Depuis la mi-septembre, les conditions atmosphériques n’ont pas toujours aidé les observateurs d’oiseaux. En automne, les passages de fronts froids (c’est-à-dire un dégagement rapide après des précipitations avec un vent tournant au nord-ouest, accompagné d’une chute subite de la température) amènent avec eux les oiseaux nordiques que nous nous amusons à intercepter au passage. Mais, depuis plus d’un mois, ces fronts ont été pratiquement inexistants. Les migrateurs descendant du nord ont donc traversé nos régions un à un plutôt que de passer tous en même temps. Il était donc plus difficile pour les observateurs de repérer les oiseaux et, pour ceux que ça intéresse, de trouver les raretés qui les accompagnent. Les vents du nord-est ou du sud-ouest qui ont dominé ces dernières semaines nous ont bien sûr apporté des surprises (beaucoup d’océanites, de fulmars et d’alcidés dans l’estuaire et des Barges hudsoniennes un peu partout dans le sud-ouest de la province), mais pas vraiment de gros passages de bruants ou de rapaces comme les automnes moyens en fournissent normalement. D’un autre côté, on peut se demander si certains des bruants que nous n’avons pas vus passer se cachent encore quelque part dans la forêt boréale. Surtout avec la surabondance de graines de conifères que nous connaissons cette année… On peut toujours continuer à rêver…!
De notre côté, nous avions prévu profiter à plein de notre dernière fin de semaine de trois jours de l’automne. À première vue, la fin de semaine s’annonçait plutôt belle avec des conditions variées incluant possiblement les premiers flocons de neige de la saison.
Notre première destination fut un petit boisé de La Pocatière facilement accessible et parsemé de sentiers nous permettant de visiter plusieurs habitats en quelques pas. En ce vendredi 28 octobre, nous savions bien que le nombre d’espèces en forêt serait assez limité. La promenade fut tout de même très agréable et nous a permis de voir :
- 223 Bernaches du Canada
- 5 Bernaches de Hutchins – Cinq individus ensemble accompagnaient un groupe de Bernaches du Canada dans un petit champ de maïs fraîchement labouré, entouré de forêts. Simplement de voir des bernaches à cet endroit m’a surpris, imaginez lorsque nous avons trouvé les cinq Hutchins!
Bernaches de Hutchins et Bernaches du Canada – La Pocatière – 28 octobre 2011 © Claude Auchu |
- 50 Canards noirs
- 2 Gélinottes huppées
- 10 Geais bleus
- 280 Corneilles d’Amérique – Tard en octobre, on peut voir de petits groupes de migrateurs voler parallèlement au fleuve même loin à l’intérieur des terres.
- 5 Roitelets à couronne dorée
- 28 Merles d’Amérique
Pour samedi le 29 octobre, des vents du nord-est avaient été annoncés dès le milieu de la semaine précédente. Nous avions donc prévu notre sortie à Rivière-Ouelle en conséquence, en comptant même passer la journée complète au quai si les passages d’oiseaux le justifiaient. Habillés très chaudement, avec lunchs et bouillons chauds, nous sommes arrivés au quai à 7 h 15. Un vent léger soufflait de l’ouest et la température était tout de même très douce avec un 4°C. À ce moment, on pouvait voir un peu de neige au sommet de quelques hauts sommets dans Charlevoix, tout juste de l’autre côté du fleuve.
Déjà, en sortant de la voiture, nous avons vu passer le premier groupe d’Eiders à duvet, 400 oiseaux venant frôler le bout du quai! Pas besoin de préciser que nous nous y sommes installés rapidement et avec enthousiasme! Durant les 45 minutes qui ont suivi, nous avons pu profiter d’une excellente visibilité et d’un beau passage d’oiseaux. Le vent est toujours demeuré léger, variant de l’ouest au nord. Puis, contrairement aux prévisions, le vent a subitement tourné au sud-ouest… Voilà, c’était terminé! Les oiseaux ont cessé de circuler près du quai et, surtout, la visibilité s’est rapidement détériorée… De petits groupes de macreuses continuaient de se déplacer loin au large mais, avec l’humidité apportée par ce vent parfois modéré du sud-ouest, devenaient de plus en plus difficiles à identifier. Nous sommes demeurés au quai jusqu’à 9 h 30 avant de poursuivre notre excursion plus loin.
