jeudi 26 mai 2011

Le front chaud du 23 mai

Les prévisions météorologiques annonçaient le passage d’un front chaud dans la région très tôt le matin du lundi 23 mai. Le printemps, les migrateurs arrivant du sud profitent souvent de telles conditions pour migrer rapidement vers le nord. Si les précipitations qui accompagnent le front chaud sont assez violentes, il arrive parfois que ces oiseaux soient interrompus brusquement dans leurs déplacements et doivent se poser dans des endroits qui, normalement, ne seraient pas leur premier choix. Ce sont donc des situations que les amateurs d’oiseaux rares (et j’en fais partie!) attendent fébrilement!

À mon réveil, lundi matin, la pluie tombe toujours mais les vents forts annoncés ne sont pas encore levés. Une promenade sur les battures est prévue à mon horaire depuis longtemps, peu importe la pluie ou le vent. Mais il est certain que si la pluie s’arrête avant que les vents ne se lèvent, ma sortie serait encore plus agréable! Je me sens prêt pour un beau débarquement d’oiseaux de rivage, eux qui, depuis mon retour dans la région, font cruellement défaut. Les habitats que je fréquente n’ayant pratiquement pas changé depuis 1980, je cherche encore pourquoi les limicoles semblent éviter mes sites de La Pocatière et Rivière-Ouelle!

Finalement, vers 8 h 30, la pluie s’arrête et me voilà en route pour les battures. Une fois sur place, je me fais un devoir de jeter un coup d’œil au large même si je sais bien que je ne trouverai aucune trace des milliers de Plongeons catmarins qui ont traversé la région la veille… Effectivement, aucun catmarins en vue mais, surprise! Un Labbe parasite est tout de suite repéré poursuivant une sterne sp.! Il ne m’arrive pas souvent de voir des labbes à partir du fond de la baie à La Pocatière! Au moins, s’il n’y a pas de limicoles, je ne serai pas venu pour rien!!!

Les battures sont malheureusement désertes et je sais par expérience que s’il devait y avoir des limicoles, ils seraient déjà visibles. Je commence ma tournée des battures par la portion ouest en effectuant plusieurs arrêts le long de la piste cyclable. Je trouve bien quelques limicoles ici et là mais toujours pas les quantités (ni les raretés) espérées. Je dois donc me contenter de miettes de Pluviers kildirs, Pluviers semipalmés, Bécasseaux minuscules, Chevaliers grivelés et Grands Chevaliers. Tout de même, j’ai pu profiter de plusieurs passereaux présents dans un petit boisé sur les battures dont un Piranga écarlate.

Je fais finalement demi-tour et je reviens vers l’est en gardant un œil sur les battures. En chemin, près d’un petit groupe d’Oies des neiges, je remarque un oiseau blanc trop petit pour être une oie mais trop « vertical » pour être un simple goéland. Je freine brusquement et, en regardant aux jumelles, mon cerveau fait une addition rapide : petit héron blanc + pattes noires + bec noir + lore jaune = Aigrette neigeuse!!! Oui, une Aigrette neigeuse semble avoir profité du front chaud pour se rendre jusqu’à La Pocatière! Ce n’est pas l’oiseau de rivage que j’avais imaginé mais je l’accepte de bon cœur!

Aigrette neigeuse - La Pocatière - 23 mai 2011

L’aigrette se nourrit activement les pieds dans l’eau (les orteils jaunes ne sont pas faciles à photographier!), courant dans une sens puis dans l’autre. Les plumes ornementales de sa nuque et du bas de son dos sont souvent bien visibles. Je n’avais pas vu d’Aigrette neigeuse depuis 1997 et, surtout, il s’agit finalement de ma première dans la région de La Pocatière!!! À ma connaissance, la mention de l’espèce la plus près de La Pocatière provient de L’Islet-sur-Mer le 11 mai 1987. À cette époque, l’Aigrette neigeuse était régulière à la fin du printemps dans le Bas-Saint-Laurent, particulièrement entre Cacouna et Pointe-au-Père (c’est d’ailleurs de Cacouna et Rimouski que proviennent mes mentions antérieures).

Aigrette neigeuse - La Pocatière - 23 mai 2011

Bien entendu, j’ai pris soin d’éliminer l’Aigrette garzette, une espèce européenne qui fait des visites régulières en Amérique depuis une trentaine d’années. Un tel oiseau aurait été une belle consolation pour avoir enduré les vents du nord-est qui soufflent presque sans arrêt ce printemps! Surtout que deux Barges à queue noire ont été vues ensemble à Terre-Neuve ces derniers jours!