Nous venons de connaître une fin de semaine typique du mois de janvier avec un maximum de ‑10°C le jour et un minimum de ‑20 la nuit. Il faut aussi noter l’absence presque totale de vent, un événement rarement noté deux journées de suite à La Pocatière! Pour nous, résister à la température plutôt froide du petit matin fut donc facile et nous n’avons pas eu cette excuse, cette fois du moins, pour ne pas repérer d’oiseaux!
Le phénomène ornithologique le plus remarquable de la fin de semaine fut sans contredit le passage des Jaseurs boréaux dans la région. Cette espèce a un statut assez particulier au Québec. Reconnu pour nicher principalement dans la moitié ouest du continent nord-américain, ce jaseur ne fut confirmé nicheur au Québec que tout récemment. Bien entendu, pour les ornithologues québécois, le fait qu’il nichait dans la forêt boréale du nord de notre province était un secret de Polichinelle; un de mes amis en avait d’ailleurs observé au Labrador en plein été au milieu des années 1980… Ce n’est donc pas une implantation récente!
Le Jaseur boréal se présente en nombre variable dans le sud de la province durant l’automne. En fait, ses effectifs sont aussi variables que la quantité de petits fruits dans les arbres de la taïga. Plus les fruits sont abondants, plus les jaseurs se présenteront dans nos régions tard durant l’automne. Même si les premiers individus apparaissent toujours vers la même date, la majorité de la population arrive souvent comme un rouleau compresseur en vidant les sorbiers de leurs fruits sur leur passage! Au Saguenay-Lac-Saint-Jean et sur la Côte-Nord (aussi à l’est qu’à Sept-Îles), il n’est pas rare d’observer des groupes comptant plusieurs milliers d’individus! Ils laissent derrière eux des sorbiers vides… et des espèces frugivores peu habituées à se déplacer au cœur de l’hiver, comme les Moqueurs polyglottes, dans des situations souvent précaires. Je me rappelle un Merle d’Amérique qui avait hiverné à La Pocatière il y a 30 ans en mangeant les pommes encore accrochées dans un arbre. Tout allait bien pour lui jusqu’à l’arrivée des jaseurs à la fin de janvier. Se présentant en groupes compacts et enthousiastes, les jaseurs avaient tôt fait de jeter les fruits au sol où ils sont rapidement disparus sous la neige. Les jaseurs ont continué leur route et le merle est resté penaud dans son pommier vide!
Dans la région de La Pocatière, le passage de ces oiseaux n’est pas aussi remarquable que sur la rive nord du fleuve. Comme pour bien d’autres espèces, le fait de devoir traverser le fleuve pour atteindre la rive sud a l’effet de fractionner les populations et de nous laisser que de petites quantités. Malgré cela, un observateur attentif et présent sur le terrain au bon endroit et au bon moment peut tout de même noter certains de ces mouvements. C’est ce qui nous est arrivé ces derniers jours! En effet, un peu partout, de petits groupes de Jaseurs boréaux volaient en direction sud-ouest, parallèlement au fleuve, en faisant parfois de petites haltes près d’un cerisier ou d’un pommetier. Comme il fallait s’y attendre, quelques merles ont suivi le même mouvement, nous offrant par le fait même une bien belle fin de semaine.
Samedi le 21 janvier, notre tournée des mangeoires de La Pocatière nous a fournis 19 espèces. Voici les principales :
- 1 Épervier de Cooper – Un immature a attaqué sans succès des Tourterelles tristes à une mangeoire. Est-ce l’oiseau entrevu à deux reprises depuis le début de l’année?
- 1 Gélinotte huppée
- 13 Grands Corbeaux
- 30 Mésanges à tête noire
- 4 Sittelles à poitrine rousse
- 3 Merles d’Amérique
- 400 Jaseurs boréaux
- 13 Jaseurs d’Amérique
- 4 Juncos ardoisés
La journée de dimanche le 22 janvier fut aussi très bien remplie, autant en diversité d’espèces qu’en nombre de jaseurs. Notre objectif était de faire une autre tournée des mangeoires, mais à Saint-Pacôme cette fois. Ce petit village situé à flanc de montagne accueille souvent une belle diversité d’oiseaux durant l’hiver et les pacômiens en semblent bien conscients puisque les mangeoires y sont abondantes et remplies avec régularité.
Bien entendu, avant Saint-Pacôme, nous avons fait un petit détour par Rivière-Ouelle. Avec les ‑20°C, la visibilité sur le fleuve y était plutôt limitée, mais le quantité de glace présente était étrangement faible. Habituellement, vers le 20 janvier, il est impossible de voir l’eau du fleuve tant la glace, la banquise plutôt, est épaisse.
Voici les espèces les plus intéressantes des trois municipalités traversées durant la journée :
- La Pocatière :
- 1 Harfang des neiges
- 1 Pie-grièche grise
- 1 Merle d’Amérique
- 325 Jaseurs boréaux
- 75 Plectrophanes des neiges
- Rivière-Ouelle :
- 15 Perdrix grises – Deux groupes distants de 6,5 km, comptant respectivement sept et huit individus, ont été vus durant la matinée. Pour le premier groupe, Christiane a repéré un seul oiseau trottant sur la neige. En arrêtant la voiture, nous avons vu que six autres perdrix accompagnaient la première, mais qu’elles étaient presque entièrement cachées dans la neige! De la voiture, on voyait régulièrement la neige voler dans les airs sans même voir les perdrix!
- 3 Goélands arctiques
- 2 Goélands marins
- 2 Merles d’Amérique
- 65 Plectrophanes des neiges
- Saint-Pacôme :
- 32 Tourterelles tristes
- 2 Pics chevelus
- 16 Geais bleus
- 4 Corneilles d’Amérique
- 2 Grands Corbeaux
- 8 Mésanges à tête noire
- 1 Sittelle à poitrine rousse
- 3 Roitelets à couronne dorée
- 2 Merles d’Amérique
- 30 Étourneaux sansonnets
- 320 Jaseurs boréaux
- 6 Juncos ardoisés
- 2 Sizerins flammés
- 2 Tarins des pins
- 21 Chardonnerets jaunes