Dès le début de la semaine
dernière, les météorologues annonçaient des vents parfois forts du nord-est
pour la période allant de jeudi à dimanche. Des vents du nord-est en automne
sont souvent annonciateurs de visiteurs ailés provenant du golfe Saint-Laurent.
Les jours passaient et, à ma grande surprise, les prévisions semblaient se
concrétiser! Allions-nous avoir la chance de bénéficier de vents favorables
pour samedi et dimanche? Oui, c’est bien ce qui est arrivé et nous en avons
pleinement profité!!!
C’est bien sûr vers
Rivière-Ouelle que nous nous sommes dirigés tôt samedi matin. Tout était en
place pour nous permettre de savourer les différents sites de la municipalité
durant la matinée. Un bon vent souvent franchement nord-est soufflait à près de
30 km/h au quai, le soleil derrière nous était particulièrement ardent, la
visibilité au large était très bonne et certains des oiseaux attendus se
déplaçaient souvent tout près du quai; que demander de plus???
Avec de si beaux vents du
nord-est, la question est toujours la même : réussirons-nous à observer
les oiseaux efficacement à partir du bout du quai? Pour nous qui cherchons
toujours à identifier les oiseaux circulant le plus loin possible au large, il
est important de limiter au maximum les vibrations que le vent impose au
télescope et, bien sûr, à nous-mêmes. Nous devons donc trop souvent nous
abriter quelque part à la base du quai pour augmenter notre efficacité. Après
tout, les 150 mètres du quai ne changent pas grand chose à la distance que
nous couvrons avec nos instruments optiques. Il n’y a en fait qu’un seul vrai
problème avec cette stratégie : il est alors pratiquement impossible de
photographier les oiseaux aquatiques que nous sommes venus voir. Mais, étant
avant tout des observateurs d’oiseaux et non des photographes, la décision
entre effectuer une observation intéressante et réussir une belle photo est
très facile à prendre : allons-y pour l’observation!
Il est vraiment surprenant de constater les similitudes
entre nos observations de samedi avec celles que nous avons effectuées le 4 octobre de l’an dernier, il y a donc pratiquement un an jour pour jour,
sous des conditions de vents similaires. Plusieurs des commentaires que j’avais
inscrit dans mon blog l’an dernier peuvent très bien s’appliquer cette année
encore, autant pour la rareté des canards de mer et des passereaux que pour la
présence de multiples individus de l’espèce vedette de la journée.
À Rivière-Ouelle, samedi le 3 octobre, nous avons observé
les 44 espèces suivantes entre
6 h 15 et 11 h 50 :
- 800 Oies des neiges – Les quelques milliers d’oies présentes dans la région il y a une semaine ont de tout évidence levé le camp!
- 58 Bernaches du Canada
- 71 Canards noirs
- 40 Canards colverts
- 3 Fuligules milouinans
- 36 Eiders à duvet
- 59 Macreuses à front blanc
- 45 Macreuses brunes
- 1 Garrot à œil d’or
- 23 Harles huppés
- 114 Plongeons catmarins
- 6 Plongeons huards
- 3 Grèbes jougris
- 1220 Cormorans à aigrettes – Comme il arrive souvent, des groupes atteignant les 200 individus migraient vers le sud-ouest en passant très haut au-dessus des terres au lever du soleil. Ces déplacements ont cessé très tôt en matinée.
- 2 Grands Hérons
- 13 Urubus à tête rouge
- 3 Pluviers argentés
- 10 Pluviers bronzés
- 57 Pluviers semipalmés
- 2 Bécasseaux variables
Bécasseaux variables (Dunlins
– Calidris alpina)
et Pluvier semipalmé (Semipalmated Plover – Charadrius
semipalmatus)
Rivière-Ouelle – 3
octobre 2015 © Claude Auchu |
- 1 Bécasseau à croupion blanc
- 3 Bécasseaux semipalmés
Bécasseaux semipalmés
(Semipalmated Sandpipers – Calidris pusilla)
Rivière-Ouelle – 3
octobre 2015 © Claude Auchu |
- 2 Labbes parasites
- 100 Petits Pingouins – C’est exactement 1oo Petits Pingouins que nous avons comptés à Rivière-Ouelle samedi matin. Comme ce fut le cas l’an dernier, ce nombre constitue un nouveau record personnel du plus grand nombre d’individus pour cette espèce en automne.
