mardi 27 mars 2012

Le printemps de tous les records

Comme plusieurs ornithologues, je tiens une liste des espèces que j’ai observées. Il y a une vingtaine d’années, je me suis même fait des listes pour chacun des mois de l’année. Avec le temps, ces listes ont été tenues plus ou moins à jour mais, avec le soin que je porte à mes listes quotidiennes, je pourrais très facilement reconstruire ces listes mensuelles. J’ai malgré tout conservé le réflexe d’ajouter des espèces bien ciblées que je sais être absentes de mes listes mensuelles. C’est d’ailleurs pourquoi, il y a deux semaines, je suis retourné voir la Paruline à croupion jaune qui a hiverné à Saint-Gabriel… je n’avais encore jamais vu cette espèce en mars!
S’il y a des espèces-cibles pour chacun des mois de l’année, c’est bien entendu au début et à la fin des migrations qu’il est le plus facile d’en ajouter. Et, ce printemps, les journées exeptionnellement douces qui se succèdent ont tout pour réécrire mon livre des dates records d’arrivée! Voir certaines espèces migratrices en mars est devenu pour moi un véritable fantasme tellement j’y pense depuis longtemps. Ce ne sont pourtant pas des espèces inusitées si tôt au printemps, mais plutôt des oiseaux qui sont présents annuellement dans la région de Québec en mars mais que, pour une raison ou pour une autre, je ne réussis jamais à dénicher avant avril. Je vois ces espèces comme des défis personnels, une sorte de nirvana ornithologique que je voudrais bien atteindre…
Comme partout au Québec, la semaine dernière fut carrément estivale, avec une température maximum de 21,6°C le 21 mars et un minimum de 15,6°C durant la nuit suivante à La Pocatière!!! La neige et la glace ont fondu en moins de 24 heures, si bien que les quantités restantes (même en forêt!) ressemblent présentement à celles que nous connaissons habituellement vers le 20 avril!!!
Nous avons décidé de prendre congé vendredi afin de rallonger notre fin de semaine et, pour moi, d’atteindre le nirvana… Je l’ai d’ailleurs atteint à quelques reprises mais, comme c’est souvent le cas avec les fantasmes, c’est meilleur quand on y pense que lorsqu’on les vit! Les conditions extérieures ressemblaient tellement à celles de la mi-avril que je ne ressentais pas l’excitation rêvée en voyant mes espèces-cibles en mars! J’avais presque l’impression de tricher, ce que je ne fais jamais en ornithologie (et pas trop souvent ailleurs…)!

Nous avons débuté notre fin de semaine de trois jours avec une visite à Rivière-Ouelle. Encore une fois, le nombre d’espèces en déplacement ne fut pas à la hauteur de nos attentes, peut-être dû au malcommode petit vent qui soufflait du nord. J’ai d’ailleurs dit à plusieurs reprises durant la fin de semaine de ne pas oublier que nous ne sommes qu’en mars et non en avril! Malgré le peu de mouvement chez les oiseaux, nous avons terminé notre journée avec 48 espèces, dont plusieurs nouveautés.

L’excursion du vendredi le 23 mars nous a donc fourni, entre autres :
  • 185 Oies des neiges
  • 600 Bernaches du Canada
  • 1 Bernache cravant
  • 2 Canards chipeaux
  • 2 Canards d’Amérique – Mes premiers à vie en mars, ma date la plus hâtive était auparavant le 1er avril 1991…
  • 55 Canards noirs
  • 14 Canards colverts
  • 35 Canards pilets
  • 13 Fuligules à collier
  • 35 Macreuses à bec jaune
  • 14 Garrots à œil d’or
  • 9 Grands Harles
  • 5 Harles huppés
  • 7 Plongeons catmarins – Une belle quantité pour notre première mention de l’espèce emblème du quai de Rivière-Ouelle!
  • 1 Cormoran à aigrettes
  • 1 Buse pattue
  • 1 Pluvier kildir
  • 1 Bécasseau violet – Mon premier à vie dans la région en mars, ce qui n’est pas vraiment surprenant puisque les rivages sont totalement libres de glace…
  • 1 Harfang des neiges
  • 2 Pics mineurs
  • 1 Pic flamboyant – Même si j’ai déjà vu quelques hivernants dans la région, il s’agit de mon migrateur le plus hâtif.
  • 125 Corneilles d’Amérique
  • 19 Grands Corbeaux
  • 1 Grimpereau brun
  • 1 Troglodyte des forêts – Pour le troglo aussi nous avons établi un nouveau record de présence hâtive. Mon record précédent était le 3 avril 2010, lui-même établi lors d’un autre printemps précoce. Ma date la plus hâtive avant 2010 était le 11 avril 1981, un record qui a donc tenu le coup durant 29 ans!!! Je ne crois pas que notre nouveau record résiste aussi longtemps! D’ailleurs, vais-je être encore en état d’observer les oiseaux dans 29 ans…?
  • 5 Roitelets à couronne dorée
  • 17 Bruants chanteurs
  • 30 Carouges à épaulettes
  • 162 Quiscales bronzés
  • 90 Sizerins flammés
Pour la journée de samedi, c’est une promenade à vélo dans un boisé de La Pocatière qui était prévue en avant-midi. Durant les années normales, nous ne commençons pas ces excursions avant le 20 avril, lorsque les sentiers en forêt deviennent praticables. Mais le mois de mars 2012 n’est pas normal…! La diversité des fringillidés, eux qui nous ont tant manqué à La Pocatière l’hiver dernier, nous a agréablement surpris. Par la suite, nous avons passé une partie de l’après-midi installés sur un promontoire afin de surveiller les premiers oiseaux de proie migrateurs.

