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dimanche 21 mai 2017

Fous de Bassan, Labbes parasites et Moucherolles tchébecs

Mercredi matin, j’ai eu quelques heures libres qui se sont immédiatement transformées en une autre sortie à Rivière-Ouelle. Le temps disponible a été investi dans le quai (et la route pour y aller et en revenir), ce sont donc presque uniquement des oiseaux aquatiques qui ont été rencontrés… mais en belles quantités! Les dernières visites à Rivière-Ouelle ayant été fructueuses, je n’ai pas hésité à y retourner vendredi après-midi espérant que, contrairement à la semaine dernière, les passereaux néotropicaux soient de la partie. Ils l’ont effectivement été et je me suis retrouvé avec assez de matériel pour un nouveau message sur mon blog!

Pour une personne seule, il n’est pas toujours facile de compter minutieusement et identifier les oiseaux en même temps à Rivière-Ouelle. Pour régler le problème, Christiane et moi utilisons depuis longtemps un modus operandi bien défini : lorsque la majorité des oiseaux se dirigent vers l’ouest, comme ce fut le cas mercredi matin, Christiane compte les oiseaux en débutant le plus loin possible vers l’ouest. De mon côté, je fixe le large directement en face de nous en identifiant tout ce qui passe en vol et en signalant à Christiane les espèces moins communes. En continuant son décompte, ma compagne fait lentement pivoter son télescope pour rejoindre le point que je fixe déjà. À partir de ce moment, nous voyons donc les mêmes oiseaux au même moment, ce qui nous évite de perdre du temps à chercher l’éventuelle rareté trouvée par l’autre (et, malgré cela, il arrive régulièrement qu’un de nous deux repère un oiseau que l’autre avait raté!). Si un oiseau inhabituel traverse notre champ de vision, c’est moi qui ait la mission de le suivre et de l’identifier pendant que Christiane continue à compter.
Mercredi matin, j’ai essayé seul de tenir les deux postes, ce qui n’a pas été facile! Comme d’habitude, le décompte a été commencé loin vers l’ouest où je me suis concentré sur les Plongeons catmarins qui nageaient et volaient en bon nombre vers l’amont. Mais je voyais aussi énormément d’oiseaux passant en vol que je n’ai pas pu suivre et identifier. Ce sont surtout de gros alcidés (Guillemots marmettes ou Petits Pingouins) qui ont dû être sacrifiés au profit des catmarins! Même lorsque je me suis installé en fixant notre point habituel sur les côtes de Charlevoix, il est certain que j’ai raté des oiseaux tellement le trafic d’espèces intéressantes était parfois intense.

Voici une partie des 62 espèces rencontrées à Rivière-Ouelle mercredi le 17 mai entre 4 h 30 à 9 h 40 :
  • 15000 Oies des neiges
  • 1 Oie de Ross – La chasse printanière des Oies des neiges rend depuis longtemps la recherche de cette espèce très difficile.
  • 4 Bernaches cravants
  • 13 Eiders à duvet
  • 75 Macreuses à front blanc
  • 16 Macreuses brunes
  • 5000 Macreuses à bec jaune – Une quantité intéressante pour cette date plutôt tardive.
  • 1 Garrot à œil d’or
  • 9 Grands Harles
  • 23 Harles huppés
  • 1 Chevalier grivelé
  • 1 Chevalier solitaire
  • 1 Grand Chevalier
  • 36 Labbes parasites – Seulement deux de ces labbes (dont un adulte de forme sombre, le seul de la matinée) ne volaient pas vers l’ouest. Le décompte a donc été beaucoup plus facile à faire que samedi dernier. Un individu s’est même permis d’aller attaquer des mouettes le long du rivage tout juste à l’ouest du quai!

Ce Labbe parasite fonçant sur une Mouette de Bonaparte semble particulièrement élancé, 
ce qui pourrait facilement laisser croire à un Labbe à longue queue…
Mouette de Bonaparte (Bonaparte’s Gull – Chroicocephalus philadelphia
et Labbe parasite (Parasitic Jaeger – Stercorarius parasiticus)
Rivière-Ouelle – 17 mai 2017 © Claude Auchu
…mais, sur cette autre photo du même labbe prise quelques secondes après l’attaque, l’oiseau a pourtant
 repris sa silhouette classique. La morale de l'histoire : ne pas conclure après un seul coup d’œil!
Mouette de Bonaparte (Bonaparte’s Gull – Chroicocephalus philadelphia
et Labbe parasite (Parasitic Jaeger – Stercorarius parasiticus)
Rivière-Ouelle – 17 mai 2017 © Claude Auchu
  • 26 Guillemots marmettes
  • 47 Petits Pingouins
  • 1 Guillemot à miroir
  • 1 Mouette tridactyle – À Rivière-Ouelle, les Mouettes tridactyles sont habituellement vues volant loin au large. Celle de mercredi, une immature, nageait simplement devant le quai en compagnie de Mouettes de Bonaparte et de quelques goélands.
  • 65 Mouettes de Bonaparte

Les petites taches sombres au bout de couvertures primaires (près du poignet) permettent de conclure 
que cet oiseau est né en 2015; ce critère est rarement observé sur le terrain.
Mouette de Bonaparte (Bonaparte’s Gull – Chroicocephalus philadelphia)
Rivière-Ouelle – 17 mai 2017 © Claude Auchu
  • 300 Goélands à bec cerclé
  • 3000 Goélands argentés – De bonnes conditions d’observation et beaucoup de nourriture sous l’eau durant la deuxième moitié du mois de mai donnent toujours un grand nombre de Goélands argentés!
  • 7 Goélands arctiques
  • 16 Goélands bruns – Parmi les tonnes de Goélands argentés volant au large, j’ai réussi à repérer plusieurs Goélands bruns, certains posés à l’eau mais la majorité en vol vers l’est. J’ai inscrit dans mes notes sept adultes, trois oiseaux de troisième année, trois de deuxième année et trois autres de première année. Depuis la première mention dans la région, le 17 mai 1983, le statut de cette espèce est rapidement passé d’exceptionnel à rare. Mais, depuis deux ans, je crois même qu’il est devenu peu commun!
  • 1 Goéland bourgmestre – Beaucoup plus rare que les Goélands bruns!!!
  • 15 Goélands marins
  • 1317 Plongeons catmarins – Un total tout de même excellent pour un homme seul…!
  • 3 Plongeons huards
  • 106 Fous de Bassan – Comme les goélands et mouettes, leur abondance dans la région au printemps est en relation directe avec les bancs de poissons.

