mardi 24 novembre 2015

Grand Chevalier et Bécasseaux sanderlings tardifs!

Dans la région de La Pocatière, la température du mois de novembre a été jusqu’à maintenant relativement douce avec très peu d’écart entre les minimums et les maximums. On dirait vraiment que le thermomètre est toujours fixé à 3°C avec, comme résultat, qu’il n’y a pas encore eu de neige au sol dans la ville. Cela n’a cependant pas empêché les oiseaux insectivores et granivores de nous quitter pour être remplacés par les migrateurs et les hivernants qui sont arrivés dans la région aux dates habituelles. Les rives du fleuve sont tout de même encore libres de la petite bordure de glace qui se forme à la limite de la marée haute dès la mi-novembre. C’est probablement ce qui nous a permis de trouver deux espèces d’oiseaux de rivage à des dates records durant cette fin de semaine.
Un des plus grands plaisirs de notre hobby est sûrement la possibilité de trouver un oiseau à un endroit totalement inattendu. La découverte d’une Effraie des clochers morte en bordure d’une route à Chibougamau vendredi le 20 novembre est un exemple qui montre à quel point tout est possible chez les oiseaux. Cet étrange hibou n’a jamais été confirmé nicheur dans la province et la majorité des mentions québécoises provient du sud-ouest de la province, de la Montérégie en particulier. L’extrême sud du Vermont est l’endroit le plus près du Québec où l’espèce niche… et c’est tout de même à plus de 600 kilomètres de Chibougamau à vol d’oiseau! En automne, il arrive régulièrement que des oiseaux errent hors de leur aire, peut-être à la recherche de sites adéquats pour la prochaine saison de nidification. Le Héron garde-bœufs est un exemple bien connu. Il est bien sûr plus difficile de saisir ce genre de comportement chez une espèce strictement nocturne comme l’Effraie des clochers. Comme par hasard, les deux autres mentions québécoises d’effraies les plus extralimitales, à Delisle (Lac Saint-Jean) en décembre 1975 et à Val-d’Espoir (Gaspésie) en décembre 1989, ont été rapportées pratiquement au même moment de l’année que l’oiseau de Chibougamau. Il existe une mention dans la région de La Pocatière, un oiseau tué dans une grange de Mont-Carmel le 30 mai 1968. Il y a une vingtaine d’années, un résident de Rivière-Ouelle me racontait qu’un agriculteur du village avait vu un harfang dans sa grange au mois de juin… un hibou de couleur claire dans une grange en été??? Vous comprendrez que j’ai immédiatement pensé qu’une autre effraie avait réussi à atteindre ma région!!! Maintenant, pratiquement à chaque fois que nous voyons les vieux bâtiments de ferme en entrant à Rivière-Ouelle tôt le matin, nous disons à la blague : « Est-ce que l’effraie est là? ». Un jour, nous en verrons une!!!

En attendant, c’est encore par Rivière-Ouelle que nous avons débuté notre fin de semaine ornithologique. Les vents modérés du sud-ouest qui soufflaient au quai ne correspondaient pas aux conditions idéales, mais comme les prévisions semblaient encore pires pour dimanche, nous avons fait contre mauvaise fortune bon cœur. Nous avons tout de même passé près de trois heures à scruter le large avant de migrer vers nos sites forestiers traditionnels.

