mardi 15 septembre 2015

Deux phalaropes...!

C’est l’automne, avec sa température changeante et ses bourrasques de vent! La saison où de nombreux oiseaux se perdent et où nous, les observateurs, réussissons à nous réjouir de ces infortunes. C’est donc vrai, le malheur des uns fait le bonheur des autres!?!

Samedi matin, notre but premier était de nous rendre à Rivière-Ouelle afin de profiter du beau vent du nord-est qui, enfin, soufflait durant une fin de semaine. Cependant, l’arrivée rapide d’un épais banc de brouillard, repéré avant même de quitter La Pocatière, nous a encouragé à plutôt mettre en branle notre plan B. Cette alternative, qui était de toute façon prévue pour dimanche, consistait en une randonnée de 30 kilomètres à vélo à travers La Pocatière dans ce que nous appelons « le grand tour ».
Cette tournée, qui débute par l’intérieur des terres, nous amènent à travers toutes sortes d’habitats où une belle variété d’espèces est habituellement facile à récolter. Mais, dès le départ, nous avons été quelque peu déçus par le manque chronique d’oiseaux, nos sites préférés semblant souvent désertés. Finalement, après plusieurs arrêts trop tranquilles, c’est en arrivant à notre « spot à bruants » que tout a débloqué avec la rencontre d’un bon groupe d’oiseaux composé d’insectivores autant que de granivores.
Comme c’est toujours le cas à la mi-septembre, nous avons noté une arrivée marquée de bruants dans la région. Le Bruant des prés, en particulier, a beau être un nicheur commun dans la région, c’est lors de la migration automnale que sa population apparaît dans toute son ampleur. Il est même souvent possible de reconnaître certains oiseaux de la sous-espèce labradorius, qui niche dans le nord du Québec, à son plumage plus foncé.

Notre randonnée à vélo de samedi le 12 septembre, entre 5 h 45 et 12 h 00, nous aura fourni 63 espèces sur le territoire de La Pocatière comme, par exemple, :
  • 9 Bernaches du Canada
  • 2 Canards branchus
  • 1 Canard d’Amérique
  • 70 Canards noirs
  • 1 Chevalier solitaire
  • 8 Petits Chevaliers
  • 2 Bécasseaux à poitrine cendrée

Bécasseau à poitrine cendrée (Pectoral Sandpiper – Calidris melanotos)
La Pocatière – 12 septembre 2015 © Claude Auchu 
  • 1 Martin-pêcheur d’Amérique
  • 1 Pic maculé
  • 2 Pics mineurs
  • 2 Pics chevelus
  • 1 Pic flamboyant
  • 1 Crécerelle d’Amérique
  • 2 Faucons émerillons – Un émerillon a effectué un passage très remarqué par les petits passereaux, mais n’a toutefois pas semblé impressionner un Geai bleu outre mesure.
  • 7 Moucherolles phébis – Cette belle récolte pour la mi-septembre a été grandement aidée par un petit groupe de quatre oiseaux qui allaient cueillir des insectes directement sur la surface d’un étang.
  • 2 Viréos à tête bleue
  • 2 Viréos de Philadelphie
  • 4 Viréos aux yeux rouges
  • 36 Geais bleus
  • 105 Corneilles d’Amérique
  • 24 Mésanges à tête noire
  • 2 Sittelles à poitrine rousse
  • 1 Grive fauve – Cette fois, nous avons eu un contact visuel avec cette espèce plus facile à repérer au son en automne. La grive a été surprise dans une zone buissonneuse dans la pénombre du petit matin.
  • 18 Merles d’Amérique
  • 4 Moqueurs chats
  • 3 Pipits d’Amérique
  • 11 Jaseurs d’Amérique
  • 3 Parulines obscures
  • 2 Parulines à joues grises
  • 17 Parulines masquées

Paruline masquée, mâle immature (Common Yellowthroat – Geothlypis trichas)
La Pocatière – 12 septembre 2015 © Claude Auchu
  • 1 Paruline flamboyante
  • 1 Paruline à collier
  • 1 Paruline à tête cendrée
  • 1 Paruline à flancs marron
  • 4 Parulines à croupion jaune
  • 1 Paruline à calotte noire
  • 7 Bruants familiers
  • 38 Bruants des prés
  • 62 Bruants chanteurs
  • 3 Bruants des marais

Bruant des marais (Swamp Sparrow – Melospiza georgiana)
La Pocatière – 12 septembre 2015 © Claude Auchu
  • 19 Bruants à gorge blanche
  • 60 Carouges à épaulettes
  • 34 Chardonnerets jaunes

