lundi 18 avril 2011

Un printemps timide!

Samedi le 16 avril, un autre avant-midi passé à Rivière-Ouelle! Comme le veut la tradition, c’est au quai que nous débutons la journée. Bien entendu, la tradition est de voir les oiseaux lorsqu’ils sont les plus actifs et, sur le fleuve, c’est très tôt le matin que ça bouge le plus! En cette matinée glaciale (-7°C à 6 h 00), il faut être chaudement vêtu pour survivre au quai durant 150 minutes!!! Mais ça fait partie du jeu et, même si c’est souvent frustrant que des conditions adverses viennent nuire à mon passe-temps favori, je m’entête habituellement à endurer ces contretemps. Est-ce par intérêt incontrôlé pour les oiseaux ou simplement parce que je suis têtu de nature…?
Toujours est-il qu’à 5 h 50 nous sommes déjà au bout du quai à essayer de mettre un nom sur les oiseaux circulant loin au large. La visibilité est très moyenne et il faut souvent suivre les oiseaux longtemps au téléscope pour réussir à bien saisir leur jizz et pouvoir enfin les identifier. Beaucoup de temps perdu à jouer avec le zoom et un grand nombre d’oiseaux laissés non-identifiés.
Voici la liste partielle des espèces observées à Rivière-Ouelle entre 5 h 40 et 11 h 25 :
  • 45 Bernaches cravants
  • 175 Bernaches du Canada
  • 295 Canards noirs
  • 37 Canards colverts
  • 3 Canards pilets
  • 12 Sarcelles d’hiver
  • 27 Fuligules à collier
  • 21 Fuligules milouinans
  • 148 Eiders à duvet – Tous les oiseaux se dirigent vers l’est. Il s’agit donc sûrement d’oiseaux ayant atteint le fleuve en amont de Rivière-Ouelle après un vol au-dessus des terres à partir de la côte atlantique et qui descendent vers l’estuaire pour nicher. À La Pocatière au fil des années, nous avons observé à plusieurs reprises des groupes d’eiders arrivant ainsi de l’intérieur des terres au printemps, un phénomène dont nous n’avons pourtant jamais entendu parler dans une publication!!! Mais je vous jure que c’est étrange de voir ces gros canards de mer surgirent derrière les montagnes à haute altitude!
  • 500 Macreuses à bec jaune – Comme c’est toujours le cas pour la Macreuse à bec jaune, les oiseaux se déplaçant tôt le matin se sont par la suite regroupés en un grand radeau à l’ouest du quai. Vers la fin d’avril, leur nombre atteint parfois plus de 5000 individus!
  • 43 Hareldes kakawis
  • 1 Petit Garrot – Ce minuscule canard se présente toujours dans la région vers la même date : depuis sept ans, nous avons vu nos premiers de l’année à six reprises entre le 16 et le 22 avril. Ces arrivées peuvent paraître tardives lorsque l’on pense que l’espèce hiverne sans mal à l’embouchure de la rivière Saguenay, à moins de 75 kilomètres au nord-est de Rivière-Ouelle.
  • 72 Garrots à œil d’or
  • 60 Grands Harles
  • 17 Harles huppés
  • 109 Plongeons catmarins
  • 167 Cormorans à aigrettes
  • 9 Grands Hérons
  • 5 Buses pattues
  • 123 Quiscales bronzés
Aucun Petit Pingouin n’a été vu ce matin (je devrais peut-être plutôt dire « identifié »). À Rivière-Ouelle, il arrive régulièrement que le pingouin passe ainsi de commun à absent en quelques jours; le contraire est aussi vrai… je cherche toujours la raison!?!
À l’heure du souper, un Épervier de Cooper houspillé par une corneille est visible depuis la fenêtre de notre cuisine, à La Pocatière. Finalement, malgré les conditions d’observation difficiles, nous avons tout de même terminé la journée de samedi avec 43 espèces.
Dimanche après-midi, le 17 avril, nous sommes sortis sous une pluie fine (celle qui a suivie la neige et qui a précédé les gros vents du sud-ouest) en partie pour vérifier si nos fidèles Becs-croisés des sapins étaient encore à leur site habituel. Six oiseaux étaient sur place à notre arrivée et, surprise! un Bec-croisé bifascié les accompagnait! Cet individu probablement un peu désespéré descendait fouiller dans les cônes de pin avec ses cousins, une nourriture sûrement plus difficile à atteindre pour lui. C’est mon premier Bec-croisé bifascié depuis le 16 janvier dernier et probablement le premier que je vois vraiment intégré dans un groupe de Becs-croisés des sapins. Par la même occasion, 30 Jaseurs boréaux sont vus mangeant des bourgeons floraux d’érable. Les années de disette permettent de voir à quel point nos oiseaux sont pleins de ressources.
Une personne de mon entourage s’inquiète souvent pour les oiseaux durant les périodes de températures inclémentes comme celle de cette fin de semaine. Les espèces arrivant au Québec à la mi-avril ne doivent pas trop souffir de la neige et du froid. Les conditions que nous connaissons présentement ressemblent sûrement à celles que ces oiseaux ont à subir dans leurs quartiers d’hiver et même les Hirondelles bicolores doivent réussir à traverser ces conditions sans trop de problème. Mais lorsque nos oiseaux hivernant en Amérique du Sud arrivent en mai et qu’ils ont à affronter de la neige ou de longues périodes de vents froids, c’est une toute autre affaire!!! J’ai déjà vu des parulines, des Hirondelles rustiques et des Martinets ramoneurs subirent de telles épreuves et certains y ont laissé leur peau!