mardi 29 avril 2014

Hareldes kakawis et Buses à queue rousse

J’ai l’impression que nous avons été chanceux! Après des jours de froid, de pluie et de neige, allions-nous avoir droit à un peu de beau temps pour la fin de semaine? Pas d’après les météorologues qui prévoyaient encore pour samedi et dimanche un mélange de précipitations et de vents froids du nord-est…
Auparavant, la journée de vendredi le 25 avril aura été particulièrement belle et, durant notre courte heure de dîner, nous avons eu le temps de noter quelques oiseaux de proie en migration et quelques passereaux nouvellement arrivés dans la région. Ce beau temps allait-il se prolonger pour nous permettre de profiter d’une belle matinée samedi??? Et bien, je crois que nous avons vraiment été chanceux puisque le mauvais côté de la température (la pluie qui nous empêche d’observer efficacement les oiseaux) n’aura été que partiel alors que son bon côté (le vent fort du nord-est qui pousse vers nous des oiseaux que nous aurions autrement ratés) s’est poursuivi sans relâche! La fin de semaine que nous pensions devoir oublier nous aura finalement laissé de bien beaux souvenirs! Mais commençons par le début…

La matinée à Rivière-Ouelle a débuté sous un ciel qui s’ennuageait rapidement et un vent modéré du nord-est. Nous avons réussi à tirer profit du vent, mais nous nous sommes retrouvés avec un temps qui est demeuré très sombre durant tout l’avant-midi. Malgré celà, la visibilité est demeurée excellente et nous avons pu profiter sans trop de problèmes des très nombreux oiseaux qui circulaient loin au large. Il n’y a jamais deux excursions semblables et nous avons été plutôt surpris de constater la rareté des Plongeons catmarins (tout étant relatif…) et l’absence totale de Petits Pingouins, deux espèces qui avaient pourtant largement dominé le décor la semaine dernière. Cette fin de semaine, elles semblaient avoir laissé leur place aux Fous de Bassan et surtout aux Hareldes kakawis.
Durant les 3 h 30 passées au quai, nous avons été témoins de l’arrivée de la neige qui cachait de plus en plus les montagnes de Charlevoix. La neige fondante qui tombait lorsque nous avons quitté le site nous a finalement accompagné pour le reste de l’excursion.

