Avec le fleuve souvent couvert de glace de la fin de décembre à la fin de mars, l’arrivée des premiers canards a longtemps été pour moi le premier vrai signe du printemps. Ces dernières années, le réchauffement climatique a considérablement raccourci la période où la glace domine et certains canards sont maintenant vus irrégulièrement ici durant la saison froide. Mais le plaisir de voir les premiers canards se déplacer le long des berges du Saint-Laurent reste toujours le même!
Déjà, vendredi matin en arrivant au travail, le trou d’une marmotte fraîchement déneigé durant la nuit égalisait mon record pour la marmotte printanière la plus hâtive! Elle a tout de même dû se creuser un passage dans les 50 centimètres de neige tombés lundi dernier avant de prendre sa première marche en plein air depuis quelques mois.
C’est finalement samedi que notre premier Merle d’Amérique considéré comme migrateur a fait son apparition. Avec le peu de fruits disponibles l’hiver dernier, les chances que cet oiseau ait hiverné localement sont pratiquement nulles!
Avec les vents à écorner les alouettes qui ont soufflé durant la nuit de samedi à dimanche (jusqu’à 75km/h localement), faire une sortie au quai de Rivière-Ouelle dimanche matin pouvait sembler un choix douteux. Mais les vents soufflaient du sud-ouest et c’est justement de ce côté que proviennent les oiseaux que nous attendons. De plus, contrairement au vent du nord-ouest qui pousse les glaces vers la rive sud du fleuve, le vent du sud-ouest tend à dégager le rivage et à faire dériver les glaces vers le large. Avant le lever du soleil, nous étions déjà sur place, bien emmitouflés et avec des espoirs tout de même réalistes à cette date relativement hâtive.
En 2 h 15 d’observation, voici la liste des canards observés à Rivière-Ouelle, un total et une diversité somme toute appréciables pour la date :
- 12 Canards noirs
- 11 Fuligules milouinans – ils arrivaient de l’est et font probablement partie des individus hivernant de plus en plus régulièrement dans l’estuaire.
- 1 Eider à duvet – le premier canard repéré en sortant de la voiture, un mâle qui descend rapidement le fleuve! Il s’agit d’une date plutôt hâtive pour l’eider dans la région. Ce canard de mer hiverne en bons nombres sur les côtes du golfe Saint-Laurent mais seulement en petite quantité dans l’estuaire. Avec les vents du sud-ouest qui soufflaient dimanche matin, il est tentant de croire que cet oiseau a plutôt atteint Rivière-Ouelle après un vol au-dessus des terres depuis l’Atlantique comme l’espèce fait régulièrement au printemps.
- 1 Harelde kakawi
- 6 Garrots à œil d’or – seulement!?!
- 42 Grands Harles – la seule espèce de canard qui hiverne, en petit nombre, à Rivière-Ouelle. Ces 42 individus comptaient bien entendu plusieurs nouveaux venus.
- 7 Harles huppés
Il y a 25 ans, ces canards, à l’exception du Garrot à œil d’or et du Grand Harle, n’arrivaient pas dans la région avant les tous derniers jours de mars! Et plusieurs de ces espèces s’étaient présentées ici à la même date l’an dernier! Peut-on encore blâmer le réchauffement planétaire?…
Fidèles à leur habitude, plusieurs goélands se déplaçaient face au vent et remontaient donc le fleuve vers Québec. Les Goélands arctiques étaient les plus nombreux, suivis des G. argentés et des G. marins. En scrutant les goélands un à un, Christiane a réussit à trouver nos cinq premiers Goélands à bec cerclé de l’année. Vers 9 h 00, les vents ont faibli (enfin!) pour virer finalement au nord. Les oiseaux ont cessé leurs déplacements et, bien sûr, les glaces ont commencé à se rapprocher.
Perdrix grises - Rivière-Ouelle - 13 mars 2011 |
Sur le chemin du retour, nous avons pu remarquer que les passereaux également ont migré ces derniers jours. Les corneilles se risquaient même à traverser le fleuve à partir du quai, en route vers Charlevoix dont le point le plus près se trouve tout de même à plus de 14 km. Des Alouettes hausse-col levaient régulièrement de la route devant l’auto, certaines accompagnées de Plectrophanes lapons. En plein milieu de l’avant-midi, tout juste à l’extérieur du village de Rivière-Ouelle, une Perdrix grise s’est envolée du milieu de la route à notre grande surprise. Quelques kilomètres plus loin, ce sont six autres perdrix qui lèvent de la cour d’une ferme. Christiane n’a le temps de prendre qu’une photo souvenir avant que ces petites poules ne disparaissent rapidement pour se cacher au pied de grands peupliers.
Cette fois, c’est vrai, le printemps est bel et bien arrivé!!!