mardi 29 janvier 2013

Il était une fois... un Cardinal à tête noire!

La semaine dernière, un Cardinal à poitrine rose a été découvert à Vaudreuil-Dorion, une des très rares mentions québécoises bien documentées pour cette espèce en plein cœur de l’hiver. Puisque nous sommes présentement dans un période particulièrement tranquille pour les oiseaux et que, malgré nos efforts, nous ne parvenons pas à accumuler de listes quotidiennes décentes, j’ai fouillé dans mes archives pour vous raconter la rencontre avec une des espèces les plus remarquables pour ma région : un Cardinal à tête noire!
Le vendredi 21 novembre 2003, par une matinée très brumeuse, nous avons fait une tournée des mangeoires de différents quartiers de La Pocatière, comme nous le faisons encore aujourd’hui. En circulant dans une rue, jumelles au cou, nous avons été interpellés par un homme qui, sortant de sa maison, nous a demandé les dernières nouvelles des oiseaux de la région. En discutant, il nous a signalé tout bonnement qu’un oiseau qu’il ne parvenait pas à identifier fréquentait sa mangeoire depuis quelques jours. Il nous a décrit l’oiseau comme étant un gros bruant avec les dessous jaunes et la tête rayée « comme s’il portait un casque de bicycle ». Ne voyant pas de quel oiseau il pouvait bien s’agir, nous avons été gentiment invité par le propriétaire à inspecter sa cour. Il est ensuite rentré chez lui et nous sommes restés près de sa maison, à évaluer la situation. Presqu’immédiatement, notre attention a été attirée par les mouvements d’un oiseau perché dans les thuyas situés tout près. Nous avons rapidement pointé nos jumelles vers lui et nous avons eu la surprise de voir un cardinal du genre Pheucticus! Sa grosse tête noir et blanc et son dos brun nous indiquaient qu’il s’agissait d’une femelle ou d’un immature. L’oiseau s’est ensuite tourné vers nous et la surprise s’est transformée en choc lorsque nous avons vu ses dessous jaunâtres! La possibilité d’un Cardinal à tête noire, ce très rare visiteur de l’ouest, nous est rapidement venue à l’esprit. Nous nous sommes rapidement précipités dans le fond de la cour d’où nous avions une vue imprenable sur la mangeoire. Ainsi installés à une bonne distance, nous espérions que le cardinal ose se présenter à découvert. D’après le propriétaire des lieux, c’était un oiseau très nerveux qui ne venait se nourrir que quelques secondes à la fois. Mais nous avons été rapidement récompensés et, à plusieurs reprises, le cardinal est venu se nourrir à la mangeoire où nous l’avons observé à l’aide de jumelles 8X42 et d’un téléscope 20-60X82. Tous les critères ont alors été rassemblés et nous ont permis de confirmer l’identification du Cardinal à tête noire! Nous l’avons revu une dernière fois le lendemain, le 22 novembre, se nourrissant de graines de tournesol et de fruits de Nerprun cathartique ou se chauffant au soleil, perché dans les thuyas. Plusieurs photographies ont alors été prises.
 