Nous avons encore terminé la journée de samedi le 24 mars avec 48 espèces à notre liste, dont :
  • 165 Oies des neiges
  • 13 Bernaches du Canada
  • 5 Busards Saint-Martin
  • 1 Épervier brun
  • 1 Autour des palombes – C’est un bel adulte en migration en milieu d’avant-midi qui nous a indiqué ce que nous allions faire en après-midi.
Autour des palombes – La Pocatière – 24  mars 2012 © Claude Auchu
  • 1 Buse à queue rousse
  • 10 Buses pattues
  • 2 Gélinottes huppées
  • 2 Pluviers kildirs
  • 3 Bécasses d’Amérique – Cette espèce faisait partie de mes fantasmes pour le mois de mars depuis longtemps! Auparavant, j’avais eu cette espèce le 1er avril 2010… À noter que nous avions aussi vu la bécasse le 2 avril 2000 aux Escoumins, dans une région moins hospitalière que La Pocatière. Mais, dans ce village longiligne de la Côte-Nord, nous n’avions qu’à ouvrir la porte à la brunante pour savoir si l’espèce était présente dans les buissons autour de la maison!
  • 75 Goélands à bec cerclé
  • 25 Goélands argentés
  • 1 Goéland arctique
  • 1 Goéland bourgmestre
  • 6 Goélands marins
  • 18 Tourterelles tristes
  • 7 Pics mineurs
  • 1 Moucherolle phébi – Un autre fantasme réalisé! Je dois cependant avouer que j’ai déjà vu cette espèce en avril dans des décors plus hivernaux. Je suis presque déçu…
  • 6 Geais bleus
  • 260 Corneilles d’Amérique – Beaucoup de transports de matériaux de nidification sont notés durant la journée.
  • 26 Grands Corbeaux – Un couple occupe encore un nid trouvé dans un pylône l’an dernier.
  • 26 Mésanges à tête noire
  • 1 Mésange à tête brune – Un individu se déplaçait presque dans le centre-ville de La Pocatière, une situation plutôt surprenante puisque l’espèce n’a pratiquement pas quitté la forêt boréale l’hiver dernier.
  • 10 Sittelles à poitrine rousse
  • 1 Roitelet à couronne dorée
  • 23 Merles d’Amérique
  • 75 Étourneaux sansonnets
  • 38 Bruants chanteurs – Une quantité étonnante aussi tôt en saison. La date moyenne d’arrivée de cette espèce abondante à La Pocatière est, à partir de 25 ans de mes propres données accumulées depuis 1979, le 2 avril.
  • 4 Juncos ardoisés – Curieusement, ils semblent moins faciles à trouver que durant l’hiver dernier! J’imagine que les vrais migrateurs sont dans les forêts de conifères à se nourrir des graines accessibles grâce à la fonte rapide de la neige.
  • 1 Durbec des sapins
  • 22 Roselins pourprés
  • 1 Bec-croisé des sapins – Au  moins un oiseau a été entendu à deux reprises dans un boisé.
  • 17 Becs-croisés bifasciés
  • 50 Sizerins flammés
  • 60 Tarins des pins
  • 5 Chardonnerets jaunes
  • 5 Moineaux domestiques
Une petite couche de neige était prévue pour la journée de dimanche le 25 mars. Nous nous sommes donc levés très tôt (encore!) afin d’avoir le temps de patrouiller les battures de La Pocatière avant l’arrivée de la neige. Finalement, la neige n’est jamais arrivée et les canards étaient encore en pause. Malgré cela, nous avons pu observer :
  • 670 Oies des neiges
  • 40 Bernaches du Canada
  • 19 Canards noirs
  • 5 Canards colverts
  • 3 Canards pilets
  • 3 Sarcelles d’hiver
  • 3 Fuligules milouinans
  • 4 Macreuses à bec jaune
  • 7 Garrots à œil d’or
  • 14 Grands Harles
  • 1 Harle huppé
  • 1 Pygargue à tête blanche – Un immature en plumage de 2e ou 3e année.
  • 1 Busard Saint-Martin
  • 4 Buses pattues
  • 1 Plectrophane lapon
Nous avons aussi observé un Tarin des pins qui cueillait des matériaux au sol pour son nid. Les fines brindilles qu’il accumulait dans son bec indiquent qu’il en est déjà à la finition. Il y a quelques années, alors qu’il y avait encore de la neige au sol en mars, je me souviens avoir vu un tarin arracher des fibres d’un vieux nid de Viréo aux yeux rouges!
Tarin des pins – La Pocatière – 25  mars 2012 © Claude Auchu
Finalement, j’ai établi cinq nouveaux records personnels de présence hâtive durant la fin de semaine! Mais, avec des conditions de température aussi exceptionnelles, je m’aperçois bien que ces records d’arrivée et de départ que nous nous entêtons à réunir au fil des ans représentent souvent plus l’état de la météo que celui des oiseaux. Heureusement que nous trouvons un certain plaisir à les accumuler!
Même si la chaleur des jours précédents m’ont permis de réaliser de vieux fantasmes ornithologiques, j’étais bien heureux que la température revienne à la normale pour la fin de semaine. Certains érables sont déjà en fleurs à La Pocatière (!) et les insectes pollinisateurs ne sont pas encore sortis; avec les gels, les quantités de graines risquent d’être plutôt limitées l’automne prochain. J’espère avoir un printemps avant l’été prochain!

