mardi 20 novembre 2012

Vingt ans plus tard, un autre Aigle royal

Nous venons de traverser une superbe fin de semaine automnale! Des températures avoisinant le point de congélation (légèrement en-dessous la nuit et au-dessus le jour), des vents légers et un ciel pratiquement sans nuage, nous n’aurions pu espérer mieux pour bien explorer notre région à la recherche d’oiseaux. Nous n’avions pas à nous préoccuper des conditions météorologiques qui ont si souvent un impact direct sur les résultats de nos excursions. Les vents, par exemple, peuvent nuire énormément lors des sorties en forêt où il est alors très difficile d’entendre les oiseaux. Mais, cette fois, nous n’avions pas d’excuse et il n’en tenait qu’à nous de repérer tous les oiseaux présents.
Selon les météorologues, les petits vents prévus pour samedi devaient provenir du nord pour ensuite tourner au sud-ouest en après-midi et se poursuivre ainsi jusqu’à dimanche. Comme les vents du nord sont beaucoup plus « payants » que les vents du sud près du fleuve, nous avons bien sûr réservé la journée de samedi pour patrouiller Rivière-Ouelle. Avec de tels vents, même légers, nous pouvons souvent profiter des mouvements d’Eiders à duvet, ces déplacements semblant être grandement motivés par les vents du nord ou du nord-est. Une fois que l’on connaît ce lien entre la migration des eiders et la direction des vents, il suffit pour nous d’être là au bon moment (si seulement c’était aussi facile…)!

C’est ainsi que, samedi le 17 novembre, nous avons sillonné Rivière-Ouelle de 6 h 30 à 11 h 50, ce qui nous a permis de voir 42 espèces. Les trois premières heures ont été consacrées au quai mais, bien entendu, nous avons aussi inspecté les rivages, les champs, les boisés et le village. Voici ce que nous en avons tiré :
  • 900 Oies des neiges – La presque totalité de ces oiseaux étaient en migration vers le sud-ouest.
  • 103 Bernaches du Canada
  • 77 Canards noirs
  • 2 Canards colverts
  • 1 Fuligule milouinan
  • 2 Petits Fuligules
  • 1665 Eiders à duvet – En quittant le quai après trois heures à monter la garde, nous étions plutôt déçus de n’avoir compté qu’une quarantaine d’eiders malgré des conditions de migration idéales. Plus d’une heure plus tard, en arrivant à un autre site offrant une vue sur le fleuve, nous avons vu passer plus de 1600 oiseaux en quelques minutes!!! Cet événement m’a ramené à l’esprit une réflexion que j’avais faite lorsque je recensais les oiseaux de proie migrateurs à Tadoussac : les conditions météorologiques au site de décompte peuvent être parfaites mais, ce qui compte vraiment, ce sont peut-être plus encore celles qui prévalent au point de départ des oiseaux! Samedi matin, les conditions étaient idéales à Rivière-Ouelle, mais comment étaient-elles à Kamouraska ou à Rivière-du-Loup? Si des vents du sud-ouest y soufflaient, les eiders ont pu retarder leur départ! C’est possiblement ce qui s’est produit samedi dernier…
  • 7 Macreuses brunes
  • 15 Macreuses à bec jaune
  • 22 Hareldes kakawis
  • 60 Garrots à œil d’or – Une belle quantité, mais toujours observés en très petits groupes.
  • 1 Harle couronné
  • 15 Grands Harles
  • 46 Harles huppés
  • 1 Gélinotte huppée
  • 126 Plongeons catmarins – En automne, le mois de novembre est typiquement le plus riche en catmarins migrateurs, même si nous sommes encore loin des milliers qui traversent la région en mai!
  • 3 Plongeons huards
  • 2 Grands Hérons
  • 2 Buses pattues
  • 1 Aigle royal – Un adulte, bruyamment houspillé par un Grand Corbeau, volait très haut en bordure du fleuve. L’espèce est très rare dans la région en automne, il est probable que cet oiseau arrivait de Charlevoix après avoir traversé le fleuve, comme l’avaient fait le pygargue et la Buse pattue observés il y a deux semaines. Il ne s’agit que de ma deuxième mention ici en automne, la première ayant été faite le 16 novembre 1992 (il y a 20 ans et un jour!!!), exactement au même site que l'observation de samedi! Les Aigles royaux sont plus réguliers ici au printemps, particulièrement durant les journées de vent du nord-est, lorsqu’ils cherchent un passage étroit où traverser le Saint-Laurent pour aller nicher plus au nord.
  • 11 Bécasseaux violets – Ils sont bien présents cette année, du moins au moment où nous pouvons l’être nous aussi…
Il faut des conditions particulières pour réussir à discerner le violet sur le dos des Bécasseaux violets!
– Rivière-Ouelle – 17 novembre 2012 © Claude Auchu
Bécasseau violet – Rivière-Ouelle – 17 novembre 2012 © Claude Auchu
  • 40 Goélands à bec cerclé
  • 10 Goélands argentés
  • 7 Goélands arctiques
  • 10 Goélands marins
  • 41 Guillemots à miroir – Une quantité caractéristique pour la région durant la deuxième moitié de novembre.
  • 60 Pigeons bisets
  • 19 Tourterelles tristes
  • 1 Pic mineur
  • 3 Geais bleus
  • 12 Corneilles d’Amérique
  • 8 Grands Corbeaux – Alors qu’un oiseau houspillait l’Aigle royal, son compagnon (les corbeaux vivent en couple toute l’année) tournoyait tout près. Après avoir réussi  à pousser l’aigle hors de leur territoire, les deux corbeaux, surexcités par leur exploit, se sont mis à faire des culbutes et des piqués particulièrement impressionnants. Même à 75 mètres de distance, nous entendions nettement le bruissement de l’air entre leurs plumes!
Grand Corbeau et Aigle royal – Rivière-Ouelle – 17 novembre 2012 © Claude Auchu
  • 10 Mésanges à tête noire
  • 2 Sittelles à poitrine rousse
  • 200 Étourneaux sansonnets
  • 185 Plectrophanes des neiges
  • 1 Junco ardoisé
  • 1 Durbec des sapins
  • 2 Becs-croisés bifasciés
  • 13 Sizerins flammés
  • 2 Gros-becs errants
  • 6 Moineaux domestiques
Je me suis amusé à comparer l’excursion de samedi avec celle que j’avais effectuée le 16 novembre 1992 à Rivière-Ouelle, la journée où j’avais vu mon premier Aigle royal en automne dans la région. Les espèces aquatiques étaient pratiquement les mêmes il y a 20 ans, avec de petites différences normales dans les quantités observées. Pour les passereaux cependant,  mes données indiquent que les fringillidés (chardonnerets, tarins, etc,) annonçaient que l’hiver 1992-93 allait être nettement plus riche que celui qui nous attend.

