Nous
sommes sortis très satisfaits de cette belle fin de semaine hivernale. La météo
est demeurée très acceptable durant les deux journées et, surtout, les oiseaux
étaient nettement plus présents qu’au cours des dernières semaines. Samedi, une
température de saison, du soleil et peu de vent en matinée nous ont donné le
goût d’étirer notre plaisir au maximum. Dimanche, la faible neige qui tombait
n’a pas été suffisante pour contrecarrer nos plans et nous nous sommes rendus
le plus loin en forêt que notre voiture le permettait!
Samedi
matin, notre fin de semaine ornithologique a débuté par une lente tournée vers
l’est de la région. Nous espérions bien sûr croiser le Faucon gerfaut blanc sur
notre route, mais le but premier de cette sortie était surtout d’explorer la ville
de Saint-Pascal. Cette petite ville, que nous visitons trop rarement par manque
de temps, nous a déjà réservé de belles surprises en plein cœur de l’hiver.
Mais, bien sûr, l’hiver 2016‑17 n’est pas comme les autres et l’absence
chronique des espèces granivores était aussi marquée à Saint‑Pascal que
n’importe où ailleurs dans la région! Tout de même, c’est à Saint‑Pascal que
nous avons rencontré le seul fringillidé de notre excursion, un Tarin des pins…
Également, à la limite sud de la ville, les pistes d’une petite compagnie de Perdrix
grises étaient bien visibles au pied de quelques mangeoires (où ne se trouvait
d’ailleurs aucun oiseau).
C’est
après avoir visité Saint-Pascal que nous sommes véritablement partis à la
recherche du Faucon gerfaut. Nous avons parcouru la trajet habituel en répétant
régulièrement les phrases classiques telles que « rien ici… » et « là
non plus… ». Durant notre arrêt pour dîner, voyant que le vent prenait de
l’ampleur, nous avons décidé de laisser tomber et de retourner simplement à la
maison. Nous étions donc sur le chemin du retour lorsque nous sommes finalement
tombés sur le Faucon gerfaut! L’oiseau de forme blanche était encore une fois perché
bien en vue au sommet d’un silo à l’intérieur de la limite est de Saint-Denis.
Après une bonne séance d’observation (et de photos), le faucon s’est envolé pour
aller se percher sur un autre silo, à peine 700 mètres plus loin, où nous
l’avons rejoint. Dix minutes plus tard, lorsqu’il a quitté ce deuxième
perchoir, le gerfaut est venu passer quelques mètres à peine au-dessus de nos
têtes pour disparaître vers l’est! Le « fantôme des silos »,
comme l’avait si bien surnommé un ami l’hiver dernier, venait de se volatiliser
à nouveau. Il est tout de même surprenant qu’un oiseau de cette taille
réussisse à apparaître et à disparaître aussi facilement. Il semble bien que ce
rapace soit plus difficile à repérer qu’un harfang lorsqu’il est simplement perché
sur un piquet de clôture. Les falaises qui parsèment le décor kamouraskois
entre Saint-Pascal et Saint-André lui offrent aussi de belles cachettes, peut‑être
même un dortoir.
Faucon
gerfaut (Gyrfalcon – Falco rusticolus)
Saint-Denis-De La
Bouteillerie – 4 février 2017 © Claude Auchu |
Ce
n’est pas d’aujourd’hui que les Faucons gerfauts sont présents dans la grande
plaine de la région de Kamouraska. L’abbé René Tanguay avait lui-même capturé
des spécimens à Kamouraska les 18 novembre 1927, 7 novembre 1934 et
10 janvier 1956, tandis que Willie LaBrie en avait également pris un à
Saint-Denis le 26 mars 1928. Je suis trop jeune pour vous dire si les
conditions autour des fermes au milieu du XXe siècle ressemblaient
à celles observées de nos jours, avec des centaines de Pigeons bisets et
d’Étourneaux sansonnets comme proies potentielles!
