mardi 11 décembre 2012

Un Épervier de Cooper pour Willie Labrie

Durant cette dernière fin de semaine, nous sommes littéralement passés de l’été à l’hiver en moins de 24 heures. Samedi matin, la température très douce et l’absence totale de neige au sol nous ont permis de parcourir les rangs de La Pocatière à vélo, une toute première en décembre! Une fine neige a commencé à tomber doucement en après-midi pour ensuite prendre de la vigueur en soirée. À ce moment, nous ne donnions pas cher de notre sortie à Rivière-Ouelle prévue pour dimanche matin! Heureusement, le tout s’est calmé durant la nuit pour nous offrir d’excellentes conditions hivernales pour cette excursion.
Mais commençons par samedi. Une belle journée de temps doux sans aucun vent s’offrait à nous et c’est une tournée des mangeoires de la ville que nous avions en tête. En faisant les premiers pas, nous avons rapidement remarqué à quel point tout était tranquille sur notre parcours. L’impression qu’un prédateur nous devançait et effrayait tous les oiseaux que nous comptions voir semblait se confirmer. C’est justement au moment où la décision de retourner chercher nos vélos fut prise que la bête s’est montrée à nous : un gros Épervier de Cooper qui faisait comme nous le circuit des mangeoires!
Cette rencontre avec l’épervier me donne l’occasion de vous parler de Willie Labrie, un des pionniers de l’ornithologie dans la région. Labrie était un taxidermiste de Kamouraska qui a monté une importante collection d’oiseaux naturalisés entre 1915 et 1970. L’abbé René Tanguay était régulièrement en contact avec lui et les lettres que Labrie lui a adressées sont conservées aux archives de la Société historique de la Côte-du-Sud. Le 13 décembre 1962, il y a 50 ans presque jour pour jour, il écrivait à l’abbé Tanguay :

« Je crois bien que je ne pourrai vivre assez longtemps pour me trouver un Épervier de Cooper! Je n’en ai encore jamais vu un seul et ça fait 50 ans que j’en cherche! Plusieurs m’ont dit "en voir souvent", mais souvente fois parmi ces gens, il y a plus d’enthousiasme que de science et l’on prend souvent une Buse de Pennsylvanie [une Petite Buse?] pour un Épervier de Cooper. »

Dans sa liste des oiseaux de la région parue dans Le Naturaliste canadien en 1964-65, l’abbé Tanguay ne mentionne pas l’Épervier de Cooper, mais je sais qu’un spécimen a été capturé à Sainte-Louise le 26 septembre 1936. L’espèce était donc bel et bien présente dans la région à cette époque. La disparition de la Tourte voyageuse à la fin du XIXe siècle a sûrement nuit à l’espèce, la privant de ce qui devait être un de ses repas les plus réguliers. Heureusement, le « Cooper » est devenu nettement plus régulier depuis quelques années et, cette fois, ce sont les Tourterelles tristes qui doivent être souvent au menu! Pour revenir à Willie Labrie, quelques années avant sa mort, il a vendu sa collection de plus de 730 spécimens à un résident de l’Île-du-Prince-Édouard! Ma région et le Québec tout entier venaient de se priver du travail de toute une vie!

Notre randonnée à vélo et à pied à travers les rues et rangs de La Pocatière s’est déroulée de 7 h 40 à 12 h 00 ce samedi le 8 décembre. Voici ce que nous en avons tiré :
  • 1 Épervier de Cooper – Celui-là, il est pour vous M. Labrie!
  • 5 Pigeons bisets
  • 63 Tourterelles tristes
  • 3 Pics mineurs
  • 5 Pics chevelus
  • 4 Geais bleus
  • 9 Corneilles d’Amérique
  • 3 Grands Corbeaux
  • 13 Mésanges à tête noire
  • 2 Sittelles à poitrine rousse
  • 2 Sittelles à poitrine blanche
  • 150 Étourneaux sansonnets
  • 50 Jaseurs boréaux – Les jaseurs s’affairaient à vider un Bourreau des arbres de ses fruits.
  • 2 Juncos ardoisés
  • 5 Becs-croisés des sapins – Cinq oiseaux du type 3 ont été croisés à deux reprises dans la ville.
  • 70 Sizerins flammés
  • 1 Sizerin blanchâtre
  • 1 Tarin des pins
  • 21 Gros-becs errants
  • 55 Moineaux domestiques
Je crois bien que, cette fois, nos vélos sont rangés pour les trois prochains mois. Vivement le mois de mars!!!

Dimanche matin, nous nous sommes levés avec un enthousiasme digne du mois d’avril! Cinq centimètres de neige fraîche recouvrait le sol et le ciel était en train de se dégager. En plus, le vent fort du nord-ouest que l’on prévoyait ne soufflait pas encore. Cette belle matinée allait enfin être lumineuse, grâce à l’éblouissement du soleil sur la neige. À notre arrivée au quai, la visibilité était tout simplement exceptionnelle et elle est demeurée excellente jusqu’à notre départ du site deux heures plus tard. Un bon petit vent soufflait du nord, tout juste assez fort pour agacer nos glandes lacrymales.
Bien entendu, de grandes quantités d’oiseaux sont loin d’être garanties à Rivière-Ouelle durant le mois de décembre à moins, bien sûr, que les eiders ne décident de migrer. Ce ne fut visiblement pas le cas dimanche, malgré des conditions presque optimales.

Voici ce que nous avons découvert à Rivière-Ouelle dimanche le 9 décembre entre 6 h 55 à 12 h 40 :
  • 1 Canard noir
  • 6 Eiders à duvet – Seulement six…
  • 1 Garrot à œil d’or
  • 8 Grands Harles
  • 3 Plongeons catmarins – Ces oiseaux auraient été qualifiés de retardataires il n’y a pas si longtemps. Mais comme mes deux dates les plus tardives pour la région sont les 12 décembre 2010 et 11 décembre 2011, il semble qu’une nouvelle tendance pour les dates de départ se dessine peut-être! 
  • 4 Plongeons huards
  • 1 Grèbe jougris
  • 1 Épervier brun – Il venait tout juste de capturer un Sizerin flammé; les autres membres de la bande virevoltaient encore autour du rapace.
  • 1 Buse pattue
  • 38 Goélands à bec cerclé
  • 21 Goélands argentés
  • 91 Goélands arctiques
  • 48 Goélands marins
  • 1 Guillemot à miroir
  • 45 Pigeons bisets
  • 9 Tourterelles tristes
  • 1 Pic chevelu
  • 9 Corneilles d’Amérique
  • 2 Grands Corbeaux
  • 14 Mésanges à tête noire
  • 1 Roitelet à couronne dorée
  • 45 Étourneaux sansonnets
  • 100 Plectrophanes des neiges
  • 5 Durbecs des sapins
  • 48 Sizerins flammés
  • 10 Moineaux domestiques
Nous n’avons pas réussi à voir le tohi de Rivière-Ouelle dimanche matin, malgré 45 minutes d’attente près des mangeoires qu’il fréquente. Sur place, nous avons cependant rencontré un Étourneau sansonnet au répertoire plutôt varié : il nous a offert d’excellentes imitations du Goéland à bec cerclé, du Durbec des sapins, de la Sturnelle des prés (un classique pour les étourneaux), de la Sittelle à poitrine rousse, de la Grive fauve (son chant!), du Merlebleu de l’Est, du Quiscale bronzé et du Pic flamboyant. À un certain moment, nous avons cru entendre le tohi crier à une reprise mais, avec un tel imitateur dans les parages, nous n’avons pas osé le noter!