Il y a une dizaine de jours, j’ai terminé la compilation de mes observations pour l’année 2011. Je note quotidiennement tous les oiseaux que je vois ou entends depuis le 1er janvier 1982 et, au début de chaque nouvelle année, je m’amuse à remonter le temps en compilant mes résultats pour chaque espèce. Maintenant, avec trente ans de données, le plaisir pour moi est aussi de comparer le bilan des différentes années! Parce que, hé oui!, je fais partie des nombreux ornithologues qui aiment bien les statistiques et, justement, ces statistiques indiquent clairement des tendances chez nos oiseaux, certaines à la hausse, d’autres à la baisse.
Les longues listes de noms et de chiffres que constituent mes feuilles mensuelles ont été voulues simples! Elles le sont d’ailleurs tellement que la seule différence entre celles de 1982 et celles de 2011, c’est que les premières ont été faites à la main (ce qui demandait beaucoup de travail!) alors que celles des dernières années sont sur fichier Excel! Excel me permet aussi de garder facilement accessibles mes nombreuses notes sur les oiseaux les plus rares, les comportements, etc.
Ma façon de compiler annuellement mes données est aussi très simple : une ligne pour chaque espèce suivie du nombre de journées où j’ai observé l’espèce pour chaque mois, le nombre total de journées pour l’année, les dates printanières et automnales (d’arrivée, de départ ou de passage) et le nombre maximal d’individus observés à l’intérieur d’une même journée. Pour ces chiffres, qu’une espèce soit vue dans une seule municipalité ou encore dans plusieurs, elle ne compte que pour une mention. Pour les données plus précises, je me fie sur les célèbres feuillets d’observations quotidiennes que je me fais un devoir de remplir aussitôt qu’une de mes excursions présente une importance quelconque!
Voici les grandes lignes de mes résultats pour 2011 et, surtout, les faits marquants des 30 dernières années :
- J’ai terminé l’année 2011 avec un total de 8108 mentions, tout juste dans la moyenne annuelle depuis que je suis revenu m’installer à La Pocatière.
- Ma meilleure année à vie fut 2001 avec 13390 mentions, un total que je ne pense pas approcher un jour. À l’époque, j’habitais Les Escoumins, sur la Haute-Côte-Nord, où 4 espèces de laridés et 6 espèces de canards faciles à observer à tous les jours durant l’hiver aident grandement à augmenter le nombre de mentions! Ce n’est pas la même chose à La Pocatière!!!
- Depuis le 1er janvier 1982, j’ai accumulé 282866 mentions en 10957 jours.
- L’espèce notée avec le plus de régularité depuis 1982 est la Corneille d’Amérique que j’ai observée 9252 journées.
- Les espèces suivantes sont, dans l’ordre, l’Étourneau sansonnet (8792 journées), la Mésange à tête noire (8592) et le Moineau domestique (7397). Pour l’étourneau et le moineau, les totaux auraient été nettement plus élevés si je n’avais pas habité la Côte-Nord durant 7 ans. Ces deux espèces sont parfois aussi difficiles à trouver là-bas en hiver qu’un goéland ou un canard peut l’être à La Pocatière! Même si la population de moineaux a diminué énormément dans ma région depuis plusieurs années, il reste tout de même facile à observer (mais en quantité plus faible).
- En 1983 et en 2009, j’avais réussi à observer le Moineau domestique au cours de 364 journées sur les 365 de l’année! La seule journée où je n’avais pas vu l’espèce en 1983, j’avais pourtant fait une grosse journée de birding avec 3 « lifers »! Ce n’est qu’en notant mes oiseaux avant de me coucher que je me suis aperçu que je n’avais pas remarqué le moineau de la journée… oups!
Il est amusant de comparer les résultats au fil des années pour une même espèce. Si ces résultats indiquent souvent une tendance, il apparaît aussi évident que le biais humain joue pour beaucoup. Le temps disponible pour observer durant une année ou l’attirance passagère pour un groupe d’espèces au détriment d’un autre influence grandement les résultats. Heureusement, les feuillets d’observations quotidiennes, en mélangeant ensemble les données d’ornithologues aux goûts divers, annulent sûrement beaucoup ces biais!
Pour terminer ce résumé, quels sont les événements qui m’ont le plus marqué durant l’année 2011 :
L’Urubu noir à La Pocatière ne peut faire autrement que de trôner comme « espèce de l’année », autant pour sa rareté que pour les circonstances de sa présence chez mon copain Bernard!
Les déplacements monstres de Plongeons catmarins et d’Eiders à duvet dont nous avons été témoins à Rivière-Ouelle, un endroit que je visite depuis mon enfance, m’ont aussi impressionné. Pour ces deux espèces, je croyais pourtant avoir déjà été témoin de tout ce que le site pouvait offrir. Il faut croire que non…!
L’Urubu noir de La Pocatière, montrant son œil gauche en mauvais état – La Pocatière – 25 décembre 2011 © Claude Auchu |
Ma 31e année de données est déjà bien entamée. Dans vingt ans, pour souligner le demi-siècle de données, je ferai un autre message sur ce sujet!