mardi 2 avril 2013

Des canards et des sizerins

Voilà enfin la longue fin de semaine de Pâques, un moment toujours très attendu qui, dans mon esprit, clôt l’hiver une fois pour toute. De plus, cette année, une température magnifique nous a accompagné durant la majeur partie de la fin de semaine. Un ciel parfois sans aucun nuage, un mercure grimpant jusqu’à 9°C et un vent faible ont fait notre bonheur de vendredi à dimanche (pour lundi, ce fut moins drôle mais, de toute façon, il faut bien faire le ménage un jour ou l’autre…). Après deux autres journées du nord-est, le vent a même tourné au sud-ouest pour dimanche, nous laissant enfin espérer l’arrivée de certaines espèces retardées par les vents contraires.
Nous avons l’habitude de visiter le maximum d’habitats durant une même fin de semaine afin de voir la plus grande variété d’oiseaux possible. Mais, cette fois, nous avions décidé de concentrer nos efforts sur le fleuve afin d’augmenter notre liste du mois de mars qui nous apparaît très pauvre en canards, particulièrement si on la compare à celle du printemps dernier. Notre liste de passereaux forestiers n’est pas très riche non plus, mais avec l’absence totale de nourriture pour eux en forêt, nous ne voyons pas ce qui pourrait les motiver à se présenter dans la région pour l’instant. Alors, on se concentre sur le fleuve…

Vendredi matin, c’est donc vers Rivière-Ouelle que nous nous sommes dirigés. En arrivant au quai, le premier coup d’œil au large depuis le stationnement donne souvent une bonne idée de ce que sera les deux ou trois heures suivantes. Ce ne sera peut-être pas la journée de tous les records, mais quelques garrots et harles allaient être bien présents, ce qui est dans les normes pour la fin de mars. 

À Rivière-Ouelle, vendredi le 29 mars, nous avons réussi à voir les 29 espèces suivantes entre 6 h 15 et 11 h 50 :
  • 2 Bernaches cravants
  • 2 Bernaches du Canada
  • 5 Canards noirs
  • 6 Canards pilets
  • 3 Fuligules milouinans
  • 9 Macreuses à bec jaune
  • 72 Garrots à œil d’or
Garrots à œil d’or – Rivière-Ouelle – 29 mars 2013 © Claude Auchu
  • 48 Grands Harles
  • 48 Harles huppés
  • 1 Plongeon catmarin
  • 2 Urubus à tête rouge
  • 1 Épervier brun – Il est littéralement tombé dans un groupe d’une centaine de Sizerins flammés en vol!
  • 20 Goélands à bec cerclé
  • 39 Goélands argentés
  • 6 Goélands arctiques
  • 10 Goélands marins
  • 4 Petits Pingouins – À ma grande surprise, ces quatre oiseaux observés individuellement constituent mon observation la plus hâtive pour l’espèce. Le Petit Pingouin me semble être de plus en plus commun dans la région, ce qui explique probablement pourquoi il est possible d’en voir aussi hâtivement par ce printemps plutôt froid.
  • 6 Pigeons bisets
  • 6 Tourterelles tristes
  • 1 Pic mineur
  • 80 Corneilles d’Amérique
  • 3 Grands Corbeaux
  • 1 Alouette hausse-col
  • 3 Mésanges à tête noire
  • 55 Étourneaux sansonnets
  • 10 Carouges à épaulettes
  • 16 Quiscales bronzés
  • 1 Vacher à tête brune
  • 140 Sizerins flammés
La journée aurait pu être plus riche en canards et nous avons encore pointé le vent du nord-est comme étant le coupable (puisqu’il en faut un!). Mais il semble que certains endroits du haut Saint-Laurent soient encore bloqués par les glaces et la neige. Comme la majorité de nos canards doivent traverser ces régions pour se rendre jusqu’ici, il n’y a peut-être pas que le vent qui soit responsable…!