lundi 19 mars 2012

Records ornithologiques et... météorologiques

Ce fut une de ces fins de semaine où les éléments semblaient se liguer contre nous! Depuis plusieurs jours, on nous annonçait une température extrêmement douce avec très peu de précipitations pour la fin de semaine. J’étais donc convaincu de battre plusieurs de mes dates records d’arrivée que je tiens à jour, uniquement pour mon plaisir, depuis 1978. Effectivement, la température extérieure a été TRÈS au-dessus de la normale, mais cette douceur peut apporter certains désagréments. Et justement, samedi, un brouillard à couper au couteau a perduré jusqu’au début de l’après-midi! Dimanche, après des orages électriques (!) en fin de nuit, ce fut un violent vent chaud du sud avec lequel nous avons eu à négocier.

Samedi le 17 mars, mon sommeil toujours léger a été interrompu à 5 h 25 par les cris d’un corneille insomniaque. Lorsque des Corneilles d’Amérique crient ainsi 1 h 15 avant le lever du soleil, on peut aisément comprendre que les hormones de ces oiseaux sont en ébullition! La journée s’annonçait donc très bien! Mais, comme je l’avais prévu la veille, la chaleur extrême et la neige à fondre ont formé un épais brouillard tout le long de la vallée du Saint-Laurent. Malgré cela, notre enthousiasme est tout aussi débordant que les hormones le sont chez les corneilles, nous sommes rapidement descendus sur les battures du fleuve, en espérant que le soleil dissipe le brouillard le plus vite possible. Malheureusement, ce ne fut pas vraiment le cas. À vrai dire, près du fleuve comme ailleurs, on ne voyait ni ciel, ni terre, ni mer… Même les oiseaux semblaient un peu perdus; des tarins, des sizerins et un Bec-croisé bifascié ont pu être trouvés sur les battures, loin de tout vrai conifère digne de ce nom!
Les canards souhaités, s’ils étaient sur place, étaient trop loin dans la brume pour que nous puissions les voir. Seuls quelques goélands nous ont survolé avec hésitation… visiblement, ce n’était pas sur les battures que nous allions battre un quelconque record. Nous sommes donc revenus bredouilles à la maison en continuant d’espérer que l’après-midi serait meilleur.
Le temps était à peine plus clair lorsque nous sommes retournés sur le terrain. Cette fois, au départ, nous avions déjà quelque chose à fêter : c’était notre première sortie officielle à vélo de l’année! Pour des ornithologues cyclistes comme nous, la première randonnée à vélo a toujours une grande signification : maintenant, c’est vrai, le printemps est arrivé!!!
Cependant, si la liste d’oiseaux s’est allongée, les quantités n’étaient pas au rendez-vous. Malgré cela, nous avons eu une petite surprise que je qualifierais de « non-cochable » : nous avons nettement entendu le cri d’un Faisan de Colchide depuis une zone buissonneuse située en bordure de la ville. Nous savons qu'un individu a été vu à une mangeoire tout près de cet endroit à la fin de décembre dernier. Ce qui signifie donc que le faisan a hiverné avec succès à La Pocatière?!?
Samedi soir, les dernières prévisions météorologiques annonçaient un petit millimètre de pluie durant la nuit. Nous avons donc été plutôt surpris de nous faire réveiller vers 3 h 30 du matin par un orage électrique! Et par un vent à écorner les alouettes! Ça regardait mal pour notre sortie matinale… encore une fois. Mais, une fois la pluie terminée, tant pis pour le vent, en route pour Rivière-Ouelle!

