Depuis de très nombreuses années, au fur et à mesure
qu’une semaine progresse, je scrute les prévisions météorologiques afin de
planifier nos futures activités ornithologiques de la façon la plus efficace
possible. Puisque je connais déjà très bien quels oiseaux se retrouvent dans la
région de La Pocatière à n’importe quel moment de l’année, c’est donc
souvent les conditions extérieures qui décideront la direction que nous allons
prendre.
Cette fois, nous avions planifié une longue promenade à
vélo à travers La Pocatière afin d’observer les passereaux locaux qui
avaient été laissés pour compte la fin de semaine dernière. Vendredi, l’annonce
de puissants vents du sud-ouest pour samedi (et probablement pour dimanche
également) avait laissé de forts doutes sur le succès d’une telle expédition.
Que faire? Les oiseaux sont présentement abondants partout mais, nous le
savons tous, les vents forts du sud-ouest n’aident en rien au succès d’une
excursion ornithologique.
Depuis le début du mois d’août, nous nous sommes souvent
demandés s’il valait la peine de « sacrifier » une matinée pour nous
rendre observer les oiseaux (les limicoles en particulier) à Montmagny. La
marée haute très tôt samedi matin, le lieu de rassemblement traditionnel des
oiseaux de rivage à Montmagny étant en partie à l’abri du sud-ouest… la
décision était facile à prendre, on y va! Mon coup d’œil quotidien à la page des oiseaux rares nous avait déjà indiqué que quelques espèces rarement
observées dans la grande région de Québec était présentes à ce site si facile
d’accès. C’était d’ailleurs plutôt dommage parce que, contrairement à bien des
observateurs d’oiseaux, nous préférons ne pas savoir quels oiseaux sont sur
place lorsque nous arrivons à un site. Pour nous, le vrai défi n’est pas de voir
un oiseau, mais plutôt de le trouver. Mes visites à la page des oiseaux
rares ont toujours eu pour but de savoir quels oiseaux circulent dans la
province, mais pas nécessairement de savoir où ils sont exactement! Bien sûr,
si les raretés de Montmagny sont là, nous les regarderons avec plaisir, mais il
nous manquera tout de même un petit quelque chose…
Arrivés à Montmagny juste au moment où la marée commençait
à baisser, un coup d’œil rapide dans le petit groupe de limicoles entassés sur
les rochers nous a permis de trouver immédiatement le Bécassin à long bec, la
rareté #1. Quelques instants plus tard, c’est un Bécasseau à échasses (la
rareté #3) qui est déniché parmi les Petits Chevaliers. Après un petit
détour à un autre site, c’est le Phalarope de Wilson (la rareté #2) qui
fait son apparition. Par la suite, les autres surprises de l’avant-midi ont
plutôt été l’arrivée successive de nouveaux observateurs sur place.
Et, justement, alors que tout le monde n’avait d’yeux que
pour les limicoles qui se donnaient en spectacle devant nous, Christiane avait
remarqué que des hirondelles en migration survolaient continuellement
l’embouchure de la rivière du Sud. Avec sa patience habituelle, ma chère
compagne s’est amusée à identifier et à compter ces hirondelles et, au moment
de notre départ, elle avait accumulé une quantité d’Hirondelles de rivage qui
aurait sûrement surpris les observateurs présents!
Voici une partie des 47 espèces que nous avons
observées lors de notre passage à Montmagny, samedi le 29 août, de
6 h 15 à 10 h 45 :
- 1 Canard d’Amérique
- 30 Canards noirs
- 300 Canards colverts
- 10 Sarcelles à ailes bleues
- 1 Canard pilet
- 15 Sarcelles d’hiver
- 2 Garrots à œil d’or
- 5 Grèbes à bec bigarré
- 1 Pygargue à tête blanche – Un immature en plumage de deuxième année.
- 3 Chevaliers grivelés
- 24 Grands Chevaliers
- 260 Petits Chevaliers
- 1 Bécasseau à échasses – Un juvénile.
Bécasseau à échasses (Stilt
Sandpiper – Calidris himantopus)
Montmagny – 29
août 2015 © Claude Auchu |
- 200 Bécasseaux semipalmés
- 12 Bécassins roux
- 1 Bécassin à long bec – Bien que très mobile, cet adulte en plumage nuptial usé était souvent facile à repérer parmi la poignée de Bécassins roux juvéniles présents. À la fin-août, les Bécassins roux adultes ont probablement déjà tous quitté le Québec. Les Bécassins à long bec, par contre, migrent habituellement un mois après leur cousin et il est tout à fait normal de voir un adulte en migration à cette date. Les juvéniles suivront en septembre et en octobre.
Bécassin à long bec
(Long-billed Dowitcher – Limnodromus scolopaceus) et
Petits Chevaliers
(Lesser Yellowlegs – Tringa flavipes)
Montmagny – 29
août 2015 © Claude Auchu |
- 1 Phalarope de Wilson – Il était presque drôle de voir ce juvénile en mue se nourrir de façon hyperactive parmi les autres limicoles. Cette espèce, qui a niché à La Pocatière en 1986, est maintenant pratiquement extirpée du Québec comme nicheur.