Voici les tous les détails notés durant ces séances d’observation :
  • Tête relativement grosse rayée de brun sombre et de blanc
  • Calotte brune, séparée en son centre par une mince ligne blanchâtre
  • Larges sourcils blancs se rejoignant à la nuque; la partie la plus près du bec était légèrement roussâtre
  • Région auriculaire brune
  • Raie malaire blanche s’étirant jusqu’à l’arrière de la région auriculaire
  • Parties inférieures (gorge, poitrine, flancs, ventre et sous-caudales) jaunâtres légèrement ocrées devenant plus pâles aux sous-caudales
  • Fines rayures sombres disjointes présentes uniquement sur les flancs
  • Dos brun portant de larges rayures foncées
  • Croupion brun, rayé
  • Ailes brunes avec deux barres blanches bien visibles. Certaines rémiges secondaires et tertiaires avaient également la pointe blanche. Une minuscule marque blanche était aussi apparente à la base des primaires.
  • Couvertures sous-alaires jaune brillant, notées alors que l’oiseau volait ou se lissait les ailes
  • Queue brune de longueur moyenne
  • Œil noir
  • Bec très gros, mandibule supérieure gris foncé, mandibule inférieure rosée avec un peu de gris près du tomie
  • Pattes grises. L’oiseau avait souvent la patte gauche légèrement pendante, laissant croire qu’elle était blessée ou douloureuse.
Les détails observés indiquaient de façon non-équivoque qu’il s’agissait d’un Cardinal à tête noire. Les dessous jaunâtres et les fines rayures sur les flancs sont les caractéristiques habituellement mentionnées dans les guides pour identifier cette espèce en plumage femelle. Il pourrait cependant exister un risque de confusion avec certains Cardinaux à poitrine rose immatures qui, à leur premier automne, peuvent avoir les dessous brun-jaunâtre. Les jeunes femelles de cette espèce portent toutefois de larges rayures sombres jusqu’en travers de la poitrine qui sont bien différentes des minces lignes concentrées aux flancs de notre oiseau. Les jeunes mâles, quant à eux, n’ont que peu de rayures dessous, mais un faible rosé est habituellement visible sur la poitrine. De toute façon, les couvertures sous-alaires sont roses chez tous les mâles du Cardinal à poitrine rose, peu importe l’âge, et non jaunes comme chez notre oiseau. Nous avions donc bel et bien affaire à un Cardinal à tête noire!
Cardinal à tête noire – La Pocatière – 22 novembre 2003 © Claude Auchu
Des détails plus secondaires ont aussi été notés. La mandibule supérieure sombre pointait également vers le Cardinal à tête noire, mais ce critère semble plus ou moins valable à l’automne. La coloration vive des couvertures sous-alaires serait aussi typique du Cardinal à tête noire. Mais, en toute honnêteté, il faudrait vraiment des conditions exceptionnelles pour réussir à saisir la différence entre le jaune brillant du Cardinal à tête noire et le jaune plus mat du Cardinal à poitrine rose femelle!
D’autres caractéristiques plus sûres nous ont même permis de déterminer le sexe et l’âge du cardinal. Les mâles du Cardinal à tête noire présentent un contraste entre leur dos rayé de brun et leur croupion uni, de couleur fauve chez l’immature et cannelle chez l’adulte. Chez notre oiseau, l’absence de contraste entre le dos et le croupion, tous deux rayés de brun, élimine la possibilité d’un mâle. Notre cardinal était donc une femelle.
Et maintenant, était-ce une femelle adulte ou immature? Chez plusieurs espèces de passereaux, une mue partielle se produit souvent chez les jeunes oiseaux durant leur premier automne. C’est le cas chez les cardinaux du genre Pheucticus où une partie des couvertures sus-alaires, celles situées les plus près du corps, est remplacée par des plumes neuves. Lorsqu’observé attentivement (et de près!), il peut être possible de voir la différence entre les vieilles plumes, qui sont usées et de coloration plus pâle, et les plumes neuves qui sont en parfait état et légèrement plus sombres. Bien vues au téléscope, les couvertures sus-alaires toutes du même ton de brun nous ont confirmé qu’il s’agissait d’un adulte. La très petite quantité de blanc visible à la base des primaires aurait pu laisser croire à la possibilité d’un immature mais, chez certaines femelles adultes, ce blanc est tellement restreint qu’il n’est pas discernable autrement qu’en ayant l’oiseau en main. Tous ces détails nous ont permis de conclure qu’il s’agissait d’une femelle adulte de Cardinal à tête noire.
Cardinal à tête noire – La Pocatière – 22 novembre 2003 © Claude Auchu
Le Cardinal à tête noire niche dans les forêts de la moitié ouest des États-Unis. Au Canada, il est restreint au sud de la Colombie-Britannique, à l’extrême sud de l’Alberta et parfois de la Saskatchewan. Il hiverne principalement au Mexique. C’est une espèce très près génétiquement de notre Cardinal à poitrine rose qu’il remplace d’ailleurs dans l’ouest du continent. Certains considèrent même que ces deux espèces n’en forment en fait qu’une seule. Dans la mince zone de chevauchement de leurs aires de nidification, des hybrides sont régulièrement observés. Dans l’est du continent, le Cardinal à tête noire est un visiteur inusité qui est observé surtout en fin d’automne ou en hiver, soit longtemps après que les derniers Cardinaux à poitrine rose aient quitté leurs quartiers d’été. L’oiseau de La Pocatière n’était à ce moment que la troisième présence de l’espèce au Québec. Il consitue encore une des espèces les plus rares à l’échelle provinciale jamais trouvée dans ma région. Il y a maintenant sept mentions dans la province : trois en novembre, une en mai, une en juin et deux d’oiseaux qui semblent avoir réussi à hiverner! Les mentions hivernales du Cardinal à poitrine rose ne sont pas beaucoup plus communes, je crois même qu’il n’y a pas encore d’hivernage réussi au Québec! Autrement dit, le Cardinal à poitrine rose est probablement plus rare au Québec en hiver que son cousin à tête noire! Si vous avez la chance d’en croiser un, inspectez-le bien! En attendant, souhaitons bonne chance au Cardinal à poitrine rose de Vaudreuil-Dorion!

