jeudi 5 janvier 2017

Un Solitaire de Townsend à Kamouraska!

À chaque année, le 1er janvier, je me réveille le matin avec une liste annuelle d’oiseaux complètement vide! Tous les efforts faits durant les douze mois précédents pour avoir la liste la plus complète possible des oiseaux qui se sont approchés à moins d’un kilomètre de moi ne compte plus. Je dois tout recommencer à zéro! Et c’est tant mieux!!! Je compte bien terminer l’année 2017 avec une liste encore mieux garnie que celle de 2016!!!!!
Ma liste de 2017 sera cependant dans un ordre très différent de celle de 2016. La dernière mise à jour de la liste taxinomique de l’American Ornithologists’ Union, celle qui fait autorité en Amérique du Nord, a instauré d’énormes changements dans la séquence des espèces. Ainsi, l’ordre étrange que vous remarquerez maintenant dans ce blogue n’est pas une erreur de ma part…

Puisque le fleuve n’a plus grand-chose à offrir, l’arrivée du mois de janvier marque souvent pour nous le retour des promenades dans les forêts de l’arrière-pays. Nous avons marqué le coup en ce 1er janvier en visitant les forêts de conifères de Saint-Onésime. Sur place, comme à bien des endroits cet hiver, un épais silence flottait tout autour de nous. Christiane a tout de même réussi à attirer quelques mésangeais, une des espèces-cibles de cette excursion, en imitant simplement leurs cris.

Dimanche le 1er janvier, voici les espèces que nous avons notées sur le territoire de Saint‑Onésime entre 8 h 00 et 10 h 20 :
  • 15 Pigeons bisets
  • 1 Pic mineur
  • 3 Pics chevelus
  • 1 Pie-grièche grise
  • 5 Mésangeais du Canada
  • 2 Geais bleus
  • 2 Corneilles d’Amérique
  • 4 Grands Corbeaux
  • 33 Mésanges à tête noire
  • 1 Roitelet à couronne dorée
  • 3 Étourneaux sansonnets
  • 21 Durbecs des sapins – Tous ces durbecs se trouvaient à des mangeoires dans le village. Depuis la raréfaction du Gros-bec errant depuis 20 ans, le durbec est devenu l’espèce de fringillidé la plus fiable dans la région en hiver. Leur nombre varie grandement d’une année à l’autre mais, au moins, ils sont là!

En revenant à La Pocatière, nous avons bien sûr vérifié si le Bruant des prés avait survécu au passage du Nouvel An. Il l’a fait de belle façon et avait même très bonne mine au soleil.

À La Pocatière, de 10 h 20 à 11 h 45, les oiseaux suivants se sont ajoutés à ma liste pour 2017 :
  • 15 Pigeons bisets
  • 16 Tourterelles tristes
  • 1 Pic mineur
  • 1 Pic chevelu
  • 7 Geais bleus
  • 12 Mésanges à tête noire
  • 80 Étourneaux sansonnets
  • 65 Jaseurs boréaux
  • 3 Moineaux domestiques

Moineau domestique (House Sparrow – Passer domesticus)
La Pocatière – 1er janvier 2017 © Claude Auchu
  • 15 Durbecs des sapins
  • 25 Gros-becs errants
  • 17 Plectrophanes des neiges
  • 1 Bruant des prés – Bonne année au Bruant des prés!

Bruant des prés (Savannah Sparrow – Passerculus sandwichensis)
La Pocatière – 1er janvier 2017 © Claude Auchu
  • 1 Quiscale bronzé

En soirée, en inscrivant ces espèces dans ma liste, je me suis souvenu que c’est le 1er janvier 1982 que j’ai commencé à noter tous mes oiseaux quotidiennement. Il y a donc de cela déjà 35 ans!!!

La journée de lundi s’annonçait ensoleillée, douce et sans vent. C’est donc sous des conditions parfois printanières que nous avons entrepris une tournée dans l’est de la région. Bien sûr, nous espérions un Faucon gerfaut (et pourquoi pas deux?), mais nous étions encore une fois ouverts aux surprises comme seuls les oiseaux semblent capables de nous en offrir.
Les conditions étaient tellement belles que nous avons débuté par un séjour prolongé à Rivière‑Ouelle. La marée qui commençait à peine à baisser et un petit vent du sud-ouest avaient déjà poussé beaucoup de glaces devant le quai. Au début de janvier et avec aussi peu d’eau libre, il est tout à fait normal que les canards aient été absents. Plusieurs goélands remontaient tout de même le fleuve très loin au large où un mince filet d’eau libre était à peine visible entre les glaces.

Voici les oiseaux que nous avons trouvés lundi le 2 janvier :

D’abord à Rivière-Ouelle de 7 h 30 à 10 h 30 :
  • 1 Bernache du Canada – Un individu qui semblait mal en point était couché dans un champ.
  • 14 Perdrix grises – Avec toute la neige reçue depuis le début de l’hiver, les Perdrix grises ont sûrement de la difficulté à trouver de la nourriture dans les champs. C’est sans doute pourquoi les compagnies de quatre et de dix oiseaux vues à Rivière-Ouelle s’alimentaient sous des mangeoires.