Malgré les vents de 50 km/h et les rafales, dimanche le 18 mars, nous nous sommes dirigés vers le fameux quai. Sur place, les oiseaux bougeaient d’une manière plutôt spéciale. Nous avons l’habitude de scruter attentivement le large pour y déceler les oiseaux circulant le plus loin possible. De toute façon, nous disons-nous, les espèces qui longent le rivage (les canards barbotteurs et les oies) seront relativement faciles à repérer. Mais, en ce dimanche particulièrement venteux, la stratégie de déplacement des oiseaux n’était visiblement pas dans les normes. Premièrement, très peu d’oiseaux se déplaçaient au large, ce qui, à premier abord, est inhabituel! Deuxièmement, les quelques canards en migration survolaient le rivage et toujours en très petit groupe! La matinée semblait donc destinée à être presque aussi tranquille que la précédente. Après 90 minutes, nous avons décidé de vérifier si les canards ne se cachaient pas dans les champs. C’est en faisant cette tournée que nous avons compris la stratégie des canards en cette matinée très venteuse : les oiseaux survolaient carrément les champs à très haute altitude sans même s’y arrêter! Visiblement, les vents les dérangeaient et ils n’osaient même pas lutter contre eux en bordure du fleuve.

Nous avons fini par trouver un endroit près de la rivière Ouelle où les anatidés étaient un peu plus concentrés, avec quelques-uns à l’eau et de belles quantités en vol. C’est à cet endroit que la majorité des oiseaux observés durant la sortie ont été notés :
  • 1 Oie des neiges
  • 230 Bernaches du Canada – Ma date d’arrivée la plus hâtive dans la région, battant par deux jours la date de 2010. Le record de 2010, lui, battait un vieux record datant de 1986! Oui, les oies arrivent tardivement dans ma région!
  • 25 Canards noirs
  • 37 Canards colverts
  • 45 Canards pilets – Un autre nouveau record d’arrivée. Il faut noter que j’ai déjà vu l’espèce plus hâtivement encore à Bergeronnes et qu’un mâle s’est même permis d’hiverner aux Escoumins en 2001-2002 (en plus de l’oiseau vu à Dégelis en février 2011). De toute évidence, l’espèce, comme plusieurs autres anatidés, hiverne de plus en plus loin au nord!
  • 1 Sarcelle d’hiver – Une autre espèce qui se présente à une nouvelle date hâtive dans ma région.
  • 9 Fuligules milouinans – Ce canard aussi hiverne de plus en plus loin au nord. Une belle bande fréquente depuis déjà quelques années l’embouchure de la rivière Saguenay durant la saison froide. Localement, nous avions déjà vu un individu à Rivière-Ouelle le 14 janvier 2007.
  • 1 Macreuse à bec jaune
  • 16 Garrots à œil d’or
  • 11 Grands Harles
  • 2 Harles huppés
  • 1 Épervier brun
  • 3 Pluviers kildirs
  • 80 Goélands à bec cerclé
  • 22 Goélands argentés
  • 3 Goélands arctiques
  • 21 Goélands marins
  • 3 Pigeons bisets
  • 1 Tourterelle triste
  • 1 Harfang des neiges – Comme les premiers arrivant à l’automne, les tout derniers du printemps sont souvent bien camouflés au sol en bordure des champs, à l’abri des corneilles.
  • 1 Geai bleu
  • 115 Corneilles d’Amérique
  • 4 Grands Corbeaux
  • 1 Mésange à tête noire
  • 5 Merles d’Amérique
  • 85 Étourneaux sansonnets
  • 7 Carouges à épaulettes
  • 23 Quiscales bronzés
  • 75 Sizerins flammés
Fin de semaine étrange! J’espérais des records d’arrivée ou d’abondance chez nos oiseaux, mais les records de chaleur et de date hâtive pour un orage électrique nous ont probablement encore plus marqué (comme ce message le laisse voir!). Mais, honnêtement, la variété des espèces, l’état des glaces sur le fleuve et les battures (en fait, il n’y en a carrément plus !) et la température laissait croire que nous étions le 10 avril.

lundi 12 mars 2012

Migrateurs ou hivernants?

