L’avant-midi de samedi le 7 janvier fut encore une fois consacré à notre tournée des mangeoires de la ville de La Pocatière. Cette activité deviendra une routine pour les deux prochains mois! Ce samedi, la température était parfaite, avec un petit –8°C, pratiquement aucun vent et une petite couche de neige fraîche tombée la veille (qui porte l’épaisseur du tapis de neige au sol à environ 15 cm …). Le circuit au cœur même de la ville s’est fait assez rapidement au son des véhicules de déneigement. Les oiseaux avaient probablement été dérangés autant que nous par le bruit puisque même les meilleures mangeoires de la ville étaient pratiquement désertes. Mais une fois cette laborieuse portion franchie, nous avons enfin pu chercher les oiseaux autant à l’oreille qu’à l’œil.
Bien entendu, nous savons bien que de telles tournées hivernales ne fourniront jamais un grand nombre d’espèces. D’un autre côté, une espèce que nous ne regardons que distraitement durant l’été peut rapidement devenir une vedette en janvier.
Encore une fois, les fringillidés ont été presque absents dans la ville. Il y a à peine 20 ans, les Gros-becs errants étaient impossibles à manquer tellement les groupes étaient omniprésents à chaque hiver. Et cela, peu importe la production de graines de conifères qui joue habituellement un rôle majeur dans l’abondance des fringillidés. Ce serait donc vraiment les invasions de Tordeuses des bourgeons de l’épinette qui avaient à l’époque rendu les gros-becs si communs?
Voici donc en partie ce que nous avons observé durant cette belle petite sortie :
- 1 Canard colvert – Une présence plutôt surprenante ici en hiver! À La Pocatière, en janvier, les étendues d’eau libre sont aussi rares qu’éphémères.
- 1 Goéland arctique
- 44 Tourterelles tristes
- 1 Pic mineur
- 1 Pic chevelu
- 4 Geais bleus
- 23 Corneilles d’Amérique
- 6 Grands Corbeaux
- 13 Mésanges à tête noire
- 3 Merles d’Amérique – Comme pour les Jaseurs boréaux, ces oiseaux sont peut-être les éclaireurs des groupes qui vident présentement les sorbiers de Charlevoix de leurs fruits… Du moins, c’est ce que l’on espère!
- 60 Étourneaux sansonnets
- 173 Jaseurs boréaux
- 26 Jaseurs d’Amérique
- 1 Chardonneret jaune
- 27 Moineaux domestiques
Depuis toujours, Christiane et moi avons une méthode plutôt immuable d’observer les oiseaux. Dès le lever du soleil, nous nous rendons rapidement à l’endroit choisi et nous nous concentrons immédiatement sur les oiseaux afin de profiter des meilleures heures de la journée. Bien entendu, le fait d’observer surtout autour de la ville où nous habitons aide grandement à suivre notre règle : peu de kilométrage, mais beaucoup de terrain. Il n’arrive que très rarement que nous dérogions de notre habitude. Dimanche le 8 janvier, c’est pourtant ce qui est arrivé. Tout d’abord, nous voulions vérifier avec notre vieux copain Bernard si son Urubu noir était encore dans le secteur. Bernard n’a pas vu l’urubu ni vendredi, ni samedi malgré une surveillance attentive. Dimanche, après être arrivés chez Bernard à 7h45, nous sommes allés ensemble déneiger la « mangeoire » où l’oiseau s’est nourrit durant plus d’une semaine. Ensuite, il ne restait plus qu’à attendre. Bien sûr, l’expérience avec cet oiseau en particulier nous a appris qu’il est très fidèle à son lunch vers 8h00, même s’il semble éviter les chutes de neige. Avec des conditions météorologiques aussi parfaites que celles d’hier matin, il n’y avait aucune raison pour que l’urubu, s’il était encore dans le secteur, ne se présente pas à l’heure prévue.
Mais, vers 8h50, il nous est apparu évident que l’Urubu noir de Bernard n’était plus dans le secteur. Où peut-il bien être rendu ? Nous voyons trois possibilités :
- Il s’est simplement déplacé de quelques kilomètres et il pourrait revenir chez Bernard à n’importe quel moment.
- Il a quitté la région (le Québec?) après s’y être refait des forces. Il est à noter qu’un Urubu noir avec un seul œil, comme celui de La Pocatière, a été observé dans le comté de Kent au Nouveau-Brunswick durant l’hiver 2007-08 et encore en décembre 2008! Se pourrait-il que le même oiseau s’amuse à migrer vers le nord à chaque automne pour ensuite retraiter vers le sud pour y finir l’hiver?
- Il est tout simplement mort. Chose certaine, s’il est mort, ce n’est pas de faim! Peut-être par accident ou lors d’une rencontre malencontreuse avec un prédateur (un grand-duc, par exemple).
Voilà, l’histoire du l’urubu de Bernard est probablement terminée. L’oiseau a donc été présent chez mon copain du 22 décembre 2011 au 3 janvier 2012, selon les informations dont nous disposons.
Voilà, maintenant, où allons-nous? À 8h50, il nous apparaît déjà trop tard pour commencer une excursion digne de ce nom, alors que faire? Avec cette température parfaite, pourquoi ne pas faire une petite tournée en voiture dans les villages de la région? Puisqu’ils ne sont pratiquemqnt jamais visités par des observateurs d’oiseaux, Dieu seul sait ce que nous pourrions y trouver!
Les différents villages traversés n’offrent pas tous les mêmes possibilités ornithologiques. Je me contenterai de ne mentionner ici que les espèces ou les quantités les plus remarquables :
- Saint-Pacôme :
- 13 Geais bleus
- 5 Juncos ardoisés – Les juncos étaient tous présents à la même mangeoire ; il est bien possible qu’ils aient été encore plus nombreux. Saint-Pacôme a toujours été le village le plus intéressant de la région pour les oiseaux de mangeoires en hiver.
- Saint-Germain :
- 2 Pies-grièches grises – Pas de trace du « gerfaut » que l’on nous a signalé la semaine dernière…)
- Kamouraska :
- 2 Harfangs des neiges
- Saint-Denis-de-Kamouraska:
- 1 Goéland bourgmestre
- 3 Merles d’Amérique
Merle d’Amérique – Saint-Denis-de-Kamouraska – 8 janvier 2012 © Claude Auchu |
- Rivière-Ouelle :
- 1 Garrot à œil d’or – Une femelle au quai. Étrangement, il s’agit de mon premier garrot dans la région en janvier! Avec le colvert observé à La Pocatière hier, j’ai donc vu deux espèces de canards dans la région en janvier 2012, un événement en soit!!!
- 1 Harfang des neiges
Harfang des neiges – Rivière-Ouelle – 8 janvier 2012 © Claude Auchu |
Donc, quelques granivores aux mangeoires, pies-grièches et harfangs dans les milieux ouverts et encore des goélands au fleuve. Nous le savions déjà, mais notre curiosité est maintenant satisfaite. Honnêtement, ce fut une belle randonnée. Toutefois, nous préférons encore les belles promenades à pied ou à vélo où nous pouvons être en contact plus direct avec l’extérieur!