lundi 2 mai 2011

Une fin de semaine plus "forestière"

C’est en ajoutant les nouvelles dates d’arrivée des différentes espèces à ma liste que je me rends compte à quel point le printemps 2011 est tardif! Surtout en comparant ces dates avec celles du printemps 2010! Il y a régulièrement trois semaines (oui, TROIS semaines!) de différence entre mes premières dates pour ces deux années. Même en reculant plusieurs années en arrière, le printemps 2011 reste vraiment un des plus tardifs de la dernière décennie.
Dans les circonstances, la journée de samedi le 30 avril est donc moyenne. On finit tout de même par trouver de petites consolations et à noter certaines tendances en cherchant un peu. Par exemple, encore cette année, nous voyons un déplacement de Pics flamboyants en migration. Les oiseaux passent régulièrement en petits groupes de 3 à 5 oiseaux. Durant les 9 automnes où j’ai effectué des inventaires de rapaces à Tadoussac, j’ai observé des centaines de pics en déplacement, surtout des Pics à dos noir et à dos rayé qui étaient attirés près de nous par des enregistrements de leurs cris. Plusieurs Pics mineurs et chevelus et quelques Pics maculés étaient aussi souvent repérés alors qu’ils franchissaient la crête devant nous, survolaient les dunes pour disparaître vers le sud-ouest comme les autres migrateurs. Mais les Pics flamboyants m’ont toujours paru être des migrateurs très discrets, que je n’ai pratiquement jamais vu effectuer ce même trajet. Pourtant, ils étaient vus quotidiennement, parfois même jusqu’aux tout derniers jours de recensements à la fin du mois de novembre. Il m’est donc surprenant de constater à quel point leurs déplacements sont remarquables ici au printemps.
Les fringillidés commencent finalement à repeupler la région après avoir passé l’hiver dans des endroits où les graines dont ils se nourrissent étaient plus abondantes qu’ici. Samedi, 35 Roselins pourprés, 20 Tarins des pins et 55 Gros-becs errants se sont ajoutés aux 500 Sizerins flammés encore présents à La Pocatière. Dimanche, nous ajoutons enfin notre premier Chardonneret jaune à notre liste; nous n’en avions pas vu depuis le 13 novembre dernier!!!
Comme un peu partout dans le sud du Québec, de nombreux bruants ont envahi la région de La Pocatière ces derniers jours. Dix espèces sont notées samedi dont notre premier Bruant à couronne blanche, seulement ma deuxième mention à vie en avril! L’espèce la plus abondante est bien sûr le Junco ardoisé avec 200 individus. En plus d’être traditionnellement présent en bon nombre, il est le plus facile des bruants à identifier lorsqu’il s’envole au loin : une petite boule gris foncé avec deux bordures blanches à l’arrière.
Un petit coup d’œil rapide sur les battures du fleuve en après-midi m’a permis de voir un Goéland brun adulte, une espèce de plus en plus régulière dans la région mais pas encore garantie pour qui ne cherche pas un peu.
Dimanche le 1er mai, au lever du soleil, nous sommes en route pour notre site forestier préféré. À vélo, il est facile de voir et d’entendre tous les oiseaux en chemin, ce qui pour nous a autant d’importance que ce que nous noterons une fois sur place. Et justement, en traversant une petite érablière, Christiane repère un Mésangeai du Canada! Il ne s’agit que de ma troisième mention de l’espèce à La Pocatière même. Il est probable que c’est un des oiseaux qui ont erré l’automne et l’hiver dernier et qui retourne maintenant lentement vers son habitat. Chose certaine, celui-là ne nichera sûrement pas cette année; dans la région, les jeunes quittent le nid dès la fin de mai!
Nous voyons encore 24 Pics flamboyants en migration qui s’ajoutent aux 14 oiseaux vus samedi. Même si les Parulines à croupion jaune ne sont pas encore communes, nous avons la satisfaction de trouver notre premier Viréo à tête bleue et même une Paruline noir et blanc! Malgré des années passées sur le terrain, je n’ai vu que deux espèces de parulines en avril dans la région (et ce sont les deux auxquelles un observateur peut s’attendre) : la Paruline à croupion jaune (la plus hâtive le 17 avril 1989) et la Paruline à couronne rousse (la plus hâtive le 18 avril 2008). De toute évidence, les parulines hâtives qui se présentent de plus en plus fréquemment en avril dans l’extrême-sud du Québec n’ont toujours pas trouvé le chemin jusqu’à La Pocatière! Il faut tout de même garder à l’esprit que tout est possible, il n’y a qu’à penser au mâle chanteur de Paruline à gorge orangée observé à Rimouski le 20 mars 1986, une mention crédible à mon avis!
Ce 1er mai, nous jetons aussi un œil sur les rapaces en migration qui, avec les vents variables, ont eux aussi des directions variables :

  • 14 Urubus à tête rouge
  • 1 Balbuzard pêcheur
  • 3 Busards Saint-Martin
  • 16 Éperviers bruns
  • 11 Petites Buses
  • 21 Buses à queue rousse
  • 1 Buse pattue
  • 2 Crécerelles d’Amérique
Buse à queue rousse - La Pocatière - 1er mai 2011

Avec l’arrivée du mois de mai, de plus en plus d’espèces pensent à la nidification. En après-midi, nous voyons un Moucherolle phébi transporter des matériaux pour son nid. Finalement, ce fut une belle fin de semaine passée en forêt, malgré un petit vent du nord parfois agaçant!
Une note historique en terminant : j’ai observé mon premier Faucon pèlerin le 1er mai 1981, il y a déjà 30 ans! Il avait attaqué un petit groupe de Plectrophanes des neiges à moins de 10 mètres de moi, une expérience marquante! À l’époque, c’était une vraie rareté; je ne pensais pas qu’un jour j’allais en observer 20 en une journée (Tadoussac le 2 octobre 2002)!!!