mardi 22 janvier 2013

Un Bruant chanteur sorti de nulle part

« (…) les températures clémentes incitent souvent les oiseaux à sortir de leur trajet routinier. Espérons qu’ils croiseront le nôtre! »
C’est sur ces mots que j’avais terminé mon message précédent. Mais, honnêtement, mes espoirs n’étaient pas très élevés que les températures douces de la semaine dernière nous apportent de nouvelles espèces. Pourtant, il semble bien que ça se soit produit! Samedi, durant notre habituelle tournée des mangeoires, nous avons eu la surprise de croiser un Bruant chanteur dans un secteur de la ville pourtant bien exploré! Il accompagnait deux des trois Bruants à gorge blanche que nous suivons depuis la mi-décembre. Nous n’avons aucune idée d’où il pouvait bien provenir, mais il nous conforte dans notre décision de parcourir régulièrement les mêmes trajets. Nous sommes ainsi plus en mesure de bien apprécier l’importance de chaque observation. Bien qu’il ne soit pas présent à chaque hiver, un Bruant chanteur n’est pas une rareté majeure à La Pocatière en janvier; ce sont plutôt les circonstances qui ont amené à sa découverte qui sont intéressantes!
Comme plusieurs autres observateurs d’oiseaux au Québec, nous n’avons pu profiter que d’une seule journée convenable (et encore…) pour chercher nos amis à plumes durant cette dernière fin de semaine. Les conditions hivernales ont été très variables durant ces deux jours, passant de la neige légère avec des vents calmes samedi à de la neige très dense dimanche matin suivie de vents très violents en fin d’après-midi. Et que dire de la température qui est passée de -1°C à 16 h 00 dimanche pour chuter à -20°C à 8 h 00 lundi matin!

Samedi, appréhendant avec raison le pire pour dimanche, nous avons inspecté avec attention les mangeoires bien dispersées dans la ville de La Pocatière. Une neige fine est tombée pratiquement sans arrêt durant toute la journée, réduisant quelque peu la visibilité par moment. Le mois de janvier faisant son œuvre, le nombre d’oiseaux semble diminuer régulièrement depuis le début de l’année.

