mardi 18 novembre 2014

Migration interrompue

Jusqu’à maintenant, le mois de novembre a été plutôt rude avec une température souvent sous les normales de saison. Et, bien sûr, lorsqu’il fait froid en novembre, les précipitations tombent souvent sous forme de neige. Si, localement, nous avons été relativement épargnés, nous sommes bien conscients que la neige qui tombe dans les régions qui bordent la nôtre fini souvent par avoir une influence sur les déplacements de nos oiseaux. Sur les battures à La Pocatière, la bordure de glace formée par le froid à la limite de la marée haute est déjà d’une hauteur impressionnante pour la mi-novembre. Il n’est donc pas surprenant que les canards barbotteurs et les limicoles soient si difficiles à trouver!
Mais, en attendant que le froid fige tout sur place, c’est encore avec le vent que nous avons dû négocier durant la dernière fin de semaine. Christiane, originaire du Saguenay, est encore surprise de voir à quel point les vents sont omniprésents et puissants dans ma région. Il faut dire que La Pocatière et Rivière-Ouelle sont situées en terrain plat et en bordure du Saint-Laurent, ce qui laisse au vent de beaux endroits où prendre de la force et se gorger d’humidité! Avec les années, on fini par s’y faire… D’ailleurs, ici, la question n’est pas de savoir s’il y aura du vent, mais plutôt de savoir de quel côté il soufflera!

Samedi matin, c’est justement du côté nord-ouest qu’il soufflait au lever du soleil. Les choses s’annonçaient alors très bien pour nous, bien installés au bout du quai de Rivière-Ouelle. Au cours des deux premières heures, nous avons cependant senti le vent tourner lentement à l’ouest puis au sud-ouest avec des conséquences que nous connaissons très bien : une nette diminution du mouvement des oiseaux.
Il était tout de même très intéressant de voir à quel point la  migration des oiseaux aquatiques dépendaient largement des vents tôt samedi matin. À notre arrivée au quai, profitant du nord-ouest qui soufflait encore, de nombreux Eiders à duvet se dirigeaient vers le sud-ouest en longeant la côte alors que des Plongeons catmarins circulaient vers le nord-est loin au large, fidèles à leurs habitudes respectives. Lorsque le vent a tourné à l’ouest, le nombre de migrateurs a commencé à diminuer lentement. Mais, au moment où il a atteint le sud-ouest, les déplacements sont immédiatement devenus pratiquement nuls. Pourtant, les autres conditions (visibilité, marée montante) sont demeurées les mêmes. C’est donc bel et bien le vent qui a mis fin à la migration des oiseaux. Où étaient-ils rendus lorsqu’ils ont senti ce changement? Si les eiders n’avaient qu’à se jeter à l’eau et attendre le prochain vent favorable, qu’ont fait les catmarins qui arrivaient de l’ouest??? Si vous voyez des Plongeons catmarins en pause forcée à l’ouest de Rivière-Ouelle, faites-le moi savoir!

À Rivière-Ouelle, samedi le 15 novembre, nous avons vu ces 38 espèces entre 6 h 20 et 12 h 35 :
  • 865 Oies des neiges – Étrangement, ces oies migraient sur l’heure du midi face au vent de 30 km/h du sud-ouest.
  • 119 Bernaches du Canada
  • 25 Canards noirs
  • 6 Fuligules milouinans
  • 1025 Eiders à duvet – Ce millier d’eiders est passé à l’intérieur des deux premières heures, avant que le vent ne tourne.
Eiders à duvet (Common Eiders – Somateria mollissima)
Rivière-Ouelle – 15 novembre 2014 © Claude Auchu
  • 1 Macreuse à front blanc
  • 4 Macreuses brunes
  • 10 Macreuses à bec jaune
  • 6 Hareldes kakawis
  • 1 Petit Garrot
  • 2 Garrots à œil d’or
  • 16 Grands Harles
  • 23 Harles huppés
  • 197 Plongeons catmarins – Tous en migration vers le nord-est, aucun n’a été vu posé à l’eau. Il faut dire que les vagues étaient très profondes…!
  • 1 Plongeon huard
  • 1 Grèbe jougris
  • 1 Bécasseau violet
  • 2 Guillemots à miroir
  • 75 Goélands à bec cerclé
  • 25 Goélands argentés
  • 1 Goéland arctique
  • 2 Goélands bourgmestres
  • 12 Goélands marins
  • 7 Pigeons bisets
  • 3 Geais bleus
  • 13 Corneilles d’Amérique
  • 5 Grands Corbeaux
  • 1 Alouette hausse-col
  • 1 Mésange à tête noire
  • 1 Sittelle à poitrine rousse
  • 3 Roitelets à couronne dorée
  • 300 Étourneaux sansonnets
  • 50 Plectrophanes des neiges
  • 5 Durbecs des sapins
  • 20 Becs-croisés bifasciés
  • 3 Sizerins flammés
  • 118 Tarins des pins – Plusieurs groupes de fringillidés se déplaçaient aussi le long du rivage avant que le vent du sud-ouest bloque tout mouvement. Les tarins étaient les plus nombreux ou, à tout le moins, les plus bruyants.
  • 1 Chardonneret jaune
Dimanche, les vents ne voulaient toujours pas abandonner la partie. Alors, plutôt que de ne récolter que quelques espèces à un seul site, nous avons opté pour une série de courtes visites dans quelques municipalités de la région. Les résultats sont demeurés peu élevés mais, avec des vents de 40 km/h, nous le savions dès le départ. Nous avons tout de même eu quelques consolations, comme la récolte de neuf Buses pattues, une espèce qui nous semble anormalement rare cet automne.

Voici une partie de notre récolte de dimanche le 16 novembre provenant de quelques municipalités comprises entre La Pocatière et Kamouraska :
  • 1 Cormoran à aigrettes – À Kamouraska. Tardif mais, ces dernières années, nous avons observé quelques oiseaux jusqu’aux tout derniers jours de novembre.
  • 1 Grand Héron – À Kamouraska.
  • 2 Busards Saint-Martin – À La Pocatière.
  • 9 Buses pattues – Dont six à La Pocatière.
  • 2 Pluviers argentés – Les seuls limicoles encore présents à Kamouraska. Notre date la plus tardive pour cette espèce est le 24 novembre 2003 à Rivière-Ouelle.
  • 6 Pics chevelus
  • 85 Corneilles d’Amérique
  • 6 Sittelles à poitrine rousse
  • 1 Sittelle à poitrine blanche – Présente à Saint-Pacôme, à l’endroit exact où l’espèce a niché l’été dernier.
  • 7 Merles d’Amérique
  • 3 Juncos ardoisés
« Damné vent! » comme dit souvent Christiane! Si nous sommes certains qu’il reste encore un bon nombre de canards de mer à migrer par Rivière-Ouelle, il n’est pas garanti que les conditions propices à leurs déplacements se produiront les journées où nous pouvons être à l'extérieur. Peu importe, nous serons sur le terrain, à essayer de comprendre ce qui pousse les oiseaux jusqu’à nous… ou loin de nous.