Nous avions réservé la journée de dimanche pour une tournée des mangeoires de La Pocatière, comme celles que nous allons faire hebdomadairement jusqu’à l’arrivée du printemps. Il n’y a pas encore de neige à La Pocatière et à peine une trace de glace est visible sur les battures, à la limite de la marée haute. Tout ceci aurait été exceptionnel il y a quelques années à peine mais, avec le réchauffement climatique, l’arrivée tardive de la neige est maintenant la norme. Ces conditions relativement clémentes ne font cependant rien pour pousser les oiseaux près des habitations, ni pour motiver les pocatois à remplir leurs mangeoires. Comme nous le faisons aussi régulièrement durant la saison froide, nous avons jeté un coup d’œil au fleuve à partir d’un site offrant une belle vue d’ensemble sur la région. C’est ce qui nous a permis d’ajouter quelques espèces aquatiques à notre maigre liste d’oiseaux de la journée.

Notre tournée à La Pocatière s’est étirée sur 5 heures ce dimanche 18 novembre, nous donnant finalement 29 espèces :
  • 200 Oies des neiges
  • 32 Canards noirs
  • 61 Canards colverts
  • 120 Eiders à duvet – Encore quelques oiseaux en migration vers le sud-ouest.
  • 1 Buse pattue
  • 1 Faucon émerillon – L’émerillon semble plus régulier qu’à l’habitude cet automne, il s’agit déjà de notre troisième mention en novembre. Il quitte généralement la région vers la mi-octobre et n’est que très rarement observé en hiver. Si le Faucon émerillon ne niche que depuis peu dans les zones urbaines des basses-terres du Saint-Laurent et qu’il y est en nette augmentation, sa population dans la région (où il niche depuis toujours) me semble plutôt stable.
  • 15 Goélands à bec cerclé
  • 20 Goélands argentés
  • 3 Goélands arctiques
  • 8 Goélands marins
  • 23 Pigeons bisets
  • 8 Tourterelles tristes
  • 1 Pic mineur
  • 2 Pics chevelus
  • 8 Geais bleus
  • 10 Corneilles d’Amérique
  • 8 Grands Corbeaux
  • 44 Mésanges à tête noire
  • 5 Sittelles à poitrine rousse – Une quantité presque surprenante pour une fin d’automne sans nourriture sauvage.
  • 2 Sittelles à poitrine blanche
  • 1 Merle d’Amérique
  • 220 Étourneaux sansonnets
  • 1 Jaseur boréal
  • 1 Plectrophane des neiges
  • 6 Durbecs des sapins
  • 1 Bec-croisé bifascié
  • 13 Sizerins flammés
  • 1 Gros-bec errant
  • 22 Moineaux domestiques
Ces dernières semaines, nous avons remarqué que les passereaux réguliers en hiver (jaseurs, durbecs et même sizerins) sont souvent rencontrés un à un. Ce sont pourtant des oiseaux grégaires qu’il est habituellement plus facile de voir en groupe qu’un à la fois. Pour les jaseurs, je suis prêt à accepter que le gros des populations aient déjà traversé la région… les arbres fruitiers pratiquement vides en sont la preuve. Mais pour les durbecs et surtout les sizerins, nous espérons encore les voir arriver un jour!