- 7 Mouettes de Bonaparte – En vol au-dessus du fleuve.
- 165 Goélands à bec cerclé – Un oiseau bagué était posé légèrement trop loin pour nous permettre d’en déchiffrer le numéro.
- 2 Martinets ramoneurs – Un martinet migrait parmi les hirondelles alors qu’un autre tournoyait encore au-dessus de la ville.
- 1 Colibri à gorge rubis
- 1 Martin-pêcheur d’Amérique
- 2 Faucons émerillons – Un Faucon émerillon s’est attaqué à plusieurs reprises à un Martin-pêcheur d’Amérique, une proie nettement trop grosse et vigoureuse pour lui. D’ailleurs, entre chaque attaque, c’est le martin-pêcheur qui poursuivait à son tour le faucon en poussant de grands cris. La rencontre de deux caractériels!
- 2 Faucons pèlerins
- 1110 Hirondelles de rivage – Parmi le flot continue d’hirondelles en déplacement, c’est donc plus d’un millier d’Hirondelles de rivage que Christiane s’est donnée la peine de compter!!!
- 1 Hirondelle à front blanc
- 16 Hirondelles rustiques
- 2 Moqueurs chats
- 500 Étourneaux sansonnets
- 2 Parulines obscures
- 600 Carouges à épaulettes
Dimanche, les vilains vents du sud-ouest balayaient encore
la région. Nous nous sommes tout de même dirigés vers Rivière-Ouelle, mais avec
des attentes plutôt limitées. C’était effectivement très tranquille au large
(où la visibilité était aussi très limitée) et notre passage au quai aura duré
moins d’une heure. Malgré les vents et la marée qui descendait très rapidement,
nous avons réussi à trouver une belle variété de limicoles et de passereaux qui
nous ont fait rêver à ce que nous aurions pu voir si les conditions avaient
simplement été « normales ».
Voici une partie des 52 espèces que nous avons
rencontrées à Rivière-Ouelle dimanche le 30 août entre
5 h 30 et 9 h 35 :
- 31 Canards noirs
- 4 Canards pilets
- 13 Sarcelles d’hiver – Quelques petits groupes se déplaçaient vigoureusement face aux vents devant le quai.
- 32 Eiders à duvet
- 1 Harle couronné
- 3 Plongeons catmarins
- 5 Plongeons huards
- 1 Grèbe jougris
- 1 Fou de Bassan
- 39 Cormorans à aigrettes
- 37 Grands Hérons
- 1 Busard Saint-Martin
- 1 Pluvier argenté
- 24 Pluviers semipalmés
- 5 Chevaliers grivelés
- 1 Chevalier solitaire
- 1 Grand Chevalier
- 7 Bécasseaux sanderlings
- 3 Bécasseaux minuscules
- 1 Bécasseau à poitrine cendrée
- 12 Bécasseaux semipalmés
- 2 Colibris à gorge rubis
- 1 Martin-pêcheur d’Amérique
- 1 Faucon pèlerin
- 2 Tyrans tritris
- 2 Hirondelles rustiques
- 7 Mésanges à tête noire
- 11 Sittelles à poitrine rousse – Je trouve toujours étrange de voir plus de sittelles que de mésanges durant une excursion!
- 3 Roitelets à couronne dorée
- 2 Parulines obscures
- 4 Parulines tigrées
- 6 Parulines à tête cendrée
- 1 Paruline à poitrine baie
Paruline à poitrine baie
(Bay-breasted Warbler – Setophaga castanea)
Rivière-Ouelle
– 30 août 2015 © Claude Auchu |
- 1 Paruline rayée
- 4 Parulines à croupion jaune
Puisque notre tournée à Rivière-Ouelle s’est faite si
rapidement, pourquoi ne pas nous rendre jusqu’à Saint-Denis? Nous y avons
séjourné environ 90 minutes pour y trouver 42 espèces, dont :
- 9 Oies des neiges – Ces oies ont passé l’été sur place, se nourrissant souvent directement sur les pelouses des chalets.
- 32 Canards noirs
- 39 Pluviers argentés
- 27 Pluviers semipalmés
- 3 Grands Chevaliers
- 8 Petits Chevaliers
- 5 Tournepierres à collier
- 13 Bécasseaux maubèches
- 1 Bécasseau variable
- 7 Bécasseaux minuscules
- 20 Bécasseaux semipalmés
- 1 Bécassin roux
- 6 Tourterelles tristes
- 1 Colibri à gorge rubis
- 1 Martin-pêcheur d’Amérique
- 1 Pic mineur
- 2 Moqueurs chats
- 4 Parulines obscures
- 3 Parulines masquées
- 3 Parulines flamboyantes
- 1 Paruline à tête cendrée
- 1 Paruline à poitrine baie
- 1 Paruline jaune
- 6 Parulines à croupion jaune
Ces deux matinées d’observation nous aura fourni une variété d’espèces digne de cette époque de l’année. Mais les passereaux ont encore une fois eu la vie dure et nous avons bien hâte de pouvoir leur consacrer une excursion! Certains ont sûrement déjà quitté la région et nous ne les reverrons plus avant le mois de mai prochain. J’aurais pourtant bien aimé les voir une dernière fois…