Après le brouillard de samedi, ce sont les averses matinales qui ont mis notre sortie à Rivière-Ouelle en veilleuse dimanche matin! Nous avons même ressenti une étrange culpabilité d’être à l’intérieur de la maison un dimanche à 8 h 00, ce qui nous arrive pratiquement jamais!!! Nous avons décidé d’effectuer les tâches prévues pour l’après-midi en espérant que les averses s’arrêtent le plus tôt possible. Lorsque la pluie a cessé en milieu d’avant-midi, nous avons bâclé nos autres obligations en moins de deux et, à 11 h 00, nous faisions déjà notre entrée à Rivière-Ouelle!
Rendus au quai, nous avons été plus que satisfaits de noter l’excellente visibilité au large et les vents du nord-est tant attendus. Encore une fois bien installés sur nos petits bancs, nous avons porté attention durant plus de trois heures aux moindres mouvements des oiseaux circulant loin au large. Les déplacements de canards près de la rive étaient assez limités, ce qui est bien compréhensible en mi-journée, mais en travaillant fort, nous avons réussi à trouver notre part de visiteurs de l’estuaire. Il m’est arrivé plus d’une fois d’assister à de beaux passages d’oiseaux en plein après-midi lors des journées de vents du nord-est. Je me rappelle en particulier du 6 novembre 1988 où j’avais compté pas moins de 145 Mouettes tridactyles descendant le fleuve face au vent du nord-est.
Paradoxalement, les vedettes de la journée ont été trouvées tout près du bout du quai. En effet, Christiane a remarqué deux gros limicoles passant rapidement devant nous en direction ouest. Quelques secondes plus tard, ces mêmes oiseaux sont revenus sur leurs pas et, pour notre plus grand bonheur, ils se sont posés dans une ligne de débris flottant devant le quai : deux phalaropes… et pas n’importe lesquels!!!
En débutant l’excursion aussi tard en avant-midi, nous avons dû laisser tomber la partie forestière du trajet et les passereaux sont donc sous-représentés sur notre liste finale. C’est dommage parce que les vents du nord-est ont souvent autant d’impact sur les oiseaux terrestres qu’aquatiques. Mais, bof!, une fois n’est pas coutume!

Durant la journée du dimanche 13 septembre, nous sommes demeurés à Rivière-Ouelle de 11 h 00 à 15 h 30. Voici un aperçu de ce que nous avons vu :
  • 45 Oies des neiges – Cette fois, il ne s’agit pas que d’estivantes. Les migratrices ont enfin fait leur apparition!
  • 7 Bernaches du Canada
  • 1 Canard chipeau
  • 12 Macreuses à front blanc
  • 27 Macreuses brunes
  • 1 Harle couronné
  • 53 Plongeons catmarins
  • 19 Fous de Bassan – Une belle quantité pour ces oiseaux qui semblent toujours être en mouvement dans la région. Il est en effet très rare de voir un individu posé à l’eau.
  • 81 Cormorans à aigrettes
  • 100 Pluviers semipalmés
  • 5 Bécasseaux variables
  • 22 Bécasseaux semipalmés
  • 2 Phalaropes à bec large – Après quelques hésitations, il a bien fallu se rendre compte que les deux gros phalaropes se nourrissant devant le quai étaient des Phalaropes à bec large! Il s’agissait de deux juvéniles en mue vers le plumage d’hiver, un des oiseaux étant nettement plus avancé que l’autre. Les vents du nord-est sont sûrement responsables de la présence de ces oiseaux aussi près du rivage. Il n’existe que sept autres mentions connues du Phalarope à bec large dans Kamouraska-L’Islet. La première mention, un oiseau capturé par Willie Labrie, remonte au 6 mai 1932.
  • 6 Labbes parasites – Il n’y avait qu’un seul juvénile parmi les six oiseaux vus dimanche. Nous n’avions vu aucun labbe durant le mois d’août, peut-être en lien avec le temps très doux et le manque de vent favorable.
  • 1 Petit Pingouin – Ce gros alcidé est irrégulier à Rivière-Ouelle à partir du mois d’août, pouvant être carrément absent un automne, mais commun l’année suivante.
  • 4 Mouettes tridactyles – Nous sommes loin de la quantité de novembre 1988, mais chaque oiseau a été grandement apprécié.
  • 1 Faucon émerillon
  • 3 Pipits d’Amérique

Il est souvent mentionné que les vents du nord-est sont un pré-requis pour récolter beaucoup d’oiseaux à Rivière-Ouelle. Si, à la base, ce principe est vrai, j’ai été souvent témoin de journées de vent du nord-est carrément nulles! À l’opposé, je me souviens aussi de journées avec des vents du sud-ouest qui ont réussi à nous fournir des océanites! Je me demande donc souvent si je ne devrais pas plutôt me renseigner sur les conditions qui prévalent en dehors de ma région. Après tout, par définition, les oiseaux égarés ne viennent pas d’ici!!!