mardi 17 février 2015

Un Troglodyte de Caroline survivant, mais des Merles d’Amérique en perdition?

Le Troglodyte de Caroline est encore vivant!!! Je n’en reviens tout simplement pas!!! Malgré un effort particulier de notre part, nous ne l’avions pas vu depuis trois semaines et, à ma connaissance, personne ne l’avait signalé depuis le 31 janvier. Et, pourtant, il est encore là!!! Nous nous étions déjà fait à l’idée que les conditions vraiment hivernales qui sévissent depuis plus d’un mois avaient finalement eu raison de lui. Nous parlions même de lui au passé. Imaginez donc notre surprise samedi matin lorsque, en arrivant à la mangeoire que nous pensions être sa préférée, nous l’avons vu accroché à un silo à arachide, s’acharnant à en extraire des graines. Nous nous sommes rapidement éclipsés en silence, afin ne pas interrompre le repas dont il avait sûrement bien besoin par -22°C. L’oiseau était encore sur place à notre retour deux heures plus tard, semblant cette fois en meilleure forme.
Ce petit oiseau est un survivant! Si le mois de janvier m’avait semblé faussement clément, je dois avouer que, jusqu’à maintenant, février ne laisse aucune place au doute: il est vraiment « frette »! Pour avoir une idée de l’écart avec les températures normales à cette période de l’année, voici quelques données météorologiques de 2015 récoltées à La Pocatière entre le 1er et le 15 février :
  • La température maximale n’a grimpé au-dessus de -10°C que durant trois jours, le petit maximum étant de -7° le 4 février (à 23 h 00!)
  • La température minimale est cependant descendue sous les -20°C durant 12 journées, le plancher étant le -29° du 6 février
  • Le maximum moyen pour les 15 premières journées du mois n’a été que de -14°C alors que la normale pour la même période est de -7°C
  • Le minimum moyen en ce début de février 2015 n’est que de -23°C au lieu du -15° normal

Comment le Troglodyte de Caroline a-t-il pu survivre à ce temps glacial??? Il est maintenant évident qu’il fréquente au moins une autre mangeoire, que nous avons cherchée en vain la semaine dernière. Il est bien possible qu’il réussisse à se faufiler dans un abri quelconque pour la nuit, peut-être même partiellement chauffé.

Samedi matin, par cette autre journée belle mais froide, nous avons fait une longue promenade à travers la ville de La Pocatière. Le troglodyte, vu après seulement sept minutes de marche, a été la troisième espèce de la journée. Il a ensuite occupé nos conversations pour le reste de la matinée, pour ne pas dire de notre fin de semaine! 

Samedi le 14 février, ces 24 espèces étaient présentes sur le trajet de huit kilomètres que nous avons parcouru à La Pocatière entre 7 h 45 et 11 h 30 :
  • 1 Goéland arctique – Notre premier goéland de l’année, enfin!
  • 7 Tourterelles tristes
  • 3 Pics mineurs
  • 1 Pic chevelu
  • 3 Geais bleus
  • 6 Corneilles d’Amérique
  • 3 Grands Corbeaux
  • 18 Mésanges à tête noire
  • 3 Sittelles à poitrine rousse
  • 5 Sittelles à poitrine blanche
  • 1 Troglodyte de Caroline

Le survivant!
Troglodyte de Caroline (Carolina Wren – Thryothorus ludovicianus)
La Pocatière – 14 février 2015 © Claude Auchu
  • 2 Merles d’Amérique
  • 75 Étourneaux sansonnets
  • 20 Jaseurs boréaux
  • 3 Juncos ardoisés
  • 1 Cardinal rouge – Toujours la même femelle, toujours au même endroit.
  • 18 Durbecs des sapins
  • 4 Roselins pourprés
  • 1 Bec-croisé bifascié
  • 3 Sizerins flammés
  • 1 Sizerin blanchâtre – Un sizerin sur les quatre observés samedi était un S. blanchâtre, un taux de 25% que je n’ai sûrement jamais atteint auparavant!
  • 75 Tarins des pins
  • 2 Gros-becs errants
  • 7 Moineaux domestiques

Dimanche matin, nous nous sommes mis en route pour Rivière-Ouelle avec des attentes plutôt limitées. En plus du froid, le petit vent du nord-est soufflant de 20 à 30 km/h nous a rappelé que les endroits abrités sont souvent indispensables pour observer les oiseaux dans ce secteur ouvert et très plat!

Malgré des conditions plutôt ardues à Rivière-Ouelle, dimanche le 15 février, nous avons réussi à voir 20 espèces, dont quelques surprises, entre 7 h 30 et 10 h 00 :
  • 7 Perdrix grises – Une compagnie de six oiseaux et un autre solitaire, tous présents à des mangeoires. La quantité de neige au sol n’est pas très élevée dans la région, mais le froid oblige sûrement les perdrix à profiter de toutes les sources de nourriture disponibles.
  • 9 Goélands arctiques – Un petit groupe faisait des allers-retours continuels devant le quai.
  • 12 Pigeons bisets
  • 8 Tourterelles tristes
  • 2 Harfangs des neiges
  • 1 Pic chevelu
  • 4 Geais bleus
  • 1 Corneille d’Amérique
  • 3 Grands Corbeaux
  • 9 Alouettes hausse-col – Elles étaient tout près de mangeoires situées en milieu très ouvert, consommant probablement les graines dispersées par le vent.
  • 10 Mésanges à tête noire
  • 7 Étourneaux sansonnets
  • 2 Jaseurs boréaux
  • 100 Plectrophanes des neiges – Ils étaient aux mêmes mangeoires que les alouettes mais, eux, ils n’hésitaient pas à se poser dans les grands saules bordant la propriété.
  • 2 Durbecs des sapins
  • 19 Roselins pourprés
  • 50 Sizerins flammés
  • 160 Tarins des pins
  • 3 Chardonnerets jaunes
  • 10 Gros-becs errants

Profitant d’un petit détour par Saint-Pacôme, en passant par la Cannelle (c’est le nom bien épicé d’un rang de la région), nous avons ajouté :
  • 1 Chouette rayée – Repérée par l’exubérante Christiane (« Hey, j’ai vu une chouette!!! »), l’oiseau sommeillait perché dans une épinette orientée vers le soleil et à l’abri du vent. Deux Chouettes rayées durant la même semaine de février dans ma région, que se passe-t-il donc chez les chouettes?

Chouette rayée (Barred Owl – Strix varia)
Saint-Pacôme – 15 février 2015 © Claude Auchu
  • 1 Junco ardoisé

La semaine dernière, certains observateurs se demandaient comment les Merles d’Amérique hivernant dans l’est du Québec allaient survivre au passage des nombreux Jaseurs boréaux qui vidaient les arbres de leurs fruits. Pour ma part, je ne m’inquiète pas du tout pour les merles! Si certains seront sûrement trouvés morts d’ici la fin de l’hiver (mais est-ce vraiment à cause des jaseurs?), il faut souligner qu’un oiseau mal en point attire plus l’attention qu’un oiseau en pleine forme. Selon moi, lorsqu’il n’y aura plus de fruits disponibles, les merles feront comme les jaseurs et iront simplement voir ailleurs. Durant les sept hivers que nous avons passés aux Escoumins, il n’était pas rare de voir des groupes de merles se déplacer vers le sud-ouest même en plein mois de février. Ne sous-estimons pas les ressources des oiseaux (et le troglodyte était encore là pour nous le rappeler)!