Samedi matin, afin de profiter de la courte période de calme après la tempête, nous nous sommes dépêchés de nous diriger vers Rivière-Ouelle. En arrivant au quai au lever du soleil, nous avons été confrontés à un fleuve presque complètement recouvert de glace, laissant très peu d’espace pour les canards et goélands que nous souhaitions voir. Il faut tout de même se rappeler qu’il est loin d’être anormal que le Saint-Laurent soit gelé à ce point à la mi-mars, ce serait plutôt le contraire! Jusqu’au début des années 1990, il était souvent inutile de nous rendre au quai avant les tout derniers jours du mois de mars tellement les glaces étaient omniprésentes. Espérer voir un canard à partir du quai était donc souvent inutile. De toute façon, puisqu’il n’y avait pas encore de résidents permanents près du quai à cette époque, la route d’accès n’était tout simplement pas entretenue durant l’hiver! Bien sûr, la succession d’hivers particulièrement doux des dernières années a rapidement modifié nos repères et des conditions qui étaient normales il y a 25 ans à peine nous rendent maintenant plutôt impatients.
Malgré les glaces, les conditions d’observation étaient tout de même plutôt agréables samedi matin, d’autant plus que les vents forts du sud-ouest que nous redoutions avaient été remplacés par une douce brise du nord-est. Les chutes de neige irrégulières n’ont pas vraiment nuit à la visibilité puisque, de toute façon, il n’y avait presque rien à voir… Le mercure tournant autour du point de congélation nous a permis d’étirer notre séjour au quai pendant plus de 90 minutes. Le reste de l’excursion s’est passé à explorer les différents recoins de la municipalité, mais avec encore très peu de résultats.
Même en prolongeant l’excursion de 6 h 50 à 10 h 00, nous n’avons réussi à voir que ces quelques espèces à Rivière-Ouelle samedi le 15 mars :
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3 Grands Harles
- 19 Tourterelles tristes – Deux oiseaux étaient présents près du quai, un endroit que l’espèce ne fréquente pas en hiver. Ils s’approchent donc des sites de nidification…
- 2 Harfangs des neiges
- 4 Geais bleus
- 31 Corneilles d’Amérique
- 2 Grands Corbeaux
- 4 Mésanges à tête noire
- 1 Sittelle à poitrine rousse
- 75 Étourneaux sansonnets
- 5 Plectrophanes des neiges
Il nous restait encore bien du temps à remplir avant de retourner à la maison, alors pourquoi ne pas faire une petit détour par Saint-Pacôme? Sur place, les oiseaux étaient beaucoup plus fébriles qu’à Rivière-Ouelle et l’arrivée du printemps se faisait enfin sentir. Cette petite heure passée à Saint-Pacôme nous aura permis d’être témoins de bien des comportements qui nous ont presque fait oublier l’interminable hiver qui s’étire encore et encore. Voyez vous-mêmes :
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62 Tourterelles tristes – Les tourterelles étaient très actives et se déplaçaient sans cesse, souvent en couples, au rythme de leurs hormones.
- 2 Pics chevelus – Eux, ils frappaient à grands coups sur les poteaux.
- 12 Geais bleus – Les geais étaient encore une fois les plus bruyants. Les mouvements de bas en haut de leur tête s’adressaient cependant bien à l’oiseau posé juste en face d’eux et non à tous les autres qui vociféraient partout dans le village.
- 6 Corneilles d’Amérique
- 11 Mésanges à tête noire
- 2 Merles d’Amérique – D’où sortaient-ils ceux-là??? Après avoir été presque absents depuis le début de 2014, voilà que deux oiseaux se poursuivaient comme s’ils défendaient un territoire!
- 30 Étourneaux sansonnets
- 1 Junco ardoisé – Même le junco se sentait invincible, poursuivant sans cesse le Cardinal rouge jusqu’au sommet de grands érables.
- 1 Cardinal rouge – Le mâle qui a passé l’hiver discrètement dans le village était bien en voix samedi matin! Même si j’ai suivi l’hivernage de plusieurs cardinaux dans le secteur au fil des années, il ne m’est arrivé que très rarement de les entendre chanter. Tout porte à croire qu’ils quittent la région rapidement à l’arrivée des beaux jours (pour aller où?), sans avoir trouvé de partenaire pour nicher localement.
Cardinal rouge – Saint-Pacôme – 15 mars 2014 © Claude Auchu |
Pour terminer, saviez-vous qu’un Pouillot boréal (Artic Warbler - Phylloscopus borealis - pour les détails, cliquez ici et ici) a été découvert aux Bermudes le 18 février dernier, une première mention dans l’est de notre continent? Ce petit passereau d’allure anonyme niche dans l’extrême nord de l’Eurasie jusque dans l’ouest de l’Alaska et hiverne dans le sud-est de l’Asie. Un des découvreurs, David Wingate, avait également trouvé un Gobemouche de Sibérie aux Bermudes le 28 septembre 1980!!! Ces deux oiseaux auraient très bien pu se retrouver au Québec, auriez-vous été en mesure de les reconnaître???