Voici les quelques espèces rencontrées à La Pocatière samedi le 19 janvier :
  • 12 Goélands arctiques
  • 15 Pigeons bisets
  • 11 Tourterelles tristes
  • 2 Pics mineurs
  • 2 Geais bleus
  • 8 Corneilles d’Amérique
  • 37 Grands Corbeaux
  • 20 Mésanges à tête noire
  • 3 Sittelles à poitrine rousse
  • 2 Sittelles à poitrine blanche
  • 170 Étourneaux sansonnets
  • 30 Jaseurs boréaux
  • 1 Bruant chanteur – Cette espèce semble se comporter d’une façon bien à elle durant la saison froide. Les bruants les plus réguliers dans la région en hiver (Bruants à gorge blanche, Bruants hudsoniens et Juncos ardoisés) sont habituellement observés s’alimentant goulûment à une mangeoire. Les Bruants chanteurs, eux, sont le plus souvent trouvés voltigeant le long d’une haie ou perchés dans des endroits inattendus! Ne sont-ils donc pas aussi dépendants des mangeoires que les autres bruants???
  • 2 Bruants à gorge blanche
  • 1 Cardinal rouge
  • 2 Durbecs des sapins
  • 17 Sizerins flammés
  • 1 Sizerin blanchâtre
  • 13 Moineaux domestiques
En début d’après-midi, d’un poste d’observation offrant une vue imprenable sur les champs et les battures du fleuve, j’ai encore vu un possible Faucon gerfaut! Celui-là était perché sur un bâtiment dans un champ à plus de 5 kilomètres de moi. Avec le mince rideau de neige qui tombait à ce moment, la visibilité n’était pas assez nette pour confirmer mes doutes, mais j’étais prêt à garder l’œil collé au télescope jusqu’à ce que l’oiseau s’envole. Malheureusement, une chute de neige plus intense est venue rapidement brouiller les cartes. Dix minutes plus tard, lorsque j’ai enfin pu distinguer à nouveau le perchoir de l’oiseau, il n’était plus là! C’est la deuxième fois en trois semaines qu’un possible gerfaut me glisse entre les doigts! Ce méga-faucon peut être observé un peu partout sur le territoire de La Pocatière, j’ai même quelques mentions d’oiseaux en vol directement au-dessus de la ville. Il n’y a donc pas d’endroit privilégié où le chercher, on ne peut se fier qu’à la chance (mais être à l’extérieur aide aussi!).

Dimanche après-midi, en pelletant les 25 centimètres de belle poudreuse tombée durant l’avant-midi, j’ai réentendu le Geai bleu qui imitait la Buse à queue rousse le 28 décembre dernier. Cette fois, il a ajouté une excellente imitation du cri de l’Épervier brun à son répertoire! C’était assez étrange de voir et d’entendre ce geai lancer ces deux imitations une à la suite de l’autre. Mais comment font-ils pour savoir que ce sont des oiseaux de proie qu’ils imitent? Et comment peuvent-ils les entendre assez souvent pour bien les mémoriser? Personnellement, en 37 ans de birding, je n’ai entendu les cris de ces deux rapaces qu’à quelques reprises sur le terrain!

mardi 15 janvier 2013

Parenthèse printanière et Plectrophanes lapons

Nous avons connu cette dernière fin de semaine un redoux digne du printemps! Il est en effet plutôt rare d’atteindre les 7° C dans la région en pleine nuit durant le mois de janvier! Avec de telles températures, nous sommes toujours à la fois gagnants et perdants. Nous sommes gagnants puisque les belles conditions à l’extérieur facilitent grandement la recherche d’oiseaux, nous donnant même une petite poussée d’adrénaline comme celle que nous connaissons au mois de mars. Mais nous sommes aussi perdants puisque les oiseaux que nous suivons aux différentes mangeoires ne ressentent visiblement pas le même besoin urgent de s’alimenter que durant les journées de -20°C! C’est avec ces facteurs que nous avons dû négocier samedi et dimanche.

Pour samedi matin, de forts risques de pluie verglaçante ont retardé notre départ, d’autant plus que les images satellites indiquaient de telles averses tout juste à l’ouest de La Pocatière. Finalement, lorsque le jour s’est vraiment levé, nous nous sommes rendus compte qu’il n’était probablement tombé aucune précipitation à La Pocatière durant la nuit! En essayant de reprendre le temps perdu, nous nous sommes dépêchés de faire le tour de la ville avec l’espoir que les conditions printanières jouent en notre faveur. Ce ne fut visiblement pas le cas… Christiane m’a tout de même fait remarquer la présence de plusieurs chironomidea près de la rivière; ces petits insectes tournoyants étaient beaucoup plus actifs que les oiseaux!

