mardi 28 octobre 2014

Goélands arctiques + Plectrophanes des neiges + Sizerins flammés = l’hiver s’en vient!

Durant toute la semaine dernière, de fortes probabilités de précipitations planaient sur la région. Mais, agréable surprise, il n’est pas tombé la moindre goutte! Les météorologistes prévoyaient aussi de forts vents du nord-est et, cette fois, ils ont eu raison! De mercredi à vendredi soir, le vent soufflait régulièrement à plus de 30 km/h, nous laissant entrevoir la possibilité que la matinée de samedi soit très riche en oiseaux provenant de l’estuaire. Notre journée de samedi était donc déjà réservée pour Rivière-Ouelle! Pour dimanche, ce ne fut pas aussi simple. La pluie a finalement atteint la région durant la nuit de samedi à dimanche, ce qui a grandement compromis nos plans. Mais, au moins, certaines tâches ménagères qui ne peuvent pas être éternellement remises à plus tard ont enfin pu être réalisées…

Samedi matin, en arrivant à Rivière-Ouelle, nous avons eu la surprise de constater que le vent qui devait encore provenir du nord-est avait déjà tourné au sud-ouest. Ce changement subit pouvait influencer de manière très négative les résultats de notre sortie. Par chance, le vent est demeuré faible et les oiseaux aquatiques, sans être aussi abondants que la semaine dernière, ont été tout de même faciles à observer. Curieusement, ce vent relativement doux a provoqué de la convection uniquement au-dessus de la terre ferme, sans toucher à la visibilité qui est demeurée excellente sur le fleuve durant toute notre excursion. Tant mieux!
Somme toute, relativement peu des oiseaux aquatiques que nous avons observés samedi peuvent être reliés directement aux vents forts des jours précédents. Au plus, je dirais que le grand nombre de macreuses posées à l’eau au large du quai (presque uniquement des Macreuses à bec jaune) était peut-être des oiseaux qui reprenaient leur souffle après avoir été fortement « brassés » par ces vents puissants. Les macreuses sont présentes en bons nombres à Rivière-Ouelle en automne mais, contrairement au printemps, elles ne sont que de passage et très peu sont observées posées à l’eau.
Les vents et la fraîcheur des derniers jours ont aussi aidé plusieurs passereaux à quitter la région. La partie plus forestière de notre tournée a donc été particulièrement tranquille. L’hiver s’en vient, il faudra bien s’y faire…!

À Rivière-Ouelle, samedi le 25 octobre entre 6 h 50 et 14 h 00, ce sont 48 espèces qui ont défilé sous nos yeux, comme par exemple, :
  • 4550 Oies des neiges
  • 95 Canards noirs
  • 900 Eiders à duvet – Ce total a été fortement gonflé par le passage inopiné d’un groupe compact de 600 individus. Il est plutôt rare que de telles troupes remontent le fleuve lors de journées de vent du sud-ouest et au moment de la marée baissante…
  • 60 Macreuses à front blanc
  • 63 Macreuses brunes
  • 900 Macreuses à bec jaune
  • 2 Hareldes kakawis
  • 15 Garrots à œil d’or
  • 53 Harles huppés
  • 173 Plongeons catmarins – Ils passent presque inaperçus tellement nous sommes habitués de les voir. Mais il nous faut tout de même signaler que l’espèce est rare dans la majeure partie du Québec habité!
  • 1 Plongeon huard
  • 2 Grèbes esclavons
  • 19 Grèbes jougris – Il s’agit d’un excellent total pour le mois d’octobre, l’espèce étant une migratrice plus commune à la fin d’août et au début de septembre. Comme les macreuses, plusieurs des grèbes étaient posés à l’eau et dérivaient doucement vers l’aval.
  • 4 Cormorans à aigrettes
  • 5 Grands Hérons
  • 1 Autour des palombes – Rarement observé à Rivière-Ouelle, un adulte migrait au-dessus des grandes terres agricoles.
  • 1 Pluvier argenté
  • 1 Pluvier bronzé
  • 1 Guillemot marmette – Comme pour les Petits Pingouins, il est plus facile de trouver une marmette à Rivière-Ouelle au printemps ou en été qu’en automne. C’est exactement le contraire de ce qui se produisait avant que cet alcidé ne s’installe dans la région.
  • 3 Petits Pingouins
  • 15 Guillemots à miroir
  • 3 Mouettes de Bonaparte
  • 300 Goélands à bec cerclé
  • 40 Goélands argentés
  • 5 Goélands arctiques – Ce n’est que la troisième année (en plus de 30 ans) que je réussis à voir ce goéland en octobre dans ma région! En voir cinq à cette date est donc une surprise!
  • 30 Goélands marins
  • 1 Pic mineur
  • 2 Geais bleus
  • 22 Mésanges à tête noire
  • 3 Sittelles à poitrine rousse
  • 6 Roitelets à couronne dorée
  • 1 Roitelet à couronne rubis
  • 3 Plectrophanes lapons
  • 14 Plectrophanes des neiges
Plectrophane des neiges (Snow Bunting – Plectrophenax nivalis)
Rivière-Ouelle – 25 octobre 2014 © Claude Auchu
  • 2 Bruants hudsoniens
  • 3 Sizerins flammés – Comme les plectrophanes, ces sizerins se déplaçaient le long du fleuve.
  • 25 Chardonnerets jaunes
À noter également que nous avons repéré un probable Mergule nain passer au large du quai, tout juste trop loin pour permettre une identification positive. Mais novembre arrive, on espère pouvoir se reprendre…

Dimanche avant-midi, les conditions à l’extérieur n’avaient rien pour nous inciter à sortir. La journée a donc été employée pour faire des choses moins intéressantes que le birding, mais qu’il faut bien faire un jour ou l’autre. En début d’après-midi, j’ai tout de même trouvé une petite heure et demie de libre pour aller voir si…