Cette photo et les deux suivantes n’ont pas été prises en Gaspésie, mais bien au quai de Rivière-Ouelle, 
à seulement 115 kilomètres de la ville de Québec!
Fou de Bassan (Northern Gannet – Morus bassanus)
Rivière-Ouelle – 17 mai © Claude Auchu
Fou de Bassan (Northern Gannet – Morus bassanus)
Rivière-Ouelle – 17 mai © Claude Auchu
Fou de Bassan (Northern Gannet – Morus bassanus)
Rivière-Ouelle – 17 mai © Claude Auchu
  • 30 Cormorans à aigrettes
  • 2 Grands Hérons
  • 1 Grande Aigrette – L’individu trouvé le 7 mai dernier était encore présent au même endroit.
  • 1 Busard Saint-Martin
  • 1 Faucon émerillon
  • 1 Moqueur chat
  • 1 Paruline des ruisseaux
  • 2 Parulines masquées
  • 3 Parulines à croupion jaune
  • 15 Bruants à gorge blanche
  • 22 Bruants à couronne blanche
  • 1 Junco ardoisé
  • 3 Goglus des prés

Je pourrais presque dire que la deuxième partie de cette excursion s’est déroulée deux jours plus tard. En effet, vendredi après-midi, je me suis retrouvé à Rivière-Ouelle pour faire en solo une partie du trajet que Christiane et moi faisons habituellement en quittant le quai.
Sauf qu’il s’est tout de même passé plus de 48 heures entre ces deux demi-excursions et, à l’époque des migrations, il s’agit d’une éternité. Jeudi soir, par exemple, nous avons eu droit à un long et superbe orage électrique tout juste après le couché du soleil, ce qui a changé bien des choses pour les petits migrateurs. Les conditions de migration étaient idéales à 17 h 00 avec 29°C et des vents forts du sud‑ouest, mais les orages ont fait chuter la température à seulement 14°C deux heures plus tard et les vents ont immédiatement tourné au nord! Vendredi midi, plusieurs parulines et moucherolles fraîchement arrivés ont été obligés de chercher au sol les insectes qu’ils trouvent habituellement dans les arbres. Peu spectaculaire dans la région de La Pocatière, ce phénomène que l’on nomme « fallout » peut parfois impliqué des milliers de passereaux. S’il peut être tragique pour les oiseaux, il fourni néanmoins de beaux sujets à photographier!

Vendredi le 19 mai, j’ai rencontré 59 espèces à Rivière-Ouelle entre 12 h 25 et 14 h 30, dont les suivantes :
  • 3 Bécassins roux
  • 25 Mouettes de Bonaparte
  • 300 Goélands à bec cerclé
  • 700 Goélands argentés
  • 1 Goéland arctique
  • 3 Goélands bruns – Un adulte et deux immatures en plumage de troisième année.

Goéland brun (Lesser Black-backed Gull – Larus fuscus
et Goélands argentés (Herring Gulls – Larus argentatus)
Rivière-Ouelle – 19 mai 2017 © Claude Auchu
  • 3 Goélands marins
  • 95 Cormorans à aigrettes
  • 1 Épervier brun
  • 1 Faucon émerillon
  • 1 Moucherolle des aulnes
  • 20 Moucherolles tchébecs

Moucherolle tchébec (Least Flycatcher – Empidonax minimus)
Rivière-Ouelle – 19 mai 2017 © Claude Auchu
Moucherolle tchébec (Least Flycatcher – Empidonax minimus)
Rivière-Ouelle – 19 mai 2017 © Claude Auchu
  • 2 Viréos à tête bleue
  • 2 Roitelets à couronne dorée
  • 7 Roitelets à couronne rubis
  • 1 Grive fauve
  • 2 Grives à dos olive
  • 1 Paruline couronnée
  • 1 Paruline des ruisseaux
  • 8 Parulines à joues grises

Paruline à joues grises (Nashville Warbler – Oreothlypis ruficapilla)
Rivière-Ouelle – 19 mai 2017 © Claude Auchu
  • 3 Parulines masquées
  • 1 Paruline flamboyante
  • 3 Parulines tigrées
  • 2 Parulines à collier
  • 7 Parulines à tête cendrée

Paruline à tête cendrée (Magnolia Warbler – Setophaga magnolia)
Rivière-Ouelle – 19 mai 2017 © Claude Auchu

  • 1 Paruline à poitrine baie
  • 10 Parulines à croupion jaune
  • 2 Bruants de Lincoln
  • 1 Bruant des marais
  • 8 Bruants à gorge blanche
  • 12 Bruants à couronne blanche
  • 1 Junco ardoisé

Voilà, la table était mise pour la fin de semaine de trois jours! À suivre… 

mardi 17 janvier 2017

Il était une fois... une mangeoire à goélands!

