lundi 9 avril 2012

Heureusement qu'il y a les canards de mer!

Comme tout le monde dans le centre et l’est du Québec, j’aurais préféré une fin de semaine avec une température plus clémente…! Parce que, oui, la météo a grandement nuit à nos observations ornithologiques en cette longue fin de semaine de Pâques, un moment de l’année traditionnellement dédié aux canards. À La Pocatière, la journée de dimanche a été largement dominée par de la neige se changeant en pluie et par de la pluie se changeant en neige! Nos sorties ornithologiques ont donc été plutôt courtes. Nous savons bien que ces conditions désagréables font partie du jeu. J’espère seulement que personne ne viendra me dire cette agaçante phrase-clé : « Tu te reprendras la semaine prochaine! », à laquelle je devrai encore répondre : « Impossible! Présentement, nous sommes au début d’avril et, la semaine prochaine, ce sera la mi-avril; ce n’est pas la même chose! ». En ornithologie, une fin de semaine perdue ne peut pas se remplacer, surtout lors des migrations où tout se déroule tellement vite! Pour les oiseaux comme pour la température en général, l’avance sur les autres printemps que nous avions prise il y a deux semaines a été pratiquement perdue.
Mais, avant de littéralement perdre notre fin de semaine, il y a tout de même eu l’avant-midi de samedi. Sachant que les deux jours suivants risquaient d’être ratés, nous avions choisi une fois de plus de nous diriger vers Rivière-Ouelle. Il faut dire que ce n’était pas notre premier choix; nous aurions préféré marcher sur les battures à La Pocatière, à la recherche de canards barbotteurs. Cependant, depuis la vague de chaleur d’il y a deux semaines, les vents n’ont pas cessé de souffler du nord. La température est donc plus froide (surtout lorsque l’on marche en terrain découvert) et les déplacements de canards, qui arrivent du sud, sont assez limités. À Rivière-Ouelle, au quai en particulier, une bonne proportion des canards observés sont des canards de mer (macreuses, eiders, etc.) dont plusieurs semblent plutôt arriver de l’est et qui ne se laissent pas importuner pas des vents du nord.

En ce samedi le 7 avril, notre excursion de 5 h 05 à Rivière-Ouelle, dont les premières 2 h 30 au quai, nous aura permis de voir 42 espèces, dont :
  • 235 Oies des neiges
  • 7 Bernaches cravants
  • 465 Bernaches du Canada
  • 120 Canards noirs
  • 7 Canards colverts
  • 67 Canards pilets
  • 3 Sarcelles d’hiver
  • 1 Fuligule à collier
  • 6 Fuligules milouinans
  • 540 Eiders à duvet – La presque totalité de ces oiseaux se dirigeaient vers le nord-est, ce qui laisse fortement supposer qu’ils ont atteint le fleuve après avoir survolé la terre ferme depuis la côte atlantique. Et, justement, les 22 seuls eiders qui ne venaient pas du sud-ouest nous ont survolé en arrivant directement de l’intérieur des terres!
  • 700 Macreuses à bec jaune – Malgré la fraîcheur de la matinée, les nombreux mâles sifflaient avec entrain les rares femelles présentes. Pourquoi y a-t-il tant de mâles et si peu de femelles??? Les macreuses se sont déplacées vers le sud-ouest comme elles le font tous les matins. Elles se posent traditionnellement en un même endroit situé directement à l’ouest du quai où plus de 5000 individus peuvent se rassembler durant les derniers jours d’avril. Je suppose qu’un haut-fond à cet endroit leur fournit les mollusques qu’elles recherchent.
  • 8 Hareldes kakawis
  • 28 Garrots à œil d’or
  • 57 Grands Harles
  • 13 Harles huppés
  • 3 Gélinottes huppées
  • 145 Plongeons catmarins
  • 39 Cormorans à aigrettes
  • 3 Buses pattues
  • 2 Goélands arctiques
  • 27 Petits Pingouins
  • 10 Tourterelles tristes
  • 1 Harfang des neiges – Les derniers observés le printemps sont aussi discrets que les premiers arrivant l’automne! Pour l’automne, j’ai toujours mis cette discrétion sur le compte d’un possible « traumatisme » pour ces hiboux qui se retrouvent dans un environnement qu’ils ne connaissent pas. Au printemps, serait-ce plutôt dû à l’omniprésence des corneilles?
Harfang des neiges en bordure du village – Rivière-Ouelle – 7 avril 2012 © Claude Auchu
Harfang des neiges – Rivière-Ouelle – 7 avril 2012 © Claude Auchu
  • 53 Corneilles d’Amérique
  • 2 Roitelets à couronne dorée
  • 185 Étourneaux sansonnets
  • 80 Plectrophanes des neiges
  • 23 Carouges à épaulettes
  • 60 Quiscales bronzés
  • 1 Vacher à tête brune
Vous avez peut-être remarqué que les passereaux n’étaient pas nombreux lors de cette excursion. Espérons qu’un changement prochain de masse d’air apportera avec lui une nouvelle vague d’oiseaux. De leur côté, les tarins sont plus discrets qu’il y a deux semaines, étant probablement occupés à couver.