Samedi matin, c’était au tour des battures du fleuve à La Pocatière à recevoir notre visite. Si le quai de Rivière-Ouelle est l’endroit par excellence pour voir les oiseaux aquatiques en déplacement, le fond des grandes baies de la région est nettement plus favorable quand vient le temps de trouver des oiseaux faisant une halte pour se nourrir. L’idéal est alors de choisir une matinée peu venteuse (pour notre confort!) avec une marée commençant à peine à descendre et d’espérer que les canards soient sur place. Samedi, il ne manquait que cette dernière condition pour connaître une matinée sans faute. Mais, qu’importe, nous étions sur place pour le confirmer! Par la suite, une longue promenade à vélo à travers les rangs nous a fourni très peu d’espèces forestières, celles que nous avons vues étaient surtout concentrées autour des habitations.

Samedi le 30 mars, nous avons patrouillé La Pocatière de 6 h 30 à 14 h 00, ce qui nous a permis d’observer :
  • 15 Oies des neiges
  • 7 Bernaches du Canada
  • 17 Canards noirs
  • 11 Canards colverts
  • 3 Canards pilets
  • 17 Fuligules milouinans
  • 3 Eiders à duvet
  • 2 Macreuses à bec jaune
  • 11 Garrots à œil d’or
  • 26 Grands Harles
  • 1 Buse à queue rousse
  • 2 Buses pattues
  • 2 Pluviers kildirs
  • 35 Goélands à bec cerclé
  • 16 Goélands argentés
  • 1 Goéland arctique
  • 6 Goélands marins
  • 30 Pigeons bisets
  • 4 Tourterelles tristes
  • 1 Harfang des neiges – Comme il arrive souvent au printemps, le harfang était caché le long d’une clôture, bien à l’abri du regard des corneilles.
  • 3 Pics mineurs
  • 1 Pic chevelu
  • 100 Corneilles d’Amérique
  • 20 Grands Corbeaux – Le nid construit dans le pylone en plein champ il y a deux ans est occupé encore cette année. L’oiseau qui y couvait était facilement discernable, même de loin.
  • 4 Alouettes hausse-col
  • 19 Mésanges à tête noire
  • 15 Étourneaux sansonnets
  • 15 Carouges à épaulettes
  • 2 Quiscales bronzés
  • 1 Vacher à tête brune
  • 300 Sizerins flammés – Une belle bande de 300 sizerins se nourrissait fébrilement à un réseau de mangeoires. Parmi cette foule, nous avons repéré au moins un individu de la sous-espèce rostrata, qui niche dans l’île de Baffin et au Groenland. Cette sous-espèce est un hivernant rare mais régulier dans le sud du Québec.
Sizerin flammé flammea – La Pocatière – 30 mars 2013 © Claude Auchu
Les sizerins de la sous-espèce rostrata sont nettement plus gros et plus grossièrement rayés que
 ceux de la sous-espèce flammea.
Sizerin flammé rostrata – La Pocatière – 30 mars 2013 © Claude Auchu
  • 5 Sizerins blanchâtres – Au moins cinq Sizerins blanchâtres étaient également présents. Comme pour les Sizerins flammés, deux sous-espèces sont susceptibles de se retrouver dans le sud du Québec certains hivers : exilipes, la plus commune, et la sous-espèce nominale, hornemanni, qui est à la fois plus pâle et de plus grande taille. Parmi les oiseaux vus samedi, certains nous semblaient assez pâles pour être considérés comme des hornemanni, mais leur taille ne semblait pas vraiment différente de celle des autres sizerins. Il existe plusieurs sites internet sur l’identification des Sizerins blanchâtres; personnellement, je trouve très intéressant celui de Brandon Holden qui, en plus de présenter d’excellentes photos, a une façon bien particulière de relater les rencontres de l’auteur avec les sizerins hornemanni.
Sizerin blanchâtre exilipes (1) – La Pocatière – 30 mars 2013 © Claude Auchu
Sizerin blanchâtre exilipes (2) – La Pocatière – 30 mars 2013 © Claude Auchu
Remarquez les longues plumes le long des pattes de l'oiseau,
 un caractère souvent présent chez les Sizerins blanchâtres.
Sizerin blanchâtre hornemanni ? (1) – La Pocatière – 30 mars 2013 © Claude Auchu
Sizerin blanchâtre hornemanni ? (2) – La Pocatière – 30 mars 2013 © Claude Auchu
  • 4 Moineaux domestiques
Après cette autre journée qui nous a prouvé que c’est en bordure du fleuve Saint-Laurent que se trouvent les nouveautés, il était donc décidé de retourner à Rivière-Ouelle dimanche matin. Surtout que le vent du nord-est devait enfin tourner au sud-ouest en apportant avec lui, nous l’espérions bien, une foule de nouveaux arrivants.
En nous levant avant le soleil le dimanche de Pâques, notre première idée n’était évidemment pas d’aller puiser de l’Eau de Pâques (pourquoi faire???), mais plutôt de nous précipiter au quai pour vérifier si la nature n’avait pas fait un miracle. Une fois sur place, un vent léger soufflait du sud-ouest et la visibilité au large était vraiment excellente. Le passage des oiseaux aquatiques fut tout de même moyen, mais il était plaisant de voir que le nombre d’individus augmente lentement.