Voici donc une partie des 30 espèces rencontrées à La Pocatière dimanche le 26 octobre :
  • 5 Canards chipeaux
  • 50 Canards colverts
  • 35 Canards souchets – Ces 35 oiseaux étaient présents à un site où il n’y en avait pas un seul il y a deux semaines.
  • 10 Sarcelles d’hiver
  • 1 Petit Garrot
  • 2 Garrots à œil d’or
  • 1 Érismature rousse – Tiens donc, une érismature! Cette mention devrait être surprenante, mais puisque 18 individus ont été observés à Montmagny il y a quelques jours à peine, peut-on vraiment être surpris? Il s’agit tout de même de ma première « vraie » mention automnale de cet étrange canard dans la région. Avez-vous remarqué que les érismatures se prennent pour des grèbes? Dimanche, à mon approche, mon oiseau s’est éloigné des autres canards et, même si je suis certain qu’il ne s’est pas envolé, j’ai été incapable de le retrouver. Il devait être caché entre deux eaux, comme le font souvent les grèbes.
  • 1 Busard Saint-Martin
  • 1 Foulque d’Amérique – Si c’est surtout au printemps que la foulque visite la région, des oiseaux sont parfois trouvés tard en automne. Par exemple, au début de novembre 1992, j’avais trouvé un individu à La Pocatière et deux autres à Rivière-Ouelle.
Foulque d’Amérique (American Coot – Fulica americana)
La Pocatière – 26 octobre 2014 © Claude Auchu
  • 1 Bécasseau semipalmé – Un oiseau probablement mal-en-point traînait encore dans la région dimanche après-midi.
Bécasseau semipalmé (Semipalmated Sandpiper – Calidris pusilla)
La Pocatière – 26 octobre 2014 © Claude Auchu
  • 1 Goéland arctique
  • 1 Faucon pèlerin – Un adulte poursuivait une Sarcelle d’hiver au-dessus des champs mais, ne me demandez pas comment, elle a réussi à s’en sortir!
  • 1 Sittelle à poitrine blanche
  • 2 Merles d’Amérique
  • 6 Bruants hudsoniens
  • 1 Quiscale bronzé
  • 2 Moineaux domestiques – Les moineaux sont plutôt difficiles à trouver à La Pocatière ces derniers temps.
Nous voilà déjà à la fin du mois d’octobre. Les bruants ont presque tous quitté la région, remplacés par les plectrophanes. Les populations de laridés évoluent également, avec une diminution des Goélands à bec cerclé, mais une augmentation des Goélands marins et l’arrivée des premiers Goélands arctiques. Aux petites notes répétitives des Chardonnerets jaunes s’ajoutent maintenant celles des Sizerins flammés. Oui, c’est vrai, l’hiver s’en vient!

mardi 21 octobre 2014

Cul-blanc, violets et tchébec

Quelle magnifique fin de semaine automnale nous venons de traverser!!! Samedi, la température était douce avec un petit vent du sud-ouest, mais un puissant front froid a fait chuter le mercure en soirée. Nous nous sommes donc levés dimanche matin avec un bon vent du nord, un temps clair (ce qui est toujours relatif en automne…) et un beau cas de manteau d’hiver! Durant ces deux journées, les vents sont demeurés d’une force très acceptable, nous fournissant donc des conditions idéales pour explorer la région à la recherche d’oiseaux. Et soyez assurés que nous en avons profité!!!

Samedi, en attendant la pluie prévue pour l’après-midi, nous avons opté pour une tournée rapide à La Pocatière. Les vents forts prévus ne se matérialisant pas, nous avons étiré notre sortie jusqu’à regretter de ne pas l’avoir fait à vélo. Partout durant notre trajet, de petits groupes de passereaux s’envolaient des abords de la route à notre passage, indiquant que des migrateurs étaient bien présents dans le secteur.
Le premier arrêt de la matinée nous a fourni le Troglodyte de Caroline que nous avons finalement pu voir quelques secondes à une mangeoire. Notre deuxième halte avait pour but d’inspecter un groupe d’oiseaux noirs qui se nourrit dans un champ de maïs tout près de notre lieu de travail. Alors que je montais la garde depuis la route, Christiane s’est amusée à faire le tour du champ pour en revenir avec une belle liste de bruants, une tonne de carouges, un Vacher à tête brune et deux bottines lourdes de boue!
Les conditions devenant de plus en plus invitantes, nous avons poussé notre promenade jusqu’à Saint-Denis et Kamouraska afin de voir où en étaient les limicoles. Après que les observateurs de passage aient coché chaque espèce en septembre, ces limicoles semblent tomber dans l’oubli alors qu’ils sont pourtant encore sur place jusqu’au début de novembre.

Voici ce que les trois municipalités avaient à nous offrir ce samedi 18 octobre :