Samedi le 12 janvier, notre tournée des principales mangeoires de La Pocatière nous aura fourni les espèces suivantes :
  • 43 Tourterelles tristes – Pratiquement aucune tourterelle n’était présente aux postes d’alimentation. Nous avons même trouvé 29 oiseaux perchés côte à côte, profitant du beau temps pour se balancer sur un fil électrique…
  • 2 Pics mineurs
  • 3 Pics chevelus
  • 2 Geais bleus
  • 10 Corneilles d’Amérique – Les corneilles croassaient plus qu’à la normale, mais leurs cris n’avaient pas encore tout à fait la tonalité printanière caractéristique.
  • 31 Grands Corbeaux
  • 27 Mésanges à tête noire
  • 1 Sittelle à poitrine rousse
  • 3 Sittelles à poitrine blanche
  • 280 Étourneaux sansonnets
  • 2 Bruants hudsoniens
  • 1 Junco ardoisé
  • 2 Cardinaux rouges – Deux femelles.
  • 1 Durbec des sapins
  • 1 Bec-croisé bifascié – Il s’agira probablement d’une de nos rares mentions pour cet hiver, faute de graines pour les nourrir dans les conifères. Nous n’en avions pas vu depuis les deux oiseaux notés à La Pocatière le 5 décembre dernier.
  • 22 Sizerins flammés – Les belles troupes de sizerins observées à La Pocatière durant les Fêtes semblent s’être dispersées.
  • 38 Moineaux domestiques
Nous comptions bien reprendre dimanche la sortie annulée la veille pour cause de fausse alerte à la pluie verglaçante. C’est plein d’espoir que nous avions décidé de prendre la route vers Rivière-Ouelle dimanche matin, peu importe les conditions météorologiques. Avec les températures douces (7° C à 1 h 00 du matin!), nous n’avons pas été surpris de rencontrer du brouillard en bordure du fleuve. La visibilité au quai était donc très limitée et nous n’avons pas pu en tirer grand-chose, sinon de rêver à ce qui allait commencer à y circuler dans deux petits mois. En attendant, c’est entre les bancs de brouillard que nous avons continué notre excursion…

Ce fut donc bien tranquille à Rivière-Ouelle dimanche le 13 janvier, mais nous y avons tout de même noté :
  • 8 Perdrix grises – Notées à deux endroits différents. Cette espèce normalement difficile à dénicher semble vouloir devenir une des espèces les plus assurées durant une excursion à Rivière-Ouelle!!!
  • 1 Goéland arctique
  • 2 Goélands marins
  • 22 Pigeons bisets
  • 5 Tourterelles tristes
  • 1 Pic chevelu
  • 11 Corneilles d’Amérique
  • 3 Grands Corbeaux
  • 3 Mésanges à tête noire
  • 145 Étourneaux sansonnets
  • 15 Plectrophanes lapons – Ces quinze oiseaux nous ont fait la belle surprise de s’envoler de la route devant nous et de se déplacer parallèlement à la voiture (à exactement 55 km/h)! Les Plectrophanes lapons sont présents à chaque hiver dans la région, parfois en belles quantités. J’ai déjà vu des groupes de près de 50 oiseaux ici en plein cœur de l’hiver. Ils sont bien entendu observés plus régulièrement durant les migrations, mais en nombres qui semblent varier énormément depuis une centaine d’années. Le 9 février 1951, Willie Labrie écrivait à l’abbé René Tanguay : « Le Plectrophane de Laponie est rare depuis quelques années, il était aussi rare vers 1915, année où j’ai commencé ma collection, puis il est devenu commun et très commun vers 1930 alors qu’il n’était pas rare d’en voir des bandes de 50 à 100 et, depuis une dizaine d’années, il devient de plus en plus rare, mais cependant j’en remarque encore quelques-uns à tous les printemps, depuis les derniers jours de mars jusqu’en mai (…) ». Il est à la fois agréable et surprenant de constater qu’une région comme la mienne, qui ne compte encore que quelques milliers d’habitants, possède autant de données historiques sur ses populations d’oiseaux! Et c’est toujours une fierté pour moi d’ajouter mes propres observations via ÉPOQ.
  • 2 Durbecs des sapins
  • 40 Sizerins flammés
  • 1 Sizerin blanchâtre
  • 25 Moineaux domestiques
Après cette fin de semaine quelque peu frustrante, nous allons sûrement savourer pleinement le retour aux températures de saison, avec les contraintes qu’elles imposent aux oiseaux (s’alimenter le plus régulièrement possible) et aux observateurs (se faire à l’idée que nous reverrons encore et encore les mêmes oiseaux pour les deux prochains mois). On m’a parlé de l’arrivée surprise d’un Carouge à épaulettes à une mangeoire de La Pocatière au milieu de la semaine dernière; les températures clémentes incitent souvent les oiseaux à sortir de leur trajet routinier. Espérons qu’ils croiseront le nôtre!

