Voici enfin la fin de semaine de Pâques! À chaque
printemps, nous la dédions aux canards en inspectant minutieusement nos sites favoris,
en particulier le quai de Rivière-Ouelle et les battures du fleuve à
La Pocatière. Puisque la date de la fête de Pâques tombe quelque part
entre le 22 mars et le 25 avril, les espèces et les quantités
d’oiseaux observées varient énormément. Certaines années, nous réussissons à ne
voir que quelques dizaines de Macreuses à bec jaune alors qu’à d’autres, nous
pouvons en voir plus d’un millier! Et cette année? Avant même l’arrivée de la
fin de semaine, nous avions déjà quelques doutes… le printemps 2015 n’est
pas vraiment comme les autres. Mais, peu importe, nous allions être à
l’extérieur pour vérifier l’état des migrations!
Les prévisions météorologiques n’avaient rien de bien
encourageant à nous proposer pour nos trois jours de congé. Comme les autres
observateurs d’oiseaux partout au Québec, il était bien évident que nous
allions devoir affronter encore une fois le vent, le froid et la neige, sinon
les trois à la fois!
Samedi matin, nous nous sommes levés juste au moment où la
neige commençait à tomber. Les 2 à 4 cm prévus ont rapidement grimpé
à 7 ou 8, sans compter les vents du nord-est soufflant à 45 km/h.
Voilà, notre première journée de congé semblait sérieusement compromise, à
moins que le dégagement prévu en après-midi se matérialise. Après le dîner,
tout s’est passé très rapidement :
- à 12 h 45 : « Tiens, il ne neige presque plus! »
- à 12 h 50 : « Hé! On voit du bleu à l’horizon vers le nord-ouest! »
- à 13 h 00, j’étais à l’extérieur à déneiger l’auto,
- à 13 h 15, nous entrions dans Rivière-Ouelle!
Il était certain qu’à cette heure, nos chances de faire
une bonne récolte d’oiseaux étaient plutôt minces. Mais comment aurais-je pu
résister à de si beaux vents du nord-est? De toute façon, si j’étais demeuré à
la maison, j’aurais passé l’après-midi à tourner en rond et à regarder à
l’extérieur en me demandant si je manquais quelque chose!
Ainsi, samedi le 4 avril, nous avons bravé les
vents de 13 h 15 à 15 h 30 à Rivière-Ouelle pour y voir
25 espèces, parmi lesquelles :
- 4 Bernaches cravants – Comme il arrive souvent tôt en saison, avant que les battures ne soient libérées des glaces, les cravants étaient posées à l’eau loin au large, cherchant leur nourriture parmi les débris flottants. La date moyenne de notre première mention dans la région au cours des 12 derniers printemps est le 31 mars.
- 2 Canards noirs
- 31 Eiders à duvet – Ces quelques canards de mer volaient vers le nord-est; ils avaient probablement atteint le fleuve en amont de Rivière-Ouelle après avoir survolé la terre ferme depuis les côtes de la Nouvelle-Angleterre. Le phénomène en sens inverse est bien connu et documenté en automne, mais il semble tout aussi régulier au printemps.
- 2 Macreuses à bec jaune
- 2 Garrots à œil d’or
- 5 Grands Harles
- 7 Harles huppés
- 2 Cormorans à aigrettes
- 2 Pluviers kildirs – Les champs étant à nouveau recouverts de neige, les kildirs ont été trouvés sur le bord d’une route.
- 38 Goélands à bec cerclé
- 7 Goélands argentés
- 2 Goélands marins
- 1 Pie-grièche grise
- 130 Étourneaux sansonnets
- 2 Carouges à épaulettes
- 5 Quiscales bronzés
Le résultat pour cette courte sortie en après-midi fut
tout de même intéressant, surtout en tenant compte du printemps tardif que nous
connaissons cette année. On ne peut tout de même pas s’attendre à ce que les
oiseaux arrivent du sud en grand nombre par une journée froide avec des vents
du nord-est!
Dimanche, n’ayant que le début de l’avant-midi libre pour
les oiseaux, nous avons opté pour une promenade rapide à La Pocatière.
Débutant en bordure du fleuve, l’absence complète de canards en déplacement
nous a quelque peu déçu. Puisque ce n’était visiblement pas les oiseaux
aquatiques qui allaient faire notre journée, nous nous sommes rabattus sur un
boisé et les mangeoires avec un succès mitigé. Certaines mangeoires débordaient
littéralement d’oiseaux, mais les conditions étaient encore hivernales en
forêt.
Nous y avons tout de même entendu un cri étrange qui, à
notre avis, ne pouvait être émis que par un Grand-duc d’Amérique. Il s’agissait
d’une note grinçante plutôt grave, émise avec puissance à quelques reprises à
moins de 60 mètres de nous. Nous nous sommes approchés doucement et
Christiane a réussi à voir un « gros oiseau » s’enfoncer dans les
conifères. Ce n’est que le lendemain que nous avons eu la chance (je devrais
peut-être plutôt dire « le temps ») de chercher ce cri sur le web.