À La Pocatière, entre 7 h 45 et 10 h 00, nous avons observé 39 espèces, dont :
  • 1750 Oies des neiges
  • 1 Bernache de Hutchins
  • 67 Bernaches du Canada
  • 5 Urubus à tête rouge
  • 1 Buse pattue – Notre première de l’automne est arrivée plutôt tardivement.
  • 1 Faucon émerillon
  • 15 Geais bleus
  • 150 Corneilles d’Amérique – Elles aussi adorent le maïs!
  • 3 Sittelles à poitrine rousse
  • 2 Sittelles à poitrine blanche
  • 1 Troglodyte de Caroline – Cet oiseau émettait toute une gamme de sons inconnus de nos oreilles. Espérons qu’il restera ici assez longtemps pour que nous puissions nous familiariser avec son vocabulaire!
Troglodyte de Caroline (Carolina Wren – Thryothorus ludovicianus)
La Pocatière – 18 octobre 2014 © Claude Auchu
  • 2 Roitelets à couronne rubis
  • 17 Merles d’Amérique
  • 4 Jaseurs d’Amérique
  • 6 Parulines à croupion jaune
  • 4 Bruants familiers
  • 3 Bruants des prés
  • 20 Bruants chanteurs
  • 47 Bruants à gorge blanche
  • 12 Bruants à couronne blanche
  • 13 Juncos ardoisés
  • 550 Carouges à épaulettes
  • 1 Quiscale bronzé
  • 1 Vacher à tête brune
  • 13 Roselins pourprés
  • 21 Chardonnerets jaunes
À Saint-Denis entre 10 h 15 et 11 h 45, parmi un total de 25 espèces :
  • 2500 Oies des neiges
  • 112 Canards noirs
  • 6 Grands Hérons
  • 36 Pluviers argentés
  • 4 Bécasseaux maubèches
  • 11 Bécasseaux sanderlings
  • 262 Bécasseaux variables
  • 9 Bécasseaux à croupion blanc
  • 1 Bécasseau semipalmé
  • 11 Tourterelles tristes
  • 2 Pics chevelus
  • 150 Alouettes hausse-col – Les grandes terres agricoles du secteur de Saint-Denis et Kamouraska doivent sûrement recevoir la visite de milliers d’alouettes durant l’automne!
  • 1 Troglodyte des forêts
  • 35 Tarins des pins
Et Kamouraska, visité de 11 h 45 à 13 h 00, nous aura fourni 29 espèces :
  • 1300 Oies des neiges
  • 88 Canards noirs
  • 2 Canards colverts
  • 19 Cormorans à aigrettes
  • 45 Pluviers argentés
  • 1 Pluvier bronzé
Pluvier bronzé (American Golden-Plover – Pluvialis dominica)
Kamouraska – 18 octobre 2014 © Claude Auchu
  • 30 Bécasseaux sanderlings
Bécasseau sanderling (Sanderling – Calidris alba)
Kamouraska – 18 octobre 2014 © Claude Auchu
  • 245 Bécasseaux variables
Bécasseau variable (Dunlin – Calidris alpina)
Kamouraska – 18 octobre 2014 © Claude Auchu
  • 1 Bécasseau à croupion blanc
  • 35 Goélands à bec cerclé
  • 48 Goélands argentés
  • 1 Faucon pèlerin
  • 30 Alouettes hausse-col
  • 7 Mésanges à tête noire
  • 1 Sittelle à poitrine rousse
  • 1 Sittelle à poitrine blanche
  • 3 Bruants hudsoniens
À Kamouraska, nous avons trouvé bien amusant de voir les limicoles pencher la tête d’un côté ou de l’autre afin de scruter le ciel. La majorité des oiseaux n’ont qu’une très mince zone de vision binoculaire. Les oiseaux de rivages, en particulier, ont les yeux littéralement sur les côtés de la tête, les bécasses étant probablement l’exemple le plus frappant. C’est pour cette raison que les oiseaux ne nous regardent que rarement « de face ». Lorsqu’ils repèrent un prédateur potentiel en vol, ils le surveillent donc avec un seul œil en penchant la tête de côté. Puisque les oiseaux ont une acuité visuelle sûrement supérieure à la nôtre (leur vie en dépend!), c’est une bonne habitude à prendre pour les ornithologues que de regarder dans la direction qui attire l’attention de nos oiseaux! Samedi, ce sont surtout des Goélands argentés en vol qui rendaient les limicoles nerveux.
« Est-ce un goéland ou un faucon qui me survole? »
Pluvier argenté (Black-bellied Plover – Pluvialis squatarola)
Kamouraska – 18 octobre 2014 © Claude Auchu
La journée de dimanche, avec son vent soufflant surtout du nord, a été très bien remplie. Après le passage du front froid durant la nuit, nous étions certains que bien des oiseaux en avaient profité pour descendre vers le sud. La matinée a débuté de belle façon au quai de Rivière-Ouelle où les canards de mer, circulant en tous sens, ont fait belle figure. De plus, avec la compagnie de Jean-François, Thomas et Denis, c’est la presque totalité de la communauté ornithologique pocatoise qui s’est retrouvée en même temps au quai. Avec tous ces yeux pointés vers le large, nous étions vraiment prêts à tout!
Après trois heures bien remplies au quai, Christiane et moi avons migré vers les secteurs plus boisés de Rivière-Ouelle où d’autres surprises nous attendaient, dont quatre espèces de parulines. Finalement, en début d’après-midi, la journée étant tellement belle, nous sommes retournés au quai, juste au cas où d’autres oiseaux marins avaient encore envie de migrer. À une telle heure, nous n’avons pas été surpris de constater que leurs déplacements avaient cessé, surtout que les vents avaient déjà tourné au sud-ouest. Malgré tout, nous avons trouvé deux individus d’une espèce qui monte souvent la garde au bout du quai…