Samedi le 21 novembre, nous avons exploré la municipalité de Rivière-Ouelle en tout sens entre 6 h 35 et 12 h 15. Nous avons récolté ces 36 espèces :
  • 420 Oies des neiges – Un petit mouvement migratoire au lever du soleil s’est vite essoufflé.
  • 7 Canards noirs
  • 43 Eiders à duvet
  • 22 Macreuses brunes
  • 42 Macreuses à bec jaune
  • 2 Garrots à œil d’or
  • 11 Grands Harles
  • 2 Harles huppés
  • 4 Gélinottes huppées
  • 64 Plongeons catmarins
  • 1 Épervier brun
  • 1 Grand Chevalier – Je n’avais jamais observé cette espèce aussi tardivement dans la région! La présence de cet oiseau me permet d’envoyer aux oubliettes (mais elles resteront tout de même dans mes archives) les mentions d’un oiseau à Rivière-Ouelle les 19 novembre 1988 et 1989. C'est aux Escoumins, le 23 novembre 1999, que j’ai observé mon Grand Chevalier vraiment le plus tardif.
  • 1 Bécasseau violet
  • 6 Guillemots à miroir
  • 200 Goélands à bec cerclé
  • 20 Goélands argentés
  • 20 Goélands arctiques
  • 20 Goélands marins
  • 17 Pigeons bisets
  • 7 Tourterelles tristes
  • 2 Pics mineurs
  • 1 Pic chevelu
  • 1 Faucon émerillon – Un oiseau portant un plumage femelle particulièrement pâle nous a grandement surpris.
  • 5 Geais bleus
  • 7 Corneilles d’Amérique
  • 12 Grands Corbeaux
  • 16 Mésanges à tête noire
  • 6 Sittelles à poitrine rousse
  • 12 Étourneaux sansonnets
  • 25 Jaseurs boréaux
  • 220 Plectrophanes des neiges – Encore une fois, des oiseaux migraient très loin au large, au-dessus des flots.
  • 1 Junco ardoisé
  • 1 Roselin pourpré
  • 140 Sizerins flammés
  • 10 Chardonnerets jaunes
  • 1 Gros-bec errant

Comme il arrive parfois, et c’est presque toujours durant les journées où la visibilité est tout juste moyenne, un oiseau qui survolait le fleuve en direction ouest très loin au large du quai n’a pu être identifié. Il volait au ras de l’eau et n’a jamais remonté assez haut pour être vu sur fond de montagne, ce qui nous aurait sûrement aidé à le reconnaître. Nous l’avons suivi le plus longtemps possible alors qu’il volait face au vent en battant continuellement des ailes, sans jamais planer. Il nous a semblé de la taille d’un goéland, sans cou ou tête proéminent, sans longue queue ou pattes traînant derrière. Ce n’était pas un plongeon, ni un grèbe, ni un fou, ni un labbe… Un autre oiseau intéressant qui restera à jamais non-identifié!

Pour dimanche, nous avons opté pour une simple tournée à La Pocatière. Nous avons pensé faire une tournée des mangeoires, mais nous en ferons avec une telle régularité durant les prochains mois que nous avons préféré une courte promenade à vélo, sous une fine pluie.

Entre 7 h 10 et 10 h 40, dimanche le 22 novembre, nous avons réussi à voir ces 25 espèces à La Pocatière :
  • 9 Oies des neiges
  • 7 Canards noirs
  • 2 Grands Hérons
  • 1 Goéland à bec cerclé
  • 6 Goélands argentés
  • 21 Goélands arctiques – Est-ce que le Goéland arctique a déjà repris le titre de laridé le plus commun qu’il devrait détenir durant les quatre prochains mois?
  • 6 Goélands marins
  • 75 Pigeons bisets
  • 1 Pic mineur
  • 1 Pic chevelu
  • 3 Geais bleus
  • 9 Corneilles d’Amérique
  • 1 Grand Corbeau
  • 9 Alouettes hausse-col – Étrangement, les alouettes sont plus rarement observées dans la région en novembre qu’en plein cœur de l’hiver.
  • 27 Mésanges à tête noire
  • 2 Sittelles à poitrine rousse
  • 3 Merles d’Amérique
  • 60 Étourneaux sansonnets
  • 70 Jaseurs boréaux
  • 14 Plectrophanes des neiges
  • 1 Bruant hudsonien
  • 1 Bruant chanteur
  • 5 Sizerins flammés
  • 16 Chardonnerets jaunes
  • 40 Moineaux domestiques – Une quarantaine de moineaux présents à une même mangeoire faisait plaisir à voir. On est tout de même encore loin des 330 que j’avais observés à la meunerie maintenant désaffectée de La Pocatière le 28 janvier 1984!

Bécasseau sanderling (Sanderling – Calidris alba)
Kamouraska – 22 novembre 2015 © Claude Auchu
Sur l’heure du midi, un petit détour par Kamouraska au moment de la marée haute nous a permis de voir six Bécasseaux sanderlings tardifs. Comme le Grand Chevalier vu à Rivière-Ouelle la veille, ces oiseaux consituent la présence la plus tardive de l’espèce dont j’ai été témoin dans la région, battant celle du 19 novembre 2011 à Rivière-Ouelle. Et, encore une fois comme le Grand Chevalier, ma mention la plus tardive provient de l’autre côté du fleuve, cette fois à Baie-Sainte-Catherine, le 24 novembre 2000.