Perdrix grises (Gray Partridges – Perdix perdix)
Rivière-Ouelle – 2 janvier 2017 © Claude Auchu
  • 29 Pigeons bisets
  • 10 Tourterelles tristes
  • 2 Guillemots à miroir – L’œil aiguisé de Christiane a réussi à trouver deux guillemots se déplaçant loin au large du quai. L’espèce est rarement détectée à Rivière-Ouelle après le mois de décembre.
  • 42 Goélands argentés
  • 24 Goélands arctiques
  • 2 Goélands bourgmestres
  • 12 Goélands marins
  • 3 Geais bleus
  • 3 Corneilles d’Amérique
  • 2 Grands Corbeaux
  • 22 Mésanges à tête noire
  • 1 Sittelle à poitrine rousse – La Sittelle à poitrine rousse est une des espèces qui a déserté notre région cet hiver à cause de la faible production de graines sauvages. L’individu vu longuement à une mangeoire (sous laquelle se nourrissaient quatre Perdrix grises) est mon premier depuis le 10 octobre!!!
  • 155 Étourneaux sansonnets
  • 5 Plectrophanes des neiges
  • 1 Bruant à gorge blanche
  • 1 Junco ardoisé

Les oiseaux ont bien des façons de nous étonner. Parfois, c’est la présence elle-même de l’espèce qui est surprenante mais, à d’autres occasions, c’est la façon de les trouver qui est singulière. Nous avons eu l’occasion d’expérimenter les deux à la fois lors de notre passage à Kamouraska. Nous circulions très lentement en voiture dans un secteur partiellement boisé lorsque j’ai vu du coin de l’œil un passereau gris avec une longue queue apparaître derrière moi, sur ma gauche. J’ai d’abord cru à une Pie-grièche grise, une espèce bien présente dans la région depuis une semaine. Mais lorsque l’oiseau nous a doublé en passant à moins de quatre mètres de l’auto, j’ai reconnu avec stupeur le patron chamois des ailes d’un Solitaire de Townsend!!! L’image de cette fraction de seconde est maintenant imprimée dans ma tête pour l’éternité! En bafouillant à Christiane le nom de l’oiseau qui s’éloignait devant nous, je me suis rangé près du bosquet de conifères derrière lequel le solitaire venait de disparaître. En approchant doucement, nous avons réussi à le voir perché dans un petit feuillu, tout juste assez longtemps pour prendre deux mauvaises photos à contre jour. Extrêmement farouche, il est ensuite disparu derrière les conifères où il n’a pu être retrouvé! Ce fut bref, mais très intense!!!

Entre 10 h 45 et 13 h 00, nous avons noté les espèces suivantes à Kamouraska :
  • 9 Perdrix grises
  • 80 Pigeons bisets
  • 7 Tourterelles tristes
  • 2 Goélands argentés
  • 2 Goélands marins
  • 2 Éperviers de Cooper – Il y a une semaine, nous avions été surpris de voir un immature posé au sommet d’un silo dans le village de Kamouraska. Lundi, ce sont deux immatures qui ont été observés à six kilomètres l’un de l’autre, tous les deux en milieu champêtre! Encore une fois, un des oiseaux était bien installé sur un silo, un étrange poste de guet pour cette espèce plutôt forestière. En plus des Faucons gerfauts, il y a donc au moins deux Éperviers de Cooper qui profitent des pigeons de Kamouraska!!!
  • 1 Geai bleu
  • 3 Grands Corbeaux
  • 1 Solitaire de Townsend – Il ne s’agit que de la quatrième mention connue dans la région de Kamouraska‑L’Islet pour cette espèce des Rocheuses. Les précédentes provenaient de La Pocatière (2 novembre 1991 et 25 janvier au 16 février 1996) et de Saint-Adalbert (11 novembre 2006). C’est la cinquième fois que je trouve un solitaire, mais je n’en ai encore jamais vu se nourrir dans un arbre fruitier! Les précédents avaient passé de longs moments perchés au sommet de conifères et il était donc impossible de les retrouver les jours suivants. J’avais réussi à revoir l’oiseau de 1996 (en supposant qu’il s’agissait du même individu) à deux kilomètres du lieu de sa découverte initiale… et il était encore perché à la cime d’un conifère. Autre fait intéressant à noter, mes quatre premiers solitaires avaient tous provoqué un état d’alerte parmi les passereaux (mésanges, gros‑becs, chardonnerets…) présents aux alentours. Nous ne sommes donc pas les seuls chez qui la présence de ce rare visiteur provoque de fortes réactions!

Solitaire de Townsend (Townsend’s Solitaire – Myadestes townsendi)
Kamouraska – 2 janvier 2017 © Claude Auchu
  • 115 Étourneaux sansonnets

Nous n’avons finalement pas retrouvé de Faucon gerfaut, malgré des conditions d’observation parfaites. Mais un solitaire, ça vaut bien un gerfaut!

Mardi le 3 janvier, j’ai profité d’une journée supplémentaire de congé pour faire une courte visite à Rivière‑Ouelle. Puisque les canards ont quitté la région, j’étais prêt à me contenter des goélands qui avaient fait si belle figure la veille. Le fleuve était cette fois presque entièrement libre de glace, peut-être un effet de la marée encore haute et des vents faibles du nord-est. Ces belles conditions n’ont toutefois pas plus aux goélands qui sont demeurés invisibles. Alors que je repliais les pattes du trépied de mon télescope pour quitter les lieux, un groupe de plus de 150 Eiders à duvet est venu frôler le bout du quai! C’est la première fois que je note un groupe de cette taille en janvier dans la région. Avec les températures froides que nous avons connues en décembre et l’état des glaces des derniers jours, j’étais pourtant persuadé que même les canards de mer avaient vraiment quitté la région! Où ces eiders étaient-ils cachés depuis deux semaines? Il ne faut pas oublier non plus que ces eiders, qui remontaient le fleuve, auront ensuite à survoler les Appalaches pour atteindre la côte atlantique. Leur voyage est loin d’être terminé!