Que
d’eau, que d’eau! Est-ce qu’il a plu chez vous ces derniers jours? Ici, il a
plu à torrents, ce qui a bien sûr grandement compromis nos excursions de la fin
de semaine. Nous nous sommes débrouillés de notre mieux pour ne pas tout rater;
alors, peu importe la pluie et le vent, nous sommes allés aux oiseaux!
Durant
la nuit de vendredi à samedi, nous avons connu une vraie tempête automnale.
Plus de 50 mm de pluie sont tombés sur la région accompagnés de vents du
nord-est dépassant les 50 km/h! Je n’ai pu m’empêcher d’avoir une petite
pensée pour les pauvres oiseaux des terrains ouverts qui ont dû trouver cette
nuit épouvantable!
Mais
allait-il être possible pour nous de partir, samedi matin, à la recherche de
nos chers oiseaux? Nous avons été presque surpris de constater au petit matin
que la pluie forte s’était transformée en simple bruine. Les vents étaient
toujours aussi puissants mais, au moins, ils provenaient du « bon
bord »! En plus, les images satellites montraient une zone sans fortes
précipitations pour la région. Alors, en quelques minutes, jumelles et
télescopes étaient rassemblés et nous avons pris la route pour Rivière-Ouelle! Avec
ces conditions minimales, on ne s’attendait pas à de grandes quantités
d’oiseaux mais, comme je l’avais dit à Christiane au départ : « Il
suffit parfois d’un seul oiseau pour qu’une sortie ordinaire devienne
extraordinaire ».
Au
quai, la visibilité était souvent limitée par la brume, mais le vent poussait
les petites gouttes de pluie à l’horizontale et, collés contre un abri, nous
étions relativement au sec. De toute façon, il aurait été impossible de nous
installer sur le quai qui était régulièrement traversé par les vagues! Un spectacle
magnifique d’une mer en furie!!!
Les vagues envahissent le quai!
Rivière-Ouelle
– 22 octobre 2016 © Claude Auchu
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Les
oiseaux circulaient souvent un à un, seules quelques macreuses ont été vues en
petits groupes. Voici un aperçu des quelques espèces rencontrées à
Rivière-Ouelle samedi le 22 octobre :
- 1 Fuligule à collier
- 1 Fuligule milouinan
- 7 Eiders à duvet
- 9 Macreuses à front blanc
- 3 Macreuses brunes
- 3 Macreuses à bec jaune
- 2 Hareldes kakawis
- 1 Garrot à œil d’or
- 2 Harles huppés
- 3 Plongeons catmarins
- 1 Grèbe jougris
- 22 Cormorans à aigrettes – Ils ont été relativement discrets cet automne avec un petit maximum de seulement 540 oiseaux le 27 août dernier. Habituellement, nous réussissons à dépasser le millier d’individus à une ou deux reprises à chaque automne. Les cormorans ont dû migrer en masse en milieu de semaine…
- 2 Grands Hérons
- 1 Petit Pingouin
Nous
avons ensuite fait un petit détour par Kamouraska où les conditions n’étaient
pas plus favorables. Les limicoles étaient très bien cachés du vent (peut-être
à la pointe ouest des îles?), nous n’avons trouvé que des miettes :
- 4 Pluviers argentés
- 2 Pluviers semipalmés – Nos derniers de l’année?
- 19 Bécasseaux sanderlings
- 30 Bécasseaux variables
Mais
où peuvent bien se cacher les plongeons et les canards de mer durant de telles
journées? Sûrement pas à l’abri dans une baie que ces oiseaux semblent éviter
en toutes circonstances…! Ou bien très loin au large, parmi les vagues?
Peut-être, après tout, c’est ce qu’ils font dans l’océan durant l’hiver!