Cet hiver, les oiseaux sont vraiment difficiles à trouver. La production de graines et de fruits sauvages a été presque nulle dans la région l’été dernier et les oiseaux, n’ayant rien à se mettre sous la dent (?), n’ont eu d’autres choix que de nous quitter. Pour les observateurs d’oiseaux, une des choses les plus simples à faire dans de telles circonstances est de trouver des mangeoires fiables en espérant que les oiseaux les aient trouvées eux aussi! Il y a quelques années, lorsque nous habitions aux Escoumins, nous avions mis en place une mangeoire bien particulière : une mangeoire destinée aux goélands!
Situé en Haute-Côte-Nord, le village des Escoumins est réputé auprès des ornithologues pour ses rassemblements de mouettes et de goélands et, peut-être plus encore, pour l’accessibilité des sites permettant de les observer de très près. La baie située devant le village offre aux oiseaux un endroit abrité où ils peuvent se nourrir et se reposer. Durant les six ans et demi passées aux Escoumins, nous avons réussi à voir 16 espèces de goélands et mouettes à l’intérieur de cette petite baie d’à peine 0,5 km²!
L’histoire a débuté le 15 décembre 1997 lorsque, en me rendant simplement au bureau de poste, j’avais trouvé deux Mouettes blanches en bordure de la route 138! Un des oiseaux était demeuré sur place jusqu’au 21 décembre, ce qui a permis à de nombreux observateurs de voir enfin cet oiseau de l’Arctique dont aucun représentant n’avait été « cochable » dans le sud du Québec depuis plus de 15 ans! Pour inciter cet oiseau déjà très peu farouche à s’approcher de nous, nous lui avions offert de petits morceaux de suif. Ces appâts avaient tôt fait d’attirer également plusieurs goélands, en particulier d’énormes Goélands bourgmestres. Après le départ de la mouette (et des observateurs…), nous avions continué à nourrir les goélands avec des morceaux de suif, mais en nous installant à la pointe de la croix, cette petite presqu’île qui nous offrait à la fois une bonne vue d’ensemble de la baie des Escoumins et du fleuve. Nous les avons nourris ainsi pratiquement à tous les jours durant le reste de l’hiver et les cinq hivers suivants!
Goéland bourgmestre, immature à son premier hiver (Glaucous Gull – Larus hyperboreus)
Les Escoumins – 5 février 2001 © Claude Auchu
Notre technique était bien simple. Dès notre arrivée aux Escoumins, nous nous étions liés d’amitié avec un boucher qui se faisait un plaisir de nous fournir du gras animal en grande quantité. Nous sortions donc régulièrement de l’épicerie avec un gros sac de suif que je taillais ensuite en petits cubes qui s’entassaient dans notre congélateur en portions quotidiennes. Nous conservions intacts les plus gros morceaux qui étaient destinés aux goélands les plus farouches.
La route conduisant à la pointe de la croix étant fermée aux automobiles durant l’hiver, nous étions donc bien tranquilles pour nourrir les goélands hivernants. Presque immobiles sur nos petits bancs, les oiseaux ont rapidement appris à lier notre présence à de la nourriture facile. Le bloc de suif était attaché à une grosse branche placée à une distance variant entre cinq et quinze mètres de nous, selon le taux de nervosité des goélands. Les petits cubes de suif étaient versés sur le sol près de moi et, à l’aide d’une vieille cuillère de bois, je lançais les morceaux aux goélands les plus audacieux. Certains oiseaux sont vite devenus très familiers et, à chaque hiver, un ou deux jeunes Goélands bourgmestres s’approchaient continuellement à moins d’un mètre de nous en marchant. Certains autres goélands venaient vers nous en espérant saisir au vol les morceaux de suif que je leurs lançais. Je me souviens en particulier d’un Goéland argenté adulte dont les larges rayures à la tête lui donnaient une allure particulièrement agressive. Il s’approchait de nous d’un vol direct en nous fixant avec son regard sévère et réussissait à tout coup à saisir à quelques mètres devant nous la nourriture que je lui lançais. C’était vraiment impressionnant!
Goéland argenté, adulte (Herring Gull – Larus argentatus)
Les Escoumins – 12 février 2003 © Claude Auchu
Nous avons vite constaté que chaque espèce avait son caractère distinctif qui se répétait à chaque hiver. Outre les jeunes Goélands bourgmestres qui se promenaient nonchalamment autour de nous, ce sont les Goélands arctiques qui étaient les plus audacieux. En les voyant de si près, nous avons eu l’occasion de constater toute l’étendue des variations du plumage de cette espèce. Autant chez les jeunes que chez les adultes, il n’y avait jamais deux individus semblables… De leur côté, les Goélands argentés étaient nettement plus prudents, préférant rester en périphérie de toute cette agitation. Une minorité osait tout de même s’approcher, mais toujours avec précaution. Les Goélands marins ont toujours été les plus farouches et ce sont eux qui s’accaparaient le gros bloc solidement attaché plus loin. Entre 30 et 50 goélands étaient nourris ainsi à tous les jours, sans compter plusieurs dizaines d’autres qui s’approchaient par curiosité. 
Goéland arctique, immature à son premier hiver (Iceland Gull – Larus glaucoides)
Les Escoumins - 23 janvier 2002 © Claude Auchu
Goéland arctique, un adulte au bout des ailes particulièrement pâle (Iceland Gull – Larus glaucoides)
Les Escoumins - 23 janvier 2002 © Claude Auchu

