mardi 27 mai 2014

Labbes parasites et Goélands bruns en quantité!

Déjà les derniers jours du mois de mai, le moment où tout est vraiment possible chez nos oiseaux! Ici, à la porte du Bas-Saint-Laurent, les 24 et 25 mai étaient la fin de semaine des parulines, mais vous remarquerez qu’elles n’ont pas été les seules vedettes de nos excursions. Avec seulement deux petites journées par semaine pour épier les quelques 250 espèces qui traversent ma région durant le mois de mai, nous n’avons pas le temps voulu pour ratisser les différents habitats forestiers aussi bien que nous le voudrions. Malgré tous les compromis que le choix des habitats exige lorsqu’il y a des oiseaux partout, je crois que les quelques heures passées sur le terrain nous ont encore donné une très bonne idée des espèces qui se retrouvent présentement dans la région de La Pocatière.
Pour cette fin de semaine, la journée de samedi a une fois de plus été passée à parcourir Rivière-Ouelle. Bien sûr, Rivière-Ouelle n’est pas qu’un quai et nous avons étiré l’excursion au maximum afin de bien exploiter la variété des habitats de la municipalité. Dimanche, la température était enfin assez clémente pour me permettre de m’éloigner de la maison à vélo et aller à la rencontre des passereaux avant qu’ils ne s’installent pour nicher et que les moustiques prennent toute la place.

À Rivière-Ouelle, tôt samedi matin, le temps frais, un bon vent du nord-est et un petit crachin rendaient les conditions vraiment très « maritimes ». Les oiseaux habituellement associés à ces conditions étaient naturellement très en évidence et les Fous de Bassan, Mouettes tridactyles et Labbes parasites (surtout eux!) nous ont gardé très occupés durant tout l’avant-midi! Fidèles à notre habitude, nous avons gardé le regard fixé sur un point directement devant nous sur la côte de Charlevoix en comptant tous les oiseaux qui franchissaient ce repère. Du lever du soleil jusque vers 8 h 30, la majorité des oiseaux descendaient le fleuve face au vent. Par la suite, peut-être à cause de la marée qui recommençait à monter, les déplacements des oiseaux sont devenus plus aléatoires. Il est intéressant de remarquer à quel point les canards sont déjà beaucoup plus discrets, nous n’avons vu que 11 espèces comparativement aux 25 observées il y a seulement deux semaines.