Avec l’arrivée particulièrement hâtive du printemps, il était facile pour nous de décider de quel côté aurait lieu la première excursion de la fin de semaine! Oui, après avoir vu la neige fondre durant toute la semaine, c’est Rivière-Ouelle qui était au menu samedi! Un matin frisquet tout de même, avec -8°C au thermomètre et un vent soufflant du nord à 20 km/h au quai! Pourtant, en sortant de la maison 20 minutes plus tôt, aucun vent ne soufflait à La Pocatière… Il est certain que de telles conditions de vent contraire ne doivent pas aider les migrateurs à remonter du sud, à moins qu’ils ne soient aussi décidés que nous à affronter les éléments. Mais, puisque que nous avons pensé à cette sortie durant toute la semaine, nous y sommes allés les yeux fermés (façon de parler, bien sûr!).
Connaissant très bien les différents sites de Rivière-Ouelle, il est plutôt facile pour nous de trouver les endroits les plus payants ornithologiquement, selon les conditions météorologiques. Pour ça, il suffit de penser comme un oiseau : où est-il possible de se cacher du vent tout en trouvant de la nourriture avec facilité? Pas de problème, je sais où!…

Mais les oiseaux ne sont pas garantis pour autant. Heureusement pour moi, la recherche des oiseaux est probablement la partie que je préfère du birding. Ainsi, en ce samedi 10 mars, il y avait relativement peu de mouvement au large du quai. Même les goélands étaient nettement moins nombreux qu’ils auraient dû l’être. Malgré cela, en trois heures sur le terrain, nous avons noté :
  • 4 Garrots à œil d’or
  • 11 Grands Harles
  • 17 Perdrix grises – En deux groupes (4 et 13 oiseaux) distants de 2,5 kilomètres.
Perdrix grises – Rivière-Ouelle – 10  mars 2012 © Christiane Girard
  • 4 Goélands argentés
  • 3 Goélands arctiques
  • 3 Goélands marins
  • 8 Pigeons bisets
  • 21 Tourterelles tristes – Avant même le lever du soleil, des tourterelles étaient déjà perchées en bordure des boisés loin de toute habitation ou de toute mangeoire! C’est maintenant plus important de se reproduire que de se nourrir…
  • 2 Pics mineurs
  • 35 Corneilles d’Amérique
  • 3 Grands Corbeaux
  • 12 Mésanges à tête noire
  • 7 Sittelles à poitrine rousse
  • 30 Étourneaux sansonnets
  • 6 Juncos ardoisés – En allant confirmer l’identité de deux carouges dans un petit îlot de conifères perdu dans un champ, nous y avons trouvé au moins six juncos! Les premiers migrateurs arrivent habituellement dans la région vers le 25 mars mais, cet hiver, l’espèce a été présente en nombre plutôt élevé. Ces six oiseaux étaient-ils des hivernants même dans ce drôle d’endroit ou des migrateurs hâtifs?
  • 2 Carouges à épaulettes – Mes migrateurs les plus hâtifs à vie dans la région… par une journée! L’espèce apparaît maintenant dans la région une semaine plus tôt qu’il y a 20 ans.
  • 1 Durbec des sapins
  • 1 Roselin pourpré
  • 28 Becs-croisés bifasciés
Bec-croisé bifascié – Rivière-Ouelle – 10  mars 2012 © Claude Auchu
  • 42 Sizerins flammés
  • 50 Tarins des pins
  • 2 Chardonnerets jaunes
En quittant Rivière-Ouelle, nous sommes allés faire une petite visite rapide à Saint-Gabriel. Bonne nouvelle, la Paruline à croupion jaune est encore présente à la mangeoire où elle a hiverné! Beaucoup plus active qu’il a un mois, elle crie continuellement et voltige avec facilité. Sa queue, réduite à une seule plume à notre première visite le 12 février dernier, a même recommencé à « pousser », signe de la vigeur de cette petite courageuse!

Pour la journée de dimanche le 11 mars, la région a réussi à éviter les 2 centimètres de neige annoncés. Pour une des dernières fois de la saison (espérons-le!), nous avons effectué notre tournée des mangeoires. Les fringillidés ont enfin décidé de visiter la ville, mais pas ces mangeoires. Des tarins et des sizerins ont été bien visibles durant toute la journée.