Goéland arctique, un adulte au bout des ailes particulièrement foncé (Iceland Gull – Larus glaucoides)
Les Escoumins – 9 mars 2001 © Claude Auchu
Ces rassemblements comprenaient aussi des goélands de passage. Ces visiteurs nous ont procuré de belles surprises dont plusieurs « Goélands de Nelson » (qui sont en fait des hybrides Goéland bourgmestre x Goéland argenté) et deux hybrides Goéland bourgmestre x Goéland marin. Un Goéland brun nous avait même visité à plusieurs reprises de décembre 2000 à mars 2001 établissant ainsi le deuxième hivernage complet de l’espèce au Québec! Nous nous étions même risqués à identifier quatre Goélands de Thayer près de notre mangeoire, en plus d’un autre oiseau dont je vous ai déjà parlé qui en était peut-être un…
Goéland… de Thayer? Noter le bout des ailes pratiquement noirs et les yeux sombres
Les Escoumins – 8 mars 2001 © Claude Auchu
Nous étions pratiquement les seuls à nous rendre jusqu’à la croix durant l’hiver. Les goélands apprenaient donc rapidement à nous reconnaître. Dès que nous apparaissions au loin, ils quittaient la baie et arrivaient au site de nourrissage bien avant nous. Parfois, lorsque nous étions sur place, les oiseaux prenaient peur et s’éloignaient. Par réflexe, nous levions les yeux au ciel en cherchant un éventuel pygargue mais, plus souvent qu’autrement, il s’agissait simplement d’un promeneur qui venait à peine de s’aventurer sur la route menant à la croix! Les goélands nous reconnaissaient, mais ils continuaient à craindre les autres humains!!! Par grands froids, lorsque le fleuve se remplissait de glaces pour quelques jours, seuls nos fidèles goélands demeuraient dans la baie. Certains individus devenaient alors très entreprenants. Avez-vous déjà fait manger des Goélands arctiques dans vos mains? Nous, oui! Lors d’une vague de froid, nous nous étions accroupis au sol avec de petits morceaux de suif dans nos mains. Après une brève hésitation, les Goélands arctiques étaient venus chercher leur pitance directement dans nos mains! Ce fut toute une sensation de les voir s’étirer le cou et saisir ces petites bouchées du bout du bec!
Goéland marin, immature à son premier hiver (Great Black-backed Gull – Larus marinus)
Les Escoumins – 9 mars 2001 © Claude Auchu
Il n’y avait pas que les goélands qui profitaient de ces banquets. Puisque nous avons toujours eu un faible pour les corneilles, nous leur réservions les meilleurs morceaux. Des retailles de belle viande rouge étaient souvent présentes sur les blocs de gras fournis par le boucher. Je prenais le temps de les couper en lanières que nous installions sur les branches au cœur des buissons. Les goélands n’y avaient pas accès, mais les corneilles venaient les chercher sans gêne à trois mètres de nous. Lorsqu’elles s’enfuyaient avec leur butin, elles avaient l’habitude de longer les fils électriques afin d’esquiver les poursuites des goélands. Il ne faut surtout pas oublier la visite de ce Pygargue à tête blanche adulte qui, après avoir goûté au bloc destiné aux gros goélands, avait essayé de s’envoler en tenant le morceau dans ses serres. Heureusement, il était bien attaché à une grosse branche!!!
Christiane servant la collation!
Les Escoumins – 15 février 2002 © Claude Auchu
C’est à la fin de mars que nous arrêtions de nourrir les goélands, tout juste au moment où la route d’accès était déneigée pour l’ouverture de la pêche aux crabes. Un grand festin avait alors lieu pour les goélands puisque tout le suif encore entreposé dans notre congélateur était offert d’un seul coup. Les Goélands à bec cerclé, fraîchement arrivés, se joignaient à la curée et ajoutaient leurs cris aigus aux notes plus rauques entendues depuis quatre mois. Lorsque nous recommencions à la fin de l’automne suivant, certains goélands de l’année précédente étaient de retour et le manège recommençait de plus belle!
Vous trouvez peut-être qu’il s’agit d’une bien étrange façon de s’assurer d’avoir des oiseaux à observer durant l’hiver. Mais si vous saviez tout le plaisir que nous avons eu…! 

mardi 7 juin 2016

Sterne caspienne X 2

La première fin de semaine de notre été ornithologique s’est déroulée sous un épais brouillard. Comment fait-on pour observer les oiseaux lorsque la visibilité est limitée à moins de 100 mètres? C’est simple : on s’adapte!

Samedi matin, notre but premier était de nous rendre à Rivière-Ouelle afin de profiter des derniers oiseaux aquatiques en migration. Ce n’est qu’au moment de notre départ que nous nous sommes rendus compte à quel point le brouillard était dense! En moins d’une minute, nous avons changé nos plans et nous nous sommes dirigés vers le village de Sainte-Louise pour une longue randonnée à vélo.
Durant l’été, il est tout à fait normal que plus de 90% des observations se fassent à l’oreille, surtout en milieu forestier. Samedi matin, avec ce brouillard, nous n’avons pas vraiment eu le choix; nous n’avons commencé à utiliser nos jumelles que quatre heures après le début de l’excursion! Durant la première partie de notre tournée, les oiseaux ne nous semblaient pas particulièrement abondants, mais nous avons tout de même terminé l’excursion avec de belles quantités de parulines, indiquant qu’elles étaient simplement bien réparties sur le territoire. Nous n’avons croisé que très peu d’individus encore en migration, les Parulines obscures qui chantaient partout dans la ville de La Pocatière durant les derniers jours nous ont quitté pour rejoindre les forêts de conifères.