Voici le compte-rendu de notre longue sortie de dimanche le 19 octobre à Rivière-Ouelle. Elle s’est déroulée de 6 h 40 à 14 h 30 et nous a fourni un excellent total de 69 espèces. En voici un large échantillon :
  • 110 Canards noirs
  • 7 Canards colverts
  • 1 Canard pilet
  • 8 Sarcelles d’hiver
  • 1 Fuligule à collier
  • 11 Fuligules milouinans
  • 11 Petits Fuligules
  • 143 Eiders à duvet
  • 96 Macreuses à font blanc
  • 330 Macreuses brunes – Avec leur vol lourd, ces énormes canards sont impressionnants à voir de près!
Macreuses brunes (White-winged Scoters – Melanitta fusca)
Rivière-Ouelle – 19 octobre 2014 © Claude Auchu
  • 235 Macreuses à bec jaune
  • 157 Hareldes kakawis
  • 4 Petits Garrots
  • 9 Garrots à œil d’or
  • 1 Garrot d’Islande – Dans un groupe de 5 garrots qui est passé rapidement tout près de nous, Jean-François et moi avions cru voir un Garrot d’Islande. Heureusement, Denis avait eu le temps de photographier le groupe et il a pu nous montrer sur place qu’il y avait effectivement un mâle dans le groupe. Mais, plus tard en soirée, Denis a regardé ses photos à l’ordinateur et, oups!, le groupe était en fait composé de quatre Garrots d’Islande et d’un seul Garrot à œil d’or! C’en est presque gênant… Finalement, je n’ai noté que le seul individu que j’avais eu le temps d’entrevoir mais, la prochaine fois, je porterai plus attention aux canards qui viennent frôler le quai!
  • 7 Harles couronnés
  • 44 Harles huppés
  • 1 Gélinotte huppée
  • 91 Plongeons catmarins
  • 5 Plongeons huards
  • 2 Grèbes jougris
  • 1 Océanite cul-blanc – Ils sont petits, pas toujours faciles à repérer et souvent lointains, mais le passage d’un océanite provoque toujours une forte réaction. Celui de dimanche était presque prévu (ou, à tout le moins, fortement souhaité), les vents, la date et la marée montante concordaient parfaitement pour cette espèce.
  • 4 Fous de Bassan – Au moins quatre juvéniles ont été observés au large du quai. Les dernières saisons de nidification de la colonie de l’île Bonaventure ayant été désastreuses, nous n’avions pas vu de juvénile dans la région depuis quelques années. Normalement, leur présence est régulière ici en novembre.
  • 39 Cormorans à aigrettes
  • 11 Grands Hérons
  • 12 Urubus à tête rouge – En un seul groupe, tournoyant doucement sur fond de ciel bleu.
  • 2 Balbuzards pêcheurs – Vers 10 h 00, ces deux oiseaux presque tardifs se déplaçaient vers le sud-ouest. Toujours rare le long du fleuve dans la région, le balbuzard est un des rares rapaces à se risquer à traverser le fleuve et la majorité des quelques oiseaux vus ici en automne proviennent sûrement de la rive nord.
  • 1 Busard Saint-Martin
  • 1 Épervier brun
  • 2 Bécasseaux violets – Ce sont eux les gardiens du quai! Vers 14 h 00, au moment de la marée haute, deux oiseaux sont venus se poser sur les rochers bordant le bout du quai, un de chaque côté!
Un des gardiens du quai de Rivière-Ouelle!
Bécasseau violet (Purple Sandpiper – Calidris maritima)
Rivière-Ouelle – 19 octobre 2014 © Claude Auchu
  • 6 Petits Pingouins
  • 4 Guillemots à miroir
  • 8 Mouettes tridactyles
  • 23 Mouettes de Bonaparte – Le passage par petits groupes de ces 23 mouettes devant le quai à cette date est presque surprenant. Les « Bonaparte » ne font habitellement que traverser la région en août et septembre en route vers des secteurs tel la Haute-Côte-Nord, où l’espèce est présente en bon nombre jusqu’au début de décembre.
  • 1 Faucon émerillon
  • 1 Moucherolle tchébec – Un Moucherolle tchébec en octobre!?! Alertés par ses petits « wips », c’est avec une grande nervosité que nous l’avons cherché! Mais c’était bien lui, avec sa grosse tête, son large cercle oculaire et son plumage vert-grisâtre. Curieusement, ce n’est pas notre Moucherolle tchébec le plus tardif; le 23 octobre 2001, à Bergeronnes, nous en avions vu un autre pratiquement dans les mêmes circonstances! À chaque année, nous souhaitons trouver un moucherolle « rare » en octobre, mais nous aurions peut-être dû préciser « pas seulement tardif »!
  • 6 Geais bleus – Quatre de ces oiseaux volaient très haut dans le ciel en bordure du fleuve. Dans la région, les rivages du fleuve sont parsemés de pointes rocheuses et de grandes baies qui sont autant abris et obstacles pour les passereaux migrateurs.
  • 4 Troglodytes des forêts
Troglodyte des forêts (Winter Wren – Troglodytes hiemalis)
Rivière-Ouelle – 19 octobre 2014 © Claude Auchu
  • 2 Roitelets à couronne dorée
  • 16 Roitelets à couronne rubis
  • 1 Paruline verdâtre
  • 1 Paruline masquée
  • 1 Paruline à couronne rousse
  • 4 Parulines à croupion jaune
  • 5 Bruants hudsoniens
  • 1 Bruant des marais
  • 90 Juncos ardoisés
  • 60 Tarins des pins
Malgré les 69 espèces rencontrées, nous avons quitté Rivière-Ouelle avec le curieux sentiment d’avoir manqué bien des oiseaux. Dommage que les journées soient si courtes en octobre…

mardi 14 octobre 2014

Fuligules, Goéland brun et sittelles

La fin de semaine de l’Action de grâce! Elle est toujours attendue pour ses Oies des neiges, ses nombreux bruants en migration et... ses trois jours de congé pour pouvoir en profiter! Cette année, nous avons été gâtés avec trois journées sans précipitations et des vents acceptables. Nous avions déjà décidé que deux des journées allaient se passer à Rivière-Ouelle et la troisième à La Pocatière. Il ne restait plus qu’à décider dans quel ordre le tout allait se dérouler. Malgré qu’un vent du sud-ouest était prévu pour samedi, nous avons été incapables de résister à la tentation de débuter notre fin de semaine à Rivière-Ouelle. Alea jacta est!

