Je
n’ai pu me faire à l’idée que j’allais terminer le mois de mars sans avoir vu
un seul canard! La dernière semaine ayant été nettement moins hivernale que les
trois précédentes, j’ai fait un rapide aller-retour au quai de Rivière-Ouelle vendredi
après-midi pour sauver la face. Malgré que le mois de mars 2017 aura été
un des plus froids des dernières années, l’absence de canards à ma liste du
mois m’aurait toujours paru comme une tache à mon dossier.
Ainsi,
vendredi le 31 mars, les trente
minutes passées au quai de Rivière-Ouelle m’ont permis de voir quatre Macreuses
à bec jaune, deux Garrots à œil d’or et un Grand Harle. Ces trois espèces sont
tout à fait normales dans la région à la fin de mars (nous avions d’ailleurs vu
un garrot au quai lors du redoux de la fin de février), l’observation de ces
canards vendredi ne passera pas à l’histoire… du moins, pas autant que si je
les avais ratées!
C’est
donc avec l’esprit tranquille que j’ai pu débuter le mois d’avril, celui qui commence
toujours avec des bancs de neige de plus de trois mètres devant les maisons,
mais qui se termine avec l’arrivée des premières hirondelles et parulines!!! Puisque
les passereaux forestiers tardent toujours à arriver et que, Dieu merci, les
canards ont réussi à se faufiler jusqu’à nous, il a été décidé que c’est sur
eux que nous allions concentrer notre fin de semaine.
Samedi
matin, j’ai effectué une sortie en solo à Rivière-Ouelle. Notre beau grand
fleuve était enfin presque totalement libre de glaces; c’est à se demander comment
le fleuve a réussi à se dégager si rapidement en une semaine?!? Seuls les
rivages et le fond des baies les plus profondes sont encore encombrés de glaces
morcelées qui ne tarderont pas à disparaître à leur tour. Les conditions sur le
terrain étaient très agréables avec une température frôlant le point de
congélation et un petit vent du nord-est soufflant à moins de 15 km/h. La visibilité
sur le fleuve, toujours importante mais difficile à prévoir, était excellente
et même les oiseaux les plus distants ont pu être identifiés sans problème. Même
s’ils n’étaient pas encore abondants, ils se déplaçaient en très petits
groupes, ce qui m’a gardé bien occupé. La première rencontre avec chaque
nouvelle espèce pour l’année à provoqué chez moi une petite poussée
d’adrénaline comme seuls les oiseaux semblent capable de produire!
Samedi le 1er avril, entre 6 h 10 et
11 h 05, le retour des oiseaux aquatiques m’a permis de trouver
27 espèces sur le territoire de Rivière-Ouelle :
- 15 Bernaches cravants
- 3 Canards noirs – Les rivages et les champs encore gelés ralentissent sûrement l’avancée migratoire des canards barbotteurs.
- 6 Fuligules milouinans
- 1 Eider à duvet – Seule une femelle a été observée, volant vers l’estuaire. Les eiders se dirigeant vers l’est vus à partir du quai le printemps ont habituellement atteint le fleuve après avoir survolé les terres depuis la côte atlantique. Cette femelle a-t-elle fait ce trajet toute seule???
- 24 Macreuses à bec jaune
- 4 Hareldes kakawis
- 22 Garrots à œil d’or
- 10 Grands Harles
- 28 Harles huppés
- 2 Tourterelles tristes
- 1 Petit Pingouin – Malgré le printemps froid, cet oiseau peut être considéré comme hâtif. Au fil des années, je n’ai observé l’espèce qu’à trois reprises en mars. Hivernant sur les Grands Bancs de Terre-Neuve, le Petit Pingouin atteint dans notre région la limite amont de son aire de nidification dans le Saint-Laurent.
- 1 Guillemot à miroir – Celui-là hiverne tout près, il n’a qu’à traverser le fleuve pour atteindre ma région!
- 15 Goélands à bec cerclé
Chez
les goélands, les mâles sont nettement plus gros que les femelles.
Goélands à bec cerclé (Ring-billed Gulls – Larus delawarensis)
Rivière-Ouelle – 1er
avril 2017 © Claude Auchu |
- 30 Goélands argentés
- 5 Goélands marins
- 6 Plongeons catmarins – Les catmarins sont finalement de retour! Cette espèce est tellement facile à observer à Rivière-Ouelle (pour qui s’en donne la peine…) qu’elle en est presque l’emblème.
