mardi 5 mars 2013

Un Canard pilet..., déjà!

Pour cette première fin de semaine « printanière », il est certain que nous aurions préféré une température permettant de longues minutes profitables passées à l’extérieur. Malheureusement, comme la majorité des observateurs d’oiseaux du sud du Québec, nous avons eu à faire face à une fin de semaine très humide. Les averses de neige fondante se sont succédées sans cesse durant ces deux jours, faisant passer la visibilité de 20 kilomètres à moins de un en quelques minutes et permettant à de beaux bancs de brume de se développer par endroit! Le mercure est tout de même demeuré près du point de congélation, ce qui a permis d’éviter les accumulations de neige. Cette température douce a eu le temps de faire son effet et le fleuve Saint-Laurent s’est complètement débarrassé de ses glaces durant la semaine. Est-ce que ce sera suffisant pour pousser les premiers canards migrateurs jusqu’ici, malgré le vent du nord-est qui a soufflé durant une bonne partie de la semaine dernière?
C’est dans de telles conditions que nous nous rendons compte à quel point le succès (et en partie le plaisir) des excursions ornithologiques dépend de la météo. Je le sais depuis toujours, mais c’est surtout depuis que je tiens ce blog que cette situation me semble plus évidente. Depuis deux ans,  je me suis effectivement aperçu qu’il est très difficile de parler des espèces d’oiseaux rencontrées sur le terrain sans discuter en même temps des aléas dictés par Dame Météo.

La décision de commencer la fin de semaine à Rivière-Ouelle était facile à prendre. Samedi matin, avant de nous rendre au quai, nous avons fait un petit détour pour inspecter une autre section du rivage. À cet endroit, se laissant bercer par les vagues, quelques canards ont rapidement attiré notre attention : six Canards noirs et, oh! surprise! un Canard pilet mâle!!! La présence des Canards noirs est elle-même d’intérêt, je n’ai que deux ou trois mentions d’oiseaux vus ici en janvier ou février; ce nombre risque d’ailleurs d’augmenter au cours des prochaines années, avec le rivage qui demeure libre de glace de plus en plus longtemps. Pour ce qui est des Canards noirs réellement migrateurs, seul un individu en déplacement à Rivière-Ouelle le 28 février 2010 est plus hâtif! Mais la présence d’un Canard pilet est beaucoup plus surprenante et confirme que ces canards étaient bien des migrateurs. Je verrais mal un pilet essayer d’hiverner dans la région de La Pocatière alors que même des Grands Harles ont de la difficulté à le faire! En fait, même dans la grande région de Québec, les mentions vraiment hivernales de Canards pilets sont rares. Ma mention la plus hâtive de l’espèce dans la région a été effectuée l’an dernier, durant la vague de chaleur historique de la mi-mars. Le 18 mars 2012, en effet, ce sont pas moins de 45 pilets qui s’étaient déplacés par Rivière-Ouelle! La date normale d’arrivée dans ma région est plutôt vers le 25 mars. J’ai tout de même deux mentions intéressantes de l’espèce en hiver à l’est ou au nord de ma région, une femelle vue à Dégelis le 5 février 2011 et, mieux encore, un mâle qui était apparu aux Escoumins le 18 février 2002 et qui était resté sur place jusqu’au printemps! Comme tous les oiseaux, les canards sont pleins de ressources et ce n’est souvent que la disponibilité de nourriture qui décide si un hivernage réussi sera possible!
Motivés par le Canard pilet, c’est avec de grandes ambitions que nous nous sommes ensuite dirigés vers le quai. Bien abrités de la neige mouillée et du vent du nord-est, nous avons espéré le passage de migrateurs durant plus d’une heure. Mais il semble bien que les quelques canards vus un peu plus tôt aient été les seuls à avoir atteint la région. Pas même un seul canard plongeur, comme les Grands Harles qui hivernent pourtant dans le secteur, ne s’est montré. Il est vrai que nous ne sommes tout de même qu’au début de mars…

En attendant mieux, voici donc les espèces rencontrées à Rivière-Ouelle samedi le 2 mars :
  • 6 Canards noirs
  • 1 Canard pilet – Youpi!!!
  • 4 Perdrix grises
  • 3 Goélands marins
  • 16 Pigeons bisets
  • 8 Tourterelles tristes
  • 1 Pie-grièche grise
  • 6 Corneilles d’Amérique – Seulement!
  • 1 Grand Corbeau
  • 3 Mésanges à tête noire
  • 220 Étourneaux sansonnets
  • 14 Plectrophanes des neiges
  • 1 Tohi à flancs roux – Il aurait été impensable de ne pas ajouter cette vedette à notre liste du mois de mars!
  • 40 Sizerins flammés
  • 2 Moineaux domestiques
Il est à remarquer qu’aucun Harfang des neiges ne s’est montré durant l’avant-midi passé à Rivière-Ouelle, ce qui laisse croire que les cinq oiseaux vus la semaine dernière n’étaient que de passage. Même avec les mauvaises conditions de visibilité et le vent, nous aurions dû voir au moins un de ces gros hiboux s’ils étaient encore sur place.

La matinée de dimanche a ressemblé énormément à celle de samedi et, encore une fois, nos efforts pour trouver des oiseaux ont été contrés par la météo. D’un autre côté, la température très douce a rendu certains oiseaux très fébriles et il est très évident que la saison de reproduction est déjà entamée pour certains d’entre eux. Ainsi, en plus des Corneilles d’Amérique qui sont maintenant très volubiles, les Tourterelles tristes ont commencé à chanter, les Moineaux domestiques mâles poursuivent les femelles avec ardeur et les Mésanges à tête noire sifflotent un peu partout.
Nos excursions pourront donc bientôt reprendre leur durée normale des beaux jours et les messages que vous lirez seront allongés en conséquence. L’ hiver 2012-13 se retrouvera enfin dans les archives…