mardi 8 janvier 2013

D'autres Perdrix grises, en attendant les Dindons sauvages


Pour cette autre fin de semaine hivernale, des conditions météorologiques variables étaient prévues et c’est exactement ce que nous avons rencontrées. Selon les observations d’Environnement Canada pour samedi matin, les vents sont passés de 9 km/h à 4 h 00 à plus de 30 km/h de 5 h 00 à 7 h 00 pour ensuite redescendre à 13 km/h à 8 h 00! Bref, au lever, il n’y avait rien pour nous motiver à faire une excursion en milieu ouvert! Dimanche, des chutes de neige parfois fortes sont tombées une bonne partie de l’avant-midi, limitant souvent la visibilité. Encore une fois, nous avons dû nous adapter rapidement pour rendre nos sorties les plus profitables possible. Remarquez que, malgré mes nombreuses plaintes contre la météo, je sais bien que modifier nos plans à la dernière minute fait partie du jeu et qu’il s’agit même d’un des plaisirs de vivre sous un climat tempéré. Ce serait bien plus difficile pour moi de vivre sous un climat où les journées se ressemblent tout au long de l’année!

Samedi, après que les vents se soient calmés, nous avons opté une fois de plus pour une autre longue tournée des mangeoires de la ville, question de voir si les oiseaux des dernières visites étaient encore fidèles au poste.

Samedi le 5 janvier, notre promenade à travers La Pocatière nous aura fourni les espèces suivantes :
  • 3 Goélands arctiques – Ces trois oiseaux rôdaient autour des bassins de décantation de la ville, l’endroit le plus sûr pour voir des goélands ici durant l’hiver!
  • 26 Tourterelles tristes
  • 2 Pics mineurs
  • 3 Pics chevelus
  • 2 Geais bleus
  • 35 Corneilles d’Amérique
  • 28 Grands Corbeaux
  • 2 Alouettes hausse-col – Une de ces alouettes nous a fait la surprise de survoler la ville en criant, scène commune lors des migrations mais rare en hiver alors que ces oiseaux sont nettement plus localisés.
  • 23 Mésanges à tête noire
  • 1 Mésange à tête brune – Comme il arrive parfois en hiver, un individu était présent dans un boisé situé dans le cœur de la ville.
  • 3 Sittelles à poitrine rousse
  • 3 Sittelles à poitrine blanche
  • 30 Étourneaux sansonnets
  • 19 Jaseurs boréaux
  • 30 Plectrophanes des neiges
  • 2 Bruants hudsoniens – Un deuxième bruant accompagnait celui trouvé à la fin de décembre. Y en a-t-il d’autres de cachés ainsi dans la ville?
  • 3 Bruants à gorge blanche
  • 2 Cardinaux rouges – Deux femelles.
  • 10 Durbecs des sapins
  • 40 Sizerins flammés
  • 22 Moineaux domestiques

Pas de trace des neufs Juncos ardoisés vus en décembre qui, on s’en doute, devaient simplement être à l’abri un peu plus loin.

Pour dimanche, notre but premier était d’atteindre les forêts conifériennes situées au sud de Saint-Onésime. Puisque les conifères n’ont produit que très peu de graines l’été dernier, nous savions bien que les oiseaux y seraient rares, mais nous tenons toujours à vérifier… juste au cas où! La neige tombait avec vigueur mais, heureusement, les vents nuls ont laissé nos oreilles travailler librement. Il n’y avait cependant pas grand-chose à entendre, ce qui nous a poussé à aller voir plus loin. Habituellement, nous nous attardons à un site jusqu’à ce que nous ayons l’impression d’avoir une bonne idée de l’avifaune présente et il est plutôt rare que, durant une excursion, nous passions plus de temps à rouler en voiture qu’à marcher à l’extérieur. Dimanche, la neige ainsi que le peu d’oiseaux en forêt nous ont contraint à déroger de notre habitude pour plutôt parcourir rapidement La Pocatière, puis Saint-Onésime, Saint-Gabriel et Saint-Pacôme avant d’aboutir à Rivière-Ouelle.