Voici ce que nous avons vu durant la journée :
  • 3 Oies des neiges – Sûrement la surprise de la journée. Trois oiseaux se sont alimentés dans un champ durant pratiquement toute la journée. L’Oie des neiges est toujours rare dans la région en mars (ce n’est que la cinquième année où je vois l’espèce en mars dans ma région… en plus de 35 ans d’observation!!!). Il s’agit bien sûr de ma mention la plus hâtive mais… sont-elles vraiment des migratrices? L’hiver dernier, quelques individus ont tenté d’hiverner dans la région (voir ici et ici); ces trois oiseaux auraient-ils pu faire de même???
  • 3 Goélands à bec cerclé – Une autre espèce présente à une date d’arrivée record dans la région, un record qui sera probablement battu au cours des prochaines années. J’ai tout de même déjà vu l’espèce arriver en février à deux reprises lorsque j’habitais aux Escoumins (en 2002, nous avions vu nos derniers de l’ « automne » le 26 janvier avant de voir les premiers arrivants « printaniers » le 26 février; ils n’ont pas dû hiverner très loin!). À mon avis, seule la présence de glaces empêche le Goéland à bec cerclé d’arriver plus tôt dans la région de La Pocatière. Et comme la glace devient de plus en plus rare…
  • 1 Goéland argenté
  • 1 Goéland arctique
  • 4 Goélands marins
  • 14 Pigeons bisets
  • 7 Tourterelles tristes
  • 7 Pics mineurs
  • 1 Pic chevelu
  • 4 Geais bleus
  • 210 Corneilles d’Amérique
  • 5 Grands Corbeaux
  • 14 Mésanges à tête noire
  • 4 Sittelles à poitrine rousse
  • 3 Merles d’Amérique – Depuis la mi-février, une femelle monte régulièrement la garde au sommet d’un frêne derrière la maison.
  • 45 Étourneaux sansonnets
  • 30 Plectrophanes des neiges
  • 2 Vachers à tête brune – Un deuxième mâle accompagne celui trouvé en février! Un autre cas où il ne sera pas facile de distinguer les hivernants des migrateurs.
  • 1 Bec-croisé bifascié
  • 280 Sizerins flammés – Nous avons été témoin d’un très bon passage en avant-midi.
  • 35 Tarins des pins – Samedi, nous avons remarqué que plusieurs oiseaux semblaient chercher des sites de nidification, en entrant profondément dans des conifères denses. Finalement, dimanche, nous avons vu un oiseau avec le bec plein de matériaux! Ces oiseaux peuvent nicher très tôt, à leurs risques et périls. Le 2 mai 1995, à La Pocatière, j’avais été surpris de voir un oiseau fraîchement sorti du nid. À l’époque, j’avais calculé qu’avec une couvaison de 13 jours et un séjour des oisillons au nid de 15 jours, les œufs avaient été pondus vers le 4 avril, durant une vague de froid Cette journée-là, il avait fait –15°C à La Pocatière! Les jeunes avaient tout de même survécu!
  • 11 Chardonnerets jaunes
  • 8 Moineaux domestiques
Le printemps est bel et bien arrivé et quelques oiseaux nouvellement arrivés sont là pour le prouver! Avec le fleuve complètement libre de glace, il n’y a rien pour bloquer les canards. Il est donc facile de prévoir que la majorité des canards barbotteurs devraient se présenter avant la fin du mois. Quelques journées de pluie (pas durant les fins de semaine, j’espère!) devraient nous fournir quiscales, carouges et vachers. Allons-y, c’est parti!!!

lundi 5 mars 2012

Il était une fois... un Goéland de Thayer?

Le fameux Goéland de Thayer! Son existance, réelle ou fictive, amuse ou tracasse les ornithologues depuis des décennies. Et dans notre petit monde ornithologique, à Christiane et à moi, où se situe donc ce laridé inidentifiable? Nous en avons déjà vu quelques-uns, mais je me demande parfois si nous oserons en revoir d’autres…
Commençons tout d’abord par situer ce cher oiseau. Le Goéland de Thayer niche dans le nord du Canada, de l’île Banks à l’ouest jusqu’à l’île de Baffin à l’est et l’île Ellesmere au nord. Depuis quelques années, il a étendu son aire de nidification jusqu’à la côte nord-ouest du Groenland. C’est un migrateur de longue distance qui hiverne sur la côte du Pacifique, de la Colombie-Britannique à la Californie. Quelques individus sont également trouvés autour des Grands Lacs à chaque hiver.
Tout d’abord considéré comme une espèce à part entière au moment de sa « découverte » en 1915, il est rapidement rétrogradé au rang de sous-espèce du Goéland argenté. En 1973, l’American Ornithologists’ Union lui redonne le titre d’espèce distincte qu’il détient encore aujourd’hui. En 1986, cependant, dans la deuxième édition de son volume Les oiseaux du Canada, W. Earl Godfrey ne le considère plutôt que comme une sous-espèce… du Goéland arctique! Il y a vraiment de quoi y perdre son latin!
En préparant ce message, je me suis rendu compte que le Goéland de Thayer est probablement l’oiseau pour lequel je possède le plus grand nombre d’articles, livres ou vidéos traitant de son identification! En jetant un coup d’œil à toute cette littérature, on voit vite que ce n’est pas avec le Goéland argenté, mais plutôt avec le Goéland arctique que le « Thayer » a le plus d’affinités. Le Goéland arctique se divise lui-même en deux sous-espèces qui ont chacune une aire d’hivernage bien définie. La sous-espèce nominale glaucoides niche sur la côte ouest du Groenland et elle est une migratrice de courte distance, hivernant principalement à la limite des glaces de l’Atlantique Nord. Le bout des rémiges primaires des glaucoides ne présente aucune marque sombre. La sous-espèce kumlieni, quant à elle, niche dans le sud de l’île de Baffin et, migratrice de moyenne distance, hiverne dans le golfe Saint-Laurent et sur les côtes des provinces de l’Atlantique. C’est donc cette sous-espèce que nous rencontrons dans le sud du Québec en hiver. Cet oiseau a une quantité variable de marques plus ou moins sombres au bout des primaires. En fait, le dessin des primaires d’un Goéland arctique kumlieni adulte varie de « pâle comme un glaucoides » à « sombre comme un Goéland de Thayer »! Et il est là le problème : où se situent donc les limites entre ces différents oiseaux?
Lorsque nous habitions Les Escoumins, sur la Haute-Côte-Nord, les Goélands arctiques étaient aussi réguliers pour nous entre novembre et mai que les Goélands à bec cerclé peuvent l’être pour les montréalais en juillet! Nous avons donc eu le temps de les observer, les étudier, les assimiler (j’aurais envie d’ajouter « les digérer », mais ça s’applique plutôt à un Goéland marin que nous avaient servi comme repas notre vieil ami Adalbert et son complice Jacques… mais, ça, c’est une autre histoire…). Suite à la visite de deux Mouettes blanches aux Escoumins en décembre 1997, Christiane et moi avions pris l’habitude de nourrir les goélands en hiver, en leur offrant de petits cubes de suif. D’un hiver à l’autre, entre 30 et 50 goélands de quatre espèces différentes se posaient à quelques mètres de nous à chacune de nos visites, en plus de dizaines d’autres qui s’approchaient par curiosité.

