mardi 27 janvier 2015

Après les granivores, l’arrivée des frugivores

Petit à petit, l’hiver avance et le mois qui me semble toujours le plus long de l’année est déjà presque terminé. Jusqu’à maintenant, l’hiver 2014-15 ne me paraît pas particulièrement rude. Il n’y a encore que très peu de neige au sol et le froid me semble dans les moyennes. De toute façon, il y a tellement d’oiseaux un peu partout dans la région que cela suffirait à rendre pour moi n’importe quel hiver très agréable. Je travaille encore à la compilation de mes observations de 2014 et les rares mentions d’oiseaux intéressants du mois de janvier de l’an dernier me font savourer encore plus celui de cette année!

Jeudi dernier, j’ai bénéficié d’une journée libre inattendue. Avec un soleil brillant de tous ses feux et un vent presque nul, il était certain que je n’allais pas résister à la tentation de passer l’avant-midi à l’extérieur. De si belles conditions allaient peut-être inciter le Troglodyte de Caroline à être plus actif qu’au cours des dernières fins de semaine. Mon premier arrêt a donc été à sa mangeoire habituelle où Christiane et moi l’avions encore noté quelques jours auparavant. En compagnie de Jean-François Rousseau rencontré sur place, j’ai attendu et attendu mais, rien à faire, l’oiseau-vedette n’était peut-être pas encore réveillé.
À ma deuxième visite sur l’heure du midi, le Troglodyte de Caroline s’est finalement présenté à la mangeoire. Il s’est rapidement dirigé vers le mélange de beurre d’arachide et de saindoux où je pouvais le voir et même l’entendre frapper du bec sur la nourriture gelée! Après plus de trois minutes à se nourrir, il a traversé devant moi pour aller se percher sur une haie. Il est resté immobile sur place durant une dizaine de minutes, à profiter des rayons du soleil. J’aurais bien aimé l’entendre chanter, surtout par une si belle journée sans vent. Mais si, comme tout semble l’indiquer, il ne reste qu’un seul oiseau, il est possible que ce soit la femelle!
En voyant ainsi ce troglo essayer de traverser l’hiver québécois au nord du 47e parallèle, certaines réflexions me sont venues à l’esprit. Devrais-je le considérer comme une « pauvre petite bête » parce que, oui, lorsque le mercure n’atteint que -10°C, un tel oiseau fait vraiment pitié. Mais, d’un autre côté, cette espèce essaie de coloniser de nouveaux territoires et il est certain qu’elle atteindra un jour une limite infranchissable. Si certains Troglodytes de Caroline, comme ceux de La Pocatière, trouvent une mangeoire où ils sont dorlotés par les Humains, les oiseaux colonisateurs qui s’installent pour l’hiver loin de toute habitation finissent eux aussi par mourir, mais sans que personne ne s’en rende compte. Les Troglodytes de Caroline ne sont pas les premiers, nos ancêtres sont aussi passés par là!

Entre ces pensées, j’ai tout de même observé les oiseaux durant 4 h 30 (de 8 h 00 à 12 h 30) jeudi le 22 janvier, pour atteindre un total de 24 espèces à La Pocatière :
  • 10 Pigeons bisets
  • 2 Tourterelles tristes
  • 1 Harfang des neiges
  • 2 Pics mineurs
  • 2 Pics chevelus
  • 4 Geais bleus
  • 3 Corneilles d’Amérique
  • 8 Grands Corbeaux
  • 12 Mésanges à tête noire
  • 3 Sittelles à poitrine rousse
  • 1 Sittelle à poitrine blanche
  • 1 Troglodyte de Caroline

Troglodyte de Caroline (Carolina Wren – Thryothorus ludovicianus)
La Pocatière – 22 janvier 2015 © Claude Auchu
Troglodyte de Caroline (Carolina Wren – Thryothorus ludovicianus)
La Pocatière – 22 janvier 2015 © Claude Auchu
  • 100 Étourneaux sansonnets
  • 3 Jaseurs boréaux
  • 10 Plectrophanes des neiges
  • 1 Bruant à gorge blanche
  • 1 Cardinal rouge – Une femelle, sûrement celle que nous avions vue au même endroit le 13 décembre dernier. Elle a aussi été vue à une mangeoire située 700 mètres plus loin à la fin de décembre.
  • 15 Durbecs des sapins
  • 10 Roselins pourprés
  • 4 Becs-croisés bifasciés
  • 25 Sizerins flammés
  • 150 Tarins des pins