Sur l’excellent site Xeno-canto, nous avons trouvé un enregistrement d’un Grand-duc d’Amérique émettant une note qui ressemble énormément à ce que avions
entendu la veille. Si nous avions été en juillet ou en août, j’aurais
immédiatement opté pour le cri d’un jeune quémandant de la nourriture, une
chose qui est impossible au Québec en avril. L’enregistrement que nous avons
trouvé avait cependant été réalisé en Pennsylvanie à la mi-décembre, ce qui
laisse fortement croire que même un adulte peut émettre ce type de note. Mais
pourquoi un grand-duc crierait-il ainsi à 8 h 00 le matin, au risque
de se faire découvrir par les corneilles présentes un peu partout? Nous avons
donc décidé de ne pas noter le grand-duc sur notre liste, mais…… À noter que
les restes frais d’une Gélinotte huppée étaient présents sous un arbre situé
tout près, avec les traces des ailes de son prédateur imprimées dans la neige
fraîche. Un grand-duc peut-il se nourrir d’un oiseau comme une gélinotte?
J’imagine que oui puisque certains vont même jusqu’à consommer d’autres hiboux!
Dimanche le 5 avril, nous avons réussi à faire
grimper notre petit total d’espèces observées à La Pocatière à
26 espèces entre 6 h 45 et 10 h 30 :
- 1 Grand Harle
- 1 Urubu à tête rouge
- 1 Buse pattue
- 45 Goélands à bec cerclé
- 2 Goélands argentés
- 2 Goélands marins
- 12 Pigeons bisets
- 2 Tourterelles tristes – Mais où sont-elles donc?
- 2 Harfangs des neiges – Un harfang posé sur un bloc de glace dérivait doucement sur le fleuve très loin du rivage. Au début du printemps, nous observons régulièrement ce comportement qui permet aux harfangs de s’éloigner des corneilles.
- 1 Pic chevelu
- 1 Crécerelle d’Amérique
- 3 Geais bleus
- 58 Corneilles d’Amérique
- 3 Grands Corbeaux
- 5 Mésanges à tête noire
- 5 Sittelles à poitrine rousse
- 70 Étourneaux sansonnets
- 1000 Plectrophanes des neiges – En un seul groupe.
- 25 Carouges à épaulettes
- 25 Quiscales bronzés
- 6 Vachers à tête brune
- 3 Durbecs des sapins
- 14 Roselins pourprés
- 80 Sizerins flammés
- 275 Tarins des pins
- 65 Gros-becs errants
Lundi était la seule journée
sans chute de neige pour nos trois jours de congé et celle avec le plus de
soleil. Nous avions bien sûr réservé la matinée pour une tournée complète des
sites de Rivière-Ouelle. Encore une fois, les conditions pour les observateurs
étaient tout sauf faciles : -9°C avec des vents forts et froids du
sud-ouest. C’est dans de tels moments que l’on peut dire : « Si nous
sommes là, c’est uniquement parce que nous aimons ça! ». Mais nous en
avons vu d’autres (et nous continuerons sûrement d’en voir au cours des
prochaines années!) et nous nous sommes entêtés à faire de notre mieux pour
avoir une idée la plus exacte possible des populations d’oiseaux présentes à
Rivière-Ouelle en ce frisquet lundi.
Voici la liste des
28 espèces rencontrées à Rivière-Ouelle entre 6 h 00 et
11 h 10 en ce lundi 6 avril:
- 1 Canard noir
- 6 Eiders à duvet
- 33 Macreuses à bec jaune
- 1 Harelde kakawi
- 2 Grands Harles
- 6 Harles huppés
- 2 Plongeons catmarins – Voilà enfin nos deux premiers catmarins de l’année 2015; ils ne seront sûrement pas les derniers.
- 4 Cormorans à aigrettes
- 1 Busard Saint-Martin
- 100 Goélands à bec cerclé
Goéland à bec cerclé
(Ring-billed Gull – Larus delawarensis)
Rivière-Ouelle
– 6 avril 2015 © Claude Auchu |
- 4 Goélands argentés
- 8 Goélands marins
- 10 Pigeons bisets
- 1 Tourterelle triste – Habituellement, dès la mi-mars nous voyons des tourterelles posées sur les fils électriques tout le long de notre trajet. Lundi matin, la seule que nous avons vue était posée à l’abri du vent dans une épinette près d’une mangeoire, où quelques-unes ont été présentes durant tout l’hiver.
- 2 Pics mineurs
- 1 Geai bleu
- 50 Corneilles d’Amérique
- 3 Grands Corbeaux
- 8 Mésanges à tête noire
- 3 Sittelles à poitrine rousse
- 27 Étourneaux sansonnets
- 1 Carouge à épaulettes
- 4 Quiscales bronzés
- 1 Durbec des sapins
- 33 Sizerins flammés
- 2 Sizerins blanchâtres – Deux oiseaux rendus extrêmement nerveux par le vent étaient présents à une mangeoire. L’un d’eux était un mâle aux dessous particulièrement roses.
- 25 Tarins des pins
- 15 Moineaux domestiques
D’énormes pistes laissées dans
la neige près d’un boisé avaient sûrement été faites par un Grand Héron qui
cherchait, comme nous, à se protéger du vent.