Un de mes plaisirs en ornithologie est toujours de deviner comment les oiseaux réagiront selon telle ou telle condition. Pour les vents, vous le savez sûrement, je considère que le birding est au ralenti lorsque la brise provient du sud (d’où notre maxime : « Vent du su’, ornitho de c…! »). Il est vrai à 99% que les vents provenant du sud, contrairement à ceux du nord, ne nous fournissent généralement que peu d’oiseaux. Mais il reste un gros 1%! Et, samedi matin, nous avons été les heureux témoins de cette exception! Malgré les vents modérés du sud-ouest, plusieurs oiseaux étaient visiblement en mode migration! Autant les passereaux que les oiseaux aquatiques fonçaient face aux vents avec une fébrilité rarement observée dans de telles conditions.
Les fuligules ont profité à plein de cette matinée inhabituelle pour se déplacer en très grand nombre. La quantité de Petits Fuligules, en particulier, est du jamais-vu dans la région! Il était plutôt étrange pour moi, qui observe les oiseaux au quai depuis près de 35 ans, de constater que la majorité des canards en vol étaient des fuligules!

À Rivière-Ouelle, samedi le 11 octobre, nous avons observé 59 espèces entre 6 h 35 et 14 h 20, dont :
  • 14700 Oies des neiges – En plus d’un grand nombre de migratrices, quelques milliers d’oies se nourrissaient dans les champs et sur les battures.
  • 106 Bernaches du Canada
  • 74 Canards noirs
  • 3 Canards colverts
  • 13 Canards pilets
  • 115 Sarcelles d’hiver – Il s’agit presque uniquement de migratrices, observées en déplacement au large du quai.
  • 113 Fuligules milouinans
  • 264 Petits Fuligules – Wow!!!
  • 174 Fuligules sp – Nous avons donc vu 551 fuligules à Rivière-Ouelle samedi!
  • 2 Eiders à duvet – Ces deux eiders pataugeant près du quai nous ont permis de sauver la face; il aurait été gênant de visiter Rivière-Ouelle en octobre sans voir un seul eider…!
  • 50 Macreuses à front blanc
  • 66 Macreuses brunes
  • 12 Hareldes kakawis
  • 2 Petits Garrots
  • 4 Garrots à œil d’or
  • 11 Harles huppés
  • 119 Plongeons catmarins
  • 7 Plongeons huards
  • 2 Grèbes jougris
  • 3 Fous de Bassan
  • 37 Cormorans à aigrettes
  • 17 Grands Hérons
  • 3 Urubus à tête rouge
  • 2 Busards Saint-Martin – Un oiseau en migration au-dessus de l’eau est passé devant le quai en direction sud-ouest, suivant de près un émerillon qui lui ouvrait la voie.
  • 1 Guillemot marmette – Une visite plutôt rare de cet alcidé en automne. L’espèce, tout comme le Petit Pingouin, est plus facile à voir au printemps et en été.
  • 23 Petits Pingouins
  • 9 Guillemots à miroir
  • 500 Goélands à bec cerclé
  • 60 Goélands argentés
Goéland argenté (Herring Gull – Larus argentatus)
Rivière-Ouelle – 11 octobre 2014 © Claude Auchu
  • 30 Goélands marins
  • 1 Faucon émerillon
  • 1 Viréo à tête bleue
  • 100 Corneilles d’Amérique
  • 28 Alouettes hausse-col
  • 1 Grimpereau brun
  • 1 Troglodyte des forêts
  • 6 Roitelets à couronne dorée
  • 4 Roitelets à couronne rubis
  • 21 Plectrophanes lapons – Un petit groupe homogène de 21 oiseaux nous a survolé en lançant leurs cris caractéristiques.
  • 10 Parulines à croupion jaune
  • 1 Paruline à gorge noire – Il s’agit de ma mention la plus tardive dans la région. Je réussis tout de même à voir cette paruline en octobre une année sur cinq.
  • 3 Bruants familiers
  • 17 Bruants chanteurs
  • 1 Bruant de Lincoln
  • 33 Bruants à gorge blanche
  • 2 Bruants à couronne blanche
  • 29 Juncos ardoisés – Les juncos sont enfin arrivés! Bien qu’ils nichent communément dans les forêts de l’arrière-pays, ils sont difficiles à trouver en bordure du fleuve en dehors des migrations.
  • 29 Chardonnerets jaunes
Pour dimanche matin, les météorologues annonçaient des vents légers en provenance de l’ouest. C’était donc très tentant de retourner à Rivière-Ouelle, ce qui nous aurait laissé que lundi pour patrouiller le territoire de La Pocatière qui a sûrement aussi des oiseaux à nous offrir. Finalement, tant pis pour Rivière-Ouelle, c’est à vélo que nous allions profiter de cette magnifique journée pour parcourir la campagne pocatoise!

