Avec
l’hiver déjà bien avancé, nous savons tous que les chances de découvrir une
nouvelle espèce d’intérêt avant l’arrivée du printemps sont très minces. Peu
importe, nous continuons de nous concentrer sur les sites de notre région et de
chercher à percevoir les moindres changements chez les quelques espèces encore
présentes parmi nous. Les populations d’oiseaux sont en constante évolution et,
même durant les hivers sans histoire comme celui de 2016‑17, d’infimes
changements sont toujours en cours.
Samedi,
notre sortie ornithologique pouvait se résumer à une lente promenade de sept
kilomètres à travers les rues de La Pocatière. Le temps était relativement
froid (entre ‑18 et ‑15°C), mais l’absence presque totale de vent
nous a donné l’impression d’une température nettement plus douce. Nous avons
même terminé la randonnée sans nos mitaines!
Les
choses sont tellement tranquilles dans la région que la simple rencontre avec
quelques corneilles et, surtout, les cris convaincus de certaines d’entre elles
ont été suffisants pour nous faire sourire et rêver au printemps. Normalement,
dans deux semaines, les premières migratrices devraient pointer le bout de leur
bec! Nous avons également croisé trois Sittelles à poitrine rousse durant la
fin de semaine, une espèce particulièrement rare dans la région cet hiver. L’hiver 2016‑17
n’est bien sûr pas le premier où cette sittelle habituellement régulière durant
la saison froide nous fausse compagnie. Je me souviens particulièrement bien
de l’hiver 1993‑94 qui, en plus d’avoir été très froid, avait aussi été
très pauvre en nourriture sauvage. Cet hiver-là, je n’avais pas vu de Sittelle
à poitrine rousse entre la fin de novembre et la fin de février.
Curieusement, le 24 février, l’espèce était réapparue brusquement et
j’avais trouvé quatre individus à La Pocatière, dans des sites pourtant visités
régulièrement. Les sittelles sont ensuite devenues régulières rapidement et
j’en avais croisées au cours de 19 journées durant le mois de mars. Mais d’où
arrivaient donc ces sittelles? Sans doute du sud où avaient retraité nos
oiseaux. Mais elles pouvaient tout aussi bien provenir du nord de notre région,
après avoir épuisé une forte production locale de graines de conifères. À l’époque,
il était toujours difficile de trouver des réponses à ces questions. Maintenant,
à l’ère d’ebird, nous sommes nettement mieux outillés. Un coup d’œil rapide à
la carte de distribution de la Sittelle à poitrine rousse pour cet hiver montre
une présence nettement plus marquée dans le sud des États-Unis que celle de l’hiver dernier. Elles auront tôt fait de revenir dans nos forêts de conifères,
aussitôt que le printemps se fera sentir. Contrairement aux Humains, les
oiseaux ne connaissent pas les frontières…!
Samedi le 11 février, nous avons exploré La Pocatière
de 8 h 00 à 11 h 40 pour y trouver les oiseaux
suivants :
- 11 Tourterelles tristes
- 1 Pic mineur
- 3 Pics chevelus
- 1 Geai bleu
- 5 Corneilles d’Amérique
- 1 Grand Corbeau
- 22 Mésanges à tête noire
- 2 Sittelles à poitrine rousse – Ces deux oiseaux étaient ensemble à une mangeoire. Les couples de sittelles restent souvent ensemble même en dehors de la saison de nidification.
- 1 Sittelle à poitrine blanche
- 30 Étourneaux sansonnets
- 400 Jaseurs boréaux – Un beau groupe surgi de nulle part cherchait à avaler tous les fruits encore disponibles, même ceux trop gros pour leur gosier.
- 14 Durbecs des sapins
Durbec
des sapins (Pine Grosbeak – Pinicola
enucleator)
La Pocatière – 11
février 2017 © Claude Auchu |
- 14 Chardonnerets jaunes
- 7 Plectrophanes des neiges
Dimanche,
ce fut au tour du village de Saint-Pacôme de recevoir notre visite. C’est sous
des conditions hivernales aussi belles que la veille que nous avons parcouru le
territoire de la municipalité. Les oiseaux étaient, comme on s’y attendait,
presque tous rassemblés autour de quelques mangeoires.
À
Saint-Pacôme, dimanche le 12 février,
les oiseaux suivants se sont inscrits à notre liste entre 7 h 30
et 9 h 20:
- 11 Tourterelles tristes
- 2 Pics mineurs
- 1 Pic chevelu
- 14 Geais bleus
- 1 Corneille d’Amérique
- 5 Grands Corbeaux
- 19 Mésanges à tête noire
- 1 Sittelle à poitrine rousse
- 5 Durbecs des sapins
- 1 Cardinal rouge – Un mâle fidèle à une mangeoire.
Nous avons ensuite filé jusqu’à Saint-Denis dans l’espoir de voir (et, surtout, de photographier) le Faucon gerfaut blanc sur un fond de ciel bleu. Nous n’avons pas réussi à le trouver, mais un Épervier de Cooper immature nous a montré son étrange technique de chasse. Comme ses cousins l’Épervier brun et l’Autour des palombes, l’Épervier de Cooper est une espèce forestière durant la saison de nidification. Durant l’hiver, cependant, il n’hésite pas à fréquenter les quartiers résidentiels pour chasser les oiseaux qui s’y rassemblent. Cet hiver, un Épervier de Cooper immature a pris l’habitude de chasser autour de fermes situées dans les milieux très ouverts du secteur de Saint‑Denis et de Kamouraska. Les Étourneaux sansonnets et les Pigeons bisets y sont abondants, mais encore faut‑il trouver le moyen de les attaquer par surprise. Sans buisson ni conifère pour camoufler ses approches, l’épervier y va donc d’une manière plus originale. Dimanche, nous l’avons vu se percher près de l’ouverture située au sommet d’un silo, en espérant qu’une proie potentielle sorte de sa cachette. L’épervier s’est perché à des endroits similaires sur trois séries différentes de silos, situées à l’intérieur d’un rayon d’un kilomètre. Le choix des perchoirs était donc « réfléchi ». Il est vraiment très intéressant de voir qu’un rapace réussi à déduire que des étourneaux ou des pigeons pouvaient se cacher dans ces endroits en particulier! D’après nos observations depuis la fin de décembre, il est probable que plus d’un Épervier de Cooper chasse de cette façon dans la région.
Épervier
de Cooper (Cooper’s Hawk – Accipiter
cooperii)
et Étourneaux sansonnets (European Starlings – Sturnus vulgaris)
Saint-Denis-De La
Bouteillerie – 12 février 2017 © Claude Auchu |