- 5 Guillemots à miroir
- 5 Macareux moines – Ce sont eux les vedettes de la journée! L’an dernier, le 4 octobre, nous avions réussi à compter le nombre incroyable de 11 macareux au large du quai. Et voilà qu’en 2015, pratiquement à la même date, nous réussissons en en voir cinq autres!!! Il s’agit de ma 11e mention à Rivière-Ouelle (et la 10e pour Christiane et moi depuis 2008), toutes comprises entre le 21 septembre et le 7 novembre. Pour être encore plus précis, sept observations ont été faites entre le 2 et le 12 octobre; donc, si vous souhaitez voir des macareux à partir de la terre ferme sans vous rendre sur la Basse-Côte-Nord, vous savez maintenant où aller et quand y aller! Un fois que l’on connaît bien son jizz, le macareux est relativement facile à identifier même à grande distance. Son corps plus trapu que celui du Petit Pingouin, sa grosse tête noirâtre amplifiée par la présence du collier et les couvertures sous-alaires sombres lui donnent une allure bien particulière où la couleur blanche est étrangement réduite pour un alcidé. L’abbé René Tanguay avait capturé un spécimen à Saint-André-de-Kamouraska le 15 mai 1949 et un autre aux îles Pèlerin le 22 mai 1950, des dates bien étranges pour ces oiseaux dans la région.
- 2 Mouettes de Bonaparte
- 700 Goélands à bec cerclé
- 10 Goélands argentés
- 15 Goélands marins
- 1 Sterne pierregarin – Un adulte tardif circulait encore au large du quai.
- 120 Corneilles d’Amérique
- 5 Grands Corbeaux
- 4 Alouettes hausse-col
- 12 Mésanges à tête noire
- 2 Roitelets à couronne dorée
- 25 Étourneaux sansonnets
- 10 Parulines à croupion jaune
- 7 Bruants chanteurs
- 3 Bruants à gorge blanche
- 2 Bruants à couronne blanche
- 7 Juncos ardoisés
- 1 Chardonneret jaune
Il n’y avait pas que des
oiseaux qui se déplaçaient au large de Rivière-Ouelle samedi matin. Nous avons
aussi eu de très beaux coups d’œil sur le Queen Mary 2, cet immense
édifice flottant, qui se dirigeait vers Québec!
Et pour dimanche, valait-il vraiment la peine de
gaspiller une matinée de vent favorable pour nous concentrer sur les
passereaux, comme nous l’avions initialement prévu? Surtout que nous n’en avons
rencontré très peu samedi, malgré des efforts louables… Tant pis pour les
passereaux, nous avons décidé de retourner à Rivière-Ouelle dimanche en nous
attardant au quai tant qu’il y aura des oiseaux. Avec le vent qui soufflait à
peine du nord-est, nous n’avons pas été vraiment surpris de constater que les
oiseaux étaient beaucoup moins mobiles que la veille. Mais, avec des conditions
aussi belles et la marée qui montait lentement, nous sommes demeurés sur place
durant près de cinq heures sans jamais nous ennuyer.
Puisque les oiseaux marins se déplaçaient au ralenti et
que les passereaux avaient déclaré forfait dès le départ, c’est finalement un
limicole qui a retenu l’attention! Un Bécassin à long bec surgit de nulle part
a appris que Christiane, moi et Jean-François Rousseau (qui a passé une partie
de la matinée avec nous) étions vraiment prêts à tout!
