreuses à bec jaune
- 2 Hareldes kakawis
- 1 Garrot à œil d’or
- 1 Harle couronné
- 1 Grand Harle
- 4 Harles huppés
- 60 Plongeons catmarins
- 2 Plongeons huards
- 3 Grèbes jougris – Alors que la presque totalité des oiseaux marins, toutes espèces confondues, volent toujours face au vent, les grèbes se déplacent immanquablement vers le nord-est durant l’automne, peu importe d’où provient le vent.
- 1 Cormoran à aigrettes
- 2 Bécasseaux violets
- 18 Petits Pingouins – Quelques pingouins ont été bien visibles durant la matinée de samedi, mais aucun n’a été vu le lendemain.
- 3 Mouettes tridactyles
- 8 Mouettes de Bonaparte
- 400 Goélands à bec cerclé
- 25 Goélands argentés
- 25 Goélands marins
- 4 Grands Corbeaux – À ma grande surprise, j’ai vu un corbeau entrer dans un hangar recouvrant un dépôt à fumier et aller se poser sur les madriers sous le toit! Il est connu que les corbeaux vont parfois jusqu’à nicher sur des structures humaines et j’ai moi-même déjà vu un nid occupé construit sous un pont d’une vieille voie ferrée (je me trouvais à moins de trois mètres au-dessus du nid). Le corbeau de samedi m’a tout de même paru bien téméraire de se risquer ainsi à l’intérieur d’un bâtiment neuf situé à seulement 50 mètres d’une maison!
- 1 Étourneau sansonnet
- 120 Plectrophanes des neiges – Certains plectrophanes volaient vers l’ouest très loin au large du quai (ils étaient à peine visibles même avec l’oculaire poussé à 60X!). Est-ce vraiment plus payant pour ces oiseaux terrestres de voler ainsi au-dessus des flots, surtout par une journée avec des vents de près de 40 km/h??? Ils sont peut-être à l’abri des faucons et éperviers, mais la terre ferme aussi se trouve très loin!
- 35 Sizerins flammés
- 1 Moineau domestique
Dimanche, j’étais encore de retour à Rivière-Ouelle avant
le lever du soleil. Cette fois, j’avais assez de temps disponible pour
consacrer une partie de l’excursion à chercher les espèces terrestres. Au quai,
les conditions ressemblaient à celles de samedi avec un bon vent de l’ouest.
Dès que la marée a commencé à monter (vers 8 h 00), j’ai senti une
certaine effervescence chez les oiseaux et plusieurs espèces semblaient
vraiment prêtes à migrer. Après avoir assisté à un beau petit passage de
kakawis, je me suis dépêché à faire ma randonnée aux oiseaux forestiers afin de
revenir au quai juste avant que la marée n’atteigne son apogée. Et ce fut une
bonne idée!
Dimanche le 8 novembre, j’ai patrouillé
Rivière-Ouelle de 6 h 15 à 14 h 25 pour en revenir avec ces
43 espèces :
- 165 Oies des neiges
- 6 Bernaches du Canada
- 59 Canards noirs
- 1 Canard colvert
- 3 Sarcelles d’hiver
- 1 Fuligule milouinan – Une femelle était bien camouflée dans un groupe de kakawis.
- 1670 Eiders à duvet – Il est connu depuis longtemps qu’en automne, les Eiders à duvet remontent le fleuve jusqu’à la limite de l’eau salée (près de Montmagny) pour ensuite s’envoler vers la côte atlantique en survolant les terres. À Rivière-Ouelle, j’observe ces déplacements automnaux depuis plus de 30 ans. Avec toutes ces années en banque, j’ai eu bien du temps pour remarquer que les volées d’eiders sont plus faciles à observer lorsque le vent souffle du nord-est. Ce vent n’a pas besoin d’être fort, une simple brise suffit souvent, mais l’origine du vent fait souvent une grosse différence. Ces dernières années cependant, Christiane et moi avons remarqué que lors de certaines journées de beaux vents du nord-est, les eiders refusent de se déplacer. Au fil de nos observations, nous avons noté qu’une marée montante peut aussi avoir une grande influence sur les oiseaux provenant de l’estuaire maritime. Cette variable a été particulièrement en évidence dimanche! Après avoir vu de petits groupes d’eiders remonter le fleuve en matinée malgré un vent presque de face, j’ai décidé de revenir au quai sur l’heure du midi, au moment où la marée finissait de monter. Dès mon arrivée, trois groupes d’eiders, dont un de 450 individus, sont venus contourner le quai. Il m’a ensuite fallu patienter un bon moment avant le passage d’un autre groupe, mais celui-ci comprenait pas mois de 800 oiseaux! Donc, pour moi, c’est confirmé : les eiders (tout comme les autres oiseaux de l’estuaire maritime) sont poussés vers l’amont par le vent du nord-est, mais aussi par la marée montante. Ainsi, si vous pouvez jumeler un vent du nord-est à une marée montante, vous partez gagnants!!!
