lundi 29 août 2011

En attendant Irene

Avant même le lever du soleil, vendredi le 26 août, nous étions en route vers Rivière-Ouelle. La première destination était bien entendu le quai, où les observateurs les plus matinaux (ou, du moins, ceux qui habitent assez près pour pouvoir en profiter) bénéficient souvent d’une meilleure visibilité, d’une plus grande variété et quantité d’oiseaux et, ce qui n’est pas à dédaigner, d’une plus grande tranquilité. Bien sûr, nous n’avons pas passé les 5h20 de l’excursion vissés au bout du quai, surtout que les déplacements au large étaient plutôt limités. Comme à notre habitude, après deux heures à scruter le large, nous avons patrouillé la municipalité de long en large à la recherche de l’impossible.
Malgré la relative tranquilité de la matinée, quelques rapaces, dont cinq émerillons, semblaient y trouver leur compte. Ces prédateurs sont sûrement plus en mesure de dénicher les passereaux et limicoles que nous le serons jamais!

Parmi les 63 espèces vues entre 5 h 30 et 10 h 50, voici les principales:
  • 8 Oies des neiges
  • 11 Bernaches du Canada
  • 43 Canards noirs
  • 1 Canard colvert
  • 8 Sarcelles d’hiver
  • 111 Eiders à duvet
  • 9 Macreuses brunes
  • 1 Grand Harle – Un mâle près du quai. Une curieuse mention pour ce canard de rivière qui, dans la région, ne se présente habituellement sur le fleuve que tard en octobre, lorsque les premières rivières nordiques commencent à geler.
  • 1 Plongeon catmarin
  • 2 Grèbes à bec bigarré
  • 7 Fous de Bassan
  • 240 Cormorans à aigrettes – Ils devraient atteindre leur pic migratoire dans trois semaines.
  • 59 Grands Hérons – On est vraiment tout près de mon vieux record personnel d’individus observés (65 oiseaux le 22 août 1986)!
  • 1 Pygargue à tête blanche – Un immature à sa cinquième année, très près du plumage adulte.
  • 4 Busards Saint-Martin
  • 1 Crécerelle d’Amérique
  • 5 Faucons émerillons
  • 1 Faucon pèlerin
  • 2 Pluviers argentés
  • 11 Pluviers semipalmés
  • 1 Pluvier kildir
  • 6 Chevaliers grivelés
  • 4 Chevaliers solitaires
  • 2 Petits Chevaliers
  • 12 Tournepierres à collier
  • 200 Bécasseaux semipalmés
  • 3 Bécasseaux de Baird
Bécasseau de Baird – Rivière-Ouelle – 26 août 2011 © Claude Auchu
  • 750 Goélands à bec cerclé
  • 21 Sternes pierregarins
  • 3 Colibris à gorge rubis
  • 1 Moucherolle tchébec
  • 9 Hirondelles rustiques
  • 8 Sittelles à poitrine rousse – Elles étaient dans une petite section de forêt mixte. Espérons que l’abondance de cônes en production nous en gardera une belle quantité l’hiver prochain!
  • 1 Roitelet à couronne dorée
  • 4 Parulines obscures
  • 1 Paruline à joues grises
  • 1 Paruline à flancs marron
  • 5 Parulines à tête cendrée
  • 1 Paruline tigrée
  • 4 Parulines à croupion jaune
  • 3 Parulines flamboyantes
  • 4 Parulines masquées
  • 1 Paruline à calotte noire
Paruline tigrée – Rivière-Ouelle – 26 août 2011 © Claude Auchu
Nous n’avions que peu de temps disponible samedi le 27 août pour savourer le birding à notre goût. Nous avons donc dû nous contenter de deux courtes sorties qui nous ont quand même permis de voir:
  • 76 Canards chipeaux
  • 1 Canard d’Amérique
  • 2 Canards souchets
  • 5 Sarcelles d’hiver
  • 1 Épervier brun
  • 4 Crécerelles d’Amérique
  • 1 Phalarope à bec étroit – Un juvénile très nerveux, qui criait continuellement!
Phalarope à bec étroit – La Pocatière – 27 août 2011 © Claude Auchu 
  • 19 Bruants familiers – Dont un groupe d’une quinzaine d’oiseaux.
  • 22 Bruants des prés
  • 6 Goglus des prés
  • 75 Carouges à épaulettes
  • 75 Quiscales bronzés
Nous avons de plus trouvé un Engoulevent d’Amérique mort en bordure d’une route traversant de grands champs. L’oiseau s’était sans doute fait frappé par une voiture alors qu’il survolait les champs à basse altitude à la recherche d’insectes. C’est la troisième fois que je trouve un cadavre d’engoulevement à cet endroit! C’est d’autant plus dommage que les Engoulevents d’Amérique ont toujours été rares à La Pocatière (allez donc savoir pourquoi…) et qu’ils sont maintenant sur la liste canadienne des espèces menacées. À chaque année, il faut faire un petit effort particulier afin qu’il apparaisse sur nos listes.

Comme un peu tout le monde, dimanche le 28 août, nous attendions les premiers signes de l’arrivée des restes de l’ouragan Irene. Avec les météorologues et les vendeurs de «plywood», les observateurs d’oiseaux sont possiblement les seuls à voir arriver un ouragan avec un heureuse fébrilité! Il suffit de jeter un coup d’œil aux numéros du magazine North American Birds contenant les mentions automnales (comme la chronique ontarienne de 1996) pour constater à quel point les ouragans et autres tempêtes tropicales peuvent transporter au loin les espèces pélagiques!
Dimanche, de très forts vents du nord-est étaient prévus dès l’avant-midi et le début des précipitations devait se faire sur l’heure du midi. En ouvrant les yeux (et les stores) tôt le matin, surprise!, aucun vent et un ciel à peine voilé. Alors, rapidement, nous nous dirigeons vers un site situé tout près de chez nous pour essayer d’ajouter quelques espèces de passereaux à notre fin de semaine. Il faut dire que, depuis toujours, j’essaie de faire une liste informelle des espèces vues à l’intérieur d’une même semaine. Je m’oblige donc en quelque sorte à visiter le maximum d’habitats durant la fin de semaine afin d’avoir une idée la plus précise possible des espèces d’oiseaux présentes dans la région.
Nous voilà donc dans un petit boisé où nous sommes d’abord accueillis par une Paruline du Canada. Au cours de cette promenade plutôt courte s’ajoutent les Paruline obscure, à joues grises, jaune, rayée, flamboyante, masquée et deux Parulines des ruisseaux. La présence d’un Viréo de Philadelphie est également notée au même endroit.
Mais lorsque les vents du nord-est ont commencé à faire bouger les feuilles, nous avons mis notre plan B à exécution. Même si nous doutons fortement que les vents aient déjà eu le temps de pousser les oiseaux de l’estuaire jusqu’à nous, nous prenons la décision d’aller voir au quai de Rivière-Ouelle ce qui s’y passe. Mais, rassurez-vous, il ne s’y passait rien! En plus des espèces habituelles, seulement 19 Fous de Bassan remontant le fleuve peuvent être associés aux vents qui soufflaient à déjà plus de 20 km/h. Aucun labbe, aucun océanite, aucun puffin (il n’est pas interdit de rêver!), même pas de Mouette tridactyle, mais beaucoup de promeneurs! Après deux heures, nous avons plié bagages et trépieds au moment où les premières gouttes commençaient à tomber. Pour le reste de la soirée et une partie de la nuit, des trombes d'eau sont tombées (70 mm au total) et des vents ont soufflé en rafales jusqu’à 75 km/h! Malheureusement, lundi, c’est le retour au travail… Nous devrons laisser aux autres le plaisir de voir ce que ces conditions extrêmes ont pu transporter!