La journée de dimanche le 12 octobre nous aura permis de voir 57 espèces à La Pocatière entre 6 h 40 à 15 h 10. Voici un aperçu de notre récolte :
  • 1400 Oies des neiges
  • 175 Bernaches du Canada
  • 2 Canards chipeaux
  • 3 Canards d’Amérique
  • 140 Canards noirs
  • 33 Canards colverts
  • 40 Sarcelles d’hiver
  • 15 Petits Fuligules – Présents sur un étang.
  • 100 Eiders à duvet – En milieu d’avant-midi, une centaine d’eiders répartis en trois groupes dérivaient au large des battures. Je m’en doutais bien : les eiders ont profité des petits vents et de la fin de la marée montante tôt le matin pour migrer vers l’amont. À notre passage le long du fleuve, au début du « baissant », les eiders avaient stoppé leur migration là où ils étaient rendus. C’est un cas classique : dans la région, les eiders préfèrent nettement migrer lorsque la marée monte!
  • 1 Macreuse brune
  • 2 Petits Garrots
  • 6 Grands Harles
  • 125 Cormorans à aigrettes – Un beau groupe de 125 cormorans filant vers le sud nous a survolé alors que nous nous trouvions à presque cinq kilomètres du fleuve. De tels groupes sont rarement vus aussi loin du fleuve.
  • 3 Urubus à tête rouge
  • 1 Épervier brun
  • 5 Pluviers bronzés – Ces cinq oiseaux volaient au-dessus de grandes terres agricoles.
  • 8 Pluviers semipalmés
  • 20 Goélands argentés
  • 1 Goéland brun – Nous avons trouvé un juvénile dans un petit groupe de Goélands argentés. Cet oiseau a dû quitter la colonie où il est né en juillet dernier, il y a donc trois mois. Officiellement, la partie de l’aire de nidification du Goéland brun située la plus près de La Pocatière se trouve sur la côte ouest du Groenland, à plus de 2000 kilomètres d’ici! Si notre oiseau arrive d’aussi loin, pourquoi les Goélands arctiques, qui nichent dans le même secteur, attendent-ils les derniers jours d’octobre pour atteindre le sud du Québec??? Il est évident que notre juvénile est né quelque part en Amérique, peut-être dans une colonie de Goélands argentés ou à bec cerclé située près de chez vous! D’ailleurs, un Goéland brun juvénile avait été vu dans le sud de l’Ontario le 28 juillet 1993!! C’était il y a 20 ans, à une époque où l’espèce n’était pas aussi commune en Amérique qu’elle l’est maintenant!!!
Notre Goéland brun juvénile (à droite) accompagné de deux Goélands argentés du même âge. À remarquer  la taille plus petite et le bec plus mince du Goéland brun. Ses scapulaires présentent un dessin nettement différent de celui des G. argentés. La marque sombre de l’intérieur de chaque scapulaire du Goéland brun a un pourtour bien défini, accentuée par la large bordure blanche de la plume. En comparaison, la marque sombre de l’intérieur des scapulaires des Goélands argentés est plus arrondie et légèrement encochée,
diminuant l’effet écailleux.
Goélands argentés (Herring Gulls – Larus argentatus) et Goéland brun (Lesser Black-backed Gull – Larus fuscus)
La Pocatière – 12 octobre 2014 © Claude Auchu
  • 4 Pics mineurs
  • 4 Pics chevelus
  • 1 Grand Pic
  • 1 Faucon émerillon
  • 23 Geais bleus
  • 165 Corneilles d’Amérique
  • 90 Alouettes hausse-col
  • 42 Mésanges à tête noire
  • 4 Sittelles à poitrine rousse
  • 3 Sittelles à poitrine blanche
  • 1 Troglodyte de Caroline – L’oiseau trouvé le 16 septembre est encore là! À 6 h 45 dimanche matin, dans la pénombre et malgré le petit 6°C au thermomètre, il chantait à pleins poumons.
  • 43 Merles d’Amérique – En octobre, ils sont nettement plus présents à l’intérieur des terres que le long du fleuve.
  • 80 Pipits d’Amérique – Un Faucon émerillon a attaqué sans succès le petit groupe de pipits que nous observions, multipliant automatiquement par trois le nombre d’individus visibles!
  • 1 Jaseur d’Amérique
  • 2 Parulines obscures
  • 1 Paruline à couronne rousse
  • 22 Parulines à croupion jaune
  • 2 Bruants hudsoniens
  • 6 Bruants familiers
  • 49 Bruants chanteurs
  • 1 Bruant des marais
  • 14 Bruants à gorge blanche
  • 16 Bruants à couronne blanche
  • 10 Juncos ardoisés
  • 340 Carouges à épaulettes
  • 1 Quiscale rouilleux
  • 50 Quiscales bronzés
  • 13 Roselins pourprés
  • 3 Tarins des pins
  • 41 Chardonnerets jaunes
À Rivière-Ouelle lundi matin, le vrai vent du sud-ouest était de retour avec ses inconvénients. Les oiseaux se déplaçaient presque un à un en passant très loin au large. Heureusement, la visibilité était tout de même plus qu’acceptable et nous avons réussi, en jouant vigoureusement avec le zoom de nos oculaires, à identifier la majorité des oiseaux visibles à partir du quai. Les passereaux, très vifs à se cacher dès qu’ils se sentaient repérés, nous ont donné quelques difficultés, mais ça fait partie des défis du birding!