Malgré
cette maigre récolte, le moral était encore bon à notre retour à
La Pocatière. Tout juste avant d’atteindre la ville, nous avons entrevu un
important groupe de Carouges à épaulettes qui se nourrissaient dans un champ de
maïs partiellement fauché. Un rapide détour et nous étions stationnés
prudemment à l’entrée du champ. Des centaines de carouges volaient en tous
sens, certains venant se poser dans la partie fauchée du champ tout juste
devant nous, d’autres retournant se protéger du vent dans les rangs de maïs! À
notre grande surprise, plusieurs carouges prenaient même un bain dans les
flaques d’eau, comme s’ils n’avaient pas été assez arrosés durant la nuit?!?
Christiane, toujours amatrice de grand nombre, regardait partout en essayant
d’évaluer le plus précisément possible la quantité de carouges présents. Une
tâche plutôt ardue puisque les oiseaux n’étaient jamais tous visibles au même
moment. Son décompte s’est finalement terminé à 3000 individus, un nombre
qu’elle considérait encore conservateur!
C’est
alors que la surprise tant espérée est apparue devant nous : un Carouge à
tête jaune était posé au sol à une soixantaine de mètres de notre position!!!
Il s’agissait d’un magnifique mâle adulte avec la tête et le haut de la
poitrine jaune et une ligne blanche horizontale bien visible le long de l’aile,
formée par les couvertures primaires. Ce rare visiteur est demeuré devant nous
durant près d’une minute durant laquelle il a changé de place à deux reprises.
Alors que j’essayais sans succès de le photographier, il a finalement disparu
dans le champ de maïs. C’est avec une nervosité extrême que nous l’avons
cherché longuement parmi les centaines de carouges qui allaient et venaient.
Nous l’avons finalement retrouvé alors qu’il allait se cacher dans un petit
boisé de conifères au milieu du champ. À ce moment, nous avons été particulièrement
surpris de constater qu’en vol, les couvertures primaires blanches étaient
nettement plus apparentes que sa tête jaune. Malgré de fréquents passages dans
ce secteur durant le reste de la journée de même que dimanche, les carouges
encore sur place se trouvaient toujours à l’autre extrémité du champ, dans un
secteur inaccessible par cette météo exécrable!
Avec
trois ou quatre mentions au Québec à chaque année, le Carouge à tête jaune est
une des espèces du centre du continent qui nous visite avec le plus de régularité.
Pour le territoire de Kamouraska-L’Islet, il ne s’agit tout de même que de la
troisième mention connue. Le 19 septembre 1932, « par gros temps, de
vent et de pluie », l’abbé René Tanguay capturait une femelle sur les
battures du fleuve à La Pocatière pour la première régionale et la
quatrième au Québec à ce moment. Un mois plus tard, l’abbé Tanguay avait
présenté un texte sur cette capture au congrès de l’American Ornithologists’
Union tenu à Québec. La deuxième mention concerne un oiseau, peut-être un mâle
immature, présent brièvement à Rivière-Ouelle le 21 juin 1994.
Il
s’agit de ma première rencontre avec un Carouge à tête jaune, une espèce que
j’avais en tête depuis très longtemps! Au fil des ans, j’aurais facilement pu
l’ajouter à ma liste en allant voir des oiseaux trouvés légèrement en dehors de
ma région. Mais c’est toujours tellement plus excitant de le trouver soi-même!!!
Il s’agit tout de même de mon deuxième « lifer » en six mois, après le Guillemot de Brünnich de mai dernier. Ce n’est pas si mal : j’ai déjà
passé plus de trois ans sans nouveauté!
Dimanche
matin, après une autre nuit de forte pluie, nous sommes retournés à
Rivière-Ouelle. Le vent avait tourné au sud-ouest tout en demeurant aussi puissant
que la veille. Peu d’oiseaux étaient au rendez-vous, mais nous avons tout de
même trouvé nos deux premiers Bécasseaux violets de l’automne.
Cette fois, ce fut
vrai : un seul oiseau a sauvé notre fin de semaine!!! Merci au Carouge à
tête jaune et espérons que nous réussirons à le retrouver!