Nous avons parcouru 30 kilomètres à vélo sur le territoire de Sainte-Louise samedi le 4 juin pour y trouver 66 espèces entre 5 h 10 et 11 h 35, dont les suivantes :
  • 1 Canard branchu
  • 6 Urubus à tête rouge
  • 5 Pluviers kildirs

Pluvier kildir (Killdeer – Charadrius vociferus)
Sainte-Louise – 4 juin 2016 © Claude Auchu
  • 2 Bécassines de Wilson – Un matin brumeux et des champs remplis de rosée s’accordent toujours très bien avec des cris de bécassines entendues au loin.
  • 3 Colibris à gorge rubis
  • 5 Pics maculés
  • 2 Pics mineurs
  • 4 Pics chevelus
  • 5 Pics flamboyants
  • 2 Faucons émerillons
  • 6 Piouis de l’Est – C’est avec un plaisir non dissimulé que nous avons entendu ces six piouis chantant dans différentes érablières! C’est une autre espèce dont les populations ont diminué de manière significative depuis mes débuts en ornithologie. Il y a quelques années à peine, des piouis nichaient dans n’importe quelle forêt possédant quelques grands arbres feuillus. Maintenant, on ne les trouve que dans les plus grandes érablières.
  • 40 Moucherolles des aulnes
  • 10 Moucherolles tchébecs
  • 7 Moucherolles phébis
  • 2 Tyrans tritris
  • 1 Viréo à tête bleue
  • 1 Viréo mélodieux
  • 55 Viréos aux yeux rouges
  • 9 Hirondelles bicolores
  • 1 Hirondelle de rivage
  • 12 Hirondelles à front blanc – Ces douze hirondelles construisaient leur nid sur une seule et même vieille grange de bois.
  • 19 Hirondelles rustiques
  • 2 Merlebleus de l’Est
  • 25 Grives fauves
  • 1 Grive solitaire
  • 1 Grive des bois
  • 7 Moqueurs chats
  • 77 Jaseurs d’Amérique – À leur arrivée dans la région aux derniers jours de mai, tout juste au moment où les pommiers sont en fleurs, les jaseurs sont vus régulièrement en petits groupes. On en entend deux ou trois dans un arbre et, lorsqu’ils s’envolent, on se rend compte qu’ils étaient en fait une trentaine!
  • 32 Parulines couronnées – Une Paruline couronnée à chaque kilomètre? Ce serait plutôt deux au kilomètre puisque la moitié du trajet se trouvait en milieu champêtre.
  • 1 Paruline noir et blanc
  • 3 Parulines obscures
  • 3 Parulines tristes
  • 32 Parulines masquées
  • 28 Parulines flamboyantes
  • 29 Parulines à tête cendrée

Paruline à tête cendrée (Magnolia Warbler – Setophaga magnolia)
Sainte-Louise – 4 juin 2016 © Claude Auchu
  • 8 Parulines à gorge orangée
  • 20 Parulines jaunes
  • 25 Parulines à flancs marron
  • 9 Parulines bleues
  • 11 Parulines à gorge noire
  • 34 Bruants familiers
  • 23 Bruants des prés
  • 30 Bruants chanteurs
  • 28 Bruants à gorge blanche
  • 2 Cardinaux à poitrine rose
  • 17 Goglus des prés
  • 95 Carouges à épaulettes
  • 1 Sturnelle des prés
  • 45 Quiscales bronzés
  • 2 Vachers à tête brune

Après la superbe soirée de samedi, nous avions bon espoir que la matinée de dimanche nous soit favorable. Mais, dimanche matin, pas de chance!... le brouillard était de retour! Nous avons peut-être retardé notre départ (90 minutes supplémentaires de sommeil peuvent aussi être agréables!), mais nous nous sommes tout de même dirigés vers Rivière-Ouelle. Nous avons dû débuter par la tournée forestière et l’inspection des rivages, ce qui s’est tout de même révélé favorable puisque la marée commençait tout juste à baisser. Des groupes de goélands étaient présents un peu partout, occupés à digérer les nombreux capelans gobés au lever du jour.
La visibilité était encore très limitée lorsque nous avons entrepris la section maritime de notre excursion. Aucun Plongeon catmarin n’a été vu, même s’il en reste sûrement quelques centaines dans notre secteur. Nous aurions bien aimé revoir des labbes suspects comme ceux laissés non-identifiés la semaine dernière et, cette fois-ci, prendre le temps de les étudier attentivement. Mais les aléas de Dame Nature font partie du jeu et nous sommes prêts à les accepter (en autant que ça n’arrive pas trop souvent!).

À Rivière-Ouelle, dimanche le 5 juin, notre récolte s’est limitée à 56 espèces trouvées entre 6 h 20 et 10 h 50. En voici une partie :
  • 9 Oies des neiges
  • 60 Bernaches du Canada
  • 16 Eiders à duvet

Eiders à duvet (Common Eiders – Somateria mollissima)
Rivière-Ouelle – 5 juin 2016 © Claude Auchu
  • 2 Macreuses à bec jaune
  • 3 Plongeons huards
  • 2 Urubus à tête rouge
  • 2 Busards Saint-Martin – Les busards nous semblent étrangement rares dans la région cette année.
  • 1 Pluvier kildir
  • 1 Chevalier grivelé
  • 2 Guillemots marmettes
  • 19 Petits Pingouins
  • 48 Mouettes de Bonaparte
  • 300 Goélands à bec cerclé
  • 300 Goélands argentés
  • 3 Goélands bruns – Trois immatures, dont un en plumage de première année. Les deux autres portaient quelques plumes gris ardoisé sur le dos et les grandes couvertures alaires, ce qui indiquerait qu’ils en sont à leur deuxième année.

