mardi 13 novembre 2012

Pendant que nos forêts se vident...

Cette année, tous les amateurs d’oiseaux le savent déjà, la production de graines et de fruits sauvages en forêt a été pratiquement nulle. Ces périodes de faibles productions pour les arbres et arbustes se produisent environ tous les deux ans, faisant alterner les bonnes années de production aux années pauvres. Puisque l’hiver 2011-12 avait été très riche en fruits sauvages et en graines de conifères, nous devons donc payer cette année pour les plaisirs vécus l’an dernier! Il faut bien permettre aux arbres de se refaire des forces… Les oiseaux doivent donc quitter le sud du Québec et les régions adjacentes pour trouver ailleurs la nourriture nécessaire pour passer l’hiver.
Les Gros-becs errants et les Becs-croisés bifasciés ont déjà atteint la Virginie et les Tarins des pins sont rendus en Louisiane! Pendant que les Américains savourent nos oiseaux, nous nous préparons à traverser un hiver pauvre qui ne passera probablement pas à l’histoire de façon positive. Et, contrairement à l’an dernier, nos visites en forêt au cours des prochains mois ne se feront pas aux sons des bandes de fringillidés fouillant dans les cônes.
Comme pour tester ces faits, nous avons effectué samedi une sortie avant tout forestière. Les quelques espèces aquatiques que nous avons rencontrées ont été vues presque accidentellement. Les résultats furent probants : les sorties uniquement forestières, et elles sont habituellement la norme en hiver, ne fourniront que très peu d’espèces au cours des prochains mois!
Samedi le 10 novembre, nous avons patrouillé La Pocatière entre 7 h 25 à 11 h 15 pour ne récolter que 23 espèces :
  • 1 Oie des neiges
  • 100 Canards colverts
  • 5 Gélinottes huppées – Parfois, nous pouvons passer des semaines sans lever une seule gélinotte alors qu’à d’autres occasions, comme ce fut le cas samedi, ces poules semblent faire exprès pour croiser notre route.
  • 1 Buse pattue
  • 25 Goélands à bec cerclé
  • 1 Goéland argenté
  • 1 Goéland marin
  • 6 Pigeons bisets
  • 32 Tourterelles tristes
  • 1 Pic mineur
  • 2 Pics chevelus
  • 11 Geais bleus
  • 8 Corneilles d’Amérique
  • 7 Grands Corbeaux – Lorsque le nombre de corbeaux observés commence à ressembler à celui des corneilles, c’est signe que l’hiver est proche!
  • 30 Mésanges à tête noire
  • 2 Sittelles à poitrine rousse
  • 1 Sittelle à poitrine blanche – Bien sûr, celle-là était tout près des habitations et des mangeoires.
  • 12 Étourneaux sansonnets
  • 5 Durbecs des sapins
  • 1 Bec-croisé bifascié
  • 1 Sizerin flammé
  • 2 Gros-becs errants
  • 12 Moineaux domestiques
Pour dimanche, vous devez vous en douter, nous avions réservé la matinée pour une visite à Rivière-Ouelle. Les conditions que l’on allait y rencontrer s’annonçaient douteuses, avec même de fortes possibilités de pluie verglaçante prévues pour l’avant-midi. Nous nous en sommes plutôt bien tirés avec seulement un peu de grésil durant l’excursion. Les petits vents du sud-est n’avaient cependant rien pour pousser les oiseaux à se déplacer, ce qui laissait présager une sortie plutôt tranquille. En plus, la visibilité était moyenne mais, heureusement, les oiseaux circulaient relativement près de la côte.
Contrairement à dimanche dernier, les canards de mer et les autres espèces associées à l’eau salée, bien que présents en petits nombres, semblaient être en pause, attendant peut-être que le vent du nord-ouest se lève. Les mouvements pour la majorité des espèces ressemblaient plus à des allées et venues à la recherche de nourriture qu’à de réels mouvements migratoires comme ce fut le cas la semaine dernière. Vous remarquerez aussi que les macreuses ont été pratiquement absentes. La mi-novembre est pourtant le moment où les Macreuses à bec jaune atteignent habituellement leur sommet d’abondance en automne. Il s’agit encore une fois d’une indication que visiter un site par des vents défavorables influence grandement les résultats d’une excursion.
À Rivière-Ouelle, en ce dimanche 11 novembre, nous avons rencontré 39 espèces, presque toutes aquatiques, entre 6 h 30 et 12 h 10. Voici la liste intégrale des oiseaux observés :
  • 250 Oies des neiges
  • 9 Bernaches du Canada
  • 104 Canards noirs
  • 2 Canards colverts
  • 3 Fuligules milouinans
  • 54 Eiders à duvet – Comme les autres oiseaux, les eiders circulaient en tous sens au lieu de se diriger vers le sud-ouest comme ils le font lors des journées de vrais déplacements.