C’est tout de même 59 espèces que nous avons réussi à trouver à Rivière-Ouelle samedi le 26 avril entre 5 h 25 et 11 h 45. En voici un large aperçu :
  • 74 Bernaches cravants – Les quantités de cravants à Rivière-Ouelle sont vraiment encourageantes ce printemps! J’aimerais bien qu’elles visitent ensuite en bon nombre les battures de La Pocatière comme elles le faisaient durant les années 1980.
  • 325 Bernaches du Canada
  • 1 Canard branchu
  • 2 Canards d’Amérique
  • 225 Canards noirs
  • 27 Canards colverts
  • 81 Canards pilets
  • 67 Sarcelles d’hiver
  • 10 Fuligules à collier
  • 2 Fuligules milouinans
  • 1 Petit Fuligule
  • 115 Eiders à duvet
  • 24 Macreuses à front blanc
  • 11 Macreuses brunes
  • 700 Macreuses à bec jaune – Les vagues profondes produites par le vent ne nous ont pas permis d’évaluer de façon précise le nombre de macreuses présentes à leur site de rassemblement traditionnel.
  • 785 Hareldes kakawis – Des bandes de kakawis ont défilé de façon presque continue au large du quai durant la matinée. C’est la première fois que je suis témoin d’un tel déplacement dans la région au printemps (mais qui est plus normal en novembre, tout comme d’ailleurs la température rencontrée ce matin-là!). À mon avis, il est probable que ces oiseaux ont été déportés vers l’ouest par les vents alors qu’ils survolaient la terre ferme entre la côté atlantique et l’estuaire du Saint-Laurent. Nous serions sûrement surpris de savoir tout ce qui nous passe au-dessus de la tête…! 
  • 26 Garrots à œil d’or
  • 13 Grands Harles
  • 59 Harles huppés
  • 1 Gélinotte huppée
Gélinotte huppée – Rivière-Ouelle – 26 avril 2014 © Claude Auchu
  • 128 Plongeons catmarins – Une quantité relativement peu élevée localement, mais tout de même respectable à l’échelle provinciale.
  • 1 Plongeon huard
  • 28 Fous de Bassan – Les fous font toujours leur apparition aux mêmes dates, habituellement entre le 20 et le 30 avril, en suivant l’arrivée des éperlans dans nos eaux. Ma mention la plus hâtive dans la région est le 10 avril 1995.
  • 130 Cormorans à aigrettes
  • 10 Grands Hérons
  • 1 Busard Saint-Martin – Très tôt samedi matin, un oiseau est apparu au large du quai, semblant arriver de Charlevoix!
  • 2 Épervier brun
  • 3 Buses à queue rousse
  • 2 Buses pattues
  • 1 Grand Chevalier
  • 1 Bécassine de Wilson – Elle était dans une flaque d’eau devant une maison.
  • 1 Guillemot à miroir
  • 6 Mouettes tridactyles – Rarement nombreuses, elles sont malgré tout des habituées des vents du nord-est.
  • 300 Goélands à bec cerclé
  • 40 Goélands argentés
  • 70 Goélands marins
  • 2 Harfangs des neiges – Ces deux oiseaux étaient posés dans un champ labouré, tout près l’un de l’autre.
Harfang des neiges – Rivière-Ouelle – 26 avril 2014 © Claude Auchu
 
"Ne regarde pas derrière toi, je crois que tu es suivi!"
Harfangs des neiges – Rivière-Ouelle – 26 avril 2014 © Claude Auchu
  • 1 Crécerelle d’Amérique
  • 1 Moucherolle phébi
  • 11 Plectrophanes des neiges
  • 170 Quiscales bronzés
Durant la deuxième partie de notre excursion, nous avons été surpris de voir quelques rapaces quitter les boisés de la limite ouest de Rivière-Ouelle et s’élancer vers La Pocatière au-dessus des champs, malgré la neige fondante qui tombait régulièrement. De retour à la maison pour dîner au chaud et au sec, Christiane n’a pas pu s’empêcher de jeter de fréquents coups d’œil à l’extérieur entre deux bouchées. Elle s’est rapidement rendue compte que des buses circulaient au nord de la ville, comme si elles arrivaient de Rivière-Ouelle!!! Le repas a été engouffré en vitesse et nous revoilà à l’extérieur à chercher un endroit offrant à la fois un abri contre le vent du nord-est et un bon champ de vision. L’emplacement fut rapidement trouvé (je le connaissais déjà!) et nous y avons passé près de deux heures à scruter le ciel.