Malgré ces vents plus malcommodes qu’agaçants, nous avons croisé 57 espèces à Rivière-Ouelle lundi le 13 octobre entre 6 h 35 et 13 h 10 :
  • 8500 Oies des neiges
  • 58 Bernaches du Canada
  • 138 Canards noirs
  • 9 Fuligules milouinans
  • 4 Petits Fuligules – Un retour à la normale pour les fuligules.
  • 67 Eiders à duvet
  • 17 Macreuses à front blanc
  • 36 Macreuses brunes
  • 1 Macreuse à bec jaune
  • 2 Hareldes kakawis
  • 21 Harles huppés
  • 66 Plongeons catmarins
  • 3 Plongeons huards
  • 2 Grèbes jougris
  • 10 Fous de Bassan – Un petit mouvement de fous était perceptible au large du quai.
  • 252 Cormorans à aigrettes
  • 16 Grands Hérons
  • 7 Urubus à tête rouge – Habituellement, les urubus sont déjà difficiles à trouver dans la région à la mi-octobre. Cette année, ils sont encore présents un peu partout.
  • 1 Busard Saint-Martin
  • 1 Épervier brun
  • 4 Pluviers semipalmés
  • 1 Grand Chevalier
  • 27 Petits Pingouins
  • 300 Goélands à bec cerclé
  • 125 Goélands argentés – La majorité de ces goélands étaient rassemblés près des pêches à anguilles, attendant la marée basse pour capturer les poissons coincés dans les filets.
  • 3 Pics mineurs
  • 3 Pics chevelus
  • 1 Pic flamboyant
  • 11 Geais bleus
  • 11 Alouettes hausse-col
Alouette hausse-col (Horned Lark – Eremophila alpestris)
Rivière-Ouelle – 13 octobre 2014 © Claude Auchu
  • 7 Mésanges à tête noire
  • 7 Sittelles à poitrine rousse – Une courageuse petite sittelle est venue nous frôler alors que nous étions postés au bout du quai. Elle s’est posée sur le rebord du quai, le temps de reprendre son souffle. Même si nous ne l’avons pas vu arriver, il nous apparaît évident qu’elle provenait de très loin, probablement de la côte de Charlevoix, à 15 kilomètres à vol de sittelle!
La courageuse, reprenant son souffle.
Sittelle à poitrine rousse (Red-breasted Nuthatch – Sitta canadensis)
Rivière-Ouelle – 13 octobre 2014 © Claude Auchu
  • 1 Sittelle à poitrine blanche – Depuis quelques années, l’apparition soudaine des Sittelles à poitrine blanche dans la région en automne annonce maintenant l’arrivée prochaine de l’hiver. Nous en avions vues trois autres à La Pocatière la veille.
  • 170 Étourneaux sansonnets
  • 6 Parulines à croupion jaune
  • 2 Bruants fauves
Bruant fauve (Fox Sparrow – Passerella iliaca)
Rivière-Ouelle – 13 octobre 2014 © Claude Auchu
  • 7 Bruants chanteurs
  • 28 Bruants à gorge blanche
  • 13 Bruants à couronne blanche
  • 38 Juncos ardoisés
  • 33 Tarins des pins – Voilà finalement les tarins!?! Tout comme les Becs-croisés bifasciés, ce petit fringillidé est presque absent de la région depuis deux ans!
Nous avons atteint un excellent total de 83 espèces pour ces trois belles journées d’observation! C’est excellent pour une période avec des vents plus ou moins favorables, ce qui nous donne raison de sortir même lorsque les conditions ne nous semblent pas optimales!

mardi 7 octobre 2014

Petits Pingouins et, surtout, Macareux moines!

Quel vent! Quel bon vent!!! Durant la deuxième moitié de la semaine dernière, un vent modéré du nord-est a soufflé sur la région. Étant bien sûr retenus au travail, nous avons attendu avec impatience la journée de samedi en espérant que le vent ne faiblisse pas et que la pluie abondante prévue pour la fin de semaine retarde son arrivée. Malgré leur froideur parfois à la limite du tolérable, les vents du nord-est sont toujours très appréciés des observateurs en bordure du fleuve, particulièrement durant l’automne.
Les déplacements migratoires des oiseaux sont toujours liés de près à la météo. Avec les nombreux kilomètres que nos oiseaux doivent parcourir pour atteindre leurs quartiers d’hiver, il est tout à fait normal qu’ils utilisent toutes les ressources disponibles pour leur faciliter la tâche. L’automne, ce sont les fronts froids que les migrateurs attendent pour se déplacer. Au passage d’un tel front, les précipitations cessent, le ciel se dégage, la température chute et le vent vire au nord-ouest. Les oiseaux profitent en très grand nombre de ce vent pour filer vers le sud. Si nous sommes chanceux, ces belles conditions de migration dureront deux jours, trois au maximum. Par la suite, lorsque les vents tournent et faiblissent, les oiseaux se déplacent plus lentement, deviennent donc moins visibles et attendent le prochain front froid pour faire un autre sprint vers le sud. Par contre, les vents soufflant du nord-est poussent des oiseaux provenant du golfe Saint-Laurent vers l’intérieur des terres alors qu’ils n’avaient pas nécessairement l’intention de s’y rendre. Ainsi, plus les vents du nord-est persistent longtemps, plus grandes sont les chances que des oiseaux pélagiques se rendent loin en amont du fleuve.

Samedi matin, le vent soufflait du nord-est pour une sixième journée consécutive! Selon les données d’Environnement Canada provenant de La Pocatière, ce vent ne semblait pas très puissant mais, à Rivière-Ouelle, c’est toujours une autre histoire. La pluie devait nous épargner pour la journée, mais le temps était extrêmement sombre tôt en matinée. Nous avons donc décidé de débuter par la partie forestière de notre excursion qui, encore une fois, aura été plutôt décevante. Malgré que nous ayons choisi un site bien abrité du vent, les différentes espèces de bruants n’étaient visiblement pas sur place. À vrai dire, le décor était tellement sombre qu’il aurait fallu que les oiseaux soient très près de nous ou encore très bruyants pour que nous puissions les repérer! Nous avons donc quitté rapidement le boisé pour nous diriger vers le quai où nous étions sûrs que ce fameux vent allait nous tenir bien occupés. Judicieusement abrités des vents, nous avons profité de notre séjour au quai avec l’esprit ouvert à toutes les possibiblités ornithologiques.
En arrivant sur place, vers 8 h 00, nous avons été surpris de constater que la visibilité au large était souvent très bonne, malgré une certaine variabilité. Bien que les canards de mer aient été d’une rareté inexplicable (ils ont encore le temps!), nous ne nous sommes pas ennuyés pour autant. Les vedettes de cette sortie ont été sans contredit les alcidés dont la simple présence ici en octobre n’est jamais garantie. Le Petit Pingouin est commun à Rivière-Ouelle durant l’été, probablement grâce aux colonies des îles de Kamouraska et des Pèlerins situées à 20 et 35 kilomètres plus à l’est, mais il est étrangement irrégulier durant l’automne. Durant les années 1980 et ’90, il était même souvent carrément absent. L’espèce est maintenant plus régulière, mais encore en petit nombre. Samedi dernier, cependant, le pingouin était présent en quantité phénoménale à Rivière-Ouelle. Ils étaient même accompagnés d’un autre alcidé très pittoresque dont la présence confirme que ces alcidés provenaient probablement d’aussi loin que le golfe et non simplement des îles de Kamouraska!