  • 1 Macreuse brune
  • 240 Hareldes kakawis
  • 21 Garrots à œil d’or
  • 7 Grands Harles
  • 27 Harles huppés
  • 48 Plongeons catmarins
  • 5 Plongeons huards
  • 1 Grèbe jougris
  • 4 Cormorans à aigrettes – Il s’agit d’une date plutôt tardive dans la région pour ces oiseaux frileux. Certaines années, ils quittent dès la mi-octobre.
  • 3 Grands Hérons
  • 1 Buse pattue
  • 1 Faucon émerillon
  • 7 Bécasseaux violets – Lorsque les petites mares près du fleuve commencent à geler en obligeant les limicoles à descendre vers le sud, le costaud Bécasseau violet fait son apparition! Ayant l’habitude de se tenir sur le dernier rocher libéré par la marée, certains réussissent même à hiverner dans l’estuaire!!!
Les Bécasseaux violets doivent continuellement négocier avec la marée montante.
À l'occasion, c'est acceptable...
– Rivière-Ouelle – 11 novembre 2012 © Claude Auchu
À d'autres, c'est plus risqué...!
Bécasseaux violets – Rivière-Ouelle – 11 novembre 2012 © Claude Auchu
Mais, parfois, ils exagèrent!
Bécasseaux violets – Rivière-Ouelle – 11 novembre 2012 © Claude Auchu
  • 100 Goélands à bec cerclé
  • 30 Goélands argentés
  • 9 Goélands arctiques
  • 30 Goélands marins
  • 20 Guillemots à miroir
  • 70 Pigeons bisets
  • 8 Tourterelles tristes
  • 17 Corneilles d’Amérique
  • 6 Grands Corbeaux
  • 13 Mésanges à tête noire
  • 1 Sittelle à poitrine rousse
  • 5 Roitelets à couronne dorée – Le nombre de roitelets, même s’il ne s’agit que de cinq individus, nous a surpris. Il est probable qu’aucun ne se risquera à hiverner cet hiver, ils devraient même déjà nous avoir tous quitté! Il est intriguant de voir que ce minuscule insectivore n’hiverne dans la région que lors des hivers de forte production de graines et fruits. Il y a sûrement un lien que j’ignore entre le nombre de cônes de conifères et la quantité d’œufs d’araignées disponibles en hiver…!
  • 1 Merle d’Amérique
  • 78 Étourneaux sansonnets
  • 1 Jaseur boréal
  • 5 Plectrophanes des neiges
  • 7 Durbecs des sapins
  • 1 Bec-croisé bifascié
  • 30 Sizerins flammés
  • 13 Moineaux domestiques
Pour se consoler d’avoir perdu nos oiseaux au profit des Américains, il faut se rappeler une chose : l’an dernier, durant la période d’abondance au Québec, nous avions les oiseaux des autres! Si les oiseaux que nous observions l’hiver dernier sont maintenant dans le centre des États-Unis, ils étaient peut-être au Manitoba durant l’hiver 2010-11! C’est une mince consolation, mais c’est la réalité!
En attendant, souhaitons-nous donc un Vanneau huppé d’ici la fin de l’automne! Depuis trois semaines, des représentants de ce gros pluvier européen ont été vus à Terre-Neuve, dans le Maine, au Massachusetts (probablement trois oiseaux différents!), à New York (deux) et au New Jersey. Pour Christiane et moi, le vanneau fait partie des espèces ultimes que nous aimerions bien ajouter à notre liste (sur la liste honorable de préférence!). Les observateurs habitant en Gaspésie et sur la Côte-Nord sont bien sûr les mieux placés pour trouver un vanneau (à preuve, celui dénicher à Sept-Îles il y a deux ans par deux des birders québécois pour qui j’ai le plus de respect). Ceux qui, comme nous, vivent à l’intérieur de la province peuvent-ils tout de même espérer un de ces oiseaux? Peut-être, surtout si certains survivent à l’hiver et remontent vers le nord par l’intérieur des terres au printemps. Le 22 mars 1991, un vanneau a été photographié près d’Albany (New York)! Albany ne se trouve qu’à 300 kilomètres au sud de Montréal… Cette même année, un oiseau a estivé à la frontière du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse où il faisait la cour à un kildir! Il ne nous est donc pas interdit de rêver!