Le 29 décembre 2000, un goéland avec le bout de l’aile particulièrement sombre attire notre attention. Est-ce un Goéland de Thayer? Quelques photos sont rapidement prises, les livres et magazines sont épluchés une fois de plus et notre verdict tombe : non, nous ne pourrons pas classer celui-là comme un Goéland de Thayer. Il avait pourtant beaucoup de potentiel. Ses proportions semblables au Goéland arctique, son iris foncé, ses pattes rose sombre, son bec mince de couleur jaune légèrement verdâtre et, bien sûr, le bout noirâtre des primaires les plus externes pointaient tous nettement vers le Goéland de Thayer. Et bien que sa taille était peut-être un peu petite, son manteau légèrement trop pâle et sa tête pas assez marquée de taches brunes, ces caractéristiques étaient tout de même à l’intérieur des limites pour un Goéland de Thayer.

Notre goéland photographié la journée de sa découverte. Selon Gulls of the Americas, le patron du bout de l’aile indiquerait un Goéland de Thayer typique. À noter l’anneau sombre au bout de la primaire la plus externe (P10), le liséré noir contournant le miroir blanc sur P9 et la petite marque sombre sur P5. Pour nous satisfaire, il aurait fallu que cette primaire porte un anneau complet à son extrémité…
– Les Escoumins – 29 décembre 2000 – © Claude Auchu
C’est bien sûr suite à l’étude du patron des primaires que la décision sur son identité s’est prise. Lorsque l’oiseau était posé, le bout des primaires semblait vraiment noir, un effet créé en bonne partie à cause du chevauchement des plumes. En vol, puisque le dessous des primaires était surtout gris et non noir comme chez le Goéland argenté, ces marques paraissaient plutôt ardoisées. C’est surtout au dessin de la sixième primaire la plus externe que nous nous sommes attardés (même s’il est plus facile, sur le terrain, de compter les primaires à partir de la plus externe, elles sont habituellement comptées à partir de l’intérieur, soit du poignet. La sixième primaire la plus externe est donc en fait la cinquième plus interne, que l’on désigne par P5). D’après nos lectures, les Goélands de Thayer semblent avoir au moins une tache sombre à l’extrémité de P5. Pour être certain de ne pas surestimer un kumlieni sombre, nous avons alors décidé de ne pas identifier un Goéland de Thayer à moins qu’il ait un anneau complet au bout de P5 en plus, bien entendu, des autres critères plus classiques! Rien de moins! Vous connaissez donc ce qui, pour nous, est le critère ultime pour l’identification d’un Goéland de Thayer adulte. Il est probable que nous manquons ainsi de vrais Goélands de Thayer, mais j’ai toujours préféré être trop exigeant que trop négligeant! Heureusement, les critères pour reconnaître les immatures en plumage de 1er hiver semblent mieux définis que ceux pour les adultes… Notre goéland a finalement été présent quotidiennement jusqu’au 17 avril 2001, nous donnant le temps de le voir muer vers son plumage d’été.