- 2 Cormorans à aigrettes
- 1 Harfang des neiges – Un autre était également présent à La Pocatière.
- 1 Geai bleu
- 50 Corneilles d’Amérique
- 1 Grand Corbeau
Grand Corbeau (Common Raven – Corvus corax)
Rivière-Ouelle – 1er
avril 2017 © Claude Auchu |
- 2 Alouettes hausse-col
- 1 Mésange à tête noire
- 60 Étourneaux sansonnets
- 1 Moineau domestique
- 3 Durbecs des sapins
- 2 Plectrophanes des neiges
L’ordre
des espèces dans la liste qui précède vous a peut-être semblé inhabituel. Il
s’agit de la plus récente version de la liste taxinomique de l’American Ornithological Society. Je l’utilise depuis janvier dernier mais, avec l’arrivée
des cormorans et des plongeons, les modifications vous paraîtront nettement
plus évidentes. Mais on s’y habituera, comme à tout le reste!
C’est
encore à Rivière-Ouelle que je me suis dirigé dimanche matin, mais cette fois
accompagné de Christiane. Les conditions étaient encore très belles, bien qu’un
petit rideau de brume soit venu passer tout juste derrière nous.
Voici
ce que nous avons pu trouver à Rivière-Ouelle dimanche le 2 avril entre 6 h 10
et 9 h 30 :
- 8 Bernaches cravants
- 2 Canards noirs
- 1 Canard colvert
- 1 Fuligule milouinan
- 15 Macreuses à bec jaune
- 18 Garrots à œil d’or
- 2 Garrots d’Islande – Les Garrots d’Islande sont toujours remarquablement rares à Rivière-Ouelle. Dimanche, un couple se laissait dériver loin au large du quai.
- 13 Grands Harles
- 75 Harles huppés
- 2 Perdrix grises – N’eut été de l’œil de lynx de Christiane, ces deux oiseaux blottis dans une petite touffe d’herbe auraient surement passé inaperçu. Au début d’avril, il s’agissait probablement d’un couple... une bonne raison pour ne pas les déranger.
- 1 Pigeon biset
- 1 Tourterelle triste
- 20 Goélands à bec cerclé
- 15 Goélands argentés
- 5 Goélands marins
- 1 Plongeon catmarin
- 45 Corneilles d’Amérique
- 5 Alouettes hausse-col
- 6 Mésanges à tête noire
- 85 Étourneaux sansonnets
- 8 Plectrophanes des neiges
- 1 Bruant hudsonien
- 1 Junco ardoisé
- 1 Carouge à épaulettes
- 2 Vachers à tête brune
Le
fleuve étant encore tranquille à Rivière-Ouelle, nous avons décidé d’aller
jeter un coup d’œil à Kamouraska. Sauf lors du passage des bécasseaux en
septembre et octobre, nous ne prenons que rarement de temps de visiter ce
secteur pourtant situé à seulement une trentaine de kilomètres de notre
demeure. Il faut dire que les différents sites de Rivière-Ouelle nous tiennent
déjà bien occupés!
La marée commençait à
peine à baisser lorsque nous sommes arrivés à Kamouraska. Comme nous nous en
doutions, très peu de canards étaient sur place et même les eiders manquaient
au rendez-vous. Au loin, cependant, de petits groupes de garrots étaient
visibles près des îles. Une fois les trépieds dépliés et les télescopes
installés, nous n’avons été qu’à moitié surpris de constater qu’il s’agissait
de Garrots d’Islande. Christiane a pris le temps de les compter un à un pour
arriver à l’excellent total de 59 individus! Malgré que nous ne voyions cette
espèce à Rivière-Ouelle que deux ou trois fois par année (!!!), il existe
des mentions de plusieurs dizaines de Garrots d’Islande à Kamouraska, à seulement
quelques minutes de vol de Rivière-Ouelle. Sur la rive sud du fleuve, il semble
donc que la limite amont pour ce canard se trouve quelque part entre les deux
municipalités. La disponibilité d’une simple source de nourriture absente plus
à l’ouest peut bien avoir dessiné cette frontière!