lundi 23 avril 2012

La saison des extrêmes

Vous parlez d’une fin de semaine!!! Il n’y a pas eu que de la pluie, de la neige et du vent fort du nord-est, il y a eu aussi un mélange de tout ça en grande quantité! Samedi le 21 avril, en soirée, c’était vraiment une tempête de neige, une vraie comme nous n’en avons pas eu l’hiver dernier! Vraiment surprenant! La neige n’a commencé à La Pocatière qu’en fin d’après-midi samedi, après quelques heures de pluie plus ou moins soutenue. Durant toute la nuit suivante et la matinée de dimanche, nous avons reçu une quinzaine de centimètres de grosse neige mouillée, poussée par des vents du nord-est de 40 km/h.
Le hasard faisant parfois bien les choses, nous n’avions de toute façon pas de temps disponible samedi pour « aller aux oiseaux ». Nous comptions bien nous reprendre dimanche, mais encore fallait-il que la météo nous en donne la chance. Il s’en est fallu de peu pour que nous passions une fin de semaine sans avoir la chance de faire une sortie ornithologique profitable (honnêtement, nous aurions sûrement réussi à en faire une, peu importe les conditions…)!

Heureusement pour nous, dimanche en fin d’avant-midi, la neige a cessé de tomber. Rapidement, nous nous dirigeons encore une fois vers Rivière-Ouelle. J’aurais bien aimé faire un peu de forestier et voir ainsi quelques bruants, roitelets et peut-être une paruline. Mais la neige au sol, les arbres qui allaient dégouter sur nos têtes et, surtout, le vent empêchant d’entendre les oiseaux nous ont plutôt fait opter pour une autre séance de birding maritime. Le vent fort du nord-est qui nous aurait tant nuit en forêt peut devenir un allié en bordure du fleuve (si on réussit à s’en abriter quelque peu…)! Même si, en avril, nous ne sommes pas dans une période propice aux oiseaux pélagiques déplacés vers l’intérieur comme ce peut être le cas à l’automne, il est toujours intéressant de voir comment les différentes espèces s’adaptent à ces conditions extrêmes.
À 12 h 10, nous faisons notre entrée sur le territoire de Rivière-Ouelle. Pour nous, il s’agit déjà de quelque chose de particulier : habituellement, c’est plutôt vers cette heure que nous quittons la municipalité! Nos visites à Rivière-Ouelle en après-midi sont en effet très rares puisque c’est surtout le matin que les déplacements des oiseaux sont intéressants, en plus de bénéficier d’un éclairage de derrière au lever du soleil et de l’absence de promeneurs. Déjà, en arrivant au quai, première surprise : il y avait très peu de neige au sol en bordure du fleuve. Il y avait sûrement de nombreux petits passereaux bien cachés pour en profiter.
Nous nous sommes installés rapidement au quai pour scruter le large. Dès le premier coup d’œil, nous avons compris que les oiseaux n’étaient pas intéressés à se laisser secouer par le vent en cet après-midi! Pas de Harle huppé, ni de garrot et presqu’aucun eider. Seules les éternelles Macreuses à bec jaune remontaient rapidement le fleuve avec le vent en poupe. La visibilité était excellente et, à défaut d’un grand nombre d’oiseaux, nous avons au moins pu savourer les espèces présentes.

Nous sommes demeurés trois heures à Rivière-Ouelle dimanche le 22 avril, ce qui nous aura permis de voir 39 espèces, dont :
  • 2 Bernaches cravants
  • 27 Bernaches du Canada
  • 38 Canards noirs
  • 5 Canards colverts
  • 6 Fuligules à collier
  • 5 Eiders à duvet
  • 2 Macreuses à front blanc
  • 4 Macreuses brune
  • 700 Macreuses à bec jaune – En plus des oiseaux en déplacement, plusieurs autres surfaient sur les vagues au large du quai.
  • 5 Hareldes kakawis
  • 3 Harles couronnés
  • 115 Grands Harles – Ils étaient pratiquement tous cachés très près du rivage dans la rivière, bien abrités des vents.
  • 232 Plongeons catmarins – Seuls quelques individus avaient été vus jusqu’à ce qu’un cargo, naviguant plus près de la côte qu’à l’habitude, en fasse lever plus de 200! Il semble donc que les catmarins se cachaient du vent parmi les grosses vagues au large du quai?!?
  • 1 Plongeon huard – C’est étrange mais cet oiseau robuste arrive toujours dans la région un mois après son fragile cousin catmarin!
  • 1 Grèbe jougris
  • 131 Cormorans à aigrettes
  • 2 Buses pattues
  • 3 Crécerelles d’Amérique
  • 1 Faucon émerillon – Un vigoureux petit mâle dévorait avec appétit le seul Plectrophane des neiges de l’après-midi.
Faucon émerillon et sa proie, un Plectrophane des neiges – Rivière-Ouelle – 22 avril 2012 © Claude Auchu
  • 5 Goélands arctiques – Ils circulaient loin au large du quai, possiblement les seuls oiseaux qui semblaient avoir été déplacés par les vents.
  • 4 Pics flamboyants
  • 30 Merles d’Amérique
  • 68 Étourneaux sansonnets
  • 12 Juncos ardoisés
  • 30 Carouges à épaulettes
  • 48 Quiscales bronzés
Ce fut une fin de semaine très courte côté oiseaux! Et, lundi, les conditions météorologiques ne se sont pas améliorées, au contraire! Grésil, neige et pluie se sont succédés durant toute la journée, avec encore des vents du nord-est atteignant les 60 km/h. En route vers le travail, les passereaux étaient partout le long des chemins, fouillant chaque parcelle libre de neige! Les insectivores ne doivent pas la trouver drôle, ni les tarins qui ont à nourrir leurs oisillons au nid! J’ai l’impression que plusieurs hirondelles vont être trouvées mortes dans le fond des nichoirs… Mais n’oublions pas que ces conditions extrêmes sont plus « normales » en avril que les 22°C du 21 mars dernier!