Voici donc les principales espèces que nous avons vues à La Pocatière de 12 h 30 à 14 h 15 :
  • 4 Urubus à tête rouge
  • 4 Busards Saint-Martin
  • 3 Éperviers bruns
  • 33 Buses à queue rousse
  • 2 Buses pattues
Pour la journée de dimanche, les risques de précipitations étaient moins importants et les vents du nord-est devaient souffler avec encore plus de force. Avant que les vents ne se lèvent, nous avons débuté la journée par une petite visite sur les battures. Même à partir du fond de la baie de Saint-Anne, il était possible de voir qu’il y avait beaucoup de mouvements au large. Des Plongeons catmarins et même des Fous de Bassan étaient nettement visibles du rivage, phénomène plutôt rare à La Pocatière!
Au milieu de l’avant-midi, nous sommes retournés au site bien abrité visité la veille, avec bien des idées d’oiseaux de proie en tête! À notre grande surprise, les rapaces migraient en suivant encore la même route que samedi et arrivant directement de Rivière-Ouelle. Je suis la migration des oiseaux de proie dans la région depuis plus de 30 ans et il est plutôt rare que ces oiseaux suivent cette route particulière avec autant de fidélité. À l’est de La Pocatière, il faut parcourir 30 kilomètres et se rendre à Saint-Germain-de-Kamouraska avant de rencontrer des montagnes dignes de ce nom en bordure du fleuve. Puisque les oiseaux de proie préfèrent habituellement profiter des crêtes rocheuses afin de faciliter leurs déplacements, ils avaient sûrement une bonne raison de longer le fleuve d’aussi près. Ils avaient probablement l’intention de traverser le fleuve, peut-être à partir du quai de Rivière-Ouelle comme des observations récentes le démontre. Mais, ce qui m’a le plus surpris, c’est de voir que les rapaces n’avaient pas encore « corrigé » leur plan de vol et qu’ils continuaient à survoler les champs plutôt que de se déplacer du côté sud de la ville où se trouvent de beaux escarpements.
Dans la région, il est normal de voir des rapaces migrer vers le sud-ouest en bordure du fleuve le printemps, en particulier lors des journées de vents du nord-est. Ce sont même durant ces journées que les rapaces sont les plus en évidence, peut-être parce ce phénomène les concentre au-dessus des secteurs les plus habités. D’après mes observations, il s’agirait d’oiseaux qui étaient sur le point de traverser le fleuve Saint-Laurent en aval de La Pocatière et qui en ont été empêchés par les vents contraires.

À La Pocatière, dimanche le 27 avril, notre excursion s’est déroulée de 7 h 55 et 13 h 45, ce qui nous a permis d’observer 52 espèces, telles :
  • 3 Canards chipeaux
  • 100 Canards noirs
  • 9 Canards colverts
  • 2 Fuligules milouinans
  • 5 Eiders à duvet
  • 1 Harle couronné
  • 10 Plongeons catmarins
  • 15 Fous de Bassan – Très loin au large, mais facilement identifiables grâce à leur jizz bien particulier!
  • 40 Cormorans à aigrettes
  • 10 Grands Hérons
  • 17 Urubus à tête rouge – Contrairement aux oiseaux de proie en migration, plusieurs des urubus volaient face au vent. Il s’agissait probablement d’oiseaux locaux.
  • 5 Busards Saint-Martin
  • 6 Éperviers bruns
  • 1 Petite Buse
  • 137 Buses à queue rousse – Le printemps, c’est toujours l’oiseau de proie le plus abondant en migration dans la région.
  • 3 Buses pattues
  • 1 Aigle royal – Un bel adulte est passé en vitesse, volant trop bas et trop près de nous pour nous laisser le temps de l’admirer. À La Pocatière, le vent du nord-est est presque indispensable pour espérer trouver un Aigle royal.
  • 2 Goélands bruns – Un immature en plumage de premier été et un adulte étaient présents en même temps sur les battures, mais chacun de leur côté.
  • 2 Harfangs des neiges – Deux harfangs étirent encore leur séjour à La Pocatière.
  • 2 Crécerelles d’Amérique
  • 2 Faucons émerillons
  • 2 Moucherolles phébis
  • 30 Plectrophanes des neiges
  • 1 Bruant familier
  • 16 Bruants chanteurs
  • 1 Bruant des marais
  • 14 Roselins pourprés
  • 1 Tarins des pins
  • 2 Chardonnerets jaunes
Il est toujours intéressant de voir à quel point les oiseaux sont affectés par la météo. Nous en avons eu de beaux exemples durant cette fin de semaine, autant chez les oiseaux aquatiques que chez les rapaces qui ont été déportés hors de leur voie migratoire par les vents du nord-est. Maintenant, pour faire changement, il faudrait peut-être un peu (juste un peu!) de vent du sud-ouest et de chaleur, ne serait-ce que pour permettre aux passereaux insectivores de se rendre jusqu’à nous…