La température tenant toujours un rôle très important sur le terrain, c’est donc en consultant les prévisions météorologiques que nous avons planifié notre fin de semaine. Tout a donc commencé vendredi le 20 mai en après-midi avec une petite tournée rapide à vélo dans les milieux champêtres, question de se dégourdir les jambes après une semaine de travail. Sur place, nous avons constaté que les Goglus des prés sont enfin arrivés, près de 10 jours en retard sur leur horaire normal. Mais c’est Christiane qui remporte le gros lot en entendant très nettement le long sifflement d’une Maubèche des champs! Malgré nos efforts, nous n’avons pas réussi ni à la voir, ni à la réentendre. Pour moi, ce sera la prochaine fois, peut-être… Il faut dire que la Maubèche des champs est une des nombreuses espèces des milieux agricoles dont les populations sont en chute libre depuis une quinzaine d’années. Il est donc de plus en plus difficile d’en trouver dans la région. J’aurais envie de dire que la maubèche disparaît au même rythme que les piquets de clôture; en effet, la transformation des pâturages en grands champs de monoculture céréalière a détruit son habitat et celui des sturnelles et goglus.
En passant, nous avons jeté un coup d’œil au nid de Grand Corbeau trouvé dans un pylône le 10 avril dernier. Un adulte y montait la garde et il était possible d’entendre les oisillons quémander de la nourriture. Il est presque surprenant que le nid ait résisté aux vents violents qui ont si souvent soufflés sur la région ce printemps!
Grand Corbeau au nid - La Pocatière - 20 mai 2011 |
Samedi le 21 mai, la température fraîche et les vents de 35 km/h du NNE n’étant en rien favorables à la recherche de passereaux, nous nous sommes donc dirigés vers Rivière-Ouelle afin de nous concentrer sur les oiseaux aquatiques. Même s’il y avait des bancs de brouillard à moins de 100 mètres d’altitude à La Pocatière, la visibilité était une fois de plus excellente à notre arrivée à Rivière-Ouelle. Des vagues passaient cependant par dessus le quai et nous avons donc dû nous abriter sur le rivage afin de rester au sec. Les conditions de vents n’aidaient en rien les oiseaux présents à se déplacer facilement. À vrai dire, je n’ai jamais vu autant d’oiseaux voler à reculons!!! La majorité des oiseaux volaient vers le nord-est, face au vent, mais nous devions souvent les suivre vers le sud-ouest tellement le vent les déviait de leur trajectoire! Vraiment étrange comme situation!
Mais, autant de telles conditions doivent être éprouvantes pour les oiseaux, autant elles sont intéressantes pour les birders qui réussissent à en profiter. Les oiseaux n’ayant pas totalement le contrôle de leur vol, il est alors possible de voir des espèces dans des situations et des endroits inattendus. Les quantités d’oiseaux vus sont moins élevées que ce que l’on voit habituellement à cette date, on peut croire que certains étaient abrités quelque part, tout comme nous. Durant les 6 h 40 passées à Rivière-Ouelle, nous avons vu, entre autres, :
- 140 Oies des neiges
- 2 Bernaches cravants
- 56 Canards noirs
- 19 Canards colverts
- 71 Eiders à duvet
- 13 Macreuses à front blanc
- 28 Macreuses brunes
- 75 Macreuses à bec jaune
- 2 Hareldes kakawi
- 11 Garrots à œil d’or
- 35 Grands Harles
- 23 Harles huppés
- 363 Plongeons catmarins – Contrairement à ce que l’on observe lors des grands déplacements, la majorité des catmarins se dirigeaient vers le nord-est. Cette situation laisse croire que les vents forts du nord-est ne sont pas favorables à un départ massif vers leurs sites de nidification de l’arctique. Les oiseaux vus samedi semblaient plutôt corriger un déplacement non-prévu ! Mais je crois qu’ils se sont repris dimanche le 22 mai… à suivre !
- 2 Plongeons huards
- 1 Grèbe à bec bigarré – Non, cet oiseau n’était pas sur le fleuve…
- 50 Fous de Bassan – Durant les 3 heures passées au quai, nous avons vu 39 fous se diriger vers le nord-est et 26 vers le sud-ouest ; nous nous sommes entendus pour considérer qu’une cinquantaine d’oiseaux ont été vus. À noter que les fous semblaient très bien composer avec le vent !
- 100 Cormorans à aigrettes
- 3 Pluviers argentés
- 24 Pluviers semipalmés
- 1 Grand Chevalier
- 1 Bécasseau variable
- 7 Goélands arctiques
- 15 Mouettes tridactyles – Ce sont des « victimes » traditionnellement déplacées par des vents forts du nord-est. Même si l’espèce niche maintenant aux îles Pèlerin, à 35 kilomètres au nord-est du quai de Rivière-Ouelle, le statut de la Mouette tridactyle n’a pas vraiment changé dans la région depuis 25 ans.
- 1 Sterne caspienne – Un bel adulte en plumage nuptial est couché sur un îlot de la rivière Ouelle ! Il ne s’agit que de ma 9e mention de cette énorme sterne dans la région et la 2e au printemps. Les sept autres mentions sont comprises entre le 16 juin et le 28 juillet.
Sterne caspienne - Rivière-Ouelle - 21 mai 2011 |
- 1 Sterne pierregarin
- 82 sternes sp. – De nombreuses sternes ont été vues au large du quai, à des distances malheureusement trop grandes pour être identifiées avec assurance. À la toute fin de mai ou au début de juin, les Sternes arctiques sont probablement régulières au large de Rivière-Ouelle, peut-être même plus encore que les pierregarins (à preuve, les 2200 oiseaux que j’y ai vus le 28 mai 1997 lors d’une journée particulièrement limpide). Encore une fois, ce sont les conditions de visibilité qui décident de tout !
- 4 Labbes parasites – Comme les Fous de Bassan, ce sont visiblement des oiseaux équipés pour affronter les vents les plus violents !
- 10 Petits Pingouins
- 1 Martinet ramoneur – Repéré devant le quai, c’est un des oiseaux qui volait à reculons…
- 2 Colibris à gorge rubis
- 10 espèces de parulines