Notre oiseau posé près de deux Goélands arctiques. Sa petite taille comparativement à l’oiseau devant lui suggère fortement qu’il s’agit d’une femelle. Il est possible de voir le dessous pâle de la pointe de son aile droite.
– Les Escoumins – 29 décembre 2000 – © Claude Auchu
Le même oiseau au début du printemps. Sa tête est maintenant presque blanche.
– Les Escoumins – 8 mars 2001 – © Claude Auchu
Le Goéland de Thayer n’a pas fini de créer de drôles de situations. Certaines réactions aux photos de notre goéland ont été raisonnables. Par exemple, on nous a dit que notre oiseau passerait inaperçu parmi les Goélands de Thayer sur la côte du Pacifique. C’est vrai, mais nous sommes au Québec, à 4000 kilomètres du Pacifique! D’autres réactions nous ont paru plus surprenantes. Ainsi, une de nos photos a été publiée dans un magazine ornithologique anglophone. Nous avions soumis la photo comme étant celle d’un goéland non-identifié, mais les éditeurs l’ont publiée avec une vignette annonçant un Goéland de Thayer! On nous a alors dit que des « knowledgeable birders » avaient dit qu’il s’agissait d’un « Thayer »! Ah oui? Sans même avoir vu les détails de l’aile ouverte? De toute évidence, certains sont moins exigeants que nous!?! Dans Gulls of the Americas, le guide d’identification sur les goélands qui fait présentement autorité, les auteurs présentent des photos d’oiseaux qu’ils considèrent être de possibles hybrides entre des Goélands de Thayer et des Goélands arctiques kumlieni!!! Comment décider que certains oiseaux sont de possibles hybrides lorsque l’on est même pas certain des critères pour différencier les espèces souches? Bien sûr, je ne doute pas de la compétence des auteurs et je sais très bien que les deux espèces doivent s’hybrider, comme pratiquement toutes les espèces de goélands. Finalement, ne serait-ce pas plus simple d’en arriver à cette seule conclusion : pourquoi les Goélands arctiques de la sous-espèce kumlieni ne seraient-ils pas tous des hybrides G. arctique glaucoides x G. de Thayer?
D’ailleurs, suite à la visite de notre goéland non-identifié, un autre goéland qui aurait très bien pu être considéré comme un Goéland de Thayer est venu passer les deux hivers suivants avec nous. Nous avons d’ailleurs cru longtemps qu’il s’agissait du même individu qui avait simplement hérité d’un plumage légèrement différent après une mue (paraît-il que c’est possible!). Un coup d’œil dans le guide qui ose mentionner les hybrides G. arctique x G. de Thayer indique maintenant que cet oiseau en serait peut-être un… À vous de juger…

Un autre oiseau du même type est venu hiverner aux Escoumins l’année suivante! Il était déjà très fidèle dès son arrivée à notre mangeoire à goélands, nous laissant croire qu’il s’agissait du même individu! Ses primaires correspondent à ce que les auteurs de Gulls of the Americas considèrent être un possible hybride G. arctique x G. de Thayer. À remarquer le bout entièrement blanc de P10, l’anneau au bout de P9 ne rejoignant pas la partie sombre du milieu de la plume et une petite tache gris sombre près du bout de P5.
– Les Escoumins – 23 janvier 2002 – © Claude Auchu
Le goéland en compagnie d’un Goéland argenté et d’un Goéland bourgmestre. Le dessous de la pointe pâle de son aile gauche est bien visible, tout comme le dessous noir de la pointe de l’aile du Goéland argenté.
– Les Escoumins – 16 février 2002 – © Claude Auchu
L’étude de milliers de Goélands arctiques aux Escoumins aurait dû me rendre plus confiant dans l’identification des Goélands de Thayer. Pourtant, c’est plutôt le contraire qui s’est produit. Je suis maintenant tellement conscient de la variabilité des kumlieni que dorénavant, j’aurai beaucoup de difficulté à me convaincre d’avoir affaire à un vrai « Thayer ». Malgré cela, j’ai tout de même sept mentions satisfaisantes de Goélands de Thayer sur ma liste : quatre d’immatures en plumage de premier hiver (dont deux dans ma région), deux d’oiseaux à leur deuxième hiver et une d’un adulte (un bel individu avec une anneau complet au bout de P5, vu aux Escoumins le 30 mars 2000).

Le goéland avec un Goéland argenté durant son deuxième hiver parmi nous. 
– Les Escoumins – 25 décembre 2002 – © Claude Auchu

Toujours le même goéland laissé non-identifié. Encore une fois, comme l’année précédente, la pointe blanche de P10, l’anneau sombre isolé au bout de P9 et la petite tache foncée au bout de P5 sont visibles.
– Les Escoumins – 3 février 2003 – © Claude Auchu
Il y a de nombreuses années, lorsque l’ADN est venu à la rescousse des taxinomistes, j’étais certain que le sort du Goéland de Thayer allait se jouer en un rien de temps. Pourtant, il est encore une espèce à part entière. Il est évident que, chez les oiseaux, il existe plusieurs « demi-espèces », des populations trop près l’une de l’autre physiquement pour être des espèces distinctes, mais trop loin génétiquement pour être des sous-espèces. L’augmentation du nombre de goélands due à l’influence de l’Être humain a probablement mis en contact des populations qui n’étaient pas encore reproductivement isolées. Qui sait, un jour peut-être, une étude diminuant le nombre d’espèces de goélands de moitié sera publiée…