Voici ce que nous avons pu tirer de Rivière-Ouelle dimanche le 31 mars entre 6 h 00 et 10 h 20 :
  • 44 Oies des neiges
  • 3 Bernaches cravants
  • 11 Bernaches du Canada
  • 96 Canards noirs
  • 28 Canards colverts
  • 10 Canards pilets
  • 2 Fuligules milouinans
  • 46 Eiders à duvet – Comme nous l’espérions, les quelques oiseaux observés se dirigeaient vers l’est, ce qui indique que ces puissants canards de mer ont pu survoler la terre ferme entre la côte de la Nouvelle-Angleterre et le haut estuaire du Saint-Laurent. Nos observations semblent indiquer que ce mouvement est plus rare (et avec raison!) lorsque les vents proviennent du nord-ouest ou du nord-est. Le petit sud-ouest a donc été ressenti par les eiders!
  • 33 Macreuses à bec jaune
  • 115 Garrots à œil d’or
  • 24 Grands Harles
  • 32 Harles huppés
  • 6 Plongeons catmarins
  • 1 Cormoran à aigrettes
  • 1 Pluvier kildir
  • 40 Goélands à bec cerclé
  • 7 Goélands argentés
  • 5 Goélands arctiques
  • 5 Goélands marins
  • 4 Petits Pingouins
  • 12 Pigeons bisets
  • 12 Tourterelles tristes
  • 1 Pic mineur
  • 100 Corneilles d’Amérique
  • 5 Grands Corbeaux
  • 2 Mésanges à tête noire
  • 115 Étourneaux sansonnets
  • 9 Plectrophanes des neiges
  • 1 Tohi à flancs roux – En sortant de la voiture au site où le tohi a hiverné, nous avons entendu deux petites notes à travers les cris enthousiastes des 60 carouges présents sur place. Ces notes se répétaient avec régularité, sans que nous puissions bien capter les sons qui suivaient. Seraient-ce les notes d’introduction du chant du Bruant chanteur? Pourtant non, nous réussirions sûrement à en saisir la suite… Finalement, nous l’avons trouvé : c’était le tohi qui chantait! Perché bien en vue, il émettait son chant caractéristique avec régularité. De près, un court trille d’ajoutait au deux notes que nous avions entendues plus tôt (comme au tout début de cette vidéo)! Dans ma région, j’ai vu deux mâles et deux femelles jusqu’à maintenant et j’ai réussi à entendre chanter les deux mâles! Le précédent avait été observé brièvement à La Pocatière le 23 mai 1995.
Tohi à flancs roux – Rivière-Ouelle – 31 mars 2013 © Claude Auchu
  • 75 Carouges à épaulettes
  • 27 Quiscales bronzés
  • 1 Vacher à tête brune
  • 10 Sizerins flammés
  • 1 Moineau domestique
C’est ainsi que le mois de mars s’est terminé. Je n’aurai finalement récolté qu’un petit 58 espèces durant le mois, loin derrière les 73 de l’année dernière! Mais en regardant mes résultats pour les mois de mars au cours des dix dernières années, je me suis rendu compte que ce petit 58 espèces est tout à fait dans la moyenne! C’est le mois de mars 2012, avec sa surabondance de nourriture en forêt et ses poussées de chaleur au-dessus de 20°C, qui a faussé les données… et mes souvenirs!