Ce sont 74 espèces différentes que nous avons observées à Rivière-Ouelle samedi le 24 mai durant les 9 h 30 (4 h 55 à 14 h 25) de l’excursion. Voici une partie de notre récolte :
  • 600 Oies des neiges
  • 4 Bernaches cravants
  • 3 Fuligules milouinans
  • 23 Eiders à duvet
  • 5 Macreuses à front blanc
  • 13 Macreuses brunes
  • 75 Macreuses à bec jaune
  • 2 Garrots à œil d’or
  • 9 Harles huppés
  • 415 Plongeons catmarins – Même s’ils ont pratiquement passé inaperçu parmi les autres espèces plus spectaculaires, les catmarins étaient encore présents en bon nombre samedi matin!
  • 4 Plongeons huards
  • 80 Fous de Bassan – Voyageant tantôt dans un sens tantôt dans l’autre, il n’était pas facile de tenir le compte. Mais on peut se fier sur la rigueur de Christiane qui, calepin à la main, a suivi attentivement les mouvements de toutes les espèces.
  • 74 Cormorans à aigrettes
  • 1 Grand Héron – Un seul Grand Héron!?! Les autres doivent déjà jouer aux équilibristes dans les colonies.
  • 2 Bihoreaux gris
  • 1 Pluvier argenté
  • 30 Pluviers semipalmés
  • 2 Pluviers kildirs
  • 5 Chevaliers grivelés
  • 1 Grand Chevalier – Cet oiseau avait capturé une épinoche qui nous a semblé nettement trop grosse pour lui. Pourtant, il s’est envolé en la transportant dans son bec!
Grand Chevalier et épinoche – Rivière-Ouelle – 24 mai 2014 © Claude Auchu
  • 5 Bécasseaux violets – Ils sont réguliers en petit nombre à Rivière-Ouelle tard au printemps, mais nettement plus difficiles à saisir qu’en automne.
  • 5 Bécasseaux minuscules
  • 23 Bécassins roux
  • 1 Bécassine de Wilson
  • 128 Labbes parasites – L’an dernier, le 25 mai, nous avions réussi à voir plus de 125 Labbes parasites à partir du quai de Rivière-Ouelle (en fait, avant ajustement, ce sont 142 individus qui avaient été comptés). Samedi, avec des conditions météorologiques qui ressemblaient énormément à celles de l’an dernier, nous avions bien sûr en tête la possibilité d’une autre belle récolte de labbes. Mais, en faisant le décompte final une fois de retour à la maison, le total de 128 individus nous a énormément surpris!!! Les labbes comptés samedi matin se déplaçaient de façon moins stéréotypée et à l’intérieur d’un corridor moins étroit que l’an dernier. À notre arrivée au quai, les labbes et d’autres oiseaux se déplaçaient majoritairement vers l’est en suivant la marée baissante, mais plusieurs ont fini par changer de direction lorsqu’elle a recommencé à monter. Tous ces labbes ont été dénombrés durant les six heures passées au quai samedi matin; l’an dernier, nous avions compté les 142 oiseaux en moins de quatre heures. Pas de Labbe à longue queue cette fois, mais un individu vu de près avait les parties inférieures entièrement blanches, sans l’enfumure à la poitrine typique des Labbes parasites. Depuis une semaine, nous avons donc vu près de 200 Labbes parasites, certains très élancés et d’autres plus bedonnants, mais aucun ne nous a laissé de doute durable sur leur identité. Une bien belle façon de se familiariser avec une espèce souvent considérée comme inaccessible.
  • 1 Guillemot marmette
  • 33 Petits Pingouins
  • 22 Mouettes tridactyles – Un signe que les oiseaux vus samedi matin provenaient bien de l’estuaire.
  • 10 Mouettes de Bonaparte
  • 700 Goélands à bec cerclé
  • 700 Goélands argentés
  • 5 Goélands arctiques
  • 12 Goélands bruns – Pour la première fois de nos vies, nous avons observé plus de Goélands bruns que de Goélands marins durant une excursion!!! C’est vrai que les Goélands marins étaient particulièrement discrets samedi matin, mais les 12 Goélands bruns présents nous ont littéralement renversés, même si nous en avions vu sept au même endroit la semaine dernière. Nous avons donc terminé l’excursion avec deux immatures de 1ère année, un de 2e année, cinq de 3e année et quatre adultes (dont deux qui se bécotaient!). Si je me fie aux dernières années, les Goélands bruns devraient atteindre leur maximum dans la région (en supposant que ce ne soit pas déjà fait) durant la première moitié de juin, lors du fraie du Capelan. Ce goéland d’origine européenne a été observé pour la première fois en Amérique du Nord en 1934 et au Québec en 1967. Il est maintenant présent en quantité phénoménale sur notre continent, en particulier durant l’hiver comme l’indiquent les 456 oiseaux comptés sur un même site en Pennsylvanie en mars 2007! Curieusement, l’espèce n’a pas encore été officiellement trouvée nicheuse sur notre continent! À ma connaissance, il n’existerait que deux mentions de nidification, mais elles sont en fait des cas d’hybridation avec des Goélands argentés. Puisque des oiseaux encore en plumage juvénile sont depuis longtemps observés dans l’est du continent dès la fin de l’été, il est évident que le Goéland brun niche incognito dans nos colonies de laridés. La Côte-Nord serait l’endroit idéal où trouver la première colonie de Goélands bruns en Amérique!
  • 10 Goélands marins
  • 139 Sternes pierregarins – Une belle quantité pour la région, ces oiseaux descendaient doucement le fleuve en petits groupes.
  • 1 Moucherolle tchébec
  • 1 Viréo à tête bleue
  • 29 Hirondelles bicolores
  • 4 Hirondelles rustiques
  • 2 Troglodytes des forêts
  • 4 Pipits d’Amérique
  • 2 Parulines des ruisseaux
  • 2 Parulines obscures
  • 5 Parulines masquées
  • 2 Parulines flamboyantes
  • 6 Parulines tigrées
  • 3 Parulines à tête cendrée
  • 1 Paruline à poitrine baie
  • 1 Paruline à gorge orangée
  • 41 Parulines à croupion jaune
Paruline à croupion jaune – Rivière-Ouelle – 24 mai 2014 © Claude Auchu
  • 2 Parulines à gorge noire
  • 3 Bruants à couronne blanche
Puisque du beau temps était prévu pour dimanche, nous allions enfin pouvoir faire une longue randonnée ornithologique à vélo. Ce printemps, les occasions ont été aussi rares que les belles journées! Mais, voilà, Christiane a préféré le jardinage aux oiseaux en ce dimanche et c’est donc seul que j’ai parcouru les routes de campagne de La Pocatière. Les conditions étaient vraiment parfaites avec un vent léger du nord-est et quelques passages nuageux qui ont gardé la température tout près de la perfection! Les passereaux ne m’ont pas paru particulièrement volubiles, mais j’ai tout de même terminé l’excursion avec un nombre d’espèces typique de la fin de mai.