Samedi le 4 février, nous avons
« viraillé » entre Rivière-Ouelle, Saint-Denis, Kamouraska et
Saint-Pascal de 7 h30 à 12 h 50. Voici les espèces
rencontrées :
- 147 Pigeons bisets
- 2 Harfangs des neiges
- 1 Faucon gerfaut – Cet individu avait été photographié une première fois dans ce secteur le 27 décembre dernier. Il s’agit sans aucun doute d’une femelle qui, dès le premier coup d’œil, apparaît nettement plus grosse et plus costaude que le petit mâle que j’avais vu à Rivière‑Ouelle en mars dernier.
- 13 Geais bleus
- 1 Corneille d’Amérique
- 12 Grands Corbeaux
- 26 Alouettes hausse-col – Vingt-trois alouettes se trouvaient à Rivière‑Ouelle et trois autres à Kamouraska.
- 19 Mésanges à tête noire
- 2 Sittelles à poitrine blanche – Deux oiseaux à une même mangeoire de Rivière‑Ouelle.
- 102 Étourneaux sansonnets – Les étourneaux ont été beaucoup plus discrets que la semaine dernière. Au moins 70 individus tournoyaient tout de même autour du premier silo où était perché le gerfaut!
- 30 Plectrophanes des neiges
- 1 Tarin des pins
La
semaine dernière, un compagnon de travail m’a fièrement annoncé que plus de 70 Durbecs
des sapins visitaient régulièrement ses mangeoires situées dans le village de
Saint-Onésime. Nous avons décidé d’aller vérifier ses dires, mais pas avant
d’avoir inspecté de belles zones conifériennes situées plus loin à l’intérieur
des terres. Les sections de forêts visitées étaient parsemées d’épinettes dont
les troncs avaient été littéralement épluchés par des pics. Les
« picados » (Pic à dos noir et Pic à dos rayé), en particulier, se
nourrissent régulièrement de cette façon, en faisant tomber au sol l’écorce de
conifères morts lorsqu’ils sont à la recherche de larves d’insectes. Une belle
occasion pour nous de mettre l’œil sur ces espèces toujours rares dans notre
région. De surcroit, pour notre plus grand plaisir, les oiseaux étaient
omniprésents et très démonstratifs dimanche matin dans les forêts situées au
fin fond de Saint-Onésime!
Le
vaste territoire de Saint-Onésime nous aura permis de voir les espèces
suivantes dimanche le 5 février
entre 7 h 25 et 11 h 00 :
- 1 Gélinotte huppée
- 3 Pigeons bisets
- 3 Pics chevelus
- 1 Pic à dos noir – Une femelle travaillait fort sous une faible neige pour dénicher sa nourriture.
Pic à dos noir (Black-backed Woodpecker – Picoides arcticus)
Saint-Onésime – 5 février
2017 © Claude Auchu |
- 1 Mésangeai du Canada
- 6 Geais bleus
- 4 Corneilles d’Amérique
- 6 Grands Corbeaux
- 32 Mésanges à tête noire
- 2 Mésanges à tête brune
- 1 Grimpereau brun
- 1 Roitelet à couronne dorée
- 25 Durbecs des sapins – Ils n’étaient peut-être pas 70, mais nous avons été pleinement satisfaits par la présence bien marquée de ces 25 oiseaux à la mangeoire de notre ami.
- 3 Gros-becs errants
- 1 Junco ardoisé – Ce junco accompagnait un groupe de mésanges près de quelques chalets, bien qu’aucune vraie mangeoire ne soit active dans le voisinage. Puisque les fringillidés ne trouvent rien à manger en forêt, de quoi peut bien se nourrir cet oiseau???
Cette fin de semaine a été excellente pour notre moral! Mais, maintenant que nous avons vu un Faucon gerfaut blanc et un autre sombre de façon satisfaisante depuis le début de l’hiver, peut-on maintenant espérer en voir un de forme grise?