La présence de plumes gris ardoisé sur le dos de ces oiseaux indiquerait qu’ils sont en plumage de deuxième année. 
Mais alors, pourquoi l’oiseau à l’arrière a-t-il encore la tête si sombre??? À moins que l’usure des plumes ne donne 
une fausse teinte ardoisée au deuxième oiseau et qu’il ne soit en fait âgé que d’un an?
Goélands bruns (Lesser Black-backed Gulls – Larus fuscus)
Rivière-Ouelle – 5 juin 2016 © Claude Auchu
  • 15 Goélands marins
  • 2 Sternes caspiennes – La sterne de la semaine dernière se serait-elle trouvée un conjoint (ou une conjointe)? Lorsque nous les avons repérés, un des oiseaux volait avec un poisson dans le bec. La deuxième sterne suivait de près tout en criant, mais sans aucune trace d’agressivité. Ce long vol louvoyant ressemblait fortement à un vol nuptial! Elles se sont également posées durant quelques secondes en tenant le cou étiré et la tête bien droite. Au Québec, la Sterne caspienne niche localement sur la Basse-Côte-Nord et, depuis peu, dans les îles de Contrecœur. Dans la région de La Pocatière, les seuls sites de nidification qui pourraient l’intéresser sont déjà largement dominés par les Goélands argentés…

Sternes caspiennes (Caspian Terns – Hydroprogne caspia) et Goélands argentés (Herring Gulls – Larus argentatus)
Rivière-Ouelle – 5 juin 2016 © Claude Auchu
  • 2 Pics flamboyants
  • 6 Moucherolles des aulnes
  • 1 Moucherolle tchébec
  • 1 Viréo mélodieux
  • 3 Hirondelles bicolores
  • 2 Hirondelles rustiques
  • 2 Moqueurs chats
  • 60 Étourneaux sansonnets
  • 5 Parulines masquées
  • 4 Parulines flamboyantes
  • 1 Paruline à tête cendrée
  • 5 Parulines jaunes
  • 2 Parulines à croupion jaune
  • 2 Parulines à calotte noire
  • 32 Carouges à épaulettes
  • 37 Quiscales bronzés
  • 1 Vacher à tête brune
  • 32 Tarins des pins
  • 25 Chardonnerets jaunes

Nous avons peut-être connu un printemps tardif, mais les oiseaux n’ont pas attendu l’arrivée de la chaleur pour commencer à nicher. Après les Tarins des pins il y a un mois, c’est maintenant au tour des jeunes Grands Corbeaux, Merles d’Amérique, Étourneaux sansonnets et Quiscales bronzés de quitter leur nid. Une nouvelle génération se prépare déjà à nous tenir occupés! 

mardi 17 mai 2016

Plongeons catmarins, Labbes parasites, Goélands bruns et le « cap » maritime de Rivière-Ouelle

Avec les trombes de pluie prévues pour la fin de semaine, j’avais décidé de consacrer l’après-midi de vendredi aux oiseaux, au cas où nos plans pour samedi et dimanche tomberaient à l’eau. La température était douce et le soleil bien présent, mais un petit vent du nord-est soufflait parfois avec ardeur. Je percevais même un contraste très net de température selon que le côté du buisson où je me trouvais était exposé au soleil ou au vent. Dès le départ, les passereaux ont pris la vedette, eux qui nous ont tellement fait défaut depuis le début du printemps. J’ai choisi un boisé de Rivière-Ouelle qui offre à la fois l’avantage de se trouver près du fleuve tout en ayant une bordure bien exposée au soleil.
Les oiseaux étaient bien présents en cet après-midi, mais ils chantaient très peu. Seulement trois des neufs espèces de parulines observées ont été entendues! Mais j’avais tout mon temps et j’étais prêt à attendre les oiseaux si nécessaire. Confortablement installé dans un endroit débordant de petits insectes, j’ai laissé les oiseaux venir à moi.

Ainsi, mon passage à Rivière-Ouelle vendredi le 13 mai entre 12 h 10 et 15 h 20 m’a permis de voir 45 espèces, dont :
  • 2 Urubus à tête rouge
  • 1 Balbuzard pêcheur
  • 1 Épervier brun
  • 8 Pluviers semipalmés
  • 6 Chevaliers grivelés
  • 1 Bécasseau minuscule
  • 20 Goélands à bec cerclé
  • 50 Goélands argentés
  • 2 Goélands bruns – Deux immatures, un en plumage de première année et un autre de troisième année accompagnaient un petit groupe de goélands sur les îlots de la rivière Ouelle.

Goéland brun, immature 1ère année (Lesser Black-backed Gull – Larus fuscus)
Rivière-Ouelle – 13 mai 2016 © Claude Auchu
  • 2 Pics mineurs
  • 3 Pics flamboyants
  • 8 Mésanges à tête noire
  • 2 Sittelles à poitrine rousse
  • 2 Roitelets à couronne dorée
  • 20 Roitelets à couronne rubis
  • 2 Pipits d’Amérique
  • 1 Paruline noir et blanc – La rencontre avec cette paruline m’a fait particulièrement plaisir. Elle avait réussi à me glisser entre les doigts durant tout l’automne 2015, ma dernière observation remontait donc au 27 juillet de l’an dernier!
  • 1 Paruline verdâtre – Celle-là est toujours difficile à voir dans la région au printemps (et pas beaucoup plus facile durant la migration automnale).
  • 1 Paruline masquée
  • 2 Parulines tigrées

Paruline tigrée (Cape May Warbler – Setophaga tigrina)
Rivière-Ouelle – 13 mai 2016 © Claude Auchu
  • 3 Parulines à tête cendrée
  • 1 Paruline à poitrine baie
  • 1 Paruline à flancs marron
  • 2 Parulines bleues
  • 25 Parulines à croupion jaune

Paruline à croupion jaune (Yellow-rumped Warbler – Setophaga coronata)
Rivière-Ouelle – 13 mai 2016 © Claude Auchu
  • 7 Bruants familiers – Un oiseau faisait le tour des cônes d’épinette tombés au sol durant l’hiver et réussissait encore à y trouver des graines.