J’ai exploré La Pocatière de 5 h 00 à 13 h 00 dimanche le 25 mai pour terminer la journée avec 83 espèces, telles :
  • 8 Canards chipeaux
  • 3 Petits Fuligules
  • 1 Chevalier solitaire
  • 3 Bécassines de Wilson
  • 1 Goéland brun – Un immature en plumage de 1ère année, une présence pas vraiment surprenante à La Pocatière compte tenu du nombre vu la veille à Rivière-Ouelle!
  • 3 Pics maculés
  • 4 Pics mineurs
  • 2 Pics chevelus
  • 7 Pics flamboyants
  • 1 Grand Pic
  • 1 Faucon pèlerin
  • 2 Moucherolles à ventre jaune
  • 1 Moucherolle des aulnes
  • 6 Moucherolles tchébecs
  • 3 Moucherolles phébis
  • 2 Viréos à tête bleue
  • 32 Hirondelles bicolores
  • 4 Troglodytes des forêts
  • 5 Grives fauves
  • 1 Grive à dos olive
  • 3 Grives solitaires
  • 1 Grive des bois
  • 2 Moqueurs chats
  • 1 Moqueur roux – Après avoir été presque commun à La Pocatière au début des années 1990, ce moqueur est maintenant plutôt difficile à trouver dans la région. L’oiseau vu dimanche chantait au sol, en cherchant sa nourriture le long d’une route.
  • 12 Parulines couronnées
  • 3 Parulines des ruisseaux
  • 5 Parulines noir et blanc
  • 2 Parulines obscures
  • 4 Parulines à joues grises
  • 20 Parulines masquées
  • 7 Parulines flamboyantes
  • 2 Parulines tigrées
  • 1 Paruline à collier
  • 7 Parulines à tête cendrée
  • 2 Parulines à gorge orangée
  • 15 Parulines jaunes
  • 5 Parulines à flancs marron
Paruline à flancs marron – La Pocatière – 25 mai 2014 © Claude Auchu
 
Paruline à flancs marron – La Pocatière – 25 mai 2014 © Claude Auchu
  • 2 Parulines bleues
  • 45 Parulines à croupion jaune
  • 7 Parulines à gorge noire
  • 2 Parulines à calotte noire
  • 35 Bruants chanteurs
  • 2 Bruants de Lincoln
  • 5 Bruants des marais
  • 6 Bruants à couronne blanche
  • 2 Juncos ardoisés
  • 4 Cardinaux à poitrine rose
  • 3 Goglus des prés
  • 2 Sturnelles des prés – Une autre espèce champêtre qui a pratiquement déserté la région! Je ne crois pas que nous reverrons des journées avec une quinzaine d’individus comme c’était le cas il y a 15 ans à peine.
 Si les 24 et 25 mai portaient le titre de « fin de semaine des parulines », les 31 mai et 1er juin prochains seront la « fin de semaine des limicoles ». Je ne m’attends pas à en voir de grandes quantités (mes sites préférés n’ont pas la réputation d’accueillir de grands nombres de bécasseaux au printemps), mais de mauvaises conditions météorologiques ont déjà forcé certaines espèces particulièrement intéressantes à faire halte dans la région vers ces dates. Serais-je en train de souhaiter du mauvais temps pour la prochaine fin de semaine…?