mardi 30 août 2016

Dindons sauvages nicheurs et canards hors saison

Mes sorties ornithologiques de cette fin de semaine ont été plutôt étranges. Règle générale, nous essayons, Christiane et moi, de faire de longues sorties à un nombre limité de sites, habituellement un pour le samedi et un autre pour le dimanche, afin de diminuer les déplacements et augmenter le temps passé directement avec les oiseaux. La journée de samedi s’est déroulée selon notre routine habituelle, mais j’ai aussi fait une courte sortie en solo vendredi après-midi. Dimanche, les risques d’averses nous ont forcé à remettre à plus tard la longue promenade à vélo que nous avions prévue. Nous nous sommes donc retrouvés à parcourir la région en voiture à faire de petits arrêts un peu partout, ce qui nous a fourni 53 espèces durant la journée, mais très peu de passereaux.

Vendredi le 26 août, en après-midi, je me suis rendu à Saint-Onésime afin de tenter de voir la famille de Dindons sauvages qui m’avait encore été rapportées à quelques reprises durant la semaine. Après quelques allers-retours dans le secteur, j’ai fini par tomber par hasard sur la femelle suivie de près par ses dix gros dindonneaux. Le temps pour moi de saisir l’appareil-photo et la famille fuyait déjà sur ses longues pattes, ne me laissant le temps de prendre que quelques mauvaises photos. Mais elles montrent tout de même la première famille de Dindons sauvages signalée dans Kamouraska-L’Islet!
Dindons sauvages (Wild Turkeys – Maleagris gallopavo)
Saint-Onésime – 26 août 2016 © Claude Auchu
Habituellement, nous nous réjouissons de l’établissement d’une nouvelle espèce d’oiseaux dans la région mais, cette fois-ci, nous voyons cette arrivée d’une étrange façon. Nous avons beaucoup de difficultés à nous enlever de l’esprit que ces oiseaux ont atteint la région grâce à des lâchers répétitifs dans l’unique but d’amuser les chasseurs (et d’autres dindons continuent encore à être relâchés un peu partout). Si l’objectif réel de cette entreprise était de repeupler une région où l’espèce avait auparavant été exterminée (par les chasseurs…), j’imagine que la chasse aux dindons ne serait pas permise comme c’est actuellement le cas! De toute façon, il n’y a historiquement aucune preuve satisfaisante que les dindons vivaient au Québec avant l’arrivée des européens.
En 1850, on introduisait des Moineaux domestiques en Amérique pour combattre les insectes (même si les moineaux sont avant tout granivores); en 1890, ce sont des Étourneaux sansonnets qui étaient relâchés à New York simplement parce que l’on voulait introduire sur notre continent les oiseaux mentionnés dans l’œuvre de Shakespeare. Dans un cas comme dans l’autre, ce sont nos espèces indigènes qui ont dû se mesurer à ces oiseaux très adaptables. Un siècle plus tard, il faut admettre que l’Être humain n’a pas appris de ses erreurs. Il continue à introduire des espèces « payantes » comme le Dindon sauvage ou « symboliques » comme le Cygne trompette hors de leur aire historique au lieu de mettre ses efforts pour sauver des oiseaux plus fades comme, par exemple, le Bruant de Nelson. Bien sûr, ce n’est que mon avis…

Samedi matin, nous avons encore pu bénéficier de conditions vraiment idéales pour notre sortie hebdomadaire à Rivière-Ouelle. Après les vives émotions provoquées par nos rencontres avec des espèces pélagiques au cours des trois dernières fins de semaine, ce fut le retour à des observations plus normales, mais tout de même bien appréciées. Les vedettes de cette journée ont été les Mouettes tridactyles et les Sternes pierregarins, présentes en nombre appréciable et un Petit Garrot inattendu.

Parmi les 73 espèces rencontrées à Rivière-Ouelle samedi le 27 août entre 5 h 30 et 12 h 10, retenons les suivantes :
  • 37 Canards noirs
  • 7 Canards colverts
  • 1 Sarcelle d’hiver – Elle volait au-dessus du fleuve en compagnie d’une Macreuse brune, offrant tout un contraste entre notre canard le plus léger, la sarcelle (350 grammes), et un des plus lourd, la macreuse (1500 grammes).
  • 1 Fuligule milouinan
  • 128 Eiders à duvet
  • 9 Macreuses à front blanc
  • 71 Macreuses brunes
  • 1 Petit Garrot – Un oiseau en plumage femelle, peut-être celui que j’avais observé à La Pocatière il y a deux semaines, accompagnait une Garrot à œil d’or sur un étang. Une photo prise lors de son envol (provoqué par le départ soudain de colverts trop nerveux dont j’ignorais la présence) montre cependant qu’en plus des rémiges secondaires internes blanches, les grandes couvertures correspondantes sont également blanches. S’agirait-il d’un mâle immature, né l’année dernière, plutôt que d’une femelle comme je le croyais? Les informations disponibles sont souvent contradictoires!