Finalement, nous avons quitté Rivière-Ouelle à 13 h 00 après avoir tout de même noté 53 espèces. Les plus notables sont :
- 1 Oie rieuse – Un adulte accompagnait le seul groupe de Bernaches du Canada de la journée! Vue à contre-jour et à travers la convection, nous n’avons pas encore réussi à bien discerner la couleur du bec qui nous aurait permis d’identifier la sous-espèce. À première vue, nous ne croyons pas qu’il s’agisse de l’oiseau que nous avons vu 6,5 km plus à l’ouest le 2 octobre dernier (bien que nous ayons entendu dire qu’une autre (?) Oie rieuse aurait été vue à Rivière-Ouelle il y a environ deux semaines).
- 1300 Oies des neiges
- 46 Bernaches du Canada
- 1000 Eiders à duvet – Vus à l’intérieur des 45 premières minutes passées au quai. En remontant le fleuve en automne, les eiders volent souvent en longeant le rivage de très près. Ainsi, en approchant du quai, les oiseaux volant le plus à l’extérieur se voient bien passer devant le quai. Mais les oiseaux les plus à l’intérieur du groupe voient le quai devant eux et doivent jouer du coude avec leurs voisins de droite pour ne pas avoir à le survoler! C’est toujours drôle de les voir agir!!! Le problème pour nous, c’est qu’en regardant au large, nous ne voyons souvent qu’à la dernière minute ces oiseaux surgir de notre « angle mort »! Les groupes d’eiders transportent souvent avec eux ce que nous appelons des « pouceux » (des autostoppeurs), des oiseaux qui profitent du rassemblement pour faire un bout de chemin en toute sécurité. Dans la photo suivante, quelle est l’espèce que les eiders ont prise sur le pouce? La réponse suivra un peu plus tard…
Quelle espèce se camoufle dans ce groupe d’Eiders à duvet ??? Rivière-Ouelle – 29 octobre 2011 © Claude Auchu |
- 117 Macreuses à front blanc
- 26 Macreuses brunes
- 180 Macreuses à bec jaune
- 29 Hareldes kakawis
- 10 Garrots à œil d’or
- 1 Garrot d’Islande – Un mâle accompagnait quatre Garrots à œil d’or. Cette espèce est toujours difficile à trouver dans la région, même si elle hiverne en grand nombre sur les côtes de Charlevoix, à moins de 20 kilomètres d’ici.
- 31 Harles huppés
- 59 Plongeons catmarins
- 2 Plongeons huards
- 1 Grèbe jougris
- 4 Cormorans à aigrettes
- 5 Grands Hérons
- 1 Busard Saint-Martin
- 1 Buse pattue
- 800 Goélands à bec cerclé
- 1 Goéland arctique
- 1 Mergule nain – Un mergule est repéré remontant le fleuve d’un vol nerveux, tout juste derrière deux Guillemots à miroir (c’est d’ailleurs le seul moment où un Guillemot à miroir peut nous paraître « gros »). Il s’agit de ma première mention de mergule en octobre dans la région de La Pocatière, mais qui peut paraître normale avec l’arrivée hâtive de l’espèce dans l’estuaire cet automne. Depuis quelques années, les mergules semblent annuels dans ma région durant la deuxième moitié de novembre.
- 6 Petits Pingouins
- 15 Guillemots à miroir
- 17 Mésanges à tête noire
- 7 Sittelles à poitrine rousse
- 1 Roitelet à couronne dorée
- 6 Merles d’Amérique
- 95 Plectrophanes des neiges
- 1 Bruant chanteur
- 6 Juncos ardoisés
- 2 Roselins pourprés
- 1 Bec-croisé bifascié
- 10 Sizerins flammés – Plusieurs oiseaux ont été entendus (et quelques-uns vus) durant l’avant-midi. Le nombre de 10 est vraiment un minimum. Aurons-nous le plaisir d’avoir à la fois sizerins, tarins et chardonnerets aux mangeoires cet hiver?
- 60 Tarins des pins
- 20 Chardonnerets jaunes
Durant notre promenade, Christiane a trouvé le cadavre d’un Chouette rayée dans les débris marins laissés par la marée haute! D’où peut bien provenir cet oiseau???
C’est de cette façon que s’est conclue notre fin de semaine ornithologique. Dimanche, une rapide promenade sur les battures de La Pocatière tôt le matin ne nous a pas donné les limicoles espérés, mais plutôt un beau mélange de neige fondante et de fraîcheur. À vélo, ce n’était pas chaud…!