Voici donc un résumé des oiseaux observés dans ces cinq localités durant l’avant-midi de dimanche le 6 janvier :
  • 6 Perdrix grises – Ces six belles petites poules étaient couchées discrètement au pied d’un arbre à Rivière-Ouelle, dans un site différent de ceux où nous en avions vu la semaine dernière.

Perdrix grises – Rivière-Ouelle – 6 janvier 2013 © Claude Auchu
  • 2 Gélinottes huppées
  • 1 Autour des palombes – Un immature a traversé la route devant nous à Saint-Gabriel.
  • 33 Pigeons bisets
  • 15 Tourterelles tristes
  • 2 Pics chevelus
  • 2 Mésangeais du Canada – À Saint-Onésime, un de ces deux mésangeais imitait le cri du Geai bleu! Pendant ce temps, à La Pocatière, les Geais bleus s’amusent à imiter le cri des buses
  • 4 Geais bleus – La rareté généralisée des Geais bleus est très remarquable cet hiver, en particulier à Saint-Pacôme où ils sont souvent abondants.
  • 9 Corneilles d’Amérique
  • 11 Grands Corbeaux
  • 20 Mésanges à tête noire
  • 1 Sittelle à poitrine rousse
  • 178 Étourneaux sansonnets
  • 25 Jaseurs boréaux
  • 87 Plectrophanes des neiges
  • 15 Durbecs des sapins
  • 90 Sizerins flammés
  • 45 Gros-becs errants – Des groupes de 20 et de 25 individus dévalisaient des mangeoires à Saint-Gabriel et à Saint-Pacôme.
  • 15 Moineaux domestiques

Depuis quelques jours, après avoir pris connaissance des résultats des recensements des oiseaux de Noël au Québec, nous essayons de deviner à quel moment les premières troupes de Dindons sauvages atteindront la région. L’avancée rapide vers le nord de ce gallinacé est impressionnante pour un oiseau de cette taille qui ne se nourrit que de graines et de quelques fruits en hiver. Cette espèce, qui occupe une place importante dans l’histoire des États-Unis, a été grandement aidée par de multiples programmes d’introduction chez nos voisins du sud. Après être entrés discrètement au Québec en provenance de l’état de New York durant les années 1980, de petites bandes sont maintenant observées régulièrement jusque dans le comté de Lotbinière, en particulier durant l’hiver. C’est à moins de 140 kilomètres de La Pocatière! De plus, un oiseau d’origine inconnue a même été vu à Saint-Onésime le printemps dernier! Alors, les Perdrix grises auront bientôt de la compagnie dans les champs de maïs de la région, mais quand? Pour l’instant, nous évaluons que d’ici l’an 2020, ce sera chose faite! On s’en reparlera…!

mercredi 2 janvier 2013

Commençons l'année avec le tohi

Traditionnellement, nous débutons l’année avec une promenade dans les forêts de conifères de l’arrière-pays. L’an dernier, nous avions retardé de quelques minutes le début de cette randonnée afin d’ajouter le célèbre Urubu noir à notre liste de l’année 2012. L’urubu se trouvait de toute façon sur notre route, le résultat de la journée ne fut que très peu modifié. Cette fois, cependant, la vedette à ne pas manquer en ce début d’année était le Tohi à flancs roux de Rivière-Ouelle. Il fut donc décidé que la première excursion de l’année 2013 aurait lieu à Rivière-Ouelle (et il y en aura sûrement plusieurs autres durant l’année!).
Contrairement à 2011, les derniers jours de décembre 2012 ont été plutôt froids et venteux du nord-ouest, ce qui a toujours pour effet de pousser les glaces du Saint-Laurent vers la rive sud. À notre arrivée au quai de Rivière-Ouelle, mardi matin, nous nous sommes retrouvés devant un tapis de glace qui ne laissait entrevoir que très peu d’eau! Heureusement, les vents qui soufflaient avec vigueur au moment de notre départ de La Pocatière à peine 20 minutes plus tôt étaient pratiquement nuls au quai. Il n’y avait rien à voir, mais au moins nous étions à l’aise pour le constater!!!