Attention! Ils arrivent!!!
Eiders à duvet (Common
Eiders – Somateria mollissima)
Rivière-Ouelle – 8
novembre 2015 © Claude Auchu |
Et les voilà qui passent tout près, dans toute leur splendeur!
Eiders à duvet (Common
Eiders – Somateria mollissima)
Rivière-Ouelle – 8
novembre 2015 © Claude Auchu |
- 2 Macreuses à front blanc – La Macreuse à front blanc est toujours la première à quitter la région en automne et elle est déjà rare en novembre.
- 17 Macreuses brunes
- 98 Macreuses à bec jaune
- 320 Hareldes kakawis – Il est toujours agréable de voir les groupes de kakawis voler au large du quai tels de longs rubans ondulants.
Hareldes kakawis
(Long-tailed Ducks – Clangula hyemalis)
Rivière-Ouelle – 8
novembre 2015 © Claude Auchu |
- 6 Garrots à œil d’or
- 1 Harle couronné
- 1 Grand Harle
- 7 Harles huppés
- 21 Plongeons catmarins
- 2 Plongeons huards
- 5 Grèbes jougris
- 2 Cormorans à aigrettes
- 1 Pygargue à tête blanche – Un adulte.
- 1 Busard Saint-Martin
- 1 Bécasseau sanderling
- 5 Bécasseaux violets – Au grand plaisir des observateurs de passage (j’en ai croisé six durant mes deux séjours au quai), le Bécasseau violet était encore présent au bout du quai.
Bécasseaux violets (Purple
Sandpipers – Calidris maritima)
Rivière-Ouelle – 8
novembre 2015 © Claude Auchu |
- 10 Mouettes tridactyles – L’observation d’un groupe de neuf Mouettes tridactyles au large du quai m’a indiqué encore une fois qu’une belle marée peut parfois compenser un vent pas tout à fait favorable. Une dixième « tridactyle » fut trouvée plus tard dans un petit groupe de Mouettes de Bonaparte.
- 50 Mouettes de Bonaparte – Les Mouettes de Bonaparte quittent toujours la région assez tôt en saison. Ces dernières années, cependant, nous réussissons à en trouver plus régulièrement jusqu’en novembre. Dimanche, deux groupes d’environ 25 oiseaux ont été vus remontant le fleuve.
- 500 Goélands à bec cerclé
- 50 Goélands argentés
- 1 Goéland arctique
- 50 Goélands marins
- 30 Pigeons bisets
- 2 Tourterelles tristes
- 2 Harfangs des neiges – Mes deux premiers de la saison froide. De nombreux oiseaux sont déjà présents dans le centre du continent, des Prairies jusqu’aux Grands Lacs, depuis 2-3 semaines.
Harfang des neiges
(Snowy Owl – Bubo scandiacus)
Rivière-Ouelle – 8
novembre 2015 © Claude Auchu |
- 1 Hibou des marais – Probablement la surprise de la fin de semaine, un Hibou des marais arrivant de l’est est passé tout juste devant le quai vers 6 h 30! Ensuite, au lieu de s’approcher du rivage, il a continué au-dessus du fleuve face au vent en surveillant par dessus son épaule le Goéland à bec cerclé qui le houspillait. Pour se trouver à un tel endroit en automne, il est bien possible qu’il arrivait directement des côtes de Charlevoix.
- 2 Pics mineurs
- 2 Geais bleus
- 7 Corneilles d’Amérique
- 3 Grands Corbeaux
- 18 Mésanges à tête noire
- 5 Sittelles à poitrine rousse
- 2 Roitelets à couronne dorée
- 4 Étourneaux sansonnets
- 90 Plectrophanes des neiges
- 80 Sizerins flammés
Dans un monde idéal, la marée serait montante et les vents du nord-est durant l’avant-midi à chaque fin de semaine. Mais, puisque notre monde est loin d’être idéal, la prochaine fois que vous irez inspecter le large à partir d’un rivage quelconque, jetez donc un coup d’œil à la table des marées!