Dimanche le 4 octobre, notre excursion à
Rivière-Ouelle s’est étirée de 6 h 10 à 11 h 55 et nous
aura permis de voir ces 44 espèces, le même nombre que la veille :
- 7 Oies des neiges
- 1 Canard d’Amérique
- 23 Canards noirs
- 9 Canards colverts
- 4 Sarcelles d’hiver
- 11 Fuligules milouinans
- 46 Eiders à duvet
- 48 Macreuses à front blanc
- 26 Macreuses brunes
Macreuses brunes (White-winged Scoters – Melanitta fusca)
Rivière-Ouelle – 4
octobre 2015 © Claude Auchu |
- 9 Garrots à œil d’or
- 13 Harles huppés
- 214 Plongeons catmarins – Les catmarins étaient bien en évidence dimanche matin. Certains oiseaux se déplaçaient d’un vol direct, mais plusieurs étaient simplement posés à l’eau en paire ou en trio. Quelques oiseaux ont même lancé leur long cris caractéristique que nous entendions probablement pour la première fois durant l’automne.
- 6 Plongeons huards
- 1 Grèbe esclavon
- 121 Cormorans à aigrettes
- 5 Grands Hérons – Il est plutôt étrange d’avoir vu si peu de Grands Hérons durant la fin de semaine.
- 1 Balbuzard pêcheur – Un oiseau migrait vers le sud-ouest au-dessus du fleuve. Il nous est arrivé à plusieurs reprises de voir des balbuzards arriver directement de la rive nord en automne, ce que très peu de rapaces osent faire.
- 59 Pluviers semipalmés
- 6 Bécasseaux variables
- 2 Bécasseaux à croupion blanc
- 2 Bécasseaux semipalmés
- 1 Bécassin à long bec – L’observation et l’identification du bécassin se sont faites très rapidement. En voyant un petit groupe de limicoles se diriger vers nous, Jean-François a lancé : « Y’a un bécassin! », ce à quoi j’ai répondu : « À cette date, ce doit être un long bec! » et Christiane a ajouté : « Il crie!!! ». Effectivement, le bécassin lançait des « kik kik kik », tout ce dont nous avions besoin pour confirmer son identification! Le bécassin et les petits limicoles qui l’accompagnaient ont fait demi-tour pour disparaître vers l’est, sans se poser. Il s’agit de la quatrième mention connue de l’espèce pour Kamouraska-L’Islet, les précédentes provenant de Kamouraska (septembre 2011 et mai 2014) et Rivière-Ouelle (novembre 2012).
- 18 Petits Pingouins
- 3 Guillemots à miroir
- 1 Mouette de Bonaparte
- 200 Goélands à bec cerclé
- 15 Goélands argentés
- 15 Goélands marins
- 2 Tourterelles tristes
- 1 Pic mineur
- 1 Pic flamboyant
- 1 Geai bleu
- 46 Corneilles d’Amérique
- 3 Grands Corbeaux
- 9 Alouettes hausse-col
- 2 Mésanges à tête noire
- 1 Merle d’Amérique
- 110 Étourneaux sansonnets
- 3 Pipits d’Amérique
- 5 Bruants chanteurs
- 3 Bruants à gorge blanche
- 5 Juncos ardoisés
- 50 Carouges à épaulettes
- 1 Chardonneret jaune
Nous avons trouvé surprenant d’avoir vu si peu d’oiseaux
dimanche, par des conditions d’observation vraiment idéales. Est-ce que la
majorité des macareux et des pingouins présents samedi ont eu le temps de
quitter la région avant que les vents ne faiblissent? À moins que ce ne soit
justement la faiblesse des vents qui soit en cause et que les alcidés étaient
simplement posés à l’eau, comme le font souvent les Plongeons catmarins. Un
macareux posé au milieu d’un fleuve large de 14 kilomètres n’est sûrement
pas facile à voir du rivage…
Du
côté des espèces ratées samedi et dimanche, nous devrions avoir le temps de
nous reprendre pour les passereaux, les bruants en particulier. Et le nombre de
canards de mer devrait augmenter considérablement d’ici deux semaines. Mais, de
toute façon, nous serons sur place pour vérifier!