Ce samedi 4 octobre, nous avons patrouillé le territoire de Rivière-Ouelle de 6 h 40 à 13 h 15, dont quatre heures au quai, ce qui nous a rapporté 41 espèces. En voici une partie :
  • 4800 Oies des neiges
  • 25 Bernaches du Canada
  • 147 Canards noirs
Canards noirs (American Black Ducks – Anas rubripes)
Rivière-Ouelle – 4 octobre 2014 © Christiane Girard
 
Les couples commencent-ils déjà à se former?
Remarquez à quel point le mâle, à l'arrière plan avec son bec jaunâtre, est de taille plus grande que la femelle.
Canards noirs (American Black Ducks – Anas rubripes)
Rivière-Ouelle – 4 octobre 2014 © Christiane Girard
  • 64 Eiders à duvet – Les conditions semblaient pourtant parfaites pour assister aux déplacements parfois si spectaculaires de cette espèce.
  • 15 Macreuses à front blanc
  • 9 Macreuses brunes
  • 3 Macreuses à bec jaune
  • 7 Harles huppés
  • 87 Plongeons catmarins
  • 16 Plongeons huards
  • 950 Cormorans à aigrettes
  • 14 Grands Hérons
  • 2 Urubus à tête rouge
  • 1 Pluvier semipalmé
  • 1 Grand Chevalier
  • 1 Bécasseau sanderling
  • 16 Bécasseaux variables
  • 1 Labbe parasite – Un individu a poursuivi longuement un Goéland à bec cerclé dans le but de lui faire cracher son dernier repas. Si on peut féliciter le labbe pour sa ténacité durant cette poursuite effrénée, il ne faudrait surtout pas oublier de rendre hommage au goéland qui s’entêtait à garder pour lui le contenu de son estomac!
  • 86 Petits Pingouins – Sûrement la plus belle quantité dont j’ai été témoin dans la région en automne!
  • 1 Guillemot à miroir – Lui, il attend le mois de novembre pour être abondant.
  • 11 Macareux moines – Nous avons vu pas moins de 11 Macareux moines descendre le fleuve samedi matin!!! Ils se déplaçaient seuls, en duo ou en compagnie de Petits Pingouins. Si l’observation de mon premier macareux à Rivière-Ouelle en octobre 1987 m’avait grandement surpris, je suis bien satisfait de pouvoir maintenant dire que l’espèce est annuelle dans ma région. Les onze oiseaux de samedi représentent en effet notre neuvième mention depuis 2008 et, bien sûr, notre plus grand nombre d’individus. Est-ce l’amélioration des instruments optiques, l’expérience qui nous permet d’identifier les oiseaux de plus en plus loin ou une réelle augmentation des effectifs de l’espèce qui est en cause? Et combien d’oiseaux étaient présents dans la région??? Les colonies les plus près de Rivière-Ouelle, celles des îles Mingan, se trouvent à 540 kilomètres à vol d’oiseau.
  • 12 Mouettes tridactyles – Une autre espèce observée surtout durant les journées de vent du nord-est, bien qu’elle niche tout juste à l’est de Rivière-Ouelle.
  • 700 Goélands à bec cerclé
  • 15 Mésanges à tête noire
  • 8 Sittelles à poitrine rousse
  • 4 Roitelets à couronne dorée
  • 3 Merles d’Amérique
  • 9 Parulines à croupion jaune
Parlant d’alcidés, un résident de Rivière-Ouelle nous racontait récemment se souvenir d’une invasion de « Petits Pingouins », selon ses termes, dont il a été témoin durant les années 1950. Il disait que ces oiseaux étaient présents dans la neige partout le long du rivage à Rivière-Ouelle et qu’un de ses voisins en avait fait naturaliser un (aujourd’hui introuvable). Il m’apparaît certain que ce ne sont pas des Petits Pingouins qui étaient impliqués, mais plutôt des Guillemots de Brünnich qui, jusqu’au milieu du XXe siècle, faisaient irrégulièrement des invasions le long du Saint-Laurent tard à l’automne, certains se rendant même jusqu’à Montréal et Gatineau! Ce qui me surprend le plus dans cette histoire, c’est que ni l’abbé René Tanguay, ni Willie Labrie, deux ornithologues de la région qui avaient de nombreux contacts à l'époque, ne semblent avoir eu connaissance de cette invasion! Les notes de Tanguay ne mentionnent qu’un seul oiseau, qu’il avait capturé à Saint-André le 16 décembre 1950.

La marée haute à 13 h 00 samedi nous a poussé à aller jeter un coup d’œil rapide aux limicoles présents à Kamouraska. Les oiseaux étaient difficiles à observer à ce site très exposé aux vents, mais nous avons tout de même réussi à repérer les espèces suivantes :
  • 120 Pluviers argentés
  • 6 Bécasseaux maubèches
  • 40 Bécasseaux sanderlings
  • 100 Bécasseaux variables
  • 1 Bécasseau à croupion blanc
  • 2 Bécasseaux semipalmés
Nous savons bien qu’un plus grand nombre d’individus étaient présents sur place mais, avec de telles conditions de vents, nous sommes satisfaits des quantités recensées!
Dimanche, la pluie nous a retenus à l’intérieur durant tout l’avant-midi, nous permettant de faire avancer un peu nos autres projets. Dommage, si nous avions eu le choix, ce sont encore les oiseaux qui l’auraient remporté!