Samedi le 17 mars, mon sommeil toujours léger a
été interrompu à 5 h 25 par les cris d’un corneille insomniaque.
Lorsque des Corneilles d’Amérique crient ainsi 1 h 15 avant le lever du
soleil, on peut aisément comprendre que les hormones de ces oiseaux
sont en ébullition! La journée s’annonçait donc très bien! Mais, comme je
l’avais prévu la veille, la chaleur extrême et la neige à fondre ont formé un
épais brouillard tout le long de la vallée du Saint-Laurent. Malgré cela, notre
enthousiasme est tout aussi débordant que les hormones le sont chez les
corneilles, nous sommes rapidement descendus sur les battures du fleuve, en
espérant que le soleil dissipe le brouillard le plus vite possible.
Malheureusement, ce ne fut pas vraiment le cas. À vrai dire, près du fleuve
comme ailleurs, on ne voyait ni ciel, ni terre, ni mer… Même les oiseaux
semblaient un peu perdus; des tarins, des sizerins et un Bec-croisé bifascié
ont pu être trouvés sur les battures, loin de tout vrai conifère digne de ce
nom!
Les canards souhaités, s’ils étaient sur place, étaient
trop loin dans la brume pour que nous puissions les voir. Seuls quelques
goélands nous ont survolé avec hésitation… visiblement, ce n’était pas sur les
battures que nous allions battre un quelconque record. Nous sommes donc revenus bredouilles à la maison en
continuant d’espérer que l’après-midi serait meilleur.
Le temps était à peine plus clair lorsque nous sommes
retournés sur le terrain. Cette fois, au départ, nous avions déjà quelque chose
à fêter : c’était notre première sortie officielle à vélo de l’année! Pour
des ornithologues cyclistes comme nous, la première randonnée à vélo a toujours
une grande signification : maintenant, c’est vrai, le printemps est
arrivé!!!
Cependant, si la liste d’oiseaux s’est allongée, les
quantités n’étaient pas au rendez-vous. Malgré cela, nous avons eu une petite
surprise que je qualifierais de « non-cochable » : nous avons
nettement entendu le cri d’un Faisan de Colchide depuis une zone
buissonneuse située en bordure de la ville. Nous savons qu'un individu a été vu
à une mangeoire tout près de cet endroit à la fin de décembre dernier. Ce qui
signifie donc que le faisan a hiverné avec succès à La Pocatière?!?
Samedi soir, les dernières prévisions météorologiques
annonçaient un petit millimètre de pluie durant la nuit. Nous avons donc été plutôt
surpris de nous faire réveiller vers 3 h 30 du matin par un orage
électrique! Et par un vent à écorner les alouettes! Ça regardait mal pour notre
sortie matinale… encore une fois. Mais, une fois la pluie terminée, tant pis
pour le vent, en route pour Rivière-Ouelle!
Malgré les vents de 50 km/h et les rafales, dimanche
le 18 mars, nous nous sommes dirigés vers le fameux quai. Sur place, les
oiseaux bougeaient d’une manière plutôt spéciale. Nous avons l’habitude de
scruter attentivement le large pour y déceler les oiseaux circulant le plus
loin possible. De toute façon, nous disons-nous, les espèces qui longent le
rivage (les canards barbotteurs et les oies) seront relativement faciles à
repérer. Mais, en ce dimanche particulièrement venteux, la stratégie de
déplacement des oiseaux n’était visiblement pas dans les normes. Premièrement,
très peu d’oiseaux se déplaçaient au large, ce qui, à premier abord, est
inhabituel! Deuxièmement, les quelques canards en migration survolaient le
rivage et toujours en très petit groupe! La matinée semblait donc destinée à
être presque aussi tranquille que la précédente. Après 90 minutes, nous avons
décidé de vérifier si les canards ne se cachaient pas dans les champs. C’est en
faisant cette tournée que nous avons compris la stratégie des canards en cette
matinée très venteuse : les oiseaux survolaient carrément les champs à
très haute altitude sans même s’y arrêter! Visiblement, les vents les
dérangeaient et ils n’osaient même pas lutter contre eux en bordure du fleuve.
Nous avons fini par trouver un endroit près de la rivière
Ouelle où les anatidés étaient un peu plus concentrés, avec quelques-uns à
l’eau et de belles quantités en vol. C’est à cet endroit que la majorité des
oiseaux observés durant la sortie ont été notés :
- 1 Oie des neiges
- 230 Bernaches du Canada – Ma date d’arrivée la plus hâtive dans la région, battant par deux jours la date de 2010. Le record de 2010, lui, battait un vieux record datant de 1986! Oui, les oies arrivent tardivement dans ma région!
- 25 Canards noirs
- 37 Canards colverts
- 45 Canards pilets – Un autre nouveau record d’arrivée. Il faut noter que j’ai déjà vu l’espèce plus hâtivement encore à Bergeronnes et qu’un mâle s’est même permis d’hiverner aux Escoumins en 2001-2002 (en plus de l’oiseau vu à Dégelis en février 2011). De toute évidence, l’espèce, comme plusieurs autres anatidés, hiverne de plus en plus loin au nord!
- 1 Sarcelle d’hiver – Une autre espèce qui se présente à une nouvelle date hâtive dans ma région.
- 9 Fuligules milouinans – Ce canard aussi hiverne de plus en plus loin au nord. Une belle bande fréquente depuis déjà quelques années l’embouchure de la rivière Saguenay durant la saison froide. Localement, nous avions déjà vu un individu à Rivière-Ouelle le 14 janvier 2007.
- 1 Macreuse à bec jaune
- 16 Garrots à œil d’or
- 11 Grands Harles
- 2 Harles huppés
- 1 Épervier brun
- 3 Pluviers kildirs
- 80 Goélands à bec cerclé
- 22 Goélands argentés
- 3 Goélands arctiques
- 21 Goélands marins
- 3 Pigeons bisets
- 1 Tourterelle triste
- 1 Harfang des neiges – Comme les premiers arrivant à l’automne, les tout derniers du printemps sont souvent bien camouflés au sol en bordure des champs, à l’abri des corneilles.
- 1 Geai bleu
- 115 Corneilles d’Amérique
- 4 Grands Corbeaux
- 1 Mésange à tête noire
- 5 Merles d’Amérique
- 85 Étourneaux sansonnets
- 7 Carouges à épaulettes
- 23 Quiscales bronzés
- 75 Sizerins flammés