Durant l’hiver, nous essayons rarement de deviner l’âge des oiseaux rencontrés. Pourtant, c’est relativement facile. Par exemple, le bout pointu des rectrices (plumes de la queue) de ce tarin indique qu’il s’agit d’un oiseau à son premier hiver. Un adulte aurait le bout de ces plumes plus arrondi.
Tarin des pins (Pine Siskin – Spinus pinus)
La Pocatière – 22 janvier 2015 © Claude Auchu 
  • 25 Gros-becs errants
  • 25 Moineaux domestiques

Samedi, nous avons parcouru principalement le même trajet. Nous avons été surpris de trouver encore plus d’individus pour bien des espèces; la présence de Christiane et de son calepin de note y était sûrement pour quelque chose!

Ces 26 espèces ont été croisées à La Pocatière samedi le 24 janvier entre 7 h 40 et 12 h 00 :
  • 1 Épervier brun – Un immature nous devançant de très peu a fait place nette à la première mangeoire!
  • 1 Pigeon biset
  • 33 Tourterelles tristes – Plus loin sur notre trajet, le vol affolé d’un groupe de tourterelles nous a indiqué que l’épervier était sûrement encore dans le secteur.
  • 1 Harfang des neiges
  • 1 Pic mineur
  • 3 Pics chevelus
  • 2 Geais bleus
  • 20 Corneilles d’Amérique
  • 10 Grands Corbeaux
  • 30 Alouettes hausse-col – Les alouettes semblent bien répandues dans la région cet hiver.
  • 22 Mésanges à tête noire
  • 2 Sittelles à poitrine rousse
  • 5 Sittelles à poitrine blanche – Nous avons certainement croisé la presque totalité des Sittelles à poitrine blanche présentes dans les limites de la ville. La population de cette espèce augmente très rapidement dans la région; elle y était encore rare il y a 20 ans à peine.
  • 1 Troglodyte de Caroline – Le petit rouquin a encore fait une visite à la mangeoire en même temps que nous. Comme il arrive souvent lorsque la température n’est pas trop fraîche, il s’est d’abord annoncé par quelques cris avec lesquels nous devenons de plus en plus familiers. La température à peine sous le point de congélation lui aura sûrement fait encore plus de bien qu’à nous deux.
  • 3 Merles d’Amérique – Avec l’arrivée simultanée de petits groupes de jaseurs et des merles, il se pourrait que les frugivores se présentent enfin dans la région.
  • 100 Étourneaux sansonnets
  • 28 Jaseurs boréaux
  • 27 Jaseurs d’Amérique – Les deux espèces de jaseurs étaient présentes en quantités presque égales à quelques dizaines de mètres l’une de l’autre. Les deux groupes étaient homogènes.
  • 24 Plectrophanes des neiges
  • 1 Bruant à gorge blanche
  • 28 Durbecs des sapins
  • 21 Roselins pourprés
  • 60 Becs-croisés bifasciés – Enfin une belle quantité de becs-croisés dans la ville!
  • 23 Sizerins flammés
  • 335 Tarins des pins
  • 35 Gros-becs errants

Après deux journées à explorer La Pocatière, nous avons choisi de faire le tour de quelques villages durant la matinée du dimanche 25 janvier, en espérant y dénicher certaines des espèces inhabituelles que nous avons continuellement en tête… Un vent puissant est cependant venu nous rejoindre dès notre passage à Rivière-Ouelle et nous a accompagné pour le reste du trajet. La visibilité était même nulle par endroit à notre retour! Finalement, les six Perdrix grises qui accompagnaient des Étourneaux sansonnets à une mangeoire de Rivière-Ouelle ont facilement volé la vedette aux 17 autres espèces rencontrées. Nous avons aussi apprécié la présence de trois Chardonnerets jaunes entre Saint-Philippe-de-Néri et Mont-Carmel, l’espèce étant incompréhensiblement rare cet hiver.
Dans la région, c’est souvent en février que les fringillidés font leur apparition aux mangeoires. Cet hiver, ils sont déjà communs depuis le mois de décembre. La deuxième moitié de l’hiver s’annonce très bien!