Bruant familier (Chipping Sparrow – Spizella passerina)
Rivière-Ouelle – 13 mai 2016 © Claude Auchu
  • 20 Bruants chanteurs
  • 12 Bruants à gorge blanche

Après la pluie tombée durant la nuit, la journée de samedi devait être ensoleillée et peu venteuse, ce qui s’annonçait parfait pour notre classique hebdomadaire à Rivière-Ouelle. Notre seule crainte s’est cependant réalisée lorsqu’à 8 h 00, un épais mur de brouillard est venu réduire de moitié la durée de la partie maritime de notre sortie. C’était d’autant plus dommage que notre décompte des oiseaux circulant au large se déroulait rondement et que nous étions en route pour cumuler des quantités plus qu’intéressantes!
Le brouillard a changé nos plans pour l’aquatique, mais le forestier ne s’en est pas vraiment ressenti. Nous avons pu inspecter les boisés sans être distraits par les canards qui essaient trop souvent de nous retenir le long des rivages. Par conséquent, le nombre de canards barbotteurs est demeuré peu élevé, perdus qu’ils étaient dans le brouillard.

Nous avons tout de même terminé notre excursion de samedi le 14 mai à Rivière-Ouelle avec un remarquable 95 espèces rencontrées entre 5 h 10 et 13 h 00. En voici une large sélection :
  • 3000 Oies des neiges
  • 2 Bernaches cravants
  • 47 Bernaches du Canada
  • 1 Canard souchet
  • 15 Eiders à duvet
  • 83 Macreuses à front blanc
  • 10 Macreuses brunes
  • 3000 Macreuses à bec jaune
  • 1 Harelde kakawi
  • 2 Petits Garrots
  • 7150 Plongeons catmarins – Encore une fois, tous ces oiseaux filaient vers l’ouest à un rythme soutenu; par moment, Christiane a même dû les compter par groupe de dix! Relativement peu d’oiseaux étaient posés à l’eau, le mot d’ordre semblant être : « On quitte! ». Il ne faut pas oublier que ces 7150 catmarins ont été comptés avant l’arrivée du brouillard, soit entre 5 h 20 et 8 h 00, ce qui nous donne 45 oiseaux à la minute! Qu’ont-ils fait lorsque le brouillard est apparu? Ont-ils continué leur déplacement sans voir où ils allaient? Ont-ils pris de l’altitude afin de voler au-dessus du brouillard? À moins qu’ils aient arrêté net à l’endroit où ils étaient rendus?
  • 2 Plongeons huards
  • 1 Grèbe jougris
  • 1 Fou de Bassan – Seulement un oiseau; c’est ce qui arrive lorsque l’on quitte le quai trop tôt!
  • 1 Balbuzard pêcheur
  • 1 Busard Saint-Martin
  • 2 Éperviers bruns
  • 2 Petites Buses – Vers midi, le brouillard s’est levé rapidement et deux Petites Buses en ont profité pour continuer leur migration.
  • 38 Pluviers semipalmés
  • 4 Pluviers kildirs
  • 4 Chevaliers grivelés
  • 2 Chevaliers solitaires
  • 4 Grands Chevaliers
  • 13 Petits Cheveliers
  • 15 Bécasseaux minuscules
  • 23 Labbes parasites – Oui, nous avons vu 23 Labbes parasites! Comme les Plongeons catmarins, la majorité de ces oiseaux se déplaçaient vers l’ouest d’un vol décidé, laissant croire qu’ils avaient eux aussi l’intention de s’envoler pour l’Arctique. Certaines journées, les labbes observés à Rivière-Ouelle sont plutôt en quête de nourriture, ce qui est très évident par leur comportement!
  • 23 Petits Pingouins
  • 1 Mouette tridactyle
  • 3 Mouettes de Bonaparte
  • 75 Goélands à bec cerclé
  • 75 Goélands argentés
  • 8 Goélands bruns – Cette fois, aucun oiseau n’a été vu en vol au large du quai. Un immature en plumage de première année (le même que la veille) et sept de troisième année étaient plutôt posés en bordure de la rivière. Le nombre élevé d’oiseaux de troisième année nous surprend toujours. En toute logique, ils devraient pourtant être de la classe d’âge la moins commune (puisque des immatures meurent à chaque année et que le plumage adulte est conservé durant toute la vie de l’oiseau à partir de sa quatrième année). Comment se fait-il alors que nous voyons tant de Goélands bruns en plumage de troisième année??? Plusieurs resemblent vraiment à des adultes vus de loin et ce n’est que lorsqu’ils sont vus de plus près ou encore en vol que les couvertures alaires brunâtres deviennent apparentes.

Dans ce groupe de 62 goélands photographiés dans le brouillard se trouvent huit Goélands bruns. 
Voyez-vous l’oiseau en plumage de premier été?
Goélands bruns (Lesser Black-backed Gulls – Larus fuscus), Goélands argentés (Herring Gulls – Larus argentatus
et Goélands à bec cerclé (Ring-billed Gulls – Larus delawarensis)
Rivière-Ouelle – 14 mai 2016 © Claude Auchu
  • 5 Goélands marins
  • 4 Pics mineurs
  • 1 Pic chevelu
  • 6 Pics flamboyants
  • 1 Moucherolle des aulnes – Une présence surprenante aussi tôt par ce printemps frisquet. Je n’avais d’ailleurs jamais observé cette espèce aussi hâtivement dans la région, ma date record était auparavant le 19 mai 2012.
  • 1 Moucherolle phébi
  • 1 Viréo à tête bleue
  • 12 Alouettes hausse-col
  • 18 Hirondelles bicolores
  • 2 Hirondelles rustiques
  • 13 Mésanges à tête noire
  • 5 Sittelles à poitrine rousse
  • 1 Sittelle à poitrine blanche
  • 1 Troglodyte des forêts
  • 3 Grives solitaires
  • 1 Moqueur chat
  • 1 Plectrophane lapon
  • 1 Plectrophane des neiges – Lors des matins sans vent (c’est rare, mais ça arrive!), le quai de Rivière-Ouelle est un bel endroit où repérer des passereaux à leurs cris. Samedi, un Plectrophane des neiges et un lapon tardifs ont tous deux été nettement entendus.
  • 1 Paruline noir et blanc
  • 1 Paruline à joues grises
  • 1 Paruline masquée
  • 1 Paruline à collier