 Garrot à œil d’or (Common Goldeneye – Bucephala clangulaet Petit Garrot (Bufflehead – Bucephala albeola)
Rivière-Ouelle – 27 août 2016 © Claude Auchu
En plus du petit carré blanc à l’intérieur de l’aile typique des femelles, 
le bout blanc des convertures laisse croire qu’il s’agit plutôt d’un jeune mâle.
Petit Garrot (Bufflehead – Bucephala albeola)
Rivière-Ouelle – 27 août 2016 © Claude Auchu
  • 1 Garrot à œil d’or
  • 1 Harle couronné
  • 19 Plongeons catmarins
  • 6 Plongeons huards
  • 5 Grèbes jougris
  • 1 Fou de Bassan
  • 540 Cormorans à aigrettes
  • 5 Urubus à tête rouge
  • 1 Pygargue à tête blanche – Un immature en plumage de première année.
  • 1 Busard Saint-Martin
  • 1 Épervier brun
  • 1 Pluvier bronzé
  • 39 Pluviers semipalmés
  • 2 Chevaliers grivelés
  • 1 Chevalier solitaire
  • 1 Grand Chevalier
  • 1 Courlis corlieu
  • 3 Tournepierres à collier
  • 14 Bécasseaux sanderlings

Bécasseau sanderling (Sanderling – Calidris alba)
Rivière-Ouelle – 27 août 2016 © Claude Auchu
  • 2 Bécasseaux minuscules
  • 70 Bécasseaux semipalmés
  • 2 Petits Pingouins
  • 33 Mouettes tridactyles – Toutes des juvéniles volant vers l’est en petits groupes. Même si cette mouette niche maintenant tout près du quai (à peine 15 kilomètres à l’est), ses visites jusqu’à Rivière-Ouelle sont encore relativement rares.
  • 84 Mouettes de Bonaparte
  • 100 Sternes pierregarins – Ces 100 sternes ont toutes été comptées une à une par Christiane, la spécialiste des décomptes, alors qu’elles migraient loin au large du quai.
  • 4 Colibris à gorge rubis
  • 1 Martin-pêcheur d’Amérique
  • 1 Faucon pèlerin
  • 1 Moucherolle des aulnes
  • 2 Moucherolles tchébecs
  • 4 Hirondelles rustiques
  • 6 Parulines obscures
  • 1 Paruline à joues grises
  • 2 Parulines masquées
  • 3 Parulines flamboyantes
  • 6 Parulines tigrées
  • 1 Paruline à tête cendrée
  • 1 Paruline à gorge orangée
  • 8 Parulines à croupion jaune
  • 1 Paruline à calotte noire

Paruline à calotte noire (Wilson’s Warbler – Cardellina pusilla)
Rivière-Ouelle – 27 août 2016 © Claude Auchu
  • 2 Goglus des prés – Ces deux oiseaux ont été entendus à partir du bout du quai. Les matinées sans vent dans un endroit aussi silencieux que le quai nous permet souvent d’entendre les cris de vol (« ping ping ») des goglus en migration.
  • 2 Becs-croisés bifasciés

En soirée, une courte sortie à La Pocatière m’a permis de voir les canards suivants :
  • 15 Canards chipeaux
  • 4 Canards d’Amérique
  • 5 Canards colverts
  • 10 Canards souchets
  • 2 Sarcelles d’hiver
  • 2 Fuligules à tête rouge – Deux mâles pour une autre présence hors saison pour ce canard dont les sites de nidification les plus près de la région se trouvent au sud du lac Saint-Pierre et, curieusement, à Saint-Fulgence, au Saguenay!

Dimanche matin, après des tentatives infructueuses pour trouver des passereaux forestiers, nous avons décidé d’attendre la marée haute et de plutôt nous concentrer sur les oiseaux aquatiques. Ce sont bien sûr les sites situés dans l’est de la région qui ont eu notre faveur.

Dimanche le 28 août, nous avons trouvé aux étangs de décantation de Saint-Pascal :
  • 4 Canards branchus
  • 4 Canards chipeaux
  • 2 Canards noirs
  • 7 Canards colverts
  • 1 Canard souchet
  • 100 Sarcelles d’hiver
  • 1 Érismature rousse – Un troisième canard hors saison en deux jours! Les mentions automnales d’érismature sont nettement plus rares que les printanières. L’oiseau de dimanche, un mâle au plumage nuptial usé, était présent à l’endroit même où j’avais observé mon tout premier érismature, un mâle également, le 1er juillet 1984.

À Kamouraska, l’afflux de touristes sur les rivages a donné aux limicoles la même idée qu’à nous deux : nous réfugier à Saint-Denis!
Et, sur place, nous y avons trouvé :
  • 407 Pluviers argentés – Tous des adultes en mue, ce qui a fait dire à Christiane : « Y’en a pas deux pareils!!! ».

Goélands à bec cerclé (Ring-billed Gulls – Larus delawarensiset 
Pluviers argentés (Black-bellied Plovers – Pluvialis squatarola)
Saint-Denis – 28 août 2016 © Claude Auchu
  • 1 Pluvier bronzé
  • 1 Grand Chevalier
  • 42 Bécasseaux maubèches
  • 5 Bécassins roux

Aucun Bécasseau semipalmé, minuscule ou sanderling n’était présent, pas plus que de Pluvier semipalmé, des espèces pourtant communes dans la région. Peut-être ont-ils profité des belles conditions de la nuit précédente pour quitter la région sans être remplacés par une autre vague de migrateurs. Attendons la prochaine!