Notre première excursion de l’année 2013, celle de mardi le 1er janvier, s’est donc déroulée à Rivière-Ouelle. Voici ce que nous y avons observé :
  • 25 Perdrix grises – Deux compagnies de respectivement 15 et 10 perdrix ont été croisées tôt le matin! Avec l’Urubu à tête rouge, la Perdrix grise est sûrement l’espèce qui a colonisé ma région avec le plus de succès ces 20 dernières années. Je me serais plutôt attendu à ce que le Roselin familier fasse mieux, mais ce n’est visiblement pas le cas!
Perdrix grises – Rivière-Ouelle – 1er janvier 2013 © Christiane Girard
Perdrix grises – Rivière-Ouelle – 1er janvier 2013 © Christiane Girard
  • 3 Goélands arctiques – Seuls ces courageux (ou inconscients?) Goélands arctiques étaient visibles au quai.
  • 3 Goélands marins – Ces trois Goélands marins préféraient, eux, se déplacer en survolant la terre ferme au-dessus des champs.
  • 50 Pigeons bisets
  • 4 Tourterelles tristes
  • 1 Pic mineur
  • 1 Pic chevelu
Pic chevelu – Rivière-Ouelle – 1er janvier 2013 © Claude Auchu
  • 1 Geai bleu
  • 3 Corneilles d’Amérique
  • 1 Grand Corbeau
  • 10 Mésanges à tête noire
  • 190 Étourneaux sansonnets
  • 42 Plectrophanes des neiges
  • 1 Tohi à flancs roux – Le courageux mâle a fini par se laisser observer brièvement après une demi-heure d’attente. Déjà un bel ajout à ma liste pour l’année 2013!
  • 8 Durbecs des sapins
  • 53 Sizerins flammés
  • 2 Moineaux domestiques
À ce mince total, nous devons aussi ajouter un très probable Faucon gerfaut que nous n’avons malheureusement pas pu confirmer… Les belles petites Perdrix grises doivent être des proies rêvées pour ce genre de prédateur!
Après un petit détour sans histoire par Saint-Pacôme, un coup d’œil rapide à une mangeoire de La Pocatière nous a permis d’ajouter un nouveau Cardinal rouge à notre liste, un mâle cette fois. Nous en sommes donc à quatre cardinaux à La Pocatière!

C’est justement La Pocatière que nous allions parcourir une fois de plus pour notre dernière journée du congé des Fêtes (déjà?). C’est avec un petit –18°C au thermomètre que nous avons fait le tour de la ville en espérant que ce froid force les oiseaux à « coller » les mangeoires. Ce ne fut visiblement pas le cas, du moins pas au moment où nous passions. Les oiseaux semblaient plutôt être restés cachés à l’abri des vents.

Notre tournée ornithologique du mercredi le 2 janvier à La Pocatière a finalement ressemblé à une belle marche de santé. Voici ce que nous en avons tout de même tiré :
  • 21 Tourterelles tristes
  • 1 Pic mineur
  • 5 Pics chevelus – Ils sont parfois exubérants et bien visibles comme mercredi matin alors qu’à d’autres moments, ils sont introuvables.
  • 3 Geais bleus
  • 4 Corneilles d’Amérique
  • 25 Grands Corbeaux
  • 30 Mésanges à tête noire
  • 3 Sittelles à poitrine rousse
  • 1 Sittelle à poitrine blanche
  • 20 Étourneaux sansonnets
  • 24 Jaseurs boréaux – À chaque fois que je vois un groupe de jaseurs, je me dis qu’il s’agit probablement des derniers de l’hiver tellement les fruits sont devenus rares!
  • 7 Plectrophanes des neiges
  • 2 Bruants à gorge blanche
  • 2 Juncos ardoisés
  • 15 Durbecs des sapins
  • 20 Sizerins flammés
  • 15 Moineaux domestiques
Maintenant, nous entrons dans le vrai hiver québécois! Et avec le peu d’oiseaux encore présents dans la région, les mois de janvier et de février s’annoncent longs. D’un autre côté, le manque de nourriture forcera les oiseaux qui ont osé s’attarder à se déplacer continuellement, augmentant les chances de les croiser au détour d’un sentier. Ceux qui ont eu la chance de tomber sur une mangeoire entretenue avec régularité devront, eux, y être fidèles pour survivre à l’hiver. À nous d’être sur le terrain pour les surveiller!