Paruline à collier (Northern Parula – Setophaga americana)
Rivière-Ouelle – 14 mai 2016 © Claude Auchu
  • 1 Paruline bleue – Malgré les 15°C et les insectes présents un peu partout, un mâle se nourrissait d’un pain d’oiseaux à une mangeoire! Nous n’avions jamais vu auparavant de Paruline bleue à une mangeoire!?!
  • 33 Parulines à croupion jaune
  • 10 Bruants familiers
  • 3 Bruants des prés
  • 33 Bruants chanteurs
  • 1 Bruant des marais
  • 50 Bruants à gorge blanche
  • 9 Bruants à couronne blanche
  • 1 Junco ardoisé
  • 2 Cardinaux à poitrine rose – Ce couple également se nourrissait sur le même pain d’oiseaux que la Paruline bleue (mais pas au même moment…). Ces mélanges ont parfois un succès surprenant!
  • 30 Carouges à épaulettes
  • 1 Quiscale rouilleux
  • 53 Quiscales bronzés
  • 3 Vachers à tête brune
  • 1 Oriole de Baltimore – Un mâle était de retour à ce qui est probablement le seul site de nidification de l’espèce à Rivière-Ouelle.
  • 3 Roselins pourprés – Durant la dernière semaine, les roselins semblent avoir presque déserté nos sites. Sont-ils partis nicher?
  • 4 Tarins des pins
  • 48 Chardonnerets jaunes
  • 2 Moineaux domestiques

Dimanche matin, en attendant le retour de la pluie, j’ai fait une courte sortie à Rivière-Ouelle afin de voir si le mouvement de Plongeons catmarins était encore perceptible. Un vent fort soufflait du nord-est (ce qui, en partant, ne m’a jamais semblé propice aux gros déplacements de catmarins) et très peu d’oiseaux étaient en effet visibles.

L’occasion est belle pour moi de vous expliquer la façon dont je comprends les mouvements des oiseaux marins à Rivière-Ouelle, en particulier au large du quai. Les observateurs d’oiseaux connaissent très bien l’effet de concentration que peut produire sur les oiseaux terrestres un cap ou une pointe s’avançant dans un plan d’eau d’importance. Nous avons tous déjà vu un petit groupe de passereaux migrateurs coincés à l’extrémité d’un boisé, d’une pointe ou d’un cap qui hésitent à s’envoler au-dessus des champs ou du cours d’eau qui se trouve devant eux. Après plusieurs tentatives, ces oiseaux finissent tous par quitter ce cul-de-sac. La même chose existe à plus grande échelle, on a qu’à penser à Cape May au New Jersey, à Gibraltar dans le sud de l’Espagne ou à Falsterbo en Suède. À ces endroits, c’est toute une gamme d’oiseaux terrestres qui se concentrent et font les cents pas avant de finalement s’élancer au-dessus de l’eau.
Mes observations à Rivière-Ouelle au fil des années m’ont mené à croire que la situation géographique de l’endroit joue un peu le même rôle, mais cette fois pour les espèces marines. Comme les oiseaux terrestres entassés au bout d’un cap, il m’apparaît évident que les oiseaux marins se rassemblent au large de Rivière-Ouelle et hésitent à s’envoler au-dessus de la terre ferme et, surtout, de la partie moins salée du fleuve qui se trouve en amont. Ce serait donc en grande partie la salinité qui forme cette sorte de « cap » qui bloque les oiseaux marins à Rivière-Ouelle. Le Plongeon catmarin est l’espèce dont la concentration est la plus évidente, mais le Labbe parasite et le Fou de Bassan sont aussi des migrateurs réguliers à Rivière-Ouelle qui ne se rencontrent pratiquement jamais plus à l’ouest le long de la rive sud du Saint-Laurent. Il nous est arrivé à plusieurs reprises de voir de petits groupes de Fous de Bassan remonter le fleuve pour les voir redescendre plus tard durant la matinée, comme s’ils n’avaient pas aimé ce qu’ils avaient trouvé en amont. En octobre 2013, nous avions même vu un Océanite cul-blanc faire carrément demi-tour devant le quai pour retourner vers l’estuaire maritime. D’ailleurs, même pour nous, simples observateurs d’oiseaux, la différence entre la végétation aquatique aux deux extrémités de la grande baie de Sainte-Anne est évidente : le décor de la pointe de la rivière Ouelle à marée basse est très différent de celui de Saint-Roch-des-Aulnaies, situé un petit 15 kilomètres plus à l’ouest. De toute évidence, les oiseaux marins réussissent à saisir cette différence même au loin au large!
Et combien de temps ces oiseaux aquatiques séjournent-ils au bout du « cap » maritime de Rivière-Ouelle? Un même Plongeon catmarin s’attarde-t-il durant quelques jours ou plusieurs semaines? Quelles sont les conditions météorologiques qui les bloquent ici et celles qui les incitent à continuer leur voyage? Comme toujours, chaque tentative de réponse amène son lot de nouvelles questions…