La journée de dimanche ne nous a pas fourni les nouveautés escomptées. Une promenade à vélo tôt le matin, sous la neige et la pluie, ne nous aura permis de voir que 24 espèces; un Moucherolle phébi et un groupe de 200 Jaseurs boréaux sont les observations les plus notables.

Nous ne nous attendions pas à grand-chose pour lundi. Une série d’éclaircies à partir du milieu de l’avant-midi nous aura tout de même donné l’occasion de quelques belles observations. Deux petites heures passées immobiles sur les battures et quelques oiseaux de proie en migration repérés grâce aux nombreux coups d’œil de Christiane par les fenêtres de la maison durant l’après-midi furent un baume sur cette fin de semaine.

Les principales espèces vues lundi le 9 avril ont été :
  • 3600 Oies des neiges
  • 120 Bernaches du Canada
  • 64 Canards pilets
  • 4 Fuligules à collier
  • 37 Fuligules milouinans
  • 1 Macreuse à front blanc – Notre première ce printemps. Elle fait habituellement son apparition dans la région vers la mi-avril.
  • 3 Harles couronnés
  • 7 Grands Hérons – Tous des oiseaux migrant au-dessus du fleuve.
  • 3 Busards Saint-Martin
  • 1 Épervier de Cooper – Houspillé par quelques corneilles devant la maison.
  • 7 Buses pattues – Des averses dispersées et un ciel lourd? Ce sont des conditions rêvées pour voir des Buses pattues en migration! Avec le Faucon pèlerin, le Balbuzard pêcheur et le Busard Saint-Martin, elle remet continuellement en question l’idée préconçue des conditions rêvées de migration pour les oiseaux de proie!
  • 1 Faucon pèlerin – Un immature de bonne taille (une femelle?) a attaqué sans succès un groupe de Plectrophanes des neiges avant de faire le ménage sur les battures…
  • 2 Alouettes hausse-cols
  • 4 Plectrophanes lapons
  • 240 Plectrophanes des neiges
Je dois signaler la rareté de l’Alouette hausse-col ce printemps. La sous-espèce praticola qui niche dans le sud du Québec arrive habituellement dès le début de mars dans la région et, il y a 25 ans, leurs chants en clochettes m’accompagnaient régulièrement durant mes excursions en mars et avril. Maintenant, comme d’autres espèces champêtres (sturnelles, goglus, maubèches), sa population a chuté et la rareté de cette sous-espèce tant en migration qu’au cœur de l’été est vraiment notable. C’est dommage… Ce n’est qu’au début du mois de mai, lors du passage migratoire de la sous-espèce alpestris qui niche dans le nord du Québec, que nous avons la satisfaction de voir de vrais groupes d’alouettes.