Petit à petit, l’hiver avance et le mois qui me semble
toujours le plus long de l’année est déjà presque terminé. Jusqu’à maintenant,
l’hiver 2014-15 ne me paraît pas particulièrement rude. Il n’y a encore que
très peu de neige au sol et le froid me semble dans les moyennes. De toute
façon, il y a tellement d’oiseaux un peu partout dans la région que cela
suffirait à rendre pour moi n’importe quel hiver très agréable. Je travaille
encore à la compilation de mes observations de 2014 et les rares mentions
d’oiseaux intéressants du mois de janvier de l’an dernier me font savourer
encore plus celui de cette année!
Jeudi dernier, j’ai bénéficié d’une journée libre
inattendue. Avec un soleil brillant de tous ses feux et un vent presque nul, il
était certain que je n’allais pas résister à la tentation de passer
l’avant-midi à l’extérieur. De si belles conditions allaient peut-être inciter
le Troglodyte de Caroline à être plus actif qu’au cours des dernières fins de
semaine. Mon premier arrêt a donc été à sa mangeoire habituelle où Christiane
et moi l’avions encore noté quelques jours auparavant. En compagnie de
Jean-François Rousseau rencontré sur place, j’ai attendu et attendu mais, rien
à faire, l’oiseau-vedette n’était peut-être pas encore réveillé.
À ma deuxième visite sur l’heure du midi, le Troglodyte de
Caroline s’est finalement présenté à la mangeoire. Il s’est rapidement dirigé
vers le mélange de beurre d’arachide et de saindoux où je pouvais le voir et
même l’entendre frapper du bec sur la nourriture gelée! Après plus de trois
minutes à se nourrir, il a traversé devant moi pour aller se percher sur une
haie. Il est resté immobile sur place durant une dizaine de minutes, à profiter
des rayons du soleil. J’aurais bien aimé l’entendre chanter, surtout par une si
belle journée sans vent. Mais si, comme tout semble l’indiquer, il ne reste
qu’un seul oiseau, il est possible que ce soit la femelle!
En voyant ainsi ce troglo essayer de traverser l’hiver
québécois au nord du 47e parallèle, certaines réflexions me
sont venues à l’esprit. Devrais-je le considérer comme une « pauvre petite
bête » parce que, oui, lorsque le mercure n’atteint que -10°C, un tel
oiseau fait vraiment pitié. Mais, d’un autre côté, cette espèce essaie de
coloniser de nouveaux territoires et il est certain qu’elle atteindra un jour
une limite infranchissable. Si certains Troglodytes de Caroline, comme ceux de
La Pocatière, trouvent une mangeoire où ils sont dorlotés par les Humains,
les oiseaux colonisateurs qui s’installent pour l’hiver loin de toute
habitation finissent eux aussi par mourir, mais sans que personne ne s’en rende
compte. Les Troglodytes de Caroline ne sont pas les premiers, nos ancêtres sont
aussi passés par là!
Entre ces pensées, j’ai tout de même observé les oiseaux
durant 4 h 30 (de 8 h 00 à 12 h 30) jeudi
le 22 janvier, pour atteindre un total de 24 espèces à
La Pocatière :
- 10 Pigeons bisets
- 2 Tourterelles tristes
- 1 Harfang des neiges
- 2 Pics mineurs
- 2 Pics chevelus
- 4 Geais bleus
- 3 Corneilles d’Amérique
- 8 Grands Corbeaux
- 12 Mésanges à tête noire
- 3 Sittelles à poitrine rousse
- 1 Sittelle à poitrine blanche
- 1 Troglodyte de Caroline
Troglodyte de Caroline (Carolina Wren – Thryothorus ludovicianus)
La
Pocatière – 22 janvier 2015 © Claude Auchu |
Troglodyte de Caroline (Carolina Wren – Thryothorus ludovicianus)
La
Pocatière – 22 janvier 2015 © Claude Auchu |
- 100 Étourneaux sansonnets
- 3 Jaseurs boréaux
- 10 Plectrophanes des neiges
- 1 Bruant à gorge blanche
- 1 Cardinal rouge – Une femelle, sûrement celle que nous avions vue au même endroit le 13 décembre dernier. Elle a aussi été vue à une mangeoire située 700 mètres plus loin à la fin de décembre.
- 15 Durbecs des sapins
- 10 Roselins pourprés
- 4 Becs-croisés bifasciés
- 25 Sizerins flammés
- 150 Tarins des pins
- 25 Gros-becs errants
- 25 Moineaux domestiques
Samedi, nous avons parcouru principalement le même trajet.
Nous avons été surpris de trouver encore plus d’individus pour bien des
espèces; la présence de Christiane et de son calepin de note y était sûrement
pour quelque chose!
Ces 26 espèces ont été croisées à La Pocatière samedi
le 24 janvier entre 7 h 40 et 12 h 00 :
- 1 Épervier brun – Un immature nous devançant de très peu a fait place nette à la première mangeoire!
- 1 Pigeon biset
- 33 Tourterelles tristes – Plus loin sur notre trajet, le vol affolé d’un groupe de tourterelles nous a indiqué que l’épervier était sûrement encore dans le secteur.
- 1 Harfang des neiges
- 1 Pic mineur
- 3 Pics chevelus
- 2 Geais bleus
- 20 Corneilles d’Amérique
- 10 Grands Corbeaux
- 30 Alouettes hausse-col – Les alouettes semblent bien répandues dans la région cet hiver.
- 22 Mésanges à tête noire
- 2 Sittelles à poitrine rousse
- 5 Sittelles à poitrine blanche – Nous avons certainement croisé la presque totalité des Sittelles à poitrine blanche présentes dans les limites de la ville. La population de cette espèce augmente très rapidement dans la région; elle y était encore rare il y a 20 ans à peine.
- 1 Troglodyte de Caroline – Le petit rouquin a encore fait une visite à la mangeoire en même temps que nous. Comme il arrive souvent lorsque la température n’est pas trop fraîche, il s’est d’abord annoncé par quelques cris avec lesquels nous devenons de plus en plus familiers. La température à peine sous le point de congélation lui aura sûrement fait encore plus de bien qu’à nous deux.
- 3 Merles d’Amérique – Avec l’arrivée simultanée de petits groupes de jaseurs et des merles, il se pourrait que les frugivores se présentent enfin dans la région.
- 100 Étourneaux sansonnets
- 28 Jaseurs boréaux
- 27 Jaseurs d’Amérique – Les deux espèces de jaseurs étaient présentes en quantités presque égales à quelques dizaines de mètres l’une de l’autre. Les deux groupes étaient homogènes.
- 24 Plectrophanes des neiges
- 1 Bruant à gorge blanche
- 28 Durbecs des sapins
- 21 Roselins pourprés
- 60 Becs-croisés bifasciés – Enfin une belle quantité de becs-croisés dans la ville!
- 23 Sizerins flammés
- 335 Tarins des pins
- 35 Gros-becs errants
Après deux journées à explorer
La Pocatière, nous avons choisi de faire le tour de quelques villages
durant la matinée du dimanche 25 janvier, en espérant y dénicher
certaines des espèces inhabituelles que nous avons continuellement en tête… Un
vent puissant est cependant venu nous rejoindre dès notre passage à
Rivière-Ouelle et nous a accompagné pour le reste du trajet. La visibilité
était même nulle par endroit à notre retour! Finalement, les six Perdrix grises
qui accompagnaient des Étourneaux sansonnets à une mangeoire de Rivière-Ouelle
ont facilement volé la vedette aux 17 autres espèces rencontrées. Nous
avons aussi apprécié la présence de trois Chardonnerets jaunes entre
Saint-Philippe-de-Néri et Mont-Carmel, l’espèce étant incompréhensiblement rare
cet hiver.
Dans la
région, c’est souvent en février que les fringillidés font leur apparition aux
mangeoires. Cet hiver, ils sont déjà communs depuis le mois de décembre